Quatre questions à Michel Pebereau - article ; n°1 ; vol.1, pg 159-169
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Description

Revue française d'économie - Année 1986 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 159-169
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 26
Langue Français

Extrait

Quatre questions à Michel Pebereau
In: Revue française d'économie. Volume 1 N°1, 1986. pp. 159-169.
Citer ce document / Cite this document :
Quatre questions à Michel Pebereau. In: Revue française d'économie. Volume 1 N°1, 1986. pp. 159-169.
doi : 10.3406/rfeco.1986.1109
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1986_num_1_1_1109Michel
PEBEREAU ШШШЕЕШШЕИШЯШШ
Quatre questions
evue Française d'Écono
mie : Quelles sont les conséquences du décloisonnement des
marchés et de la multiplication des produits financiers pour un
établissement comme le vôtre ?
Michel Pébereau : Le cloisonnement des marchés et la limi
tation des produits financiers ne peuvent être que le résultat 160 Michel Pebereau
de réglementations. Des marchés libres communiquent en
effet très facilement : ils ne sont pas cloisonnés. Des marchés
libres vivent en fonction des besoins des acteurs : leurs pro
duits évoluent, s'adaptent.
Décloisonnement des marchés et multiplication des
produits financiers sont donc un signe de déréglementation,
d'ouverture du champ des marchés. C'est une évolution très
positive.
Positive d'abord pour l'économie. Le développement
des marchés en France et leur ouverture aux marchés interna
tionaux amélioreront l'efficacité de l'économie française. Le
marché permet, mieux que la réglementation, d'orienter
l'épargne vers les emplois les plus productifs, d'optimiser l'ut
ilisation des ressources nationales.
Positive aussi pour les investisseurs, pour les épar
gnants, et pour les emprunteurs, pour les entreprises. La régl
ementation fige en effet les produits dans des textes ; le marché,
lui, permet de les faire vivre en permanence, de les adapter
aux aspirations des investisseurs, qui sont diverses et qui peu
vent changer en fonction de la conjoncture, tout en satisfai
sant les besoins des emprunteurs, qui sont dictés par la situa
tion économique.
Cette évolution est enfin positive pour les banques.
Rien n'est plus frustrant pour une entreprise que de voir son
champ d'action limité de façon arbitraire. Le développement
des marchés, c'est l'élargissement du champ de liberté des pro
fessionnels que nous sommes.
Ceci dit, il ne faut pas s'y tromper, le décloisonne
ment ne permettra pas, à lui seul, de donner son plein déve
loppement aux marchés. Il est également nécessaire de lever
les obstacles qui détournent encore l'épargne des Français des
marchés, et établir les conditions d'une concurrence claire et
à armes égales entre les différents intermédiaires financiers. A
cet égard, beaucoup reste à faire. Une partie importante de
l'épargne est détournée des marchés par les privilèges fiscaux Michel Pebereau 161
dont bénéficient certains produits financiers : le livret A, qui
drainait environ 680 milliards de francs de capitaux fin 1985,
c'est-à-dire l'équivalent de plus de deux années d'émissions
obligataires, au rythme exceptionnel atteint en 1985 ; mais
aussi tous les autres produits défiscalisés, dont certains sont de
création récente, comme les C.O.D.E.V.I. Une égalité de
traitement fiscal des différents placements financiers serait
nécessaire pour donner toutes leurs chances aux produits de
marché. Quant aux conditions de concurrence entre interméd
iaires financiers, elles restent très inégales. Entre organismes
français tout d'abord, en raison de la multiplication des rég
imes de bonification, ou d'imposition, qui bénéficient exclus
ivement ou essentiellement à des établissements spécialisés, et
qui sont un héritage de la période, lointaine, où il était nécess
aire de disposer de circuits de financement spécifiques pour
satisfaire les besoins de certains secteurs économiques jugés
prioritaires. Et puis le décloisonnement ne sera achevé, sur le
plan international, qu'une fois intégralement levé le contrôle
des changes sur les mouvements de capitaux : diverses techni
ques modernes, comme les swaps de devises, supposent en
effet une liberté complète des opérations entre les différents
marchés nationaux et le marché international, pour prendre
une réelle dimension.
Tout ceci prendra inévitablement du temps. Mais le
mouvement est engagé, depuis le milieu des années 70, et les
pouvoirs publics semblent déterminés à l'accélérer. C'est un auquel une banque comme le Crédit Commerci
al de France contribuera avec enthousiasme. Il y a là, en
effet, un nouveau champ d'activité pour l'imagination de ses
équipes, de nouveaux services à rendre, donc une source de
développement et de rentabilité supplémentaire. Nous avons
déjà beaucoup contribué à la diversification des produits
financiers, en France et sur le marché international. Vous
pouvez être assuré que nous serons l'un des acteurs les plus
actifs du décloisonnement des marchés : certaines opérations, Michel Pebereau 162
que nous avons montées sur le marché international en 1985,
et qui, par la technique du warrant, ont créé un lien entre les
marchés du dollar, du mark, de l'écu et du franc suisse, mont
rent que nous en avons les moyens. Nous nous sommes for
gés une expérience sur les marchés français, où notre capacité
innovatrice est reconnue, et sur les marchés internationaux,
où nous avons acquis une position éminente parmi les plus
grandes banques du monde. Cette expérience, nous allons
l'utiliser au profit tant des investisseurs que des entreprises,
dans ce contexte nouveau.
R.F.E. : Quelles sont, selon vous, les conditions nécessaires
pour réussir la dénationalisation des banques?
M.P» : Votre question est fort intéressante d'un point de
vue analytique. Vous auriez pu m'interroger sur les condi
tions de la réussite de la privatisation en général, ou de la pri
vatisation de telle ou telle banque en particulier. Mais pour
quoi la privatisation des banques? Pourquoi considérer les
banques comme un ensemble homogène, un peu à part, dont
la privatisation poserait de ce fait un problème spécifique ?
Cette approche met en évidence la nécessité de la
privatisation. Voyez-vous, les banques sont avant tout des
entreprises, avec un personnel, composé, comme dans toutes
les de techniciens, d'administratifs et
de commerçants; avec un bilan et un compte d'exploita
tion; avec des concurrents français et internationaux. Ces
entreprises fabriquent des produits, qui sont bancaires ou
financiers, offrent des services, de toute nature, doivent satis
faire les besoins d'une clientèle, composée d'autres entreprises,
et de particuliers. Et comme dans toutes les entreprises, l'acti
vité est sanctionnée, chaque année, par un résultat d'exploita
tion.
Dans une économie de marché comme l'économie
française, il est logique que ces entreprises, toutes cel
les du secteur concurrentiel, aient en règle générale un action- Michel Pebereau 163
nariat privé. La nationalisation n'a de sens que pour des acti
vités de service public, ou pour doter la puissance publique
d'instruments de politique économique, voire, à la limite,
pour traiter temporairement un problème spécifique. En ce
qui concerne les grandes banques, elle pouvait s'expliquer à la
Libération : la situation économique de la France, détruite
par la guerre et l'occupation, justifiait la mise en œuvre de
rationnements dans bien des domaines ; l'Etat pouvait consi
dérer qu'il était de son devoir d'orienter autoritairement les
moyens de financement disponibles, qui étaient insuffisants,
vers les emplois les plus urgents du point de vue de la recons
truction de l'économie nationale. Mais ces temps sont révol
us. Il est dommage que le mouvement engagé en 1973, avec
la loi permettant la cession de 25 % du capital des grandes
banques nationalisées en 1945, notamment au profit de leur
personnel, ait été interrompu et même inversé avec la loi de
nationalisation de 1982. Aucun des grands pays industrialisés
qui sont nos concurrents dans la vie économique internatio
nale n'a l'idée que la nationalisation du système bancaire est
une nécessité des temps prés

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