La colonne des danseuses de Delphes (information) - article ; n°1 ; vol.141, pg 35-46
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1997 - Volume 141 - Numéro 1 - Pages 35-46
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 70
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Luc Martinez
La colonne des danseuses de Delphes (information)
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 141e année, N. 1, 1997. pp. 35-
46.
Citer ce document / Cite this document :
Martinez Jean-Luc. La colonne des danseuses de Delphes (information). In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 141e année, N. 1, 1997. pp. 35-46.
doi : 10.3406/crai.1997.15701
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1997_num_141_1_15701NOTE D'INFORMATION
LA COLONNE DES DANSEUSES DE DELPHES,
PAR M. JEAN-LUC MARTINEZ*
A la mémoire de Jean Bousquet
La salle 11 du Musée de Delphes abrite des fragments d'un
monument appelé « colonne d'acanthe » ou « colonne des dan
seuses »', curieux assemblage d'une colonne corinthienne et d'un
groupe sculpté de trois figures féminines (fig. 1). Depuis sa
découverte en 1894, cet exemple exceptionnel de la sculpture
grecque du IVe siècle av. J.-C. ne fait l'objet d'aucun consensus : ni
sur sa datation exacte, ni sur l'interprétation des trois femmes, ni
sur l'origine des commanditaires2. En vue de sa publication, j'ai
donc d'abord cherché à revenir aux realia et à dresser un invent
aire précis des fragments conservés3. Cette enquête a conduit à
un spectaculaire raccord avec un autre monument delphique,
qu'on croyait indépendant et bien plus tardif : le célèbre ompha-
los de marbre (fig. 2), pierre qui symbolisait le nombril du monde
* Je remercie vivement Messieurs les académiciens P. Amandry et J. Marcadé de leur
invitation. Ce patronage s'inscrit dans la tradition de la réception par l'Académie des Ins
criptions et Belles-Lettres des travaux de l'École française d'Athènes, dont j'étais, à leur
suite, membre. Mais cet exposé leur doit beaucoup plus, car ils ont pris tous deux une part
active dans la reconstitution du monument que je présente : P. Amandry, « Trépieds
d'Athènes I. Dionysies », BCH 100, 1976, p. 67-69 ; J. Marcadé, « Les bras des Danseuses »,
dans Mélanges helléniques offerts à Georges Daux, 1974, p. 239-254, publié à nouveau dans
Études de sculpture et d'iconographie antiques. Scripta Varia, 1941-1991, 1993, p. 153-168. Le
sujet de cette note d'information avait déjà fait l'objet d'une série de quatre conférences en
mars 1996 : je renouvelle ici mes remerciements pour leur invitation et leurs remarques à
A. Pasquier (musée du Louvre), B. Holtzmann (Université de Paris X-Nanterre), D. Viviers
(Université libre de Bruxelles) et B. Ham (Université catholique de l'Ouest).
1. Bibliographie sommaire : quatre articles fondamentaux illustrent les progrès de la
recherche : Th. Homolle, * La colonne d'acanthe », BCH 32, 1908, p. 205-235 ; J. Pouilloux,
G. Roux, Enigmes à Delphes, 1963, p. 123-149 ; J. Bousquet, « Delphes et les Aglaurides
d'Athènes *,BCH88, 1964, p. 655-675 ; J. Marcadé, art. cit. (n. *).
2. Pour un rappel des données du problème, cf. Br. Sismondo Ridgway, Hellenistic Sculp
ture I. The styles of c. a. 331-200 B. C, 1990, p. 22-26. et Fr. Croissant, Guide de Delphes. Le
Musée, 1991, p. 84-90.
3. Sur les méthodes employées et pour un premier bilan, cf. J.-L. Martinez, « Travaux de
l'École française d'Athènes en 1994. Delphes. 1. La colonne d'acanthe dite "colonne des
danseuses" », BCH 119/2, 1995, p. 645-649. 36 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
antique*. Cette note d'information voudrait présenter les argu
ments en faveur de cette étonnante reconstitution et en tirer les
premières conséquences pour la connaissance et l'interprétation
du monument.
Comment et pourquoi la vulgate archéologique avait-elle créé
deux monuments distincts ? Il faut rappeler rapidement les ci
rconstances de la découverte pour expliquer les raisons de la
reconnaissance et du regroupement des fragments.
Durant l'hiver de 1893, les fragments d'une colonne végétale
apparaissent dans le secteur du deuxième tronçon de la voie
sacrée, où Pausanias mentionne les offrandes de Cyrène, cité de
Libye, connue pour l'exportation du Silphium, une plante médici
nale et culinaire3. Théophile Homolle, directeur de la fouille, parle
alors de la « colonne des Cyrénéens » voire, avec le nombre crois
sant de fragments mis au jour, des « colonnes en tige de si
lphium »6. On distingue donc d'abord des éléments architecturaux,
appartenant à un monument indépendant du type des trésors.
Au printemps de 1894, des têtes, des jambes et trois corps fémi
nins autour d'une tige de plante apparaissent sur la terrasse du
temple. On les restaure bientôt comme un groupe statuaire indé
pendant en interprétant, pour cette raison, le bras droit levé
comme un geste de danseuse'.
Parallèlement, Yomphalos de marbre est retrouvé en 1894 dans le
même secteur8. Dans sa Périégèse, Pausanias parlait brièvement de
Yomphalos de Delphes sans donner de localisation précise9. Or,
confondant l'objet et sa représentation, et voulant concilier Pausa
nias avec les données des fouilles, les commentateurs avaient fait de
cet omphalos de marbre, qu'ils localisaient sur la place du pronaos,
4. F. Courby, La terrasse du temple, FD II, 1927, p. 71, fig. 63 et p. 267, fig. 209. Nous di
stinguons à Delphes cet omphalos de marbre d'un autre, dit de calcaire, retrouvé en contre
bas de la terrasse du temple, vers l'ouest, et présenté in situ.
5. Pausanias, X, 13, 7.
6. Th. Homolle, « Institut de Correspondance hellénique. Séance du 15/27 décembre
1893 », BCH 17, 1893, p. 614 et Id., « Nouvelles et correspondances. Delphes », ibid. 18,
1894, p. 180.
7. Photographie du groupe restauré et présenté indépendamment dans le Musée au
début de ce siècle, cf. La redécouverte de Delphes, 1992, p. 202, fig. 106.
8. P. Amandry, « Où était l'omphalos ? », dans Delphes. Centenaire de la «• Grande fouille »
réalisée par l'École française d'Athènes (1892-1903). Actes du Colloque Paul Perdrizet. Strasbourg,
6-9 novembre 1991, 1992, p. 177-205 et Id., « L'opisthodome du Temple d'Apollon », BCH
117/1, 1993, p. 263-283.
9. Pausanias, X, 16, 3, décrivant les monuments de la terrasse du temple : « l'objet que
les Delphiens appellent le nombril est de marbre ; il marque, d'après eux, le centre de la
terre, et, dans une de ses odes, Pindare dit la même chose » (traduction de G. Daux, Pausa
nias à Delphes, 1936, p. 47). LA COLONNE DES DANSEUSES DE DELPHES 37
FlG. 1. — Les « danseuses » restaurées au Musée de Delphes
(photographie Ph. Collet, EFA n° 47289, 1994). 38 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
une copie de l'original qui se serait trouvé dans Yadyton. Par asso
ciation d'idée, plus que par raisonnement, cela entraîna la data
tion : cette « copie » était d'époque impériale. Cette terminologie
dévalorisante permet de comprendre pourquoi on a à peine cher
ché à expliquer certaines caractéristiques techniques. On invent
ait ainsi de toutes pièces un autre monument indépendant.
Enfin, lors de la même campagne de fouilles, pendant l'été de
1894, apparaît, quatrième élément du puzzle, une lourde fonda
tion que les fouilleurs désignent des trois lettres visibles sur une
des assises de fondation, « PAN », pour Pancratès, entrepreneur
connu à Delphes au IVe siècle av. J.-C. par l'épigraphie10.
Aussi, malgré les nombreux progrès de la recherche, il reste
encore quelque chose de cette division dans l'esprit des spécial
istes, et jamais personne n'a étudié la cohérence du monument
et sa reconstitution précise. Pourtant, dès 1896, Th. Homolle pré
sentait le raccord entre le groupe sculpté et la colonne11. En 1961,
J. Pouilloux et G. Roux identifiaient la fondation « PAN » comme
base du monument, imposant ainsi une datation dans le IVe siè
cle12. Entre 1952 et 1972, J. Marcadé restituait le véritable geste des
figures féminines, la main droite tournée vers l'intérieur pour sou
tenir un lourd chaudron au-dessus de leurs têtes et non pas dans
une attitude de danse13. Toutefois, la reconstitution exacte du monu
ment soulevait encore des difficultés.
Comment restituer ce trépied disparu ? C'e

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