Quarante années de coexistence difficile - article ; n°3 ; vol.50, pg 625-645
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Description

Politique étrangère - Année 1985 - Volume 50 - Numéro 3 - Pages 625-645
Forty Years of Difficult Coexistence, by Adam B. Ulam
After forty years of difficult relations, a durable rapprochement could be achieved between the United States and the Soviet Union were the US to develop new political and diplomatie skills and the Kremlin forget some of its old habits. However, it would be imprudent to expect the Gorbachev regime to suddenly concentrate ail its energies and resources on domestic affairs and curtail entirely its propensity to create trouble on the international scene. On the other hand, it is not unrealistic to hope that Soviet economie needs coupled with well-advised and vigilant American diplomacy could bring about a more cautious and restrained approach in the Kremlin s foreign policy.
A la lumière de quarante années de difficiles relations, un rapprochement américano-soviétique durable est possible, si les Etats-Unis peuvent acquérir de nouveaux talents politiques et diplomatiques, et si le Kremlin peut oublier certaines de ses vieilles habitudes. Il serait imprudent de compter sur l'URSS de Gorbatchev pour qu'elle concentre ses énergies et ses ressources à ses affaires intérieures et renonce complètement à sa propension à semer le trouble sur la scène internationale. Il n'est pas irréaliste d'espérer par contre que les besoins de l'économie soviétique, et une diplomatie américaine vigilante et avisée, pourraient contraindre le Kremlin à plus de prudence et de retenue dans sa politique étrangère.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Adam B. Ulam
Quarante années de coexistence difficile
In: Politique étrangère N°3 - 1985 - 50e année pp. 625-645.
Résumé
A la lumière de quarante années de difficiles relations, un rapprochement américano-soviétique durable est possible, si les Etats-
Unis peuvent acquérir de nouveaux talents politiques et diplomatiques, et si le Kremlin peut oublier certaines de ses vieilles
habitudes. Il serait imprudent de compter sur l'URSS de Gorbatchev pour qu'elle concentre ses énergies et ses ressources à ses
affaires intérieures et renonce complètement à sa propension à semer le trouble sur la scène internationale. Il n'est pas irréaliste
d'espérer par contre que les besoins de l'économie soviétique, et une diplomatie américaine vigilante et avisée, pourraient
contraindre le Kremlin à plus de prudence et de retenue dans sa politique étrangère.
Abstract
Forty Years of Difficult Coexistence, by Adam B. Ulam
After forty years of difficult relations, a durable rapprochement could be achieved between the United States and the Soviet Union
were the US to develop new political and diplomatie skills and the Kremlin forget some of its old habits. However, it would be
imprudent to expect the Gorbachev regime to suddenly concentrate ail its energies and resources on domestic affairs and curtail
entirely its propensity to create trouble on the international scene. On the other hand, it is not unrealistic to hope that Soviet
economie needs coupled with well-advised and vigilant American diplomacy could bring about a more cautious and restrained
approach in the Kremlin s foreign policy.
Citer ce document / Cite this document :
Ulam Adam B. Quarante années de coexistence difficile. In: Politique étrangère N°3 - 1985 - 50e année pp. 625-645.
doi : 10.3406/polit.1985.3488
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1985_num_50_3_3488ÉTRANGÈRE I 625 POLITIQUE
Adam a a B. „ TIIAw« ULAM Quarante années
de coexistence difficile
Ce qu'ont annoncé les sages ne s'est pas produit. Ce que les
pauvres fous ont prédit est en train d'arriver », s'exclamait
Lord Melbourne pendant l'une de ces crises d'exaspération
qui secouent périodiquement la classe politique britannique à propos
de la situation en Irlande. Si l'on examine le cours des relations
américano-soviétiques depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale,
on XIXe est siècle. bien tenté de faire écho aux sentiments de l'homme d'Etat du
On sait très bien que, dans les dernières phases du conflit et
immédiatement après, certaines personnalités particulièrement perspi
caces et bien informées nourrissaient une sérieuse animadversion vis-
à-vis de l'URSS et de son comportement sur la scène internationale.
Pour le grand public, par contre, cette vision pessimiste était généra
lement associée aux réactionnaires impénitents, aux ex-communistes
déçus et aux sentimentaux incurablement attachés aux causes perdues
comme celle de la Pologne. Quand les canons cessèrent enfin de
tonner, l'ambiance générale dans ce pays demeurait telle que Walter
Lippmann l'avait définie un an auparavant : « Jamais, depuis que
l'unité de l'Ancien Monde a été brisée, ne sont apparues d'aussi
bonnes perspectives de voir s'établir une paix durable » [1].
Le grand journaliste américain ne négligeait pas pour autant les
difficultés et les inconnues inhérentes au comportement des Soviéti
ques. Par exemple, la question polonaise pouvait apparaître d'ores et
déjà comme le signe avant-coureur de difficultés potentielles dans les
relations Est-Ouest. Mais Lippmann abordait ce problème ennuyeux
avec un mélange de réalisme et d'espérance. « Les Etats-Unis, écri
vait-il, devraient reconnaître pour ce qu'il est le système stratégique de
l'orbite russe incluant en son sein les Etats situés entre l'Est de
l'Allemagne et l'Ouest de l'Union soviétique » [2]. Bien sûr, le mot
« orbite » était un euphémisme pour « sphère d'influence », ce der
nier terme ayant une connotation plutôt choquante pour la vertu
* Professeur d'histoire et de sciences politiques, ainsi que directeur du Russian
Research Center de l'Université de Harvard.
Une version plus complète de cet article est publiée simultanément dans le numéro
d'automne 1985 de la revue Foreign Affairs. 626 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
démocratique des Américains. Pour l'espérance, c'était que cette
sphère d'influence pourrait être du vieux modèle en usage au XIXe
siècle, l'Etat dominant de la région (que l'on se gardait bien d'appel
er « puissance impérialiste ») respectant l'autonomie interne de ses
associés. Aussi le rédacteur se montrait-il impressionné par le fait
« que le maréchal Staline a de nombreuses fois réaffirmé son attach
ement au principe démocratique dans ses relations avec ses voisins au
sein de l'orbite russe » [3].
Les problèmes relatifs à l'orbite et au comportement général des
Soviétiques sur le plan international étaient aussi très présents dans
l'esprit d'un relativement jeune diplomate américain alors en poste à
Moscou, mais ses conclusions n'étaient pas les mêmes que celles de
Lippmann. Il s'agissait de George Kennan qui notait, en septembre
1944 : « // serait utile pour le monde occidental qu'il réalise que... les
hommes du Kremlin n'ont jamais abandonné leur foi dans ce pro
gramme d'expansion territoriale et politique... qui sous-tend le Pacte
de non-agression germano-russe de 1939 » [4]. Le jeune diplomate
était plutôt agacé par ceux qui accordaient du crédit aux professions
de foi démocratiques des Soviétiques. « Une Europe de l'Est exsan
gue et ravagée par la guerre fournirait aux dirigeants russes une masse
malléable qu'ils pourraient facilement modeler conformément à leurs
objectifs » [5]. Il y avait, enfin, ce cri du cœur de Kennan à propos
de la possibilité de voir les Américains se confronter véritablement
au dilemme soviétique : « On parlera beaucoup de la nécessité de
"comprendre la Russie", mais il n'y aura jamais de place pour
l'Américain qui voudra réellement entreprendre cette tâche péril
leuse » [6]. Deux ans et demi plus tard, les répercussions d'un article
du même auteur, signé « Mr. X » dans Foreign Affairs, devaient aller
loin dans la dissipation de ses sombres réflexions antérieures. Tant il
est vrai que l'histoire est souvent cruelle avec les Polynice, mais qu'il
lui arrive aussi de désavouer les Cassandre.
Avec les premiers remous engendrés par la victoire en Europe, les
appréhensions de George Kennan ne firent qu'augmenter. En des
termes qui n'ont pas totalement perdu leur pertinence aujourd'hui, le
diplomate notait la rapidité avec laquelle l'opinion publique oubliait
les mauvais coups des Soviétiques sur la scène internationale : « // est
tout à fait à la convenance de Moscou que les Américains s' abandonn
ent à une série d'illusions qui les poussent à faire pression sur leur
gouvernement... pour accomplir à chaque fois un pas de plus afin
d'obtenir la faveur illusoire des autorités soviétiques... S'il arrive que
les choses se gâtent par trop, tout ce qu'ils ont à faire est de permettre
une nouvelle réunion avec les responsables occidentaux pour repartir à
zéro en oubliant tout ce qui s'est passé auparavant » [7].
Quels qu'aient été les espoirs ou les erreurs des sages et des experts,
l'une des conséquences inéluctables de la victoire aux Etats-Unis fut L'URSS DE GORBATCHEV I 627
que le rôle du Président en tant que chef des armées redevint
subordonné à la politique. Cette liberté de manœuvre diplomatique
dont avait joui le chef de l'Etat américain entre Pearl Harbour et le
jour de la victoire sur le Japon se voyait dès lors nécessairement
réduite, et, du même coup, se voyait réduite la capacité du Président
à convaincre Staline que son pays ne tolérerait pas les violations par
l'URSS de ses engagements et promesses du temps de guerre.
Il y avait des gens à Washington qui étaient au courant de ce que
faisaient les Soviétiques en Europe de l'Est et s'en trouvaient profon

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