Rapport sur une mission à Sâlihîyeh sur l Euphrate - article ; n°1 ; vol.67, pg 12-41
31 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Rapport sur une mission à Sâlihîyeh sur l'Euphrate - article ; n°1 ; vol.67, pg 12-41

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
31 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1923 - Volume 67 - Numéro 1 - Pages 12-41
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1923
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Franz Cumont
Rapport sur une mission à Sâlihîyeh sur l'Euphrate
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 67e année, N. 1, 1923. pp. 12-41.
Citer ce document / Cite this document :
Cumont Franz. Rapport sur une mission à Sâlihîyeh sur l'Euphrate. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 67e année, N. 1, 1923. pp. 12-41.
doi : 10.3406/crai.1923.74711
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1923_num_67_1_7471112 UNE MISSION A SÂLIHÎYEH
aussi dure que l'ivoire avec un burin de silex, et d'autre
part, la présence du pagne postérieur.
L'ensemble des caractères de cette œuvre d'art permet
donc de la rattacher à ces figurations humaines de l'âge du
Renne auxquelles on peut attribuer une signification eth
nique. La stéatopygie, le volume des seins, l'existence
même du pagne me font penser à une race d'origine afri
caine, voisine des Boschimans, rapprochement que Piette
avait formulé le premier à propos des statuettes du même
âge qu'il avait découvertes à Brassempouy et que la pré
sence de squelettes de type négroïde à Grimaldi est venue
fortifier.
. La statuette de Lespugue apporte donc à notre connais
sance de l'art et peut-être même des races préhistoriques
qui ont peuplé notre sol un élément nouveau, et c'est à ce
titre qu'il m'a semblé de quelque intérêt d'en entretenir
l'Académie.
RAPPORT SUR UNE MISSION A SALIHIYEH SUR L EUPHRATE
PAR M. FRANZ CUMONT ASSOCIÉ ÉTRANGER DE L'ACADÉMIE
Au mois d'octobre dernier, l'Académie des Inscriptions
voulut bien me confier une mission à Sâlihîyeh afin que je
pusse y collaborer à des fouilles entreprises par les troupes
françaises de l'Euphrate et y compléter l'étude des remar
quables peintures dont nous avait entretenus le 7 juillet
M. Breasted 1. Si cette mission archéologique a abouti à des
résultats heureux, elle le doit avant tout à l'appui efficace
que nous a prêté l'armée du Levant. Si celle-ci n'avait point
occupé la vieille forteresse de Sâlîhiyeh, nous n'aurions
trouvé dans ce lieu désolé et reculé, ni sécurité, ni subsis-
1. Cf. Comptes rendus Acad. Inscr., 1922, p. 240. Syj-ia, t. 111,1922, p.
177 ss. MISSION A SÂLIHIYEH Î3 UNE
tances, ni main-d'œuvre. Grâce à elle, au lieu de traverser
rapidement ces ruines solitaires, comme Font fait jusqu'ici
tous les voyageurs qui les ont visitées *, nous avons pu y
séjourner et en commencer avec son aide l'exploration scien
tifique. Aussi devons-nous une reconnaissance particulière
aux officiers qui ont consenti à favoriser notre dessein. Le
général Gouraud, en accueillant avec bienveillance la sug
gestion de l'Académie, assura sa haute protection à l'exé
cution de notre projet. Le général de Lamothe, qui nous
reçut à Alep avec la plus grande cordialité, usa de son autor
ité étendue pour nous permettre d'atteindre notre but en
toute sûreté. Enfin, à Deir-ez-Zor, le colonel de Bigault du
Granrut, qui avait prévenu les désirs de l'Académie en
envoyant des troupes à Sâlihîyeh, facilita avec une obl
igeance extrême l'exécution de la mission que nous étions
chargés d'y accomplir.
M. Virolleaud, qui soutint notre entreprise de toutes les
ressources dont disposait le Service des Antiquités, avait
autorisé M. Brossé, architecte de ce service, à nous accom
pagner. Celui-ci me rejoignit à Alep et me prêta durant tout
notre voyage un concours intelligent et dévoué. Nous par
tîmes avec notre matériel le 7 novembre dans une robuste
automobile^ qui devait nous conduire à Sâlilrîyeh par la
vieille piste qui depuis bien des siècles est la grande voie
de communication entre Alep et Bagdad. Elle rejoint l'Eu-
phrate à Meskène et en suit alors la rive droite ; tantôt dans
la large vallée sablonneuse quila borde, tantôt sur le plateau
dont l'escarpement, par endroits, se rapproche du fleuve et
1. La notice la moins sommaire de ce site, avant l'article de M. Breas-
ted, est celle qui a été insérée dans le grand ouvrage de. Sarre et Herz-
feld, Archaologische Reise im Euphral nnd Tigrisgebiet,i. 11,1921 p. 387
ss. Elle repose sur des relevés hâtifs faits en partie, comme l'explique
Sarre, dans les circonstances les plus défavorables, et malgré la grande
compétence des auteurs, apporte peu de données utiles, sauf quelques
dessins de l'architecte Schulz et deux débris d'inscriptions, cf; infra, p. 34,
n. 1. 14 UNE MISSION A SÂLIHÎYEH
coupe la plaine d'alluvions. Aucune pluie n'était tombée
depuis le printemps, le terrain était parfaitement sec et,
sauf une poussière parfois aveuglante et quelques cahots
un peu rudes sur des rocher raboteux, notre course fut assez
confortable. Nous traversâmes l'Euphrate le premier jour
pour aller coucher à Rakka, l'ancien Nicéphorium-Callini-
cum. Nous y fûmes les hôtes du commandant Martin, des
spahis marocains, qui eut l'obligeance de nous servir lui-
même de guide dans*le vaste champ de ruines *. Les seules
visibles à la surface du sol sont celles de la ville musul
mane, fameuse parmi les amateurs d'antiquités. Le sol en a
été creusé, comme par un bombardement intensif, d'une
multitude de trous par les chercheurs de faïences arabes,
mais leurs excavations n'atteignent guère la couche ro
maine.
Le lendemain, le colonel du Granrut nous reçut avec une
bonne grâce extrême à Deir-ez-Zor, petite ville commerçante
dont l'origine est toute récente (elle ne remonte pas à plus
de soixante ans) , mais qui est en pleine prospérité grâce au
trafic qu'y attire son pont sur l'Euphrate. Enfin, le jeudi
9 novembre nous arrivions au but, ayant parcouru en trois
jours les 4 à 500 kilomètres qui séparent Alep de Sâliliîyeh.
C'est à regret que nous avions dû passer, sans les visiter,
à côté de ruines imposantes, aperçues le long de notre
route, Bâlis, l'ancienne Barbalissos, Souriyeh ou Sura, où
se trouvait le camp d'une légion, Halabiyeh ou Zénobie, la
cité fondée par la reine de Palmyre. Mais la saison s'avan
çait ; nous avions hâte d'être rendus à destination, et ne
pouvions faire attendre davantage les officiers qui nous
attendaient depuis plusieurs semaines.
A partir de Deir-ez-Zor, nous fûmes accompagnés par le
commandant Eugène Renard, qui a mis un zèle intelligent
1. Sur ces ruines, cf. Chapot, La frontière de VEuphrate, 1907, p. 289 et
surtout Sarre et Herzfeld, op. cil., t. I, p. 159 »s., t. II, p. 349 ss., t. IV;
p. 19. MISSION A SÀLIHÎYEH 15 UNE
à conduire l'entreprise archéologique dont la direction lui
avait été confiée et s'est efforcé par de sages instructions
de guider les chercheurs dans leur travail. A Sâliliîyeh
nous trouvâmes les ruines occupées par plus de deux cents
hommes, tirailleurs algériens, légion étrangère et spahis
marocains. Depuis le début d'octobre, les fouilles y avaient
commencé sous la direction du commandant Georges
Hamel, secondé par le capitaine Thénard du 19e tirailleurs,
et par le capitaine Beyer du 4e régiment étranger. Ils
avaient dégagé avant notre arrivée le temple décoré de
peintures et une partie de ses abords, exploré quelques
points des fortifications, déblayé plusieurs tombes de la
nécropole et, dans la ville elle-même, ils avaient mis au
jour, outre plusieurs pièces de maisons particulières, les
gradins et l'entrée de l'hémicycle dont nous parlerons plus
loin. Sur la marche de ces travaux, auxquels nous n'avons
pu malheureusement assister, et sur leurs résultats success
ifs, un rapport détaillé, accompagné de plans, sera rédigé
par les commanôlants Renard et Hamel, et les autorités
militaires se feront certainement un devoir de le commun
iquer à l'Académie.
Dès notre arrivée, après une première inspection des
ruines, nous nous mîmes à l'œuvre en utilisant toutes les
heures de jours déjà raccourcis. Tandis que M. Brossé, avec
un goût expert, prena

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents