MÉDIAS ET EXPLOITATION POLITIQUE DES SERVICES DU RENSEIGNEMENT
par Gérald ARBOIT (*) et Michel MATHIEN (**)
La présence des services de rensei gnement dans lactualité des médias a été notoire au cours de lannée 2004. Ce rtes, la crise iraquienne en a été larrière-fond événementiel dans lévo cation dominante des organisations américaines ou britanniques. La France a eu sa part avec la libération, le 21 décembre à Bagdad, des deux jour nalistes français, retenus comme ota-ges pendant quatre mois par lArmée islamique, un des mouvements de résistance iraquiens : dans lannonce et la mise en scène de leur libération par les plus hautes autorités de lEta t, la Direction générale des services extérieurs (DGSE) a béné ficié de louanges particulièrement laudatives dans lensemble de la presse et des journa ux télévisés et radiophoniques pour son rôle en la circonstance. Cette situation témoigne de lévolution de la communication de ces ser-vices après la crise de confiance qu ils ont connue au lendemain de la chute du Mur de Berlin en 1989. Da ns les milieux politiques comme au sein des médias, voire des opinions publiques européennes, on se deman-dait si les « espions » étaient encore nécessaires à lère dun monde unipo-laire. Surtout à travers le s impératifs de non-public ité de leurs activités et de leurs personnels, le secret entourant les programmes, les budgets et les opérations qui étaient de plus en plus perçus comme une limite à la liberté dinformer.
(*) Chercheur au Centre détudes et de rechercher interdisciplinaires sur les médias en Europe (CERIME) de lUniversité Robert Schuman (Strasbourg, France) et réda cteur en chef de la revue Renseignement et opé-rations spéciales . (**) Professeur de Sciences de linformation et de la communication à lUniversité Robert Schuman (Strasbourg, France) et responsable du Centre détudes et de recherches interdisciplinaires sur les médias en Europe (CERIME).