La critique d art surréaliste, création et tradition - article ; n°1 ; vol.37, pg 213-227
16 pages
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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1985 - Volume 37 - Numéro 1 - Pages 213-227
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 47
Langue Français

Extrait

Madame Renée Riese Hubert
La critique d'art surréaliste, création et tradition
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1985, N°37. pp. 213-227.
Citer ce document / Cite this document :
Hubert Renée Riese. La critique d'art surréaliste, création et tradition. In: Cahiers de l'Association internationale des études
francaises, 1985, N°37. pp. 213-227.
doi : 10.3406/caief.1985.1956
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1985_num_37_1_1956LA CRITIQUE D'ART SURREALISTE
CREATION ET TRADITION
Communication de M"" Renée Riese HUBERT
(Irvine)
au XXXVP Congrès de l'Association, le 26 juillet 1984
Qu'est-ce que la critique d'art surréaliste ? Même si l'on
éprouve un certain mal à la définir, un corpus de critique
d'art surréaliste existe, mais il ne s'agit évidemment pas d'un
corpus bien homogène. De même que les peintres et écrivains
ont pratiqué le collage, le cadavre exquis, le tableau poème,
de même ils ont pour la plupart écrit des textes relevant plus
ou moins clairement de la critique d'art.
Comme on pouvait s'y attendre, Le Surréalisme et la
peinture d'André Breton en constitue le manifeste central,
publié d'abord dans la Révolution surréaliste, en 1925-1927,
ensuite en 1928, 1945 et 1965 (1). Cette dernière édition
rassemble la plupart des écrits de Breton sur l'art. Le
Surréalisme au service de la révolution a publié des extraits
d'un traité de peinture par Max Ernst intitulé « Comment on
force l'inspiration », qui fait une synthèse rapide de la pein
ture (2). Il inclut, pour appuyer ses thèses, des citations de
Crevel, Aragon, Breton et Dali (3). Ernst et Breton cherchent
(1) Le Surréalisme et la peinture a connu quatre éditions :
a/ La Révolution surréaliste, 1925, n° 4, 6, 7, 9, 10 ;
b/ Paris, NiU?., 1928 ;
c/ New-York, Brentano, 1945 ;
d/ Paris, Gallimard, 1965.
(2) Max Ernst, « Comment on force l'inspiration, extrait du traité de
la peinture », Le Surréalisme au service de la révolution, n° 6, p. 43.
(3) Ces citations viennent des textes mêmes que nous examinerons dans
notre étude. 214 RENÉE RIESE HUBERT
à établir le champ de l'activité surréaliste. De plus, Breton
s'efforce de dénigrer les aspects mimétiques de l'art afin de
faire valoir « la deuxième vue ». Il passe en revue les artistes
associés au surréalisme en espérant dépister une « écriture »
conforme à ses théories.
Les surréalistes ne se sont pas posé la question : qu'est-ce
que la critique d'art surréaliste ? — question qui serait compar
able à celle que Sartre devait se poser à propos de la litt
érature (1945). Cette question ne se réduirait guère, chez les
surréalistes, à un problème de genre, problème auquel ils
n'attachaient aucune importance. Dans la plupart des essais,
il s'agit aussi bien de littérature que d'art. Ainsi dans son
« Dali ou l'anti-obscurantisme », Crevel accorde autant d'im
portance aux écrits qu'aux œuvres plastiques du peintre, ce
qui soulève des doutes quant à l'autonomie, non seulement
d'une démarche critique, mais de l'activité créatrice elle-
même (4). Ce refus de distinguer entre écriture et plasticité
et surtout d'opposer l'une à l'autre marque également Le
Surréalisme et la peinture, où Breton se fie à Baudelaire, à
Rimbaud et à Lautréamont pour « mettre à nu » la démarche
et le terrain de l'art surréaliste (5). Que la poésie mène ainsi
le jeu pour la peinture semble aller de soi pour Breton qui,
au moment d'entrer en contact avec un tableau surréaliste,
cite obligatoirement des vers, transformant ainsi le visible et
accaparant la peinture grâce aux paroles poétiques d'autrui.
Or, l'autonomie d'une critique d'art surréaliste est compromise
par ce parti pris qui permet au langage poétique d'empiéter
sur le discours critique, comme par l'ampleur que prend par-
(4) René Crevel, « Dali ou l'anti-obscurantisme », in : L'Esprit contre
la raison, Paris, Tchou, 1967.
(5) Voir à ce propos, André Breton, « Comète surréaliste » : « C'est
aussi que, pour la première fois sans doute avec le surréalisme, la poésie
n'a cessé de fournir à la plastique son appui. Si tel avait été le cas de
quelques œuvres isolées dans le passé — de celles que, pour cette raison,
le surréalisme met en avant, Uccello, Arcimboldo, Bosch, Baldung, Goya,
Méryon, Redan, Rousseau — , du moins jamais encore dans leur ensemble
les deux démarches poétique et plastique ne s'étaient ainsi montrées
volontairement confondues », (La Clef des champs, Paris, Edtions du
Sagittaire, 1953, p. 119-120). LA CRITIQUE D'ART SURRÉALISTE 215
fois une polémique qui préconise le renversement de l'ordre
établi. Et c'est ce qui rend peut-être contestable toute distinc
tion entre les Manifestes du surréalisme, textes qui proposent
essentiellement la révolution en littérature, et le Surréalisme
et la peinture, qui formule un projet analogue en peinture.
Même dans les milieux surréalistes, l'existence autonome
d'une critique d'art surréaliste a été mise en question. Philippe
Soupault en 1972 affirme : « A part l'ouvrage capital d'André
Breton Le Surréalisme et la peinture, qu'il n'a malheureuse
ment pas eu le temps de compléter et d'enrichir, on ne con
naît que des ratiocinations et des exploitations des œuvres des
peintres surréalistes » (6). Alors que Soupault soulève le pro
blème de la critique d'art sans mettre en doute la peinture
elle-même, Pierre Naville dans un passage bien connu affirme
que la peinture surréaliste n'est pas possible : « Plus per
sonne n'ignore qu'il n'y a pas de peinture surréaliste. Ni les
traits du crayon livré au hasard des gestes, ni l'image retra
çant les figures de rêves ni les fantaisies imaginatives, c'est bien
entendu, ne peuvent être ainsi qualifiés » (7). En répondant
à un article de Max Morise, Naville soutient que les méthodes
surréalistes d'automatisme, de dictée par le rêve sont incomp
atibles avec la peinture. Morise avait cherché à cerner,
pareille à l'écriture, une plastique surréaliste qui permettrait
de déclencher une inspiration non encore mise à l'œuvre. En
décembre 1924, dans le numéro I de la Révolution surréaliste,
quelques mois avant la parution du premier feuilleton du
Surréalisme et la peinture, Max Morise lui-même avait soutenu
que la peinture surréaliste n'existait pas encore. Ainsi ce n'est
qu'une certaine foi dans l'avenir qui le distingue de Naville :
« Aujourd'hui nous ne pouvons imaginer ce que serait une
plastique surréaliste qu'en considérant certains rapproche
ments d'apparence fortuite, mais que nous supposons dus à
la toute-puissance d'une loi intellectuelle supérieure, la loi
(6) Philippe Soupault, « Surréalisme, écriture et peinture *, in : Ecrits
sur la peinture, Paris, Lachenal et Ritter, 1980, p. 280.
(7) Pierre Naville, « Beaux Arts », in : La Révolution surréaliste, n° 3,
p. 27. 216 RENÉE RIESE HUBERT
même du surréalisme » (8). Selon Morise, curieusement encore
prisonnier des idées esthétiques de Lessing, la peinture est
moins apte à représenter la succession des images que le
verbe, étant donné que le pinceau déforme la dictée de l'i
nconscient. Dans « Les Yeux enchantés », en dehors des fous
et des médiums, seuls les cubistes trouvent grâce aux yeux
de Morise : en inventant le collage, en accueillant le hasard
et l'inspiration pure, ils ont satisfait à certaines exigences
formulées par les Surréalistes.
La complexité de toute cette problématique se reflète dans
le titre d'André Breton, où il s'agit non pas de peinture sur
réaliste, mais de surréalisme et peinture. La tableau de Max
Ernst de 1942 portant ce titre reprend cette problématique
sous forme d'image. Représentant le peintre à l'œuvre, Ernst
parodie simultanément le tableau classique de l'atelier du
peintre et c

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