LIBRE-ÉCHANGE, MONDIALISATION ET DÉLOCALISATION
5 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

LIBRE-ÉCHANGE, MONDIALISATION ET DÉLOCALISATION

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
5 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

LIBRE-ÉCHANGE, MONDIALISATION ET DÉLOCALISATION

Informations

Publié par
Nombre de lectures 256
Langue Français

Extrait

LIBRE-ÉCHANGE, MONDIALISATION ET DÉLOCALISATION Cette fiche présente les fondements du libre échange modèle dominant depuis plusieurs siècles. Elle s’intéresse ensuite au phénomène de délocalisation pour en évaluer l'ampleur et l'impact réel sur les économies nationales. Compte tenu de la modestie relative de cet impact (même s'il mérite qu'on s'en préoccupe), on tentera ensuite d'analyser ce phénomène comme faisant partie intégrante d'un discours idéologique basé sur le chantage à l'emploi pour faire accepter des politiques socialement régressives. Au XVIe siècle, les Provinces Unies, qui dominaient alors l’économie-monde européenne, se faisaient l’avocat inconditionnel du libéralisme, maintenant des tarifs douaniers peu élevés, autorisant la libre circulation des monnaies et laissant à ses marchands, en pleine guerre, le 1droit de commercer avec l’ennemi . Cette position fût adoptée par l’Angleterre après avoir été théorisée par les pères fondateurs de l’économie politique classique, Adam Smith et David Ricardo. Les avantages comparatifs… Dans La Richesse des Nations, A. Smith fait de la division internationale du travail la source de tout progrès économique véritable. L’augmentation de la productivité passe par la spécialisation des tâches qui conditionne l’introduction des machines. Mais encore faut-il que la taille du marché le permette. D’où l’importance d’une division du travail à l’échelle internationale. Pour Smith, le critère de la spécialisation internationale optimale est simple ; c’est la comparaison des coûts absolus de production. Au niveau national, ceux-ci ont tendance à s’égaliser, notamment parce que les prix des facteurs de production (terre, travail, capital) se forment désormais sur des marchés concurrentiels. Au niveau international en revanche, des écarts de prix subsistent du fait de l’immobilité des facteurs de production et de l’inégalité des techniques de production. C’est donc le libre-échange et la spécialisation internationale qui vont permettre à chaque nation d’exploiter au mieux son potentiel productif. Dans son Principe de l’économie politique et de l’impôt, David Ricardo conteste ce point de vue en montrant qu’un pays qui dispose d’un avantage absolu de productivité a tout de même intérêt à l’échange, en se spécialisant dans les productions pour lesquelles les coûts relatifs sont les plus bas, autrement dit pour lesquelles son avantage comparatif est le plus grand. Dans un exemple fameux, il montre que si le Portugal est plus efficace que l’Angleterre dans la production de vin comme dans celle de drap, il n’en a pas moins intérêt à délaisser cette dernière si son avantage de coût est plus grand dans la production de vin. Se spécialiser selon ses avantages comparatifs signifie donc le faire dans la production dans laquelle son handicap relatif est le moins grand. Une spécialisation internationale du travail fondée sur le principe des avantages comparatifs permet en théorie, une allocation optimale des ressources. Le « père de l’économie politique » au service de la classe capitaliste Le problème qui préoccupe réellement Ricardo c’est la lamination des profits du capital découlant de l’augmentation de la population qui contraint à mettre en culture les terres les moins productives accroissant la rente des propriétaires fonciers et augmentant le coût de reproduction de la force de travail donc des salaires. Pour Ricardo, la solution réside dans le commerce international et plus particulièrement dans la libre importation du blé qui, en réduisant le coût des produits nécessaires à la reproduction de la force de travail permet de réduire les salaires et de restaurer les profits du capital. Cela implique l’abolition des Corn Laws qui protègent l’agriculture anglaise de la concurrence depuis la fin des guerres napoléoniennes. Dès lors, les intérêts du capitalisme anglais pourront être assimilés à l’intérêt national britannique, lui-même identifié au libre-échange. Dès 1840, L’Angleterre réduit unilatéralement ses droits de douane sur les produits manufacturés, supprime toute prohibition à l’importation (1842), renonce à la préférence impériale en faveur des produits des colonies (1845) et abolit les Corn Laws 2(1846) ainsi que les Actes de navigation (1849). …Ou le théorème HOS pour justifier le libre-échange Toutefois l’hypothèse ricardienne s’appuyant sur l’immobilité des facteurs de production devenait contestable dès lors que l’un des facteurs ou a fortiori les deux – capital et travail – devenaient mobiles. Pourtant, la plupart des économistes continuait de professer que le libre échange demeurait la solution optimale. Mais il s’agissait, en partie, d’une vision idéologique, car rétrospectivement les faits ne permirent pas d’établir une corrélation entre ouverture commerciale et vigueur de la croissance économique. A la période d’ouverture croissante (1860-1885) succéda un regain de protectionisme entre 1885 et 1913 “ qui n’a pas empêché le retour à la fois de la croissance économique et (de) l’augmentation du taux d’ouverture dans les 3dernières années du siècle ” . eMême les perfectionnements apportés par les économistes néoclassiques du XX siècle, d’abord Eli Heckscher et Bertil Ohlin dans les années 20 puis Paul Samuelson dans les années 50 (théorème ou modèle HOS) ne prenaient pas en compte cette mobilité. L’approche néoclassique revient à un explication de l’échange fondée sur la rareté relative donc la complémentarité et non plus sur l’efficacité productive comparée, donc la concurrence. Délocaliser pourquoi ? Que les entreprises se « délocalisent » n’est donc pas nouveau. Avec la globalisation financière, ce sont les raisons et les conditions qui président à la délocalisation qui ont profondément changé. Pendant la période qui précède la libéralisation financière, les entreprises développaient des implantations à l’étranger essentiellement pour accéder à un marché qui leur était interdit du fait des droits de douane. Pour ce faire, elles devaient se soumettre aux législations que leurs imposaient les Etats. Les investissements à l’étranger [IDE] étaient soumis à un strict contrôle et leurs implantations conditionnées par de nombreuses contraintes : participation au capital des résidents, obligations de recruter sur le marché national, impossibilité de rapatrier la totalité des bénéfices. Certains secteurs traditionnellement de services publics leurs étaient interdits. L’ensemble de ces contraintes a été emporté par le mouvement de libéralisation de la globalisation. C’est l’Accord sur les mesures concernant les investissements et liées au commerce (TRIMs, Agreement on trade related investment measures) qui est l’un des accord de l’Acte final de l’Uruguay Round signé le 15 avril 1994 à Marrakech, qui concluera cette période. Investissement Direct à l'Etranger ou investissements de Portefeuille L'OCDE définit l'Investissement Direct à l'Etranger ainsi : « L’IDE est une activité par laquelle un investisseur résidant dans un pays obtient un intérêt durable et une influence significative dans la gestion d’une entité résidant dans un autre pays. Cette opération peut consister à créer une entreprise entièrement nouvelle (investissement de création) ou, plus généralement, à modifier le statut de propriété des entreprises existantes (par le biais de fusions et d’acquisitions). Sont également définis comme des investissements directs étrangers d’autres types de transactions financières entre des entreprises apparentées, notamment le réinvestissement des bénéfices de l’entreprise ayant obtenu l’IDE, ou d’autres transferts en capital ». Ces derniers incluent notamment les prêts accordés par une maison-mère à sa filiale implantée à l'étranger. 2 Acte britannique de 1651 destiné à contenir la puissance maritime des Provinces unies en limitant l’entrée des ports anglais aux navires étrangers. 3 “ Les relations commerciales entre la France et l’Europe depuis 1850 ” par Philippe Guillaumet, Revue de l’OFCE n° 82, juillet 2002, p 55. Contrairement aux investissements de portefeuille, les IDE impliquent une prise de contrôle de la part de la firme étrangère. Le seuil à partir duquel le contrôle s'exerce est arbitraire, le FMI utilise une valeur de 10 %. Désormais, les entreprises ont une totale liberté de s’implanter où bon leur semble. Elles n’ont d’ailleurs plus forcément besoin, compte tenu de la diminution des coûts de transport, de délocaliser pour conquérir de nouveaux marchés. Si elles le font c’est pour optimiser leur profit car la liberté acquise par la déréglementation et la libre circulation des capitaux profite d’abord aux investisseurs. En allant se financer directement sur les marchés, les entreprises se sont soumises au bon vouloir de ces derniers dont les exigences en terme de retour sur investissement les ont contraintes à rechercher toutes les opportunités pour produire à moindre coût. Notamment en faisant jouer la concurrence entre les pays. La situation s’est donc complètement inversée et là où les Etats fixaient leurs conditions, ils se livrent maintenant à une compétition acharnée pour attirer les investisseurs. Aucun n’y échappe ! Les zones franches sont en développement constant et offrent aux entreprises transnationales des conditions de plus en plus attrayantes. La première des conditions reste l’attractivité des salaires bas. Mais elle n’est pas la seule. Les conditions fiscales, la législation du travail et les normes environnementales vont jouer un rôle déterminant dans la mise en compétition entre les territoires. Tous les territoires sont devenus potentiellement concurrents. Les emplois qui quittent une région française ne partiront pas obligatoirement vers l’Asie, le Maghreb ou l’Afrique. Ils pourront tout aussi bi
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents