Portraits oubliés de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne - article ; n°4 ; vol.130, pg 702-729
29 pages
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1986 - Volume 130 - Numéro 4 - Pages 702-729
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Monsieur Otto Pächt
Monsieur Jean-Bernard de
Vaivre
Portraits oubliés de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 130e année, N. 4, 1986. pp. 702-
729.
Citer ce document / Cite this document :
Pächt Otto, de Vaivre Jean-Bernard. Portraits oubliés de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. In: Comptes-rendus des séances
de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 130e année, N. 4, 1986. pp. 702-729.
doi : 10.3406/crai.1986.14441
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1986_num_130_4_14441COMMUNICATION
PORTRAITS OUBLIÉS DE PHILIPPE LE HARDI,
DUC DE BOURGOGNE,
PAR MM. OTTO PÂCHT ET JEAN-BERNARD DE VAIVRE
Le musée de Dublin a acquis, par don, il y a un peu moins d'une
trentaine d'années, un tableau1 anonyme, probablement exécuté au
xvie siècle, représentant un homme, à mi-corps, de profil (fig. 1).
Cette œuvre a été attribuée alors, hâtivement, à Jean Perréal et
on a avancé à ce moment qu'il pourrait s'agir du duc de Bourgogne
Philippe le Bon.
L'attribution au peintre comme l'identification du personnage
semblent sujettes à caution. L'homme figuré sur ce panneau de bois
est de profil regardant à gauche. Il est coiffé d'un chaperon noir
dont l'un des pans est lié par une bande de tissu mordoré, la partie
droite de la coiffe venant durcir le fond vert olive du tableau en
détachant le nez d'une dimension peu commune. Le front est en
partie caché sous le chaperon qui laisse cependant voir, à la hauteur
des tempes, quelques mèches de cheveux bruns. Le sourcil est fort,
l'œil saillant, la bouche sévère et le menton légèrement en retrait de
la limite de la mâchoire supérieure. L'oreille est grande et bien
marquée, le visage glabre laissant apercevoir sur le bas des joues une
pilosité que n'estompe pas la roseur des pommettes. Pour costume,
le personnage porte un pourpoint aux plis presque tuyautés, la main
gauche étant esquissée à la limite du cadre. Le col à rabats est noir.
Rien dans cette œuvre n'autorise à faire le moindre rapproche
ment avec Perréal. L'iconographie bien établie de Philippe le Bon
ne permet pas non plus de rechercher une ressemblance avec le
grand duc d'Occident. Si le panneau de Dublin paraît du xvie siècle,
le costume accuse une époque plus reculée et la coiffure peut même
laisser penser que l'homme vivait à la fin du xive siècle.
Il s'agit, selon nous, d'une figuration du duc de Bourgogne Philippe
le Hardi.
Cette affirmation est a priori d'autant plus surprenante que les
1. National Gallery of Ireland, Dublin, n° 1358. Ce tableau a été donné par
Mlle Julia Levins en 1957. Ce tableau n'est pas documenté avant son entrée au
Musée.
Je remercie M. Jean Batbedat, alors ambassadeur de France en Irlande, de
m'avoir mis en rapport lors d'un déplacement à Dublin avec M. Adrian Le
Harivel, conservateur du musée. DE PHILIPPE LE HARDI 703 PORTRAITS
Fig. 1. — Panneau conservé au musée de Dublin (Cl. J. B. V.)
représentations de ce duc de Bourgogne sont multiples et que celles
habituellement reproduites dans les ouvrages relatifs au duché de
Bourgogne n'ont que peu de points communs avec le tableau de
Dublin.
Anne Liebieich a consacré un article2 aux portraits de Philippe le
Hardi, son propos étant d'ajouter aux représentations connues du
duc de Bourgogne une peinture de Quentin Metsys conservée à
2. Anne Liebreich, Quelques portraits de Philippe le Hardi, dans Mémoires de
la Commission des antiquités de la Côte-d'Or, t. XX, 1933, p. 89-96. COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 704
Fig. 2. — Gisant de Philippe le Hardi. Dessin de Gilquin (Cl. J. B. V.)
Fig. 3. — Détail du profil du gisant de Philippe le Hardi
dessiné par Gilquin. (Cl. J. B. V.) PORTRAITS DE PHILIPPE LE HARDI 705
Fio. 4. — Philippe le Hardi. Dessin de Gilquin. (Cl. J. B. V.)
Jacquemart-André et considérée jusque là comme reproduisant les
traits de Cosimo de Medici. Friedlânder3 voulait y reconnaître une
copie en couleurs d'après une caricature tracée par Léonard de
Vinci. La thèse d'Anne Liebreich n'a pas réellement convaincu et,
personnellement, nous ne la partageons pas, rien ni dans les sources
iconographiques ni dans l'histoire des peintures citées n'apportant
un commencement de preuve à sa démonstration.
Son travail n'est cependant pas dénué d'intérêt dans la mesure
où il comporte des indications utiles sur certaines des anciennes repré
sentations de Philippe le Hardi.
Le gisant de le Hardi subsiste à Dijon. Anne Liebreich a
révoqué la valeur de témoignage de ce monument en arguant du
témoignage de Louis Bénigne Baudot4 qui nota « le 27 avril 1797,
3. V. M. Friedlânder, Quentin Massys, Berlin, 1929, p. 43 sq. et pi. XLVIII.
4. Bibliothèque de Dijon, ms. 1602. Fonds Baudot 325, III, f° 134. Cyprien
Monget, La Chartreuse de Dijon, t. III, Tournai, 1905, p. 160. 706 COMPTES RENDUS DE L ACADEMIE DES INSCRIPTIONS
Dé A.Theuet, Liure MI. 2<5>
VHILIPPES LE IfARDT, "BVC De 'BOKR-
Chapitre zt.
Fig. 5. — Philippe le Hardi.
Gravure du livre d'André Thevet. (Cl. J. B. V.)
j'ay vu, dans une cour de la maison des cy-devant dames Sainte Marie,
la statue mutilée de Philippe le Hardi avec le coussin sur lequel reposait
la tête, le tout de même bloc, et la tête n'était pas séparée du corps; la
figure est entièrement effacée, les mains otées ». En réalité il semble bien
que la restauration complète du gisant ait été effectuée sur la base de
documents anciens et notamment les dessins de Gilquin (fig. 2 et
3). Ces derniers ont été conservés à Paris5. Le détail du visage de la
5. Bibliothèque nationale, ms. n. acq. fr. 5916. Les dessins de Gilquin, de 1736
(plume, lavis d'encre de chine et crayon. H. : 0,630 ; 1. : 0,960) montrent, sur
les quatre faces l'état du tombeau durant le premiers tiers du xvme siècle. Ils
sont conservés dans un recueil en maroquin rouge aux armes du prince de Condé.
Lieut.-col. Andrieu, Les pleurants aux tombeaux des ducs de Bourgogne, dans
Revue de Bourgogne, 1914, p. 95 et communication dans Mémoires de la
Commission des antiquités de la Côte-d'Or, t. XVII, p. 77. PORTRAITS DE PHILIPPE LE HARDI 707
statue gisante de Philippe le Hardi peut donc être versé au dossier,
ainsi que le portrait de trois quarts (fig. 4) que le même artiste a cru
pouvoir restituer tant de l'observation des traits de la statue encore
intacte que d'autres sources non mentionnées par lui.
L'iconographie de Philippe le Hardi livrée par Anne Liebreich est
basée sur les portraits dérivés de la représentation (fig. 5) à mi-corps
et de profil du duc telle qu'on peut la voir dans le livre d'André
Thevet6 paru en 1584. Dans une édition du même livre, de beaucoup
postérieure7, il est dit de ce portrait : « Celuy duquel est ici représenté
le portrait, c'estoit aussi un duc de Bourgogne, qui estoit de la maison de
France, dont fay receu le portrait de don François Jary, chartreux,
homme très docte... Les chartreux de Dijon le Luy envoyèrent, comme à
un personnage soigneux de toutes rarettz... j'ai bien voulu par le menu
spécifier ceci pour bailler poids et authorité à la vérité des figures que
je produits. »
Le même personnage de profil, dont le front disparaît en partie
sous une coiffure en mortier orné d'une pierre, au long nez, au sourcil
courbé et à la bouche mince mais aux joues plissées se retrouve dans
d'autres gravures8, un peu postérieures (fig. 6).
Contemporain de Thevet, Etienne Tabourot publia en 1587, lui
aussi, des portraits des duc de Bourgogne9 au nombre desquels une
gravure de Philippe le Hardi, de trois quarts, où le duc est représenté
avec la même coiffure, mais les rides sont plus marquées. La gravure
est assez empâtée (fig. 7) C'est du même modèle que dérivent des
dessins levés au xvme siècle et conservés à Paris, dans la collection
Bourgogne10 à la Bibliothèque nationale et à la bibliothèque de
l'Arsenal11. La gravure donnée dans le livre de Tabourot fut faite
— Les tombeaux des ducs de Bourgogne au musée de Dijon, histoire des pleu
rants, dans Bulletin Monumental, 1933, p. 151-193.
Pierre Quarr

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