Les villas romaines de São Cucufate (Portugal) - article ; n°2 ; vol.133, pg 232-249
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1989 - Volume 133 - Numéro 2 - Pages 232-249
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Robert Étienne
Monsieur Jorge Alarcão
Madame Françoise Mayet
Les villas romaines de São Cucufate (Portugal)
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 133e année, N. 2, 1989. pp. 232-
249.
Citer ce document / Cite this document :
Étienne Robert, Alarcão Jorge, Mayet Françoise. Les villas romaines de São Cucufate (Portugal). In: Comptes-rendus des
séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 133e année, N. 2, 1989. pp. 232-249.
doi : 10.3406/crai.1989.14719
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1989_num_133_2_14719COMMUNICATION
LES VILLAS ROMAINES DE SÀO CUCUFATE (PORTUGAL),
PAR M. ROBERT ETIENNE, CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE,
M. JORGE ALARCÂO ET Mme FRANÇOISE MAYET
En avril 1978, au cours d'une mission exploratoire, nous avons
découvert sur le site de Sâo Cucufate un monument insigne du patr
imoine portugais. Caché par les ronces et les herbes folles, défiguré
par les figuiers qui démantelaient ses superstructures, il avait certes
attiré l'attention de savants portugais qui avaient longtemps balancé
entre la reconnaissance d'un monastère, attesté par les documents
d'archives, et celle d'une villa romaine, réoccupée à partir de 1255
par des moines bénédictins. Après la fouille de Conimbriga,
commença en 1979 l'aventure de Sâo Cucufate, où allaient opérer
de concert l'Institut d'archéologie de Coimbra et la Mission archéolo
gique française au Portugal, sous la commune direction de Jorge
Alarcâo, professeur à l'Université de Coimbra, de Françoise May et,
directeur de recherche au CNRS et de moi-même ; au terme de notre
labeur, ce sont les trois co-directeurs qui ont l'honneur de vous
présenter cette communication1.
Comme pour Conimbriga, où l'aide du regretté André Parrot ne
nous fit jamais défaut, notre entreprise a bénéficié des appuis de
hautes autorités qui ont droit à toute notre gratitude : la Commission
des Fouilles dont le secrétaire général, pendant la durée de nos
travaux à Sâo Cucufate, de 1979 à 1986, a été Jean Leclant ; Jean
Pouilloux, nouveau secrétaire général, ne nous ménage pas aujour
d'hui son aide, tout comme il le fit par le passé à la tête du départe
ment des Sciences de l'homme et de la société du CNRS. Vous nous
permettrez aussi d'assurer Roland Martin de notre reconnaissance,
lui qui nous apporta pour Conimbriga le concours du Bureau
d'architecture antique de Pau, concours qui ne se démentit pas
pour les deux premières campagnes de Sâo Cucufate. Mais les plans
qui illustrent notre propos sont dus à la science et au talent de celui
qui est devenu ensuite notre architecte, Gérard Charpentier, ancien
membre de la Casa de Velâzquez.
1. Toutes les justifications et références seront données dans J. Alarcâo,
R. Etienne, F. Mayet (avec la collaboration de J.-P. Bost, G. Charpentier,
V. Mantas, I. Pereira et P. Sillières), Les villas romaines de Sào Cucufate (Portu
gal), Paris, Diffusion de Boccard, un volume de texte et un volume de planches
<à paraître fin 1989). LES VILLAS ROMAINES DE SÂO CUCUFATE 233
Où sommes-nous à Sâo Cucufate ? Dans le district de Beja, sur
la commune de Vidigueira et près de la paroisse de Vila de Frades,
soit dans le Bas Alentejo, à 160 km de Lisbonne, là où le socle ancien
de roches primaires — granité et schiste — se relève légèrement
dans une zone de fracture. Un climat chaud et sec favorise une
végétation de type méditerranéen où régnent la vigne et l'olivier ;
la décomposition du granité appelle la céréaliculture et sur les fonds
alluviaux prospèrent les cultures maraîchères.
Nos villas romaines se sont installées sur une remontée du sol en
pente douce de l'ouest vers l'est et les constructions ont simplement
évité l'abrupt oriental tombant sur un petit cours d'eau, le barranco
S. Tiago ; au midi, c'est autour d'un second mamelon plus élevé que
se sont développés les secteurs rustiques et agricoles.
La fouille proprement dite n'a pas été facile. Il a fallu nettoyer le
site, le débarrasser de la végétation, même au prix de certaines
acrobaties, enlever la terre accumulée sur l'extrados des voûtes,
déplacer les blocs architecturaux tombés, couper et brûler les oli
viers qui interdisaient le déroulement des fouilles. Après ces opéra
tions salutaires, nous avons rapidement pris conscience d'une part
que nous disposions d'une réserve archéologique avec la galerie 2
et d'autre part que la villa du ive siècle, dont les murs en place
culminaient à 6,50 m au-dessus du niveau de circulation — ce qui
est exceptionnel — était dans certains secteurs construite sur les
murs arasés d'une villa antérieure, que l'étude de celle-ci était
parfois aléatoire tant les sépultures médiévales les avaient entaillés
et même bouleversés. Enfin l'architecture conduisait à isoler une
villa primitive dont la chronologie était confortée par l'étude de la
stratigraphie et du matériel. Sur un vaste chantier, tel que celui de
Sâo Cucufate, couvrant plus de 20 000 m2, soit plus de deux hectares,
nous avons identifié 27 933 tessons, dont 3 055 ont été dessinés ;
ainsi avons-nous pu définir avec certitude la chronologie des éta
blissements et attribuer à chacune des trois villas les secteurs
rustiques et agricoles contemporains.
Voici donc nos conclusions chronologiques :
— La ferme-grenier ou villa I se place entre le milieu du Ier siècle
ap. J.-C. et 120/130 ap. J.-C.
— La villa à péristyle ou villa II a duré de 120/130 à 340/350.
— La villa aulique ou villa III va de 350 au milieu du ve siècle.
I. — La villa I: une ferme-grenier
Cette villa a été la plus difficile à isoler du complexe des murs
découverts ; c'est la structure unitaire des murs qui a conduit au 234 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
plan poché : de gros blocs de granité gris et gris rosé, non jointoyés
au mortier, sont calés par de petits éclats de schiste bleu.
Le plan (fig. 1) présente d'une part l'habitat du propriétaire,
disposant de deux pièces (1 et 2-3) communicantes et ouvrant sur
un couloir-galerie (12), exposé au couchant, et d'autre part d'un
secteur utilitaire, le long du couloir (10) où se développent des cellae
qui pourraient avoir servi tant aux réserves du propriétaire que
d'entrepôts aux productions de la villa. L'entrée (11) aboutissait à
une cour (13), puits de jour et de chaleur pour l'habitat du maître.
Nous ignorons la destination de la pièce 14.
Une autre cour plus importante se développait au sud de la villa,
entre deux pièces oblongues où l'on pourrait reconnaître des hangars
abritant le matériel agricole ou des logements pour le personnel.
Enfin, placée à un endroit stratégique, la maison du vilicus (fig. 2)
fermait au sud cette cour : le riche dépotoir de céramiques fines, lié
à son existence, conforte cette hypothèse.
Ainsi la villa I comprend un double habitat, celui du propriétaire
qui couvre 540 m2, l'habitat rustique de 250 m2 et une vaste cour de
1 300 m2, soit un peu plus de 2 000 m2, ce qui en fait une villa impor
tante en Bas Alentejo. Ayant peu sacrifié à son confort personnel,
le propriétaire de cette grosse ferme a privilégié et par le plan et par
l'organisation de la circulation, la surveillance de ses réserves et
l'engrangement de ses récoltes. Il n'en reste pas moins que dans le
style de la villa catonienne, austère et économe, esclaves et salariés
saisonniers l'aidaient à faire valoir un domaine sans doute import
ant. En tout cas, il a su pour sa famille être le primus adcumulator,
qui permit à l'un de ses descendants, à la deuxième ou troisième
génération, de transformer la villa I en villa II, de franchir un pas
décisif dans l'affirmation du prestige social d'un propriétaire lusita
nien, au travers d'un nouveau parti architectural.
II. — Une villa à péristyle: la villa II
Sans doute par respect des ancêtres autant que par économie, le
maître du premier tiers du ne siècle a décidé d'intégrer ce qui n'

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