Le grand Sphinx de Giza, chef-d œuvre du règne de Chéops - article ; n°3 ; vol.143, pg 863-879
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Le grand Sphinx de Giza, chef-d'œuvre du règne de Chéops - article ; n°3 ; vol.143, pg 863-879

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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1999 - Volume 143 - Numéro 3 - Pages 863-879
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Rainer Stadelmann
Le grand Sphinx de Giza, chef-d'œuvre du règne de Chéops
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 143e année, N. 3, 1999. pp. 863-
879.
Citer ce document / Cite this document :
Stadelmann Rainer. Le grand Sphinx de Giza, chef-d'œuvre du règne de Chéops. In: Comptes-rendus des séances de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 143e année, N. 3, 1999. pp. 863-879.
doi : 10.3406/crai.1999.16044
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1999_num_143_3_16044COMMUNICATION
LE GRAND SPHINX DE GIZA, CHEF-D'ŒUVRE DU RÈGNE DE CHÉOPS,
PAR M. RAINER STADELMANN, CORRESPONDANT ÉTRANGER DE L'ACADÉMIE
Le plateau de Giza, avec les trois pyramides royales et le Grand
Sphinx, présente la seule des sept merveilles du monde antique à
être préservée jusqu'à nos jours (fig. 1).
A vrai dire, ce sont particulièrement les pyramides de Giza
(fig. 2) qui constituent une de ces merveilles célébrées par les
auteurs grecs des IV et IIIe siècles. Le Grand Sphinx n'est pas
explicitement mentionné dans la liste. Cette lacune paraît bien
étonnante aux yeux du visiteur moderne pour qui le Grand
Sphinx fait partie intégrante du site des pyramides.
La sculpture rupestre monumentale, qui mesure 73,50 m de
longueur et plus de 20 m de hauteur, surpasse en dimensions
toutes les statues colossales connues, tels les colosses de Memnon
à Thèbes ou les effigies gigantesques de Ramsès II du grand
temple d'Abou Simbel.
L'absence d'une description du Grand Sphinx parmi les récits
qui glorifient les sept merveilles du monde, pourrait s'expliquer
par un phénomène naturel. Il est fort possible que pendant la
domination perse, aux V et IV siècles av. notre ère, le Sphinx ait
été complètement recouvert par les sables du désert, ou que seule
sa tête émergeait peut-être du sol.
Hérodote, qui visita l'Egypte autour de 440 av. J.C, décrit les
trois pyramides sans même évoquer le Grand Sphinx. Intéressé
qu'il était à l'art et aux monuments de l'Egypte, il n'aurait pas
manqué d'exprimer son admiration pour une sculpture aussi pro
digieuse si elle était demeurée visible. D'autant qu'en ce temps-là,
le visage du sphinx n'était pas encore mutilé et devait resplendir
de ses couleurs qui, encore aujourd'hui, frappent par leur état de
conservation.
Strabon à son tour, qui voyagea en Egypte sous le règne d'Aug
uste, ne semble pas avoir vu le Sphinx, alors que Pline, son
contemporain, en décrit la tête, non sans admiration, précise
que le monument est taillé dans le roc et en donne les dimens
ions.
1999 56 1. - Giza. Le Grand Sphinx et la Pyramide de Khéops. FlG.
FlG. 2. - Le plateau de Giza avec les trois pyramides, merveilles du monde. LE SPHINX DE GIZA 865
Peu de temps après, probablement sous le règne de Néron, on a
dû dégager le Sphinx et en restaurer certaines parties du corps.
Un autel et un amphithéâtre furent alors aménagés en avant du
monument.
Au Moyen Âge, le Grand Sphinx, appelé alors Abou-1-Hôl,
maître de la Terreur, est sujet à une multitude d'interprétations
extravagantes, qu'il serait trop long d'énumérer dans le cadre de
cette communication. J'aimerais simplement signaler que la muti
lation du visage du Grand Sphinx est déjà rapportée au XIIIe siècle
par l'historien Makrizi, qui attribue ce vandalisme à un maniaque.
« De nos jours, écrit-il, il y avait un homme nommé Saim ed-Dahr,
un Sufi. Get homme désirait remédier à certaines choses rel
igieuses ; alors il se rendit aux pyramides et défigura le visage
d'Abou-1-Hôl, qui dès lors demeura dans cet état. Depuis le temps
de la défiguration, le sable a envahi la terre cultivée de Giza et les
gens attribuent cela à la mutilation d'Abou-1-Hôl. »
Ainsi nous savons que le Grand Sphinx était déjà défiguré au
XIIIe siècle.
Aux temps Modernes, l'exploration du Sphinx commença, il y a
deux cents ans, avec l'expédition de Bonaparte en Egypte. On
s'engagea alors à dégager le sable qui entourait le visage et le cou
du Sphinx avant de mesurer les dimensions de sa tête.
Giovanni Battista Caviglia, capitaine de marine italien, qui ser
vait d'agent au consul britannique Henry Sait, entreprit une
fouille devant le Sphinx et entre les pattes de celui-ci. C'est là où
il découvrit la célèbre stèle de l'an 1er de Thoutmosis IV, dite stèle
du Sphinx, dont le texte relate un rêve où le sphinx promet la cou
ronne à Thoutmosis, encore prince, à condition qu'il le débarrasse
du sable qui le recouvrait.
A cet endroit, Caviglia trouva également les bas-reliefs repré
sentant Ramsès II en adoration devant le grand sphinx, conservés
au musée du Louvre. Il fit en outre la découverte de grands mor
ceaux provenant de la barbe du sphinx, partagés aujourd'hui entre
le musée du Caire et le British Muséum.
Par la suite, des opérations plus exactes et plus efficaces furent
menées successivement par Lepsius, Mariette, Maspero et Baraize,
qui allait enfin complètement libérer le corps du sphinx. On
assiste alors à la première restauration scientifique de la tête et du
cou du Grand Sphinx. Baraize assura la documentation de l'état
de conservation et de la du monument avec plus de
250 photographies de grande échelle. Malgré l'emploi abondant
de ciment, les parties restaurées de la tête, qui avait été exposée à FlG. 3. - « Stèle du Sphinx » de Thoutmosis IV entre les pattes du Sphinx. LE SPHINX DE GIZA 867
l'action de l'air et des vents, permirent au roc de respirer en se
débarrassant de l'humidité et du sel.
A partir de 1936, Selim Hassan continua l'œuvre de Baraize à
Giza, en dégageant le terrain à l'est et au nord du Grand Sphinx.
Le relevé de l'édifice qui le précède, le prétendu « temple du
Sphinx », fut assuré entre 1965 et 1967 par l'Institut suisse sous la
direction de Herbert Ricke.
Les fouilles et les surveys les plus récents sont dirigés par Zahi
Hawass. Les géologues Thomas Aigner et Lai Cauri ont analysé les
différentes couches du roc et étudié le processus d'érosion. L'Ins
titut archéologique allemand a participé à cet important projet par
un relevé photogrammétrique qui livra une élévation des faces
antérieure et latérale du Grand Sphinx.
* *
Depuis que les voyageurs grecs, à partir du Vir siècle de notre
ère, ont vu en Egypte une profusion de sphinx et même peut être
contemplé une partie émergée du Grand Sphinx, celui-ci s'entoure
de charades, de mystères et d'énigmes.
Une de ces énigmes concerne la date de la création de cette
œuvre. Encore au siècle dernier, l'éventail des dates proposées
s'échelonnait de la préhistoire jusqu'au Moyen Empire et même
plus tard. Cependant aujourd'hui, les égyptologues et les histo
riens de l'art ont réuni assez d'indices archéologiques ou épigra-
phiques pour démontrer à un public intelligent que le Grand
Sphinx est une œuvre de l'Ancien Empire, plus précisément de la
IVe dynastie. Seuls quelques auteurs bornés, comme Antony West
ou le géologue Robert Schoch, qui ignorent le cadre historique de
la société égyptienne et persistent dans leur opinion à seule fin de
faire du remous, considèrent encore le Grand Sphinx comme une
relique d'une civilisation ancienne imaginaire.
Même si l'on admet généralement la IVe dynastie comme
l'époque de l'apparition du Grand Sphinx dans la nécropole de
Giza, le règne précis sous lequel cette œuvre extraordinaire aurait
été conçue et réalisée n'est pas encore cerné avec certitude. Des
quatre rois de la IVe dynastie ayant résidé à Giza, nous aurions le
choix entre Chéops, inventeur du site et auteur de la plus grande
des pyramides, ses fils Didoufri et Chéphren et enfin, Mykérinos,
son petit-fils.
La pyramide inachevée de Didoufri, premier successeur de
Chéops, est la seule située hors de Giza, au nord, sur les hauteurs COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 868
d'Abou Roach. Parce qu'un petit s

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