Les patrons dans la statistique officielle française - article ; n°23 ; vol.6, pg 44-65
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Description

Politix - Année 1993 - Volume 6 - Numéro 23 - Pages 44-65
Bosses in the French official statistics.
Bernard Zarca. [44-651.
This article is principally concerned with the location of the emergence and the movement of frontiers of the category -patrons- in the French official statistics. It also looks at the ways in which this social group was afterwards differentiated and why it happened the way it did. Between 1951 and 1982, the differentiation of «patrons», once introduced in the French official statistics, was principally transformed with the elevation of the frontier between «small» and «big» patrons. Between 1851 and 1896, the work of statisticians had been to distinguish between «patrons» and «salariés»-, on the long run, the meaning of the word «patron» in the official statistics has hanged and the category has shrunk.
Les patrons dans la statistique officielle française.
Bernard Zarca. [44-65].
Dans cet article, il est principalement question de repérer l'émergence et les déplacements de frontières de la catégories des patrons dans la statistique officielle française mais, également de rechercher comment, après coup, ce collectif social a été différencié tout en se demandant pour quelles raisons il en a été ainsi. De ce fait, de 1951 à 1982, la différenciation des patrons, une fois introduite dans la statistique officielle française, a été principalement transformée en relevant la barre qui distinguait les «petits» des «gros», alors que de 1851 à 1896 le travail des statisticiens avait été de distinguer les patrons des salariés, ou en d'autres termes, les dirigeants des dirigés. Sur le long terme, le sens du mot patron dans la statistique officielle a changé et la catégories s'est retrécie.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Bernard Zarca
Les patrons dans la statistique officielle française
In: Politix. Vol. 6, N°23. Troisième trimestre 1993. pp. 44-65.
Abstract
Bosses in the French official statistics.
Bernard Zarca. [44-651.
This article is principally concerned with the location of the emergence and the movement of frontiers of the category -patrons- in
the French official statistics. It also looks at the ways in which this social group was afterwards differentiated and why it happened
the way it did. Between 1951 and 1982, the differentiation of «patrons», once introduced in the French official statistics, was
principally transformed with the elevation of the frontier between «small» and «big» patrons. Between 1851 and 1896, the work of
statisticians had been to distinguish between «patrons» and «salariés»-, on the long run, the meaning of the word «patron» in
the official statistics has hanged and the category has shrunk.
Résumé
Les patrons dans la statistique officielle française.
Bernard Zarca. [44-65].
Dans cet article, il est principalement question de repérer l'émergence et les déplacements de frontières de la catégories des
patrons dans la statistique officielle française mais, également de rechercher comment, après coup, ce collectif social a été
différencié tout en se demandant pour quelles raisons il en a été ainsi. De ce fait, de 1951 à 1982, la différenciation des patrons,
une fois introduite dans la statistique officielle française, a été principalement transformée en relevant la barre qui distinguait les
«petits» des «gros», alors que de 1851 à 1896 le travail des statisticiens avait été de distinguer les patrons des salariés, ou en
d'autres termes, les dirigeants des dirigés. Sur le long terme, le sens du mot patron dans la statistique officielle a changé et la
catégories s'est retrécie.
Citer ce document / Cite this document :
Zarca Bernard. Les patrons dans la statistique officielle française. In: Politix. Vol. 6, N°23. Troisième trimestre 1993. pp. 44-65.
doi : 10.3406/polix.1993.1569
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_1993_num_6_23_1569:
;
Les patrons
dans la statistique officielle française
Centre de sociologie Bernard urbaine (CNRS) Zarca
POSER LA QUESTION de la représentation des patrons dans la statistique
officielle invite à s'interroger sur le mode d'existence du collectif ainsi
désigné. Les mots désignant des collectifs sociaux ne font pas
qu'indiquer l'existence de ces derniers ; dans la mesure où ils sont
véhiculés par une parole autorisée, ils contribuent à leur cristallisation pour
qu'un collectif existe socialement, il faut qu'un nombre relativement important
d'agents individuels puissent se reconnaître dans les mots par lesquels des
leaders se réfèrent à lui, que ces mots soient des vecteurs d'identification,
fonctionnant comme des noms propres collectifs. Ce pouvoir des mots leur
est en partie conféré par l'activité symbolique qui accompagne tout effort
d'organisation et d'affirmation publique d'un groupe social, mais aussi par le
travail de construction des catégories d'Etat qu'accomplit cet acteur central
des sociétés développées. Ce travail trouve son achèvement dans les
définitions juridiques ; toutefois, l'élaboration des catégories statistiques en fait
également partie. La statistique, outil indispensable aux bureaucraties, est
progressivement devenue un moyen incontournable d'affirmer et de gérer une
existence collective. Certes, les statisticiens n'inventent pas des catégories ex
nihilo. La statistique descriptive reprend des différenciations du monde social
préexistantes, quitte à opérer des regroupements ou, à l'inverse, à les nuancer.
Au cours de l'histoire des nomenclatures socioprofessionnelles1, se sont à la
fois transformés l'extension de l'ensemble auquel il a été fait référence par le
mot patrons, le sens de ce mot et le pouvoir performatif de l'acte référentiel.
Nous voudrions repérer l'émergence et les déplacements des frontières de ce
collectif social dans la statistique officielle française, circonscrire, à chaque
étape, les collectifs préexistants qu'elle a réunis pour le constituer, rechercher
comment, après coup, les patrons ont été différenciés, mais aussi nous
demander pour quelles raisons il en a été ainsi.
Le collectif des patrons semble avoir atteint un fort degré de stabilité et
d'objectivation. Les sont organisés comme les salariés et font couple
avec eux : est patron celui qui emploie des salariés ; est salarié celui qui
1. Statisticien critique, A. Desrosières (-Eléments pour l'histoire des nomenclatures socio
professionnelles", in Pour une histoire de la statistique, Paris, INSEE, tome 1, 1977 -Histoire de
formes : statistiques et sciences sociales avant 1940», Revue française de sociologie, vol. XXVI,
1985; avec L. Thévenot, Les catégories socio-professionnelles , Paris, La Découverte, 1988) a
contribué à la transformation d'une telle nomenclature non sans avoir au préalable analysé le
processus ayant conduit à la représentation officielle qu'il s'agissait de rectifier.
44 Politic, n°23, 1993, pages 44 à 65 :
:
Les patrons dans la statistique
travaille pour le compte d'un patron ; la législation du travail précise leurs
obligations réciproques. Cependant, tous ceux qui travaillent sans être salariés
ne sont pas pour autant des patrons au sens ci-dessus rappelé. Il en est ainsi
des agents qui sont comme l'on dit en anglais : self-employed, et qui affirment
souvent être leur propre patron. Ils se classent quelquefois eux-mêmes parmi
les patrons, voire appartiennent à certaines organisations patronales1. Il y a en
outre, parmi les salariés, des agents qui sont appelés patrons par leurs
subordonnés. Le patron, en ce sens, c'est le chef : chef de service hospitalier,
directeur de laboratoire, commissaire de police, etc. Ce n'est donc pas
seulement le chef d'entreprise, qu'il en soit le propriétaire ou le gestionnaire
délégué par le précédent, l'employeur, mais aussi celui qui, au sein d'une unité
de travail, une organisation, occupe la position unique située au sommet d'une
hiérarchie de fonctions. Ces «patrons»-là n'appartiennent pas au patronat.
Pour autant, la statistique officielle n'aurait-elle jamais réuni dans une même
catégorie les patrons de l'un et de l'autre type ? Elle a pu en effet entériner
l'existence de différents sens du mot patron, et non seulement celle du sens
principal qu'il a aujourd'hui.
L'idée de distinguer les personnes selon leur statut professionnel2 n'allait pas
toujours de soi au XIXe siècle. Ainsi, les dépouillements d'archives notariales
des siècles passés permettent d'obtenir des informations sur la profession et
non sur le statut d'exercice de celle-ci3. Il en est de même des rapports de
police relatifs aux arrestations et déportations correspondant à de grands
événements historiques, telle la Commune de Paris4, qui ne distinguent pas les
hommes de la même corporation selon leur statut au sein du métier, comme
s'ils avaient paradoxalement approuvé une attitude révolutionnaire qui
suspendait ces différences au nom d'un idéal partagé.
On peut distinguer trois périodes de l'histoire de la statistique officielle
française, pertinentes du point de vue qui nous occupe : de 1851 à 1891, est
progressivement élaborée la distinction entre patrons et salariés, sans qu'elle
soit cependant objectivée par une méthode de questionnement précise. Le
1. Lors d'une enquête réalisée en 1976 auprès d'un échantillon représentatif d'artisans et de
commerçants, il était demandé aux personnes interrogées si elles avaient le sentiment de faire
partie du petit patronat. 37,7% d'entre elles répondirent affirmativement. Il en était ainsi de 43,6%
des employeurs (dont 48,7% parmi les commerçants, artisans de l'alimentation et des services et
37,6% parmi les artisans de production, réparation, bâtiment et fabrications diverses), mais aussi
de 21,5% des non employeurs (dont 42,5% et 16,3% respectivement). Il faut dire qu'un même agent
peut être alternativement employeur (d'un petit nombre de salariés) et non employeur et que, de
plus, ce sentiment d&

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