Guillaume Abel Blouet, du village de Passy aux côtes de Morée, exemplarité ou exception du parcours intellectuel et artistique d un enfant du peuple - article ; n°1 ; vol.5, pg 67-83
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Guillaume Abel Blouet, du village de Passy aux côtes de Morée, exemplarité ou exception du parcours intellectuel et artistique d'un enfant du peuple - article ; n°1 ; vol.5, pg 67-83

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Livraisons d'histoire de l'architecture - Année 2003 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 67-83
Guillaume Abel Blouet naît le 6 octobre 1795 dans une famille de petits artisans. Il effectue, entre treize et dix-sept ans, son apprentissage chez un fabricant d'instruments de mathématique. Il se tourne à cette époque vers l'architecture, grâce à son ami Amable Macquet, élève architecte à l'École des beaux-arts. Ce dernier lui enseigne les fondements de son art et complète son instruction générale. C'est ainsi qu'en 1814, Blouet est en mesure d'entrer à l'École des beaux-arts. Il y accomplit une scolarité brillante, ponctuée de nombreux succès et qui s'achève par sa réussite au grand prix de Rome en 1821. L'originalité de Blouet tient plus à sa formation autodidacte qu'à son origine sociale, qu'il partage avec plusieurs architectes de sa génération. En revanche, la carrière de Blouet illustre l'importance de l'École des beaux-arts et de la villa Médicis ainsi que des relations qui s'y nouent entre les artistes.
Born on 1795 the 6th October to a family of craftsmen, he was first an apprentice with a mathematical instruments maker. Advised by his friend Amable Macquet, then student at the École des Beaux-arts, Paris, Blouet decided to devote his life to architecture. This close friend helped him to improve his knowledge in design and instruction insofar as he managed to join the École des beaux-arts in 1824. There he releaved himself to be a brilliant student with huge success that he won the 1821 Grand Prix de Rome. His original feature is undoubtedly that he was a self-taught man, able to go past his social background, as were some other contemporary architects. Moreover, his career brilliantly illustrates the importance of the École des beaux-arts and the Villa Medicis where decisive connections were made between artists.
Guillaume Abel Blouet wurde am 6. Oktober 1795 in einer Familie einfacher Handwerker geboren. Zwischen dem 13. und 17. Lebensjahr ging er bei einem Fabrikanten von mathematischen Instrumenten in die Lehre. Wahrend dieser Zeit begann er sich, angeregt durch seinen Freund Amable Macquet, einen Architekturstudenten an der École des beaux-arts, fur Architektur zu interessieren. Macquet vermittelte ihm Grundkenntnisse seiner Kunst und trug zur Vervollständigung seiner Allgemeinbildung bei. So vermochte Blouet 1914 im Alter von 14 Jahren in die École des beaux-arts aufgenommen zu werden. Er absolvierte sein Studium mit glanzendem Erfolg und schloss es mit seinem Sieg beim Grand Prix de Rome im Jahre 1821 ab. Das besondere Profil Blouets besteht eher in seiner autodidaktischen Ausbildung als in seiner sozialen Herkunft, die er mit anderen Architekten seiner Generation gemein hat. Die Karriere Blouets zeigt hingegen die Bedeutung sowohl der École des beaux-arts und der Villa Medicis als auch der Beziehungen zwischen den Künstlern.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2003
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Langue Français
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Extrait

Fabienne Doulat
Guillaume Abel Blouet, du village de Passy aux côtes de Morée,
exemplarité ou exception du parcours intellectuel et artistique
d'un enfant du peuple
In: Livraisons d'histoire de l'architecture. n°5, 1er semestre 2003. pp. 67-83.
Citer ce document / Cite this document :
Doulat Fabienne. Guillaume Abel Blouet, du village de Passy aux côtes de Morée, exemplarité ou exception du parcours
intellectuel et artistique d'un enfant du peuple. In: Livraisons d'histoire de l'architecture. n°5, 1er semestre 2003. pp. 67-83.
doi : 10.3406/lha.2003.932
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lha_1627-4970_2003_num_5_1_932Zusammenfassung
Guillaume Abel Blouet wurde am 6. Oktober 1795 in einer Familie einfacher Handwerker geboren.
Zwischen dem 13. und 17. Lebensjahr ging er bei einem Fabrikanten von mathematischen
Instrumenten in die Lehre. Wahrend dieser Zeit begann er sich, angeregt durch seinen Freund Amable
Macquet, einen Architekturstudenten an der École des beaux-arts, fur Architektur zu interessieren.
Macquet vermittelte ihm Grundkenntnisse seiner Kunst und trug zur Vervollständigung seiner
Allgemeinbildung bei. So vermochte Blouet 1914 im Alter von 14 Jahren in die École des beaux-arts
aufgenommen zu werden. Er absolvierte sein Studium mit glanzendem Erfolg und schloss es mit
seinem Sieg beim Grand Prix de Rome im Jahre 1821 ab. Das besondere Profil Blouets besteht eher in
seiner autodidaktischen Ausbildung als in seiner sozialen Herkunft, die er mit anderen Architekten
seiner Generation gemein hat. Die Karriere Blouets zeigt hingegen die Bedeutung sowohl der École des
beaux-arts und der Villa Medicis als auch der Beziehungen zwischen den Künstlern.
Abstract
Born on 1795 the 6th October to a family of craftsmen, he was first an apprentice with a mathematical
instruments maker. Advised by his friend Amable Macquet, then student at the École des Beaux-arts,
Paris, Blouet decided to devote his life to architecture. This close friend helped him to improve his
knowledge in design and instruction insofar as he managed to join the École des beaux-arts in 1824.
There he releaved himself to be a brilliant student with huge success that he won the 1821 Grand Prix
de Rome. His original feature is undoubtedly that he was a self-taught man, able to go past his social
background, as were some other contemporary architects. Moreover, his career brilliantly illustrates the
importance of the École des beaux-arts and the Villa Medicis where decisive connections were made
between artists.
Résumé
Guillaume Abel Blouet naît le 6 octobre 1795 dans une famille de petits artisans. Il effectue, entre treize
et dix-sept ans, son apprentissage chez un fabricant d'instruments de mathématique. Il se tourne à
cette époque vers l'architecture, grâce à son ami Amable Macquet, élève architecte à l'École des
beaux-arts. Ce dernier lui enseigne les fondements de son art et complète son instruction générale.
C'est ainsi qu'en 1814, Blouet est en mesure d'entrer à l'École des beaux-arts. Il y accomplit une
scolarité brillante, ponctuée de nombreux succès et qui s'achève par sa réussite au grand prix de Rome
en 1821. L'originalité de Blouet tient plus à sa formation autodidacte qu'à son origine sociale, qu'il
partage avec plusieurs architectes de sa génération. En revanche, la carrière de Blouet illustre
l'importance de l'École des beaux-arts et de la villa Médicis ainsi que des relations qui s'y nouent entre
les artistes.Par Fabienne DOULAT
GUILLAUME ABEL BLOUET,
DU VILLAGE DE PASSY AUX CÔTES DE MORÉE,
EXEMPLARITÉ OU EXCEPTION
DU PARCOURS INTELLECTUEL ET ARTISTIQUE
D'UN ENFANT DU PEUPLE
Les caractéristiques sociales du recrutement des élèves de la section architecture
de l'École des beaux-arts au XIXe siècle sont mal connues. On considère souvent
que l'appartenance à une famille d'artistes était nécessaire pour effectuer une car
rière d'architecte et on met en valeur ces dynasties qui ont marqué l'histoire.
L'exemple de Guillaume Abel Blouet permet de montrer qu'il était possible d'en
trer à l'Ecole des beaux-arts, d'y mener une brillante scolarité et de devenir un
architecte reconnu tout en étant issu d'un milieu d'artisans modestes.
Parcours d'un autodidacte
Origine sociale de Blouet
Abel Blouet (ill. 1) n'a pas laissé de témoignages sur sa vie, son enfance, sa
formation ou sa carrière. Nous en sommes donc réduits à récolter les informations
le concernant dans les quelques actes notariés qui nous sont parvenus et surtout
dans les biographies1 écrites après la mort de l'architecte. Ces documents font tous
ressortir l'origine sociale modeste de Blouet, ce que confirme son état civil. Guil
laume Abel naît le 15 vendémiaire an IV (6 ou 7 octobre 1795) à Passy, près de
Paris, où ses parents résident au n° 37 de la Grande Rue. Son père, Jean-Pierre
Blouet, âgé de quarante ans, est serrurier2. Lors de la déclaration de naissance de
l'enfant, il est accompagné par Jean-Guillaume Blouet, vraisemblablement son
frère, serrurier lui-aussi et de Geneviève Boudgoust, ouvrière en linge, tous deux
domiciliés à Paris. L'environnement familial de Guillaume Abel est donc indénia
blement celui des artisans. Nous ignorons la composition exacte de la famille mais
1. Adolphe Lance, « Abel Blouet architecte, membre de l'Institut, sa vie et ses travaux », Encyclopédie
d'Architecture, l"juin 1854, col. 81-87 et 97-105 ; François Halévy, Souvenirs et portraits, Paris,
1861, 372 p. ; Achille Hermant, Abel Blouet, Paris, 1857, 32 p. Adolphe Lance et Achille Hermant
appartiennent à l'atelier de Blouet.
2. Arch, nat., LH 262 11 /Blouet, dossier de la Légion d'honneur, extrait du registre des actes de nais-
Lwraifonj d'hutoire àe l'architecture n° 5 68 FABIENNE DOVLA T
Illustration non autorisée à la diffusion
111. 1 : Louis Valentin Elias Robert, Abel Blouet, médaillon, marbre, diamètre 42 cm, Paris, chapelle de
l'E.N.S.B.A. Cl. E.N.S.B.A.
LivraLiûtw d'h'wtoire àe l'architecture n° 5 GUILLAUME ABTL ВПП'ГТ. PARCOURS INTELLECTUEL ET ARTISTIQUE 69
François Halévy laisse supposer que Guillaume Abel a eu, au minimum, deux frères
aînés en racontant que « déjà deux de ses frères avaient payé de leur vie leur dette
à la patrie »3 au cours des guerres napoléoniennes.
L'apprentissage de l'architecture
Ses origines modestes ne prédisposent pas Blouet à la brillante carrière d'archi
tecte qu'il réalisera par la suite. Pourtant, certains éléments de sa précoce formation
et sans doute aussi les hasards de la vie, le conduisent aux portes de l'École des
beaux-arts de Paris. Seuls ses biographes apportent des renseignements sur cette
période. Il en ressort de façon unanime que Blouet est mis en apprentissage à treize
ans chez un fabricant d'instruments de mathématiques et d'arpentage, M. Jecker.
Adolphe Lance y décèle une raison probable de la vocation de Blouet. Parallèl
ement, il assiste, le soir, aux cours de l'école gratuite de dessin, et « l'étude du dessin
le séduit et le captive »4. Au terme de ses quatre ans d'apprentissage, le jeune
homme préfère changer de voie. Il devient ainsi, en 1812, aide chez un arpenteur
qui travaille au projet du palais du roi de Rome. Lance considère le parcours de
Blouet comme cohérent : « II y a loin sans doute de l'arpentage à l'architecture, et
plus loin encore de cet humble porte-chaîne au futur membre de l'Institut ; néan
moins, si éloignée qu'elle soit, la corrélation est ici évidente \ ».
Blouet fait alors une rencontre décisive dans sa vie, celle d'un jeune étudiant en
architecture à l'École des beaux-arts, Amable Macquet6. Toutefois, les circonstances
exactes de cette rencontre restent floues. D'après Halévy, la relation débute chez
Jecker tandis que Lance en attribue le mérite à la mère de Blouet, sans préciser
comment cette dernière connaissait l'élève architecte. Le fait semble pourtant éta
bli, Macquet devient le « maître » de Blouet. Pendant deux ans, Macquet lui
enseigne l'architecture et complète son instruction, restreinte en raison de sa courte
scolarité. Lance salue l'assiduité et la ténacité de Blouet qui étudie chez son profes
seur toute la journée, dès six ou sept heures du matin, voire même le soir quand la
nécessité s'en fait sentir. Le contenu de

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