Quel taux d actualisation pour quel avenir ? - article ; n°4 ; vol.19, pg 59-81
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Revue française d'économie - Année 2005 - Volume 19 - Numéro 4 - Pages 59-81
Which Discount Rate for Which Future? The choice of the discount rate raises a very simple question : do we prefer (1 + r)-t euro immediately or 1 euro in t years ? By introspection, one can guess that the answer to this question depends upon our expectations concerning our living standard in t years, and upon the certainty associated to it. In this paper, we clarify the economic content of the theory of the term structure of interest rates in order to build a normative theory of the discount rate. On this basis, we propose that the real discount rate be fixed at 5 % for time horizons less than 30 years. This proposal is based on the assumption that the economy will growth at a rate of 2 % per year during the period, with little uncertainty. However, the uncertainty is exacerbated for longer time horizon, which induces the socially efficient discount rate to decrease for a precautionary motive. Our calibrations lead to the recommendation of a real discount rate at 2,5 % to 3 % per year for time horizons around 100 years, and which asymptotically converges towards a rate around 1 to 2,5 % for the very distant future.
Christian Gollier Quel taux d'actualisation pour quel avenir? Le choix du taux d'actualisation pose une question très simple : préférons- nous (/ + r)-t euro avec certitude tout de suite ou 1 euro avec certitude dans t années ? Par introspection, on devine que la réponse à cette question dépend de nos anticipations sur notre niveau de vie dans t années, et sur l'incertitude qui entoure cette espérance. Dans cet article, nous clarifions le contenu économique de la théorie classique de la structure par terme des taux d'intérêt pour construire un modèle normatif du taux d'actualisation. Sur cette base, nous militons pour un taux d'actualisation réel de 5 % par an pour des horizons temporels t inférieurs à 30 ans. Ce taux est basé sur l'hypothèse d'une croissance du PIB par habitant de 2 % par an et d'une incertitude faible sur cette croissance à cet horizon. Par contre, pour des horizons temporels plus éloignés, il faut tenir compte d'une forte augmentation de l'incertitude relative à la croissance économique. Nos calibrations nous conduisent à recommander un taux réel décroissant avec t, de 2,5 % à 3 % par an à un horizon de 100 ans, et convergeant autour de 1 à 2,5 % par an pour des horizons très éloignés.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Christian Gollier
Quel taux d actualisation pour quel avenir ?
In: Revue française d'économie. Volume 19 N°4, 2005. pp. 59-81.
Citer ce document / Cite this document :
Gollier Christian. Quel taux d actualisation pour quel avenir ?. In: Revue française d'économie. Volume 19 N°4, 2005. pp. 59-81.
doi : 10.3406/rfeco.2005.1560
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_2005_num_19_4_1560Abstract
Which Discount Rate for Which Future? The choice of the discount rate raises a very simple question :
do we prefer (1 + r)-t euro immediately or 1 euro in t years ? By introspection, one can guess that the
answer to this question depends upon our expectations concerning our living standard in t years, and
upon the certainty associated to it. In this paper, we clarify the economic content of the theory of the
term structure of interest rates in order to build a normative theory of the discount rate. On this basis, we
propose that the real discount rate be fixed at 5 % for time horizons less than 30 years. This proposal is
based on the assumption that the economy will growth at a rate of 2 % per year during the period, with
little uncertainty. However, the uncertainty is exacerbated for longer time horizon, which induces the
socially efficient discount rate to decrease for a precautionary motive. Our calibrations lead to the
recommendation of a real discount rate at 2,5 % to 3 % per year for time horizons around 100 years,
and which asymptotically converges towards a rate around 1 to 2,5 % for the very distant future.
Résumé
Christian Gollier Quel taux d'actualisation pour quel avenir? Le choix du taux d'actualisation pose une
question très simple : préférons- nous (/ + r)-t euro avec certitude tout de suite ou 1 euro avec certitude
dans t années ? Par introspection, on devine que la réponse à cette question dépend de nos
anticipations sur notre niveau de vie dans t années, et sur l'incertitude qui entoure cette espérance.
Dans cet article, nous clarifions le contenu économique de la théorie classique de la structure par terme
des taux d'intérêt pour construire un modèle normatif du taux d'actualisation. Sur cette base, nous
militons pour un taux d'actualisation réel de 5 % par an pour des horizons temporels t inférieurs à 30
ans. Ce taux est basé sur l'hypothèse d'une croissance du PIB par habitant de 2 % par an et d'une
incertitude faible sur cette croissance à cet horizon. Par contre, pour des horizons temporels plus
éloignés, il faut tenir compte d'une forte augmentation de l'incertitude relative à la croissance
économique. Nos calibrations nous conduisent à recommander un taux réel décroissant avec t, de 2,5
% à 3 % par an à un horizon de 100 ans, et convergeant autour de 1 à 2,5 % par an pour des horizons
très éloignés.Christian
GOLLIER
Quel taux d'actualisation
pour quel avenir ?
consiste à arbitrer entre n différentes des rôles prépondérants actions collectives de l'Etat per
mettant d'améliorer le bien-être présent et futur de la popul
ation. Ces investissements sont de toute nature : construction
d'infrastructures (transports, hôpitaux ...), amélioration du
système scolaire, soutien à la recherche, sécurité, lutte contre
Revue française d'économie, n" 4/vol XIX 60 Christian Gollier
l'effet de serre, gestion des déchets, préservation de la biodi
versité... Dans un monde où les ressources sont limitées et les
besoins abondants, il est indispensable de classer ces projets par
ordre de priorité. Existe-t-il une méthode suffisamment simple
pour être opérationnelle tout en permettant de réaliser cette
sélection au mieux des intérêts des populations concernées ?
Le calcul économique est une méthode qui cherche à déter
miner les actions qui maximisent le bien-être collectif inter-
générationnel sous contrainte de rareté des ressources dispo
nibles.
Supposons que l'Etat dispose d'un budget de 1 milliard
d'euros qui peut être utilisé pour financer un des trois projets sui
vants :
• Projet A : il s'agit d'un investissement de R&D à moyen terme.
Les experts pensent unanimement que sa réalisation permettrait
de générer une recette de 2 milliards d'euros dans 10 ans.
• Projet В : il s'agit d'un effort permettant de réduire le coût de
la gestion des déchets nucléaires dans 100 ans d'un montant
égal à 10 milliards d'euros actuels.
• Projet С : en réduisant les émissions de dioxyde de carbone par
une incitation fiscale de 1 milliard d'euros, on pense être capable
de réduire les dommages consécutifs au réchauffement climatique.
Les experts divergent sur les bénéfices d'une telle stratégie. La moit
ié d'entre eux pensent que l'on réduira les dommages annuels
moyens de 70 millions d'euros actuels de façon permanente,
alors que l'autre moitié pense que ce bénéfice annuel moyen
n'est que de 10 millions d'euros.
Face à ce choix, quelle est la politique publique la plus
favorable ?
A première vue, la technique est simple, puisqu'il s'agit
de réaliser toutes les actions dont la somme des bénéfices excède
la somme des coûts. Le problème essentiel de la technique repose
néanmoins sur l'hétérogénéité de ces bénéfices et de ces coûts.
Certains projets ont des bénéfices sûrs, mais des coûts incer
tains, ou réciproquement. Comment tenir compte de cette hété
rogénéité relative au risque ? Par ailleurs, il existe des différences
sur la nature de ces flux : dans le domaine de la santé, les coûts
Revue française d'économie, n° 4/vol XDC Christian GoUier 61
sont souvent monétaires, tandis que les bénéfices se mesurent en
termes de vies gagnées ou de réduction de la morbidité. Dans le
domaine de l'environnement, les bénéfices sont évalués en termes
de préservation d'actifs environnementaux ou de réduction de
la pollution. La question se pose donc de savoir comment rendre
ces coûts et bénéfices comparables. Enfin, ces flux diffèrent sou
vent par la manière dont ils sont étalés dans le temps. Il faut donc
déterminer la manière dont des euros dépensés ou gagnés à des
dates différentes se comparent les uns aux autres.
Comme on le voit, ces différents problèmes à résoudre
par le calcul économique sont fondamentalement indépendants
les uns des aux autres, c'est pourquoi nous les traiterons de façon
isolée. Par exemple, si un bénéfice futur est non pécuniaire, nous
en déterminerons la valeur monétaire. Si celle-ci est aléatoire,
en un équivalent certain. Enfin, si ce bénéfice
non pécuniaire incertain est obtenu dans le futur, nous calcule
rons la valeur présente de l'équivalent certain de sa valeur monét
aire. Les techniques de valorisation monétaire de bénéfices non
pécuniaires, de calcul d'équivalents certains et de valeurs présentes
constituent trois chapitres différents de la méthode dite du cal
cul économique. Pour l'essentiel, cet article est consacré à la
valorisation de coûts et bénéfices futurs.
Dans la suite de cet exposé, nous raisonnerons systéma
tiquement en termes réels. Ainsi, les coûts et les bénéfices seront
toujours exprimés en euros de 2005, et le taux d'actualisation sera un taux réel.
Le problème de l'actualisation
Le taux d'actualisation obtenu par arbitrage
Les pouvoirs publics, tout comme les particuliers et les entreprises,
investissent pour améliorer l'avenir. A un coût immédiat cor-
Revue française d'économie, n° 4/vol XIX 62 Christian Gollier
respond un bénéfice attendu dans le futur. Considérons le cas le
plus simple où un de ces trois agents dispose d'un projet d'i
nvestissement réel dont le coût immédiat est С et le bénéfice
monétaire certain В est réalisé dans 12 mois. Est- il désirable de
réaliser ce projet ? Pour répondre à cette question, il est utile de
rappeler qu'il existe de multiples façons d'améliorer son avenir
et qu'il s'agit donc d'arbitrer au mieux entre ces différentes stra
tégies. La façon la plus simple d'améliorer le futur consiste à
placer son épargne dans un actif sans risque. Soit rie taux de re
ndement de cet

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