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Rencontre avec Valérie Zenatti, auteur de : Une bouteille dans la ...

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Langue Français

Extrait

1
Rencontre avec Valérie Zenatti, auteur de :
Une bouteille dans la mer de Gaza
le lundi 21 mai au lycée Descartes
(matinée)
Un élève du collège Malraux donne la biographie de l’auteur tandis que deux
élèves du collège Saint-Exupéry présentent l’oeuvre, en font le résumé et donnent
leurs appréciations.
Mme Zenatti fait quelques rectifications sur sa biographie : elle n’enseigne
plus depuis 2000. Elle écrit pour les jeunes et les adultes et fait des traductions
d’oeuvres écrites en hébreu. Elle écrit depuis peu des scenarii car deux de ses livres
(dont
Une bouteille dans la mer de Gaza
) vont être adaptés au cinéma. A 13 ans,
ayant dû quitter la France pour Israël, elle a connu le problème du déracinement, ce
qui a renforcé chez elle le désir de communiquer et a réalisé ainsi l’importance du
langage. Elle a dû faire deux années de service militaire. A l’âge de seize ans, elle a
dressé avec une amie une liste de 100 rêves à réaliser en se promettant de se
retrouver à 50 ans pour découvrir le pourcentage des rêves réalisés. Elle retrouve la
France (Paris) à l’âge de 21 ans.
Ce supplément d’informations ayant été donné, l’auteur propose de « tricoter »
la rencontre avec les élèves en répondant à leurs questions.
- Si vous aviez à refaire votre service militaire, le referiez-vous ?
V.Z
. : oui, même si j’ai trouvé le temps très long, avec deux semaines seulement de
vacances par an.
- Prenez-vous parti pour un camp ou un autre ?
V.Z.
Je refuse de prendre parti pour un côté ou un autre, même si je connais mieux
le côté israélien. Des échanges sont possibles entre les Israéliens et les Palestiniens.
Quand j’étais en Israël, j’ai vécu et travaillé avec des Palestiniens. Quand j’étais
revenue en France, en 1991, après les accords d’Oslo, il fallait choisir son camp, ce
qui est toujours douloureux pour moi. En écrivant ce livre, j’ai essayé de me mettre à
la place des deux personnages. Je me sens plus proche de Naïm, par son caractère.
« Je vis l’histoire » : « je », c’est aussi bien Naïm que Tal. L’écriture, c’est de
l’improvisation théâtrale. L’objectivité absolue n’existe pas. Je demande aux lecteurs
d’avoir les deux visions. Ecrire, c’est être libre, c’est avoir son propre regard sur une
situation et de pouvoir transgresser la réalité.
- Quel est le but de votre livre ?
V.Z.
Mon but est de réconcilier ma tendresse pour les Israéliens et ma sympathie
pour les Palestiniens. J’ai commencé à écrire le livre au soir du 9 septembre 2003
après un attentat en Israël. J’ai voulu faire dans un livre ce qui n’existe pas dans la
réalité et j’ai voulu le partager avec les lecteurs.
- Avez-vous vécu côté palestinien ? comment vous êtes-vous documentée
sur la Palestine ?
V.Z.
Quand j’étais étudiante en Israël, j’ai travaillé avec des Palestiniens : je faisais
faire des tee-shirts à Ramallah. Pour me documenter, je me suis inspirée de
rédactions d’étudiants palestiniens, rédactions demandées par des professeurs de
français et mises en ligne par l’Institut français : ces rédactions abordaient les
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thèmes des fêtes, de la famille, de la nourriture, le rapport de ces jeunes avec leur
religion, la notion de groupe… J’ai découvert qu’il existait 156 cybercafés à Gaza, le
besoin de communiquer avec autrui étant très fort. J’ai consulté des plans.
-
Vous avez dit que vous écriviez quand vous êtiez seule ou parce que vous
êtiez seule ?
V.Z.
Je suis seule quand j’écris : l’écriture, c’est un rapport au monde, c’est pour
remplir quelque chose…
-
Est-ce que vous avez eu des représailles après avoir écrit ce livre ?
V.Z
. Non. Le conflit israélo-palestinien est surexposé médiatiquement. Mais ce ne
sont jamais les mêmes personnes, on oublie les réalités humaines. Il faut aller au-
delà des images. Un sondage a révélé que 70% des personnes des deux camps
souhaitent une solution pacifique avec deux états côte à côte. Je craignais un peu
que mon propos ne soit pas compris. Je ressens à travers mes rencontres que les
gens ont aimé s’identifier aux deux côtés.
-
Est-ce que le roman peut faire changer la situation ?
V.Z.
Dans l’écriture du scénario, j’ai fait en sorte que la famille de Naïm soit plus
présente. Le monde change petit à petit grâce à des micro-évènements. J’ai
remarqué que la lecture du roman a changé certaines personnes.
-
Si vous aviez choisi une fin fermée au roman, qu’auriez-vous choisi ?
V.Z.
La fin s’est imposée toute seule : l’histoire commence avec Tal et finit avec
Naïm. La situation est toujours ouverte là-bas. Je ne sais pas où je vais quand j’écris.
La frustration de l’écrivain ressemble peut-être à la frustration des gens qui vivent là-
bas. Je suis en train d’écrire la suite du roman… et je me demande s’il y a une date
où l’on cesse d’être un enfant ?
-
Combien de temps faut-il pour écrire un livre ?
V.Z
. Le « temps de cuisson » d’un livre varie… Pour celui-ci, j’ai mis neuf mois.
-
Depuis combien de temps écrivez-vous ?
V.Z
. J’écris depuis l’âge de 8 ans.
-
Est-ce que la paix était un de vos 100 voeux ?
V.Z
. Oui… On ne choisit pas son nom, sa famille… il faut se débrouiller avec ce que
l’on a. Les jeunes de là-bas, maintenant, subissent la situation.
-
Comment voyez-vous le personnage de Naïm ?
V.Z
. Je connais un Palestinien vivant à Paris, qui désire avoir une autre identité que
celle de victime. La douleur est plus lourde du côté palestinien. Ils voudraient que la
vie normale reprenne à Gaza.
-
Pourquoi choisir des personnages d’adolescents ?
V.Z.
J’ai voulu écrire sur des jeunes, sur l’énergie des jeunes, appartenant à des
peuples jeunes, dont l’histoire n’est pas ancienne comme celle des peuples
européens.
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-
Pourquoi alterner une histoire d’amour et une histoire de guerre ?
V.A
. D’abord, est-ce une histoire d’amour ? Je dirais plutôt, une histoire d’amitié.
C’est comme dans la vie. On se dit plus de choses positives par l’écriture
qu’oralement. Il est plus facile de dire « je t’aime » par écrit. Il existe un trouble entre
les deux personnages parce qu’il y a une écriture entre eux. Ce sont deux individus
avec leur sensibilité.
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Que préférez-vous, écrire en hébreu ou en français ?
V.Z
. L’hébreu est ma deuxième langue. Je préfère écrire en français, je trouve plus
facilement le mot juste.
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Les personnages sont-ils inspirés de personnes réelles ?
V.Z
. Non, ce sont des projections personnelles de mon imagination. Je suis à la fois
Tal et Naïm.
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Parmi les 11 livres que vous avez écrits, quel est votre préféré ?
V.Z
. Dans la liste de mes rêves, je voulais publier avant l’âge de 30 ans : j’ai publié le
premier à 28 ans ! Le dernier, c’est
Adieu mes neuf ans
, publié à l’Ecole des loisirs,
dans la collection Neuf. Le roman
Une bouteille…
est celui que je préfère, il m’a fait
vivre des choses fortes. Je me suis dédoublée, j’ai vécu une double vie. Il est traduit
en plusieurs langues : en allemand, le titre peut se traduire en
Peux-tu me prêter ton
regard ?
Il est traduit en anglais, polonais, coréen… Le roman
Quand j’étais
soldate
concerne la vie d’une adolescente de 17 ans vivant en Israël.
-
Avez- vous choisi vous-même la couverture du livre qui est assez
minimaliste ?
V.Z
. Non, c’est le maquettiste qui est chargé de la choisir. Je ne peux rien dire. Je
trouve qu’il y a un écart entre la couverture et le livre, la sobriété de la couverture
opposée à l’intensité du roman.
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Que pouvez-vous nous dire du titre ?
V.Z
. J’ai choisi ce titre car « jeter une bouteille » est un geste romantique,
magique…j’ai l’impression de donner un coup de pouce au destin en enfouissant la
bouteille dans le sable.
-
Quels sont les bons et les mauvais côtés du métier d’écrivain ?
V.Z
. Il n’y a que des bons côtés. Ecrire est une passion pour moi, c’est mettre en
mots des situations de vie. J’ai publié huit livres avant de vivre uniquement de
l’écriture. J’ai aussi des moments de doute mais j’aime créer quelque chose. J’aime
faire des rencontres grâce à mes livres.
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Est-ce que le roman sera traduit en arabe ?
V.Z.
Un étudiant est en train de le traduire et le proposera ensuite à des éditeurs.
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Quels sont les conseils que vous pouvez nous donner pour écrire ?
V.Z
. Il faut lire, toujours écrire. Je vous conseille le livre
Lettres à un jeune poète
de
Rainer Maria Rilke. Il faut trouver le mot juste, la meilleure musique, le bon rythme.
Le sujet est important. Comment écrit-on ? Fait-on rire ? Il faut s’intéresser soi-
même. Quelqu’un m’a cité un auteur américain : « On écrit avec ce qu’on a oublié et
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avec ce qu’on ne comprend pas ». Je ne comprenais pas cette citation, mais je
réalise maintenant qu’on écrit avec ce qu’on a vécu, avec la « boîte noire » de sa
mémoire et de son inconscient. Parfois, je commence un livre, mais ne le finis pas.
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Avez-vous choisi un titre pour la suite ?
V.Z
. Non, je pense pour l’instant à
Tal et Naïm ?
En conclusion, je vous conseille de lire les deux livres d’un Israélien arabe, qui
écrit en hébreu :
Sayed Kashua :
Les Arabes dansent aussi
, Belfond (2003) et
Et il y eut un matin
,
Edition de l’Olivier (2006).
Je répondrai par courrier électronique à toutes vos questions à l’adresse :
val.zenatti@hotmail.com
Je vous remercie pour votre accueil.
Madame Zenatti est remerciée pour avoir répondu aux questions des élèves
avec beaucoup de sincérité.
Propos retranscrits par Dominique Jalliffier
Collège Saint-Exupéry, Rabat
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