Les métopes mutilées de la Tholos de Marmaria à Delphes - article ; n°2 ; vol.123, pg 151-170
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1979 - Volume 123 - Numéro 2 - Pages 151-170
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 59
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Jean Marcadé
Les métopes mutilées de la Tholos de Marmaria à Delphes
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 123e année, N. 2, 1979. pp. 151-
170.
Citer ce document / Cite this document :
Marcadé Jean. Les métopes mutilées de la Tholos de Marmaria à Delphes. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 123e année, N. 2, 1979. pp. 151-170.
doi : 10.3406/crai.1979.13589
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1979_num_123_2_13589LA THOLOS DE MARMARIA 151
COMMUNICATION
LES MÉTOPES MUTILÉES
DE LA THOLOS DE MARMARIA À DELPHES,
PAR M. JEAN MARCADÉ, CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE.
Depuis sa découverte au cours de la campagne de fouille de 1901,
la Tholos de Marmaria a fait couler beaucoup d'encre.
Là où la Périégèse de Pausanias signalait quatre naoi, les archéo
logues français ont mis au jour cinq édifices : le monument rond,
apparenté par sa forme singulière à la mystérieuse Thymélé d'Épi-
daure, aurait-il été passé sous silence, ou bien l'un des trésors de la
terrasse d'Athéna Pronaia était-il à ce point ruiné au 11e s. de notre
ère qu'il pût passer inaperçu ? On en discute toujours, et si l'opinion
tend aujourd'hui à prévaloir que le troisième temple dans lequel
Pausanias mentionne des statues d'empereurs romains soit préc
isément la Tholos, la preuve manque encore — que l'on crut un
instant tenir par une expertise physique — que le Trésor dorique
avait cessé d'apparaître comme un édifice religieux quand le Périé-
gète vint à Delphes1.
La destination de la Tholos a été elle aussi tant et plus discutée,
et si l'on est à peu près d'accord désormais pour penser qu'il s'agissait
d'un temple, le nom de la divinité reste incertain. En admettant
que le temple rond et son voisin le Temple en calcaire, datant tous
deux de la première moitié du ive s., représentent les « temples du
bas » reconstruits, à la suite du différend opposant les familles
d'Orsilaos et de Cratès, avec « l'argent du sacrilège », l'assignation
du premier à Artémis n'est qu'une hypothèse fondée sur l'identité
des Vierges Blanches et leur localisation éventuelle dans le sanctuaire
d'Athéna Pronaia ; aucun indice matériel, aucun recoupement
épigraphique ne vient la corroborer2.
L'architecture de la Tholos a été mainte fois analysée et comment
ée et elle continue d'être étudiée. On s'accorde à en admirer les
raffinements de construction, l'anastylose de 1938 a permis d'en
1. En dernier lieu, sur ces problèmes, voir Chr. Le Roy, « Pausanias à Mar
maria (XXVIII) », dans Études Delphiques ( = BCH, Suppl. IV, 1977), p. 247-
271, puis Chr. Le Roy et Max Schvoerer, « Pausanias à Marmaria (XXIX) :
une datation par thermoluminescence », BCH 102, 1978, p. 243-261.
2. Voir en particulier J. Bousquet, Rev. Hist. 1960, I, p. 287-298 ; G. Roux,
RÉA 1965, I, p. 37-53, et G. Roux, Delphes, son oracle et ses dieux (1976), p.'
191-192. 152 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
mieux apprécier les proportions et le principe des fausses tuiles
de marbre a été retrouvé, mais tant s'en faut que le système de la
couverture soit encore parfaitement établi, et les deux chéneaux
du toit continuent de faire problème3. Enfin, si Vitruve nous a
conservé le nom de l'auteur, Théodoros, en précisant qu'il avait
écrit un traité « sur la Tholos qui est à Delphes », on hésite à voir
dans ce « Phocaeus » un Phocéen ou un Phocidien, et en réalité
l'élégance de la réalisation fait plutôt penser à l'Attique4.
Dans une bibliographie si abondante, il est fort peu question des
sculptures de la Tholos. Pourtant — sans parler des statues que
peut-être abrita la cella et sans parler des effigies d'acrotères dressées
en plein ciel sur le toit — deux frises doriques à l'ordre extérieur
et en haut de mur sous la péristasis, totalisaient quelque quatre-
vingts métopes. Depuis le rapport de fouille publié par Th. Homolle
dans la RAAM de 1901, un article hasardeux de A. Persson dans
le BCH de 1921, de brèves mentions dans les opuscules consacrés aux
trouvailles de Delphes et quelques pages malheureusement douteuses
du Manuel de Ch. Picard ont été longtemps les seules références5.
Le premier essai d'inventaire exhaustif et le premier essai d'inter
prétation globale ont été l'œuvre (combien méritoire !) de Paul
Bernard dans ses mémoires de membre de l'École d'Athènes en
1960-1961, mais ils sont demeurés inédits. Pour avoir, à l'époque,
collaboré occasionnellement avec lui et avoir depuis plus de trente
ans acquis une certaine familiarité avec les marbres rompus6, j'ai
été chargé en 1975 de reprendre le dossier d'étude. Ce sont quelques
réflexions sur la difficulté de ce travail, quelques résultats nouveaux
matériellement acquis et quelques conclusions provisoires que je
voudrais exposer aujourd'hui7.
3. La publication de J. Charbonneaux et K. Gottlob, FD II, Le sanctuaire
d'Athéna Pronaia : la Tholos (1925) est corrigée, pour la hauteur des colonnes,
par P. Amandry et J. Bousquet, BCH 64-65, 1940-41, p. 121-127. Pour la toiture,
G. Roux, BCH 76, 1952, p. 442-475, et en dernier lieu, pour l'explication des
deux chéneaux, Delphes, son oracle et ses dieux, p. 192-193.
4. Cf. Ch. Picard, Manuel III, 1, p. 180 et n. 1-2 ; J. Bousquet, Rev. Hist.
1960, I, p. 287 et n. 2.
5. Th. Homolle, RAAM 10, 1901, p. 366-377. A. Persson, BCH 45, 1921,
p. 316-334. Ch. Picard et P. de La Coste-Messelière, Sculptures grecques de Delphes
(1927), p. 31-32, notice aux pi. 57 et 58, texte repris dans La sculpture grecque
à Delphes (1929), p. 33-34 avec pi. 26 et 27. Ch. Picard, Manuel III, 1, p. 178-189.
6. Cf. P. Bernard et J. Marcadé, BCH 85, 1961, p. 447-473. Pour de plus
anciens raccords que j'avais effectués sur les débris sculptés de la Tholos, voir
BCH 71-72, 1947-1948, Chron. des fouilles, p. 446 ; 73, 1949, Chron.,?. 538 ; 74,
1950, Chron., p. 332 ; 77, 1953, Chron., p. 272 ; 81, 1957, Chron., p. 707.
7. La présente communication complète et précise en ce qui concerne les
grandes métopes de la Tholos l'exposé général que j'avais fait à Bruxelles en
1977 (Bull. Acad. Roy. de Belgique, Classe des Beaux- Arts, t. LIX, p. 142-151. LA THOLOS DE M ARM ARIA 153
Marmaria mérite bien son nom. Le sanctuaire d'Athéna Pronaia
a été exploité comme une véritable carrière de marbre depuis la
fin du monde antique, pour en extraire des plaques et des blocs
taillés réutilisables ou pour y trouver de quoi alimenter les fours
à chaux. Trois monuments consécutifs de l'étroite terrasse étaient
en marbre : le Trésor dorique, le Trésor de Marseille et la Tholos,
ils ont particulièrement souffert8. Tous trois étaient ornés de frises
partiellement ou totalement sculptées ; elles ont connu un sort
commun ; pour récupérer les blocs porteurs, les reliefs ont été abattus,
débités en éclats abandonnés sur place, et le plus souvent remployés
dans des murs tardifs ou inclus dans les soutènements rustiques de
l'olivette (on en a retrouvé des centaines), tandis que les fonds,
emportés, ont été dispersés.
A quand remonte cette mutilation systématique ? A plusieurs
reprises, le journal de la Grande Fouille parle d'un « mur byzantin »
situé au nord de la Tholos, dont la démolition livra de nombreux
fragments de sculpture ; une confirmation de cette date me paraît
apportée par un morceau de torse9 provenant d'une métope de la
Tholos qui a été préparé pour être retaillé en une cupule ronde
avec quatre excroissances arrondies, selon la forme de certains
objets en pierre de l'époque paléochrétienne. Enfin plusieurs plaques
et fragments de plaques provenant de Marmaria ont été retrouvés
sur l'emplacement ou à proximité immédiate d'anciennes chapelles :
il est probable que c'est lors du développement des constructions
chrétiennes dans la région que les fonds de métopes ont été le plus
recherchés

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