Les Etats-Unis, la France et le conflit israélo-arabe - article ; n°5 ; vol.36, pg 629-645
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Description

Politique étrangère - Année 1971 - Volume 36 - Numéro 5 - Pages 629-645
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Léonard Binder
Les Etats-Unis, la France et le conflit israélo-arabe
In: Politique étrangère N°5-6 - 1971 - 36e année pp. 629-645.
Citer ce document / Cite this document :
Binder Léonard. Les Etats-Unis, la France et le conflit israélo-arabe. In: Politique étrangère N°5-6 - 1971 - 36e année pp. 629-
645.
doi : 10.3406/polit.1971.1964
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1971_num_36_5_1964LES ÉTATS-UNIS, LA FRANCE
ET LE CONFLIT ISRAELO-ARABE
par Léonard BINDER
Avant la seconde guerre mondiale, les seuls Etats qui s'intéres
saient au Moyen-Orient étaient les Etats occidentaux, soit, en fait
ou virtuellement, des puissances impérialistes. Les aspirations de
l'Union Soviétique et même de l'Allemagne ne s'étaient pas encore
manifestées. Les puissances extra-régionales intéressées étaient essen
tiellement la Grande-Bretagne et la France. Les Etats-Unis portaient
à la région un intérêt marginal, en grande partie satisfait par les
relations relativement étroites qu'ils entretenaient avec les deux
derniers pays. Aussi bien l'attitude de la France continue-t-elle à
être dictée par une conception selon laquelle le problème du Moyen-
Orient serait un problème de rivalité intra-européenne, et plus parti
culièrement de rivalité entre la France et les Anglo-saxons.
A maints égards cette caractéristique structurelle des relations
internationales subsiste pour autant qu'il y a toujours de nombreux
sujets de désaccord virtuel à l'intérieur du bloc occidental et entre
les puissances de l'OTAN qui désirent acquérir des avantages au
Moyen-Orient. Quels sont ces avantages ? C'est le pétrole, bien sûr,
mais aussi certains autres gains économiques et le poids diplomatique
que l'on pourra exercer à l'intérieur comme à l'extérieur de l'OTAN,
grâce à l'influence acquise dans un secteur quelconque des pays du
Tiers-Monde. Un autre avantage encore consiste dans la possibilité
d'engager un dialogue constructif avec l'Union soviétique, autrement
qu'en qualité de simple appendice de Washington. Tous ces objectifs
présupposent des intérêts plus ou moins communs au monde occi- 630 LES POLITIQUES
dental, tout en n'excluant pas l'existence dans ce cadre de rivalités
pour l'acquisition de titres de préséance ou d'avantages.
Toutefois, si le Moyen-Orient et en particulier le conflit israélo-
arabe, sont considérés comme les éléments d'une structure des rela
tions internationales qui définit, non les relations entre les puissances
de l'OTAN, mais les relations inter-blocs caractérisées par la rivalité
entre les Etats-Unis et l'U.R.S.S., alors la répartition des avantages puissances de l'OTAN affectera aussi la rivalité entre les
blocs. En fait, c'est la répartition, non seulement des avantages,
mais aussi des responsabilités, qui aura de telles conséquences.
Entre parenthèses, c'est une des particularités des relations inter
nationales — une particularité qu'elles partagent avec le système
démocratique — que les responsabilités y sont jugées comme des
avantages plutôt que comme des sacrifices.
Si, d'autre part, on envisage l'éventualité d'un relâchement continu
et graduel du bloc de l'OTAN, on peut supposer la constitution
d'un bloc européen, constitué peut-être par les pays de la CEE, avec
ou sans la Grande-Bretagne. Dans ce cas, l'action de la France et
des Etats-Unis à l'égard du Moyen-Orient pourrait se traduire par
une solidarité accrue et une unité de vues entre les membres du bloc,
ou bien militer contre sa création.
Par rapport au conflit israélo-arabe, on peut considérer cette série
de problèmes comme étant essentiellement englobés dans le contexte,
soit de l'OTAN, soit d'un conflit bipolaire, soit de l'Europe, soit
enfin du Tiers-Monde. Tous ces points de vue ne sont pas également
réalistes. Au moment où nous écrivons, les Etats-Unis et l'Union So
viétique sont si profondément engagés dans ce conflit qu'il serait
extravagant de le considérer autrement que comme un élément du
conflit bipolaire. Les deux pays n'ont pas à l'heure actuelle de diffé
rend plus pressant à régler que celui-là.
Au cours des quatre années qui se sont écoulées depuis la « guerre
des Six Jours », la plupart des chefs politiques qui ont marqué de
leur empreinte les événements décisifs de 1967 ont disparu de la
scène politique. Peu d'entre eux supposaient qu'ils ne parviendraient
pas à trouver une solution et que la période de transition se prolon
gerait aussi longtemps. Aujourd'hui encore, la même impression d'une
situation passagère et provisoire persiste, comme si l'on s'attendait LÉONARD BINDER 631
à l'entrée en jeu d'une nouvelle force d'origine inconnue et impers
onnelle. On perçoit la croyance mystérieuse qu'avec le temps la
véritable structure de la situation apparaîtra et qu'une solution
découlera aisément, ou en tout cas automatiquement, de cette découv
erte. En attendant, tout le monde s'accorde à penser que l'état pré
sent des choses est anormal. Anormal, parce qu'il n'y a ni paix ni
gnerre, que le Canal de Suez reste bloqué, que les grands Etats se
sont révèles incapables de concerter leurs efforts, que les faibles
semblent forcer la main aux puissants. Le défaut de coopération
entre la France et les Etats-Unis, qui est une caractéristique import
ante de cette situation, subsiste, en partie parce qu'une
éventuelle en Méditerranée orientale entre les deux pays est consi
dérée comme une des conséquences attendues d'une solution plutôt
que le moyen d'y parvenir. Le défaut de coopération subsiste
aussi parce que la coopération elle-même est considérée, non comme
un arrangement mutuel ou comme un compromis, mais comme une
subordination asymétrique dans laquelle les gains d'un partenaire en
traînent une perte correspondante pour l'autre.
C'est pourquoi, on est en droit de se demander, bien que nos
collègues français puissent juger la question impertinente, si la posi
tion française n'est pas inadaptée à la réalité de la situation, ou
si elle est au contraire on ne peut plus réaliste eu égard à une évolu
tion future du conflit israélo-arabe.
Deux tâches de la politique occidentale ont occasionné une jon
glerie franco-américaine : assurer l'arrivée du pétrole du Moyen-
Orient sur les marchés occidentaux, et particulièrement européens ;
assurer la survie de l'Etat d'Israël. La première de ces tâches est
considérée comme une responsabilité relativement lucrative écono
miquement ; la seconde en revanche apparaît comme un fardeau
politique, malgré les avantages matériels que procure le commerce
des armes. La tâche consistant à neutraliser les initiatives soviéti
ques, et qu'on avait coutume d'assimiler à un endiguement de l'e
xpansion soviétique, a été à l'origine de tentatives aussi assidues que
vaines de multilatéralisation. L'absence de tout succès digne de ce
nom, jointe à la pénétration indirecte de l'Union Soviétique au
Moyen-Orient, a accrédité l'opinion « plausible » selon laquelle la
menace soviétique serait inexistante et qu'il n'y aurait donc pas, pour
les puissances occidentales, de nécessité à coopérer pour bloquer
cette menace. Ce point de vue est actuellement celui de la France, LES POLITIQUES 632
mais en dépit de sa vraisemblance à certains égards, l'idée essentielle
sur laquelle il se fonde et sur laquelle se fonde aussi, par conséquent,
la politique française, est que, même s'il est vrai que le monde
occidental ait des intérêts en commun, la France n'assumera des
responsabilités importantes que pour autant qu'elle y trouve son
compte. Si des sacrifices sont nécessaires, d'autres puissances occi
dentales s'en chargeront. La disposition française peut être résumée
comme suit :
1 . — La France s'efforcera d'agir dans le sens de ses intérêts ;
2. — La n'hésitera pas à agir seule ;
3. — Dans toute action collective, la France doit avoir un r&

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