Un don de statues d argent à Narbo Martius - article ; n°2 ; vol.136, pg 381-401
22 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Un don de statues d'argent à Narbo Martius - article ; n°2 ; vol.136, pg 381-401

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
22 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1992 - Volume 136 - Numéro 2 - Pages 381-401
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 92
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Duncan Fishwick
Un don de statues d'argent à Narbo Martius
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 136e année, N. 2, 1992. pp. 381-
401.
Citer ce document / Cite this document :
Fishwick Duncan. Un don de statues d'argent à Narbo Martius. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres, 136e année, N. 2, 1992. pp. 381-401.
doi : 10.3406/crai.1992.15109
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1992_num_136_2_15109COMMUNICATION
UN DON DE STATUES D'ARGENT À NARBO MARTIUS,
PAR M. DUNCAN FISHWICK, CORRESPONDANT ÉTRANGER DE L'ACADÉMIE
Une petite colonne de marbre rosé, découverte en 1877 à Nar-
bonne au lieu-dit « Butte des Moulinasses », porte dans le texte
d'Allmer la dédicace suivante, inscrite sur son côté inférieur plat,
au revers de la partie cannelée :
?/ O] M | [...Cojrneiius \ [...Jthus [VIviJr Aug. |
f...Jas arg. II
(CIL 12, 4318)
L'examen de la pierre a suggéré à Hirschfeld que la fin de la tro
isième ligne pourrait plutôt être lue Jchus (CIL 12, Additamenta,
p. 845) ; d'où la restitution qu'il a proposée pour le nom du dédicant
Co]rnelius [Ina]chus (C. p. 870). Il n'y a rien là de certain et M. Gay-
raud a suggéré Co]rnelius [Anjthus avec autant de probabilité1. Au
commencement de la première ligne, Hirschfeld a complété PI O] M,
et la même hésitation (sous forme d'un astérisque) accompagne le
nom de Jupiter dans l'Index des Dieux et Déesses (C. p. 925). Comme
on le démontrera, cette restauration — qui semble très probable sur
des bases purement épigraphiques (ci-dessous, p. 385) — est fort
ement soutenue par le contenu de l'inscription et par la pratique que,
de toute évidence, elle atteste. Également probable est la restauration
de Hirschfeld à la 4e ligne, VIvir Aug(ustalis)i office qui a laissé des
traces très importantes à Narbo (C. p. 935p. En revanche, le sup
plément proposé pour la fin de la 5e ligne — }phial]as — est sûre
ment faux. La comparaison avec d'autres textes que l'on peut invo
quer à l'appui, témoigne indiscutablement en faveur de l'hypothèse
selon laquelle les deux objets d'argent étaient en réalité des statues
ou statuettes. Dans ce cas la lecture de la dernière ligne devait être
statujas arg(enteas) (duas), comme l'a vu Gayraud. Il est regrettable
qu'aucun élément, ni dans l'inscription elle-même, ni dans le contexte
local, ne puisse fournir un indice chronologique.
1. M. Gayraud, Narbonne Antique des origines à la fin du ni' siècle, RAN Suppl. 8, Paris,
1981, p. 271, n. 161 avec réf., 370, 567.
2. R. Duthoy, Recherches sur la répartition géographique et chronologique des termes sévir
Augustalis, Augustalis et sévir dans l'empire romain, Epig. Stud. 11 (1976), p. 143-182. Voir
aussi en général Id., Les Augustales, ANRW 2, 16, 2 (1978), p. 1254-1309. 382 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
I
Si les deux objets d'argent ont été dédiés à Iuppiter Optimus Maxi-
mus, et s'il s'agissait en fait de statues, deux questions se posent
immédiatement : où ces statues ont-elles été érigées et qui
représentaient-elles ? On peut rapidement répondre à la première ques
tion. En raison des faibles dimensions (23 cmx 14 cm), on a suggéré
d'abord que la petite colonne pouvait avoir appartenu à un lararium
contenant des statuettes, idée difficile à concilier avec le dégagement
de la colonne sur le site d'un temple (ci-dessous, p. 387 s.). Gayraud,
plus récemment, a émis l'hypothèse de deux statues d'argent (dédiées)
à Jupiter, placées sur un élégant monument à petites colonnes de
marbre rosé3. L'hypothèse pourrait certainement rendre compte de
l'existence d'une petite colonne isolée, mais elle n'éclairait pas la
nature du lieu où ce monument pouvait être placé. Étant donné la pro
venance connue, il est extrêmement important d'observer que le fait
de déposer une statue, ou, plutôt, en réalité, une étonnante variété
d'autres offrandes (lampes, armes, outils, ustensiles, vêtements, che
veux, représentations d'hommes ou d'animaux, présents de toutes
sortes)4 à l'intérieur d'un temple, était un usage établi depuis long
temps et répandu à travers le monde gréco-romain5. Un tel objet
était en théorie une offrande à la divinité « dédiée selon une ancienne
coutume pour des vœux ou de pieuses raisons », comme un papyrus
d'Oxyrhynchus l'explique (P.Oxy. 12, 1449, 1. 11 sq.). En pratique
cependant, le rite devint une manière conventionnelle d'honorer le
dieu ou la personne représentée. Une version courante de cet usage
était d'offrir une représentation de la divinité du temple, parfois aussi
de quelque autre divinité. Assez souvent, également, de multiples
représentations de la divinité en question devaient être déposées au
même moment6, de même que plusieurs lampes, par exemple, pou
vaient être laissées en offrande. Si telle est la situation que reflète
CIL 12, 4318, alors Cornélius [?]thus aura offert deux images en
argent d'une divinité, soit Jupiter, soit quelque autre dieu dont l'iden
tité ne nous est pas connue. Dans l'une ou l'autre hypothèse, si les
3. Ci-dessus, n. 1, p. 474.
4. F. T. van Straten, Gif ts for the Gods, dans H. S. Versnel (éd.), Faith, Hope and Worship.
Aspects of Religious Mentality in theAncient World. Studies in Greek and Roman Religion 2,
Leiden, 1981, p. 64-151, remarquant que les temples devenaient si encombrés d'offrandes
votives qu'on a dû parfois en restreindre la coutume; cf. p. 105-151 : offrandes votives
représentant des parties du corps (le monde grec).
5. T. Pekâry, Das rômische Kaiserbildnis in Staat, Kult und Gesellschaft. Dos rômische
Herrscherbild, Abu 3,5, Berlin, 1985, p. 55-65 ; D. Fishwick, The Impérial Cuit in the Latin
West, EPRO 108, Leiden, 1991, vol. 2, 1, p. 540-550 (ci-après ICLW).
6. C. Latte, Le imagines Caesarum di un praefectus castrorum Aegypti e l'XI coorte preto-
ria, Athenaeum 56 (1978), p. 19, n. 82 ; R. MacMullan, Paganism in the Roman Empire,
New Haven, 1981, p. 42 avec n. 44 et réf. DON DE STATUES D'ARGENT À NARBO MARTIUS 383
statues étaient dédiées à Iuppiter Optimus Maximus, comme cela semble
en être le cas, il est raisonnable — sinon nécessaire — de conclure
que les statues ont été placées dans un temple de Jupiter Optimus
Maximus. Rien ne suggère en effet que le sévir ait dédié des statues
d'argent (de Jupiter ou d'une autre divinité) dans, disons, le sanc
tuaire de la schola de son propre collège des seviri augustales. Ceci
était réservé aux rites en l'honneur de l'empereur ou d'autres membres
de la maison impériale dont les représentations (à en juger par des
cas parallèles) étaient placées à cet endroit, associées à un petit
autel7. Il n'est pas concevable non plus que Jupiter Optimus Maxi
mus, le dieu romain suprême, ait eu une place subordonnée dans
le temple d'une autre divinité, ou que des statues lui étant dédiées
y aient été placées8. Si les deux statues d'argent, quel que soit le
personnage divin, avaient été dédiées à Jupiter, elles avaient sûre
ment dû être placées dans un temple de Jupiter.
La seule autre solution, pour ce qui est de l'identité de la représent
ation, est la possibilité, plus séduisante, que les deux statues d'argent
fussent en réalité des statues de l'empereur. Placer une image de
l'empereur ou d'autre(s) membre(s) de la famille impériale dans un
temple est une pratique basée sur le rituel lié aux divinités et répandue
à travers le monde gréco-romain. Cet usage est, essentiellement, le
développement d'une coutume qui eut ses origines dans la période
républicaine : des images des personnages éminents de Rome ou des
gouverneurs de province de Grèce ou d'Asie Mineure, par exemple,
étaient souvent placées dans des temples9. En principe une telle
image était placée dans le pronaos, mais parfois, elle pouvait se trouver
dans la ceîla ou même à côté de la statue de culte, en tant

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents