La « cité des centaures » : l architecture du quartier des Célestins par Jacques Hermant, 1890-1905 - article ; n°1 ; vol.6, pg 47-67
23 pages
Français

La « cité des centaures » : l'architecture du quartier des Célestins par Jacques Hermant, 1890-1905 - article ; n°1 ; vol.6, pg 47-67

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
23 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Livraisons d'histoire de l'architecture - Année 2003 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 47-67
Le quartier de la Garde républicaine, situé à l'emplacement de l'ancien couvent des Célestins, à l'angle du boulevard Henri IV et de la rue de Sully, a été édifié par Jacques Hermant de 1890 à 1905 pour la municipalité de Paris. Remportant le concours organisé en 1889, Hermant conçoit une véritable cité destinée aux unités de cavalerie et d'infanterie de la Garde, force du maintien de l'ordre dans la capitale. Le plan en forme de flèche utilisant l'angle du boulevard Henri IV et de la rue de Sully séduit le jury par son originalité. Prévue pour accueillir cinq cents hommes et des centaines de chevaux, elle dispose de logements superposés aux écuries, de nombreux locaux de service (cantines, armureries, salle de musique, infirmerie) et d'une zone vétérinaire. Cette caserne est le premier édifice public d'envergure construit par Jacques Hermant. Elle devait rassembler les techniques les plus modernes de l'architecture de la fin du XIXe siècle : le béton pour la structure des pavillons et le métal pour les voûtes du manège. Hermant applique également les principes hygiénistes contemporains recommandés pour les constructions collectives. Hermant se rattache au courant rationaliste par l'agencement raisonné et systématique des plans en fonction des besoins des cavaliers et par les élévations qui en découlent. Il utilise l'effet esthétique des matériaux combiné à des élévations classiques inspirées des modèles de la Renaissance florentine et du XVIIe siècle français.
The barracks built along the boulevard Henri IV in Paris, where the old monastery of the Celestins used to be, house the cavalry and infantry units of the Republican Guard since the 19th century. In 1879, the city of Paris and the government decided to build new accomodations for this armed force in order to modernize the construction and to increase the standing of the quarter. The architect Jacques Hermant won the competitive examination. He created an original plan using the angle of two avenues as a guiding principle. He conceived a real military city for the riders and their horses with a central course, an indoor ring, stables and also lodgings for families and bachelors upstairs. It includes a dispensary, veterinary premises, a blacksmith's shop, arms factories and repositories, and a music room. The barracks, made from 1890 to 1905, bespeak a rationalist approach: for each building the architect chose the appropriate place and structure according to the functions, movements and needs of men and horses. They indicate also the use of modern materials as iron for the ring and reinforced concret for the structure of the building whereas the whole design follows hygienist rules recommanded for collective buildings. It was the first important construction in Hermant's carreer.
Die in Paris längs des Boulevards Henri IV an dem damaligen Standort des Klosters der Coelestinermonche errichtete Kaserne beherbergt seit dem 19. Jahrhundert die Einheiten der Kavallerie und der Infanterie der Garde Républicaine. Im Jahre 1879 beschlossen die Stadt Paris und der Staat, fur diese Wehrkräfte neue Quartiere herzustellen und dabei die Bauten zu modernisieren und deren Ausstattung zu verbessern. Der Architekt Jacques Hermant gewann den Wettbewerb. Er entwarf einen originellen Plan, der sich an dem Winkel zweier Straßen als leitendes Prinzip orientiert. Er erdachte eine echte Soldatenstadt fur die Reiter und ihre Pferde mit einer zentralen Reitbahn, einer Reitschule, Ställen und Etagenquartieren fur Familien und fur Gesellen. Er plante ebenso eine Krankenhausapotheke, Veterinärstationen, einen Hufschmiedladen, Waffenwerkstätten und -lager und einen Musiksaal. Die zwischen 1890 und 1905 gebaute Kaserne lässt den rationalistischen Zugang des Architekten erkennen : jedem Gebäude weist er den geeigneten Platz und die zweckdienlichste Struktur zu, die den Tätigkeiten, dem Verkehr und dem Bedarf der Leute und der Pferde entsprechen. Es werden moderne Materialien benutzt wie Eisen in der Reitschule und Eisenbeton im Gerüst der anderen Bauten, ebenso wie das gesamte Projekt die Hinweise der Hygieniker betreffend der Gemeinschaftsbauten berücksichtigt. Dieses Bauwerk gilt als Hermants erstes bedeutendes in seiner Karriere.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Isabelle Ducos-Rouge
La « cité des centaures » : l'architecture du quartier des
Célestins par Jacques Hermant, 1890-1905
In: Livraisons d'histoire de l'architecture. n°6, 2e semestre 2003. pp. 47-67.
Citer ce document / Cite this document :
Ducos-Rouge Isabelle. La « cité des centaures » : l'architecture du quartier des Célestins par Jacques Hermant, 1890-1905. In:
Livraisons d'histoire de l'architecture. n°6, 2e semestre 2003. pp. 47-67.
doi : 10.3406/lha.2003.947
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lha_1627-4970_2003_num_6_1_947Zusammenfassung
Die in Paris längs des Boulevards Henri IV an dem damaligen Standort des Klosters der
Coelestinermonche errichtete Kaserne beherbergt seit dem 19. Jahrhundert die Einheiten der Kavallerie
und der Infanterie der Garde Républicaine. Im Jahre 1879 beschlossen die Stadt Paris und der Staat,
fur diese Wehrkräfte neue Quartiere herzustellen und dabei die Bauten zu modernisieren und deren
Ausstattung zu verbessern. Der Architekt Jacques Hermant gewann den Wettbewerb. Er entwarf einen
originellen Plan, der sich an dem Winkel zweier Straßen als leitendes Prinzip orientiert. Er erdachte eine
echte Soldatenstadt fur die Reiter und ihre Pferde mit einer zentralen Reitbahn, einer Reitschule,
Ställen und Etagenquartieren fur Familien und fur Gesellen. Er plante ebenso eine
Krankenhausapotheke, Veterinärstationen, einen Hufschmiedladen, Waffenwerkstätten und -lager und
einen Musiksaal. Die zwischen 1890 und 1905 gebaute Kaserne lässt den rationalistischen Zugang des
Architekten erkennen : jedem Gebäude weist er den geeigneten Platz und die zweckdienlichste Struktur
zu, die den Tätigkeiten, dem Verkehr und dem Bedarf der Leute und der Pferde entsprechen. Es
werden moderne Materialien benutzt wie Eisen in der Reitschule und Eisenbeton im Gerüst der anderen
Bauten, ebenso wie das gesamte Projekt die Hinweise der Hygieniker betreffend der
Gemeinschaftsbauten berücksichtigt. Dieses Bauwerk gilt als Hermants erstes bedeutendes in seiner
Karriere.
Abstract
The barracks built along the boulevard Henri IV in Paris, where the old monastery of the Celestins used
to be, house the cavalry and infantry units of the Republican Guard since the 19th century. In 1879, the
city of Paris and the government decided to build new accomodations for this armed force in order to
modernize the construction and to increase the standing of the quarter. The architect Jacques Hermant
won the competitive examination. He created an original plan using the angle of two avenues as a
guiding principle. He conceived a real military city for the riders and their horses with a central course,
an indoor ring, stables and also lodgings for families and bachelors upstairs. It includes a dispensary,
veterinary premises, a blacksmith's shop, arms factories and repositories, and a music room. The
barracks, made from 1890 to 1905, bespeak a rationalist approach: for each building the architect chose
the appropriate place and structure according to the functions, movements and needs of men and
horses. They indicate also the use of modern materials as iron for the ring and reinforced concret for the
structure of the building whereas the whole design follows hygienist rules recommanded for collective
buildings. It was the first important construction in Hermant's carreer.
Résumé
Le quartier de la Garde républicaine, situé à l'emplacement de l'ancien couvent des Célestins, à l'angle
du boulevard Henri IV et de la rue de Sully, a été édifié par Jacques Hermant de 1890 à 1905 pour la
municipalité de Paris. Remportant le concours organisé en 1889, conçoit une véritable cité
destinée aux unités de cavalerie et d'infanterie de la Garde, force du maintien de l'ordre dans la
capitale. Le plan en forme de flèche utilisant l'angle du boulevard Henri IV et de la rue de Sully séduit le
jury par son originalité. Prévue pour accueillir cinq cents hommes et des centaines de chevaux, elle
dispose de logements superposés aux écuries, de nombreux locaux de service (cantines, armureries,
salle de musique, infirmerie) et d'une zone vétérinaire. Cette caserne est le premier édifice public
d'envergure construit par Jacques Hermant. Elle devait rassembler les techniques les plus modernes de
l'architecture de la fin du XIXe siècle : le béton pour la structure des pavillons et le métal pour les voûtes
du manège. Hermant applique également les principes hygiénistes contemporains recommandés pour
les constructions collectives. Hermant se rattache au courant rationaliste par l'agencement raisonné et
systématique des plans en fonction des besoins des cavaliers et par les élévations qui en découlent. Il
utilise l'effet esthétique des matériaux combiné à des élévations classiques inspirées des modèles de la
Renaissance florentine et du XVIIe siècle français.Par Isabelle Ducos-Rouge
LA « CITÉ DES CENTAURES » :
L'ARCHITECTURE DU QUARTIER DES CÉLESTINS
PAR JACQUES HERMANT, 1890-1905
Victor Hugo avait choisi la rue du Petit-Musc, située entre le quai des Célestins
et la rue Saint-Antoine, pour évoquer la noirceur des Thénardiers, illustrant un
quartier en proie à la misère et aux vices, bien approprié à une description des
Misérables. La rue du Petit-Musc1 était, bien avant le percement du boulevard
Henri IV, la seule voie, très étroite, permettant une communication entre les quais
de Seine et la rue Saint-Antoine. Le quartier, mal relié au reste de la capitale, semb
lait une poche propice à la délinquance et à l'abandon. Hugo nous le présente
avant que les bras de Seine séparant l'île Louviers du quai des Célestins ne soient
comblés, opération qui avait permis d'assainir ce site marécageux ; la description
des Misérables, évoquant les années de la monarchie de Juillet, ne tient pas compte
non plus du boulevard Henri IV, construit en 1876. La caserne de la garde municip
ale de Paris, occupant l'ancien couvent des Célestins sur la rue du Petit-Musc,
était précisément logée dans ce quartier pauvre. Son état de délabrement n'était
plus en accord avec les embellissements que la ville et l'État avaient commencé à
engager dans cette zone encore insalubre à l'habitat populaire. L'ancien couvent,
livré aux démolisseurs sous la Révolution, remanié de nombreuses fois par des
constructions hâtives à l'usage des troupes et de la cavalerie, n'était plus digne de
la garde républicaine.
On donne parfois le sobriquet de « centaures »2 aux cavaliers ; cette appellation
évoque la force civilisée, à l'image des bons et sages centaures Pholos ou Chiron,
qui s'opposent, dans la mythologie, aux centaures violents et ignorants. Liés à leur
monture, à force de dressage, les cavaliers en deviennent de vrais « centaures » ; leur
maîtrise du cheval les métamorphose en êtres extraordinaires dont la force paraît
décuplée. La caserne conçue pour la Garde républicaine par Jacques Hermant de
1890 à 1905 est bien la cité civilisée et policée de ces « centaures », certes doués
de force mais aussi de discipline. La caserne est en effet imaginée comme une ville
1. Cette rue, située hors de l'enceinte de Philippe-Auguste, était appelée rue Puty-Musse ou Put-y-
Musse signifiant « fille publique s'y cache », puis rue du Petit-Musc ou rue aux Célestins. Cette
rue servit longtemps de repaire aux prostituées. Elle était très étroite, puisque une décision ministér
ielle du 8 nivôse an IX, signée Chaptal, en fixa la largeur à 9 mètres, portée à 30 mètres en 1830.
Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris, 1855, Paris, Maisonneuve et
Larose, 1994, p. 569.
2. Ce sobriquet n'est plus en usage actuellement, mais il l'a été longtemps au cours du XXe siècle et
peut-être antérieurement, ce que nous n'avons pas pu préciser davantage.
Ь'шгашги à'hutoire de l'architecture n° 6 ISABELLE DUCOS-ROUCE
avec ses magasins, ses logements, son administration, ses archives, ses ateliers, son
infirmerie, ses espaces d'exercices... C'est un ensemble autonome de bâtiments dont
les usages et fonctions gravitent autour des activités de la cavalerie et du cheval,
cité dans la cité, où les « centaures militaires » peuvent vivre et travailler de manière
indépendante, tout en étant opérationnels vers l'extérieur. D'ailleurs, le terme de
caserne est impropre : quartier est le mot pour désigner le logement des troupes de
cavalerie (comme d'artillerie), celui

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents