L ambassade de France à Moscou - article ; n°1 ; vol.4, pg 69-85
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Livraisons d'histoire de l'architecture - Année 2002 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 69-85
En 1924 lors du rétablissement des relations diplomatiques entre la France et la jeune U.R.S.S., il fallut trouver à Moscou un édifice à même d'abriter la délégation française de manière aussi somptueuse que l'ancien hôtel diplomatique de Saint-Pétersbourg. En 1938, l'État français et le commissariat du peuple aux affaires étrangères soviétique passèrent contrat pour le bail de la maison Igoumnov et de ses dépendances. Ce vaste hôtel particulier fut bâti entre 1888 et 1893 pour l'industriel Nikolai Vassilievitch Igoumnov par l'architecte de Iaroslav Nikolai Pozdeev dans le style russe du XVIIe siècle, période considérée à la fin du XIXe siècle, dans les milieux slavophiles auxquels appartenaient les Igoumnov, comme le sommet de l'architecture russe. La maison Igoumnov représente ainsi le plus bel exemple d'architecture privée néorusse de la capitale, aussi bien dans ses élévations que dans ses intérieurs. Les salons de réception étaient cependant traités dans le goût classique français, boiseries et dorures, symbole d'un art de vivre aristocratique dont les Igoumnov, industriels enrichis, ne pouvaient pas encore faire l'économie. Le choix de cet hôtel particulier néorusse pour abriter le siège de la délégation française s'explique non seulement par la beauté de la maison elle-même, mais également par sa double destination d'origine : professionnelle et familiale. Les espaces privés, qui devenaient appartements pour les diplomates, et les espaces semi-publics, salons et salle à manger de réception, étaient clairement définis et séparés. De plus, des anciens communs dans la cour arrière, purent servir de chancellerie alors que les Soviétiques construisaient un pavillon à proximité pour abriter d'autres logements. C'est pourquoi les travaux furent peu importants. Malgré les précisions du contrat de bail, les frictions furent continuelles entre le maître d'œuvre — l'ambassadeur et le ministère des affaires étrangères — et le maître d'ouvrage — le Burobin, bureau soviétique pour les étrangers à Moscou. Les relations diplomatiques entre la France et l'U.R.S.S. s'intensifiant à partir des années 1960 et le personnel de l'ambassade s'élargissant, il fallut trouver des solutions aux problèmes de logement et de travail auxquels la maison Igoumnov et les anciens communs ne répondaient plus. Ces derniers étaient particulièrement mal adaptés et les Français finirent en 1979 par faire construire une nouvelle chancellerie ainsi qu'un immeuble d'habitation dans la parcelle mitoyenne. La maison Igoumnov continue cependant à remplir parfaitement sa fonction d'hôtel diplomatique de prestige, où les murs et les murmures propagent les traditions françaises et russes.
In 1924, when the French reestablished diplomatic relations with the young U.S.S.R., they tried to find a building in Moscow as beautiful as the Saint Petersbourg Pachkov Palace to house their embassy. In 1938, a contract was drawn up to rent the Igumnov House. This important town house was built between 1888 and 1893 by the Iaroslavian architect Nikolai Pozdeev for the use of a rich textile manufacturer, Nikolai Vassilievitch Igumnov. It was built in the Seventeenth-Century style, since that century was considered in the Slavophile circles, to which the Igumnov belonged, as the apex of Russian architecture. The Igumnov House has the best conserved façades and interiors of all the private Neo Russian buildings in the capital. The reception rooms were decorated in the French classical manner, with boiseries and guilded ornaments, as a symbol of the art de vivre that wealthy industrialits, like the Igumnovs, naturally preserved. The diplomatie corps chose this Neo Russian town house not only for its beauty but also for the combination of private and professional purposes it was meant to serve. The private rooms, which later became the diplomats' apartments, as well as the living, dining and reception rooms, were clearly marked and set apart. The old utility building in the back yard provided space for a chancellery, and the pavilion built nearby by the Soviets was used for more apartments. Therefore, few alterations had to be done inside the house. Despite a precise rental contract, detailing the obligations of the lessor and the lessee, clashes kept occurring between the Ambassador and the Soviet office in charge of the construction site, the Burobin. As diplomatic relations between France and the U.S.S.R. became closer in the 1960's and the number of diplomats increased, additional space was required beyond that which the Igumnov House and the old utility building could provide. The latter was particularly ill-adapted due to the small number and size of its rooms, and in 1979 the French eventually built a new chancellery and a residence nearby. The Igumnov House continues to serve as a prestigious town house, where the French and the Russian traditions meet along with the diplomatic corps of today.
Nach der Wiederaufnahme der diplomatischen Beziehungen zwischen Frankreich und der jungen Sowjetunion 1924 musste in Moskau ein Gebäude gefunden werden, in dem die französische Gesandtschaft genauso prächtig untergebracht werden konnte wie im ehemaligen Botschaftspalais in Sankt Petersburg. 1938 unterzeichneten der französische Staat und das sowjetische Volkskommissariat fur auswärtige Angelegenheiten den Mietvertrag fur das Igoumnov-Haus und seine Nebengebäude. Dieses große Stadtpalais war zwischen 1888 und 1893 vom Architekten Iaroslav Nikolai Pozdeev fur den Industriellen Nikolai Vassilievitch Igoumnov im russischen Stil des 17. Jahrhunderts erbaut worden, in einer Zeit, die in den slawischen Kreisen, zu denen die Igoumnovs gehörten, als Höhepunkt der russischen Architektur betrachtet wurde. Das Haus der Igoumnovs gilt deshalb als schönstes Beispiel fur die nichr -öffentliche neorussische Architektur der Hauptstadt, sowohl was die Außen- als auch die Innenarchitektur angeht. Die Empfangssalons waren dennoch im klassischen franzsischen Stil gehalten, mit Holzvertäfelungen und Vergoldungen, den Symbolen einer aristokratischen Lebenskunst, an denen die Igoumnovs, reich gewordene Industrielle, nicht vorbeikamen. Die Wahl dieses neorussischen Stadthauses für den Sitz der französischen Gesandtschaft erklärt sich nicht nur durch die Schönheit des Gebäudes selbst, sondern auch durch seine ursprüngliche berufliche und private Bestimmung. Die Privaträume, die zu Wohnungen fur die Diplomaten wurden, und die halb-öffentlichen Räume — Salons und Speisezimmer fur Empfänge — waren eindeutig definiert und voneinander abgetrennt. Außerdem konnten die ehemaligen Wirtschaftsgebäude im Hinterhof als Verwaltungsgebaude dienen, wahrend die Sowjets zusätzlich in der Nähe ein Haus fur weitere Wohnungen errichteten. Deshalb gab es keine größeren Umbauarbeiten. Trotz der genauen Angaben im Mietvertrag gab es ständig Reibungen zwischen dem Bauleiter — dem Botschafter sowie dem Außenministerium — und dem Bauherren — dem Burobin, dem sowjetischen Büro fur die Ausländer in Moskau. Die diplomatischen Beziehungen intensivierten sich ab den 60° Jahren, und man musste, da sich die Zahl des Botschaftspersonals vergröBerte, Losungen fur die Wohnund Arbeitsprobleme finden, da das Igoumnov-Palais und die ehemaligen Wirtschaftsgebäude den veränderten Anforderungen nicht mehr entsprachen. Die Wirtschaftsgebäude waren besonders schlecht geeignet dafür und die Franzosen ließien 1979 schließlich ein neues Kanzleigebäude sowie ein Wohngebäude in der angrenzenden Parzelle errichten. Das Haus Igoumnov erfüllte dennoch weiterhin voll seine Funktion als prestige- trächtiges Botschaftspalais, in dem das Gemäuer und das Gemurmel die französischen und russischen Traditionen weiter verbreiteten.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 81
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Basile Baudez
L'ambassade de France à Moscou
In: Livraisons d'histoire de l'architecture. n°4, 2e semestre 2002. pp. 69-85.
Citer ce document / Cite this document :
Baudez Basile. L'ambassade de France à Moscou. In: Livraisons d'histoire de l'architecture. n°4, 2e semestre 2002. pp. 69-85.
doi : 10.3406/lha.2002.915
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lha_1627-4970_2002_num_4_1_915Résumé
En 1924 lors du rétablissement des relations diplomatiques entre la France et la jeune U.R.S.S., il fallut
trouver à Moscou un édifice à même d'abriter la délégation française de manière aussi somptueuse que
l'ancien hôtel diplomatique de Saint-Pétersbourg. En 1938, l'État français et le commissariat du peuple
aux affaires étrangères soviétique passèrent contrat pour le bail de la maison Igoumnov et de ses
dépendances. Ce vaste hôtel particulier fut bâti entre 1888 et 1893 pour l'industriel Nikolai Vassilievitch
Igoumnov par l'architecte de Iaroslav Nikolai Pozdeev dans le style russe du XVIIe siècle, période
considérée à la fin du XIXe siècle, dans les milieux slavophiles auxquels appartenaient les Igoumnov,
comme le sommet de l'architecture russe. La maison Igoumnov représente ainsi le plus bel exemple
d'architecture privée néorusse de la capitale, aussi bien dans ses élévations que dans ses intérieurs.
Les salons de réception étaient cependant traités dans le goût classique français, boiseries et dorures,
symbole d'un art de vivre aristocratique dont les Igoumnov, industriels enrichis, ne pouvaient pas
encore faire l'économie. Le choix de cet hôtel particulier néorusse pour abriter le siège de la délégation
française s'explique non seulement par la beauté de la maison elle-même, mais également par sa
double destination d'origine : professionnelle et familiale. Les espaces privés, qui devenaient
appartements pour les diplomates, et les espaces semi-publics, salons et salle à manger de réception,
étaient clairement définis et séparés. De plus, des anciens communs dans la cour arrière, purent servir
de chancellerie alors que les Soviétiques construisaient un pavillon à proximité pour abriter d'autres
logements. C'est pourquoi les travaux furent peu importants. Malgré les précisions du contrat de bail,
les frictions furent continuelles entre le maître d'œuvre — l'ambassadeur et le ministère des affaires
étrangères — et le maître d'ouvrage — le Burobin, bureau soviétique pour les étrangers à Moscou. Les
relations diplomatiques entre la France et l'U.R.S.S. s'intensifiant à partir des années 1960 et le
personnel de l'ambassade s'élargissant, il fallut trouver des solutions aux problèmes de logement et de
travail auxquels la maison Igoumnov et les anciens communs ne répondaient plus. Ces derniers étaient
particulièrement mal adaptés et les Français finirent en 1979 par faire construire une nouvelle
chancellerie ainsi qu'un immeuble d'habitation dans la parcelle mitoyenne. La maison Igoumnov
continue cependant à remplir parfaitement sa fonction d'hôtel diplomatique de prestige, où les murs et
les murmures propagent les traditions françaises et russes.
Abstract
In 1924, when the French reestablished diplomatic relations with the young U.S.S.R., they tried to find a
building in Moscow as beautiful as the Saint Petersbourg Pachkov Palace to house their embassy. In
1938, a contract was drawn up to rent the Igumnov House. This important town house was built
between 1888 and 1893 by the Iaroslavian architect Nikolai Pozdeev for the use of a rich textile
manufacturer, Nikolai Vassilievitch Igumnov. It was built in the Seventeenth-Century style, since that
century was considered in the Slavophile circles, to which the Igumnov belonged, as the apex of
Russian architecture. The Igumnov House has the best conserved façades and interiors of all the
private Neo Russian buildings in the capital. The reception rooms were decorated in the French
classical manner, with boiseries and guilded ornaments, as a symbol of the art de vivre that wealthy
industrialits, like the Igumnovs, naturally preserved. The diplomatie corps chose this Neo Russian town
house not only for its beauty but also for the combination of private and professional purposes it was
meant to serve. The private rooms, which later became the diplomats' apartments, as well as the living,
dining and reception rooms, were clearly marked and set apart. The old utility building in the back yard
provided space for a chancellery, and the pavilion built nearby by the Soviets was used for more
apartments. Therefore, few alterations had to be done inside the house. Despite a precise rental
contract, detailing the obligations of the lessor and the lessee, clashes kept occurring between the
Ambassador and the Soviet office in charge of the construction site, the Burobin. As diplomatic relations
between France and the U.S.S.R. became closer in the 1960's and the number of diplomats increased,
additional space was required beyond that which the Igumnov House and the old utility building could
provide. The latter was particularly ill-adapted due to the small number and size of its rooms, and in
1979 the French eventually built a new chancellery and a residence nearby. The Igumnov House
continues to serve as a prestigious town house, where the French and the Russian traditions meet
along with the diplomatic corps of today.Zusammenfassung
Nach der Wiederaufnahme der diplomatischen Beziehungen zwischen Frankreich und der jungen
Sowjetunion 1924 musste in Moskau ein Gebäude gefunden werden, in dem die französische
Gesandtschaft genauso prächtig untergebracht werden konnte wie im ehemaligen Botschaftspalais in
Sankt Petersburg. 1938 unterzeichneten der französische Staat und das sowjetische Volkskommissariat
fur auswärtige Angelegenheiten den Mietvertrag fur das Igoumnov-Haus und seine Nebengebäude.
Dieses große Stadtpalais war zwischen 1888 und 1893 vom Architekten Iaroslav Nikolai Pozdeev fur
den Industriellen Nikolai Vassilievitch Igoumnov im russischen Stil des 17. Jahrhunderts erbaut worden,
in einer Zeit, die in den slawischen Kreisen, zu denen die Igoumnovs gehörten, als Höhepunkt der
russischen Architektur betrachtet wurde. Das Haus der Igoumnovs gilt deshalb als schönstes Beispiel
fur die nichr -öffentliche neorussische Architektur der Hauptstadt, sowohl was die Außen- als auch die
Innenarchitektur angeht. Die Empfangssalons waren dennoch im klassischen franzsischen Stil
gehalten, mit Holzvertäfelungen und Vergoldungen, den Symbolen einer aristokratischen Lebenskunst,
an denen die Igoumnovs, reich gewordene Industrielle, nicht vorbeikamen. Die Wahl dieses
neorussischen Stadthauses für den Sitz der französischen Gesandtschaft erklärt sich nicht nur durch
die Schönheit des Gebäudes selbst, sondern auch durch seine ursprüngliche berufliche und private
Bestimmung. Die Privaträume, die zu Wohnungen fur die Diplomaten wurden, und die halb-öffentlichen
Räume — Salons und Speisezimmer fur Empfänge — waren eindeutig definiert und voneinander
abgetrennt. Außerdem konnten die ehemaligen Wirtschaftsgebäude im Hinterhof als
Verwaltungsgebaude dienen, wahrend die Sowjets zusätzlich in der Nähe ein Haus fur weitere
Wohnungen errichteten. Deshalb gab es keine größeren Umbauarbeiten. Trotz der genauen Angaben
im Mietvertrag gab es ständig Reibungen zwischen dem Bauleiter — dem Botschafter sowie dem
Außenministerium — und dem Bauherren — dem Burobin, dem sowjetischen Büro fur die Ausländer in
Moskau. Die diplomatischen Beziehungen intensivierten sich ab den 60° Jahren, und man musste, da
sich die Zahl des Botschaftspersonals vergröBerte, Losungen fur die Wohnund Arbeitsprobleme finden,
da das Igoumnov-Palais und die ehemaligen Wirtschaftsgebäude den veränderten Anforderungen nicht
mehr entsprachen. Die Wirtschaftsgebäude waren besonders schlecht geeignet dafür und die
Franzosen ließien 1979 schließlich ein neues Kanzleigebäude sowie ein Wohngebäude in der
angrenzenden Parzelle errichten. Das Haus Igoumnov erfüllte dennoch weiterhin voll seine Funktion als
prestige- trächtiges Botschaftspalais, in dem das Gemäuer und das Gemurmel die französischen und
russischen Traditionen weiter verbreiteten.Par Basile Baudez
L'AMBASSADE DE FRANCE À MOSCOU*
La représentation française en Russie avant 1924
Jusqu'en 1924, date à laquelle les relations diplomatiques entre la République fran
çaise et 1'U.R.S.S. furent officiellement rétablies, l'ambassade de France en Russie se
trouvait à Saint-Pétersbourg dans l'hôtel Pachkov que la France avait acquis en 1890'.
Construit en 1828, l'édifice n'offrait pas une façade spectaculaire mais des intérieurs
vastes et commo

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