Un nouveau jalon pour l’étude du livre d’Heures de Loys van Boghem,  maître d’oeuvre de l’
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Un noUveaU jalon poUr l’étUde dU livre d’heUres de loys v an Boghem, maître d’œUvre de l’église de BroU. remarqUes sUr le calendrierLaurence Ciavaldini Rivièremaître de conférences en art médiéval à l’université de Grenoble (Isère, France)RésuméLe livre d’Heures de Lodewijk (Loys, ou Louis) van Boghem (1470-1540), maître d’œuvre de l’église de Brou, est sans conteste l’un des chefs-d’œuvre de la bibliothèque du grand séminaire de Bruges où il est conservé depuis 1834. Il est daté de 1526, époque où le maître maçon édifiait la collégiale de Brou.Ce curieux petit livre d’Heures est entièrement rédigé en français : il s’ouvre sur un calendrier puis sur les Péricopes des Évangiles, suivis de l’Obsecro Te. L’élément central du manuscrit est composé, comme cela est l’usage, de l’office de la Vierge ou heures de Nostre Dame en français. Suivent les heures de l’Esprit saint puis les heures de la Croix, les psaumes de péni-tence, les litanies et l’office des morts. Viennent enfin les suffrages ou encore des oraisons au Seigneur, aux anges et à ses saints. Le manuscrit se clôt de manière originale sur quinze oraysons à sainte Brigitte de Suède, sans doute une adjonction copiée par une autre main.Ce manuscrit se distingue par un décor soigné : les textes sont rubriqués, les lettrines de cinq réglures de hauteur sont filigranées d’or sur fond bleu ou rouge, de même que les petites initiales ; certaines marges sont entièrement peintes d’ornements très variés. ...

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Un noUveaU jalon poUr l’étUde dU livre d’heUres de loys van Boghem, maître d’œUvre de l’église de BroU. remarqUes sUr le calendrier
Laurence Ciavaldini Rivière maîtRe de cOnféRenceS en aRt médiéval à l’UniveRSité de GRenOBle (ISèRe, FRance)
Résumé
Le livre d’Heures de LodewiJk (LoYs, ou Louis) van Boghem (1470-1540), maïtre d’uvre de l’église de Brou, est sans conteste l’un des chefs-d’uvre de la bibliothèQue du grand séminaire de Bruges où il est conservé depuis 1834. Il est daté de 1526, époQue où le maïtre maçon édifiait la collégiale de Brou.
Ce curieux petit livre d’Heures est entièrement rédigé en français : il s’ouvre sur un calendrier puis sur les Péricopes des Évangiles, suivis de l’Obsecro Te. L’élément central du manuscrit est composé, comme cela est l’usage, de l’office de la Vierge ou heures de Nostre Dame en français. Suivent les heures de l’Esprit saint puis les heures de la Croix, les psaumes de péni-tence, les litanies et l’office des morts. Viennent enfin les suffrages ou encore des oraisons au Seigneur, aux anges et à ses saints. Le manuscrit se clôt de manière originale sur Quinze oraysonsà sainte Brigitte de Suède, sans doute une adJonction copiée par une autre main.
Ce manuscrit se distingue par un décor soigné : les textes sont rubriQués, les lettrines decinQ réglures de hauteur sont filigranées d’or sur fond bleu ou rouge, de même Que les petites initiales ; certaines marges sont entièrement peintes d’ornements très variés. On Y trouve un riche décor héraldiQue et de nombreux emblèmes. Dix-huit enluminures pleine page (sur un totalde dix-neuf) enrichissent le codex et apparaissent comme autant de frontispices inaugurant les différentes divisions textuelles de l’ouvrage.
Le livre d’Heures de LoYs van Boghem a, JusQu’à ce Jour, bénéficié principalement d’études partielles. Les Questions posées par ce manuscrit ont concerné l’identité du commanditaireet le rôle éventuel Qu’il aurait pu Jouer, ou non, dans l’exécution des enluminures à partir de rapprochements avec les décors sculptés de l’église de Brou. De là ont découlé différentes hYpothèses concernant la localisation de l’ouvrage. Si le nom du commanditaire est auJourd’hui définitivement acQuis, le lieu de production du manuscrit demeure encore méconnu.
À l’aide des apports essentiels d’une bibliographie récente et renouvelée relative à l’étude des manuscrits, et dans une perspective interdisciplinaire, alliant l’analYse matérielle du codex, l’étude de son contenu textuel et de son décor enluminé, nous avons entrepris d’éclairer d’une lumière nouvelle l’histoire de cet ouvrage. Pour l’heure, l’étude du calendrier nouspermet de proposer de nouvelles hYpothèses relatives à sa genèse.
a new step in the stUdy of thebook oF HoursBy loys van Boghem, chUrch of BroU’s contractor. aBoUt the calendar
by Laurence Ciavaldini Rivière PROfeSSOR in Mediaeval ARt HiStORy at the univeRSity Of GRenOBle (ISèRe, FRance)
AbstRAct
LoYs (LodewiJk/LoYs) van Boghem was the church of Brou’s contractor. HisBook of Hours (1470-1540), is definitivelY one of the masterpieces which has been part of the collection of the LibrarY of the Grand Séminaire of Bruges since 1834. It is dated from 1526, the time at which the master-mason was erecting the monasterY’s church.
This verY peculiar Book of Hours’ is all written in French: it opens with a calendar then follows with commentaries of the Gospel, followed bY theObsecro Te. The central element of themanuscript is made of, as usual, the Office of the Virgin, the Hours of Our LadY in French, fol-lowed bY the Hours of the HolY Spirit and then the Hours of the Cross, the Penitence Psalms, the Litanies and the PraYers for the Dead. FinallY the Suffrages or Yet again the Orisons, or orations to the Lord, the angels and his Saints. The manuscript ends rather unusuallY with fifteen praYers to St Brigit of Sweden which seem to have been added bY another hand. This manuscript is remarkable as well because of its refined decoration: the texts are rubri-cated, the capitals, of five rulings high, are filigreed with gold on a blue or red background, as well as the smaller initials; some of the margins are entirelY painted with a varietY of scenes and ornaments. There is also a rich ornamentation of heraldrY and lots ofemblemata. Eighteen full-page illuminations (on a total of nineteen) enrich thecodex: acting as frontis-pieces for the different textual chapters of the manuscript. Until todaY LoYs van Boghem’s Book of Hours has mostlY benefited from limited researches. ControversY regarding the manuscript has focused on the identification of the commissioner and the role the latter might have plaYed in the execution of the illuminations, based on simi-larities existing with certain sculpted ornaments of the church of Brou. From which different hYpotheses have derived, leaving the identification of the Book of Hours’ eventual birthplace in askance. The commissioner’s name have been identified, but the location of its production is still unknown. Thanks to the seminal data provided bY a recentlY renewed bibliographY concerning the studY of the manuscripts, and in the context of an inter-disciplinarY approach, which combines the material analYsis of the codex’s structure, the in-depth studY of the liturgical texts and the formal and iconographical confrontation of the illuminations, our research will attempt to shed a new light on this manuscript’s historY. At present, the studY of the Book of Hours allows us to propose new hYpothesis related to its genesis.
Un noUveaU jalon poUr l’étUde dU livre d’heUres de loys van Boghem, maître d’œUvre de l’église de BroU. remarqUes sUr le calendrier
Laurence Ciavaldini Rivière 1 maîtRe de cOnféRenceS en aRt médiéval à l’UniveRSité de GRenOBle (ISèRe, FRance)
pour Denis Muzerelle
Un très singulier petit livre d’heures, d’une remarQuable exécution, constitue sans conteste l’un des chefs-d’uvre de la bibliothèQue du grand séminaire de Bruges (ms. 66/35). Identifié 2 depuis 1840 comme le livre d’heures de LoYs van Boghem , le maïtre maçon du monastère roYal édifié par Marguerite d’Autriche à Brou, ce manuscrit est daté de 1526, comme l’attestent deux mentions de dates consignées au folio 54 dans la marge droite et au folio 65, dans le texte3 de l’ouvrage . D’un petit format (165 mm × 115 mm), ce manuscrit est composé de 161 feuillets de vélin de bonne Qualité, numérotés dans une écriture moderne, au craYon et en désordre. Les gardes, de moindre facture, non foliotées, comportent des indications Qui permettent de reconstituer partiellement son histoire : l’ouvrage se trouvait en 1635 dans la bibliothèQue de e l’ancienne abbaYe cistercienne des Dunes, installée à Bruges auxviisiècle après l’ensable-ment de ses bâtiments ; l’abbaYe aYant été fermée à la Révolution, ses locaux furent donnés en 1834 à l’évêché Qui Y fonda le grand séminaire où les Heures Boghem furent alors réinté-grées avec l’ensemble des ouvrages de la bibliothèQue cistercienne. Nous ignorons toutefois l’histoire de ce livre d’heures, entre le moment où il fut exécuté, en 1526, et 1635, date où son 4 existence est mentionnée pour la première fois dans la librairie de l’abbaYe des Dunes .
Ce manuscrit apparaït comme exceptionnel à plus d’un titre, tout d’abord par son contenutextuel. En effet, il est composé de prières entièrement rédigées en français, ce Qui est5 extrêmement rare, comme l’a montré Édith BraYer . Il s’ouvre sur un calendrier (ff. 1-5), suivi des péricopes des Évangiles (ff. 6-8v.), puis de l’Obsecro Te(ff. 8v.-10), supplication faite à la Vierge de connaïtre le Jour et l’heure de sa mort, enfin du petit office de la Vierge (11-64bv.) divisé, de manière classiQue, en huit heures canoniales (matines, laudes, prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies). Viennent ensuite les heures de l’Esprit saint (ff. 65v-67), celles de la Croix (ff. 68-70), les psaumes de pénitence et les litanies (ff. 71-79v.), puis l’office des morts (ff. 80-102v.).Viennent enfin les suffrages et des demandes d’intercession à différents saints (ff. 104-146) etÔ Intemerata, autre prière classiQue à la Vierge Qui n’est pas située à sa place habi-tuelle (ff. 146-148). Le livre se clôt sur les Quinzeoraysonssainte Brigitte de Suède, une à prière rarissime dans les livres d’Heures, dont la présence relève sans aucun doute de la volonté du commanditaire (ff. 150-154). Le décor héraldiQue a permis d’identifier le maïtre maçon de Brou comme étant le premier possesseur du manuscrit : son écu, bandé d’or 6 et d’azur orné de huit Quintefeuilles, apparaït à maintes reprises sur les différents feuillets ,en alternance avec son nom inscrit en toutes lettres ou/et sa deviseJusqu’à la fin, écrite en lettres d’or sur des cartouches ou dans des médaillons (f. 22). Des lettres,LVB,LetAouLFA, entrelacées de nuds d’amour, renvoient à son monogramme ainsi Qu’à ceux de son épouse Anna et de leur fils François. Les Heures Boghem se distinguent également par un répertoireornemental riche et varié : des marges chargées de lourdes branches aux feuillages forte-ment découpés, semés d’oiseaux et d’escargots, supportent des pampres, des glands ou des fleurs de houblon (ff. 45v., 62). D’autres bordures sont scandées de balustres renaissants
1. Cet article est une synthèse de notre contribution au colloque de Brou dont nous publions incessamment les développements, sous le titre « Le livre d’heures de Loys Van Boghem : un manuscrit lyonnais daté de 1526 ». 2. Ferdinand Van de Putte, « Notice sur les bibliothèques modernes de la Flandre occidentale »,Annales de la Société d’émulation re pour l’étude de l’histoire et des antiquités de la Flandre occidentale, 1 série, 1840, t. II, p. 165. 3. Notre article citésupraprésente une étude codicologique complète du manuscrit. 4. Ferdinand Van de Putte,op. cit., p. 146-157. 5. Édith Brayer situe sans hésiter le manuscrit en Flandres, dans son article « Livres d’Heures contenant des textes en français », o o Bulletin d’information de l’Institut de recherche et d’histoire des textes50.12, p. 48, 1963, n , n 6. Laurence Ciavaldini Rivière,op. cit.
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UN NOUVEAU jALON POUR L’ÉTUDE DU LIVRE D’HEURESDE LOyS VAN BOGHEM, MAîTRE D’œUVRE DE L’ÉGLISE DE BROU.REMARqUES SUR LE CALENDRIER Laurence Ciavaldini Rivière
d’où s’échappent des candélabres et de gracieux rinceaux peuplés de dauphins affrontés,de bucranes ou de mascarons (ff. 52v., 54). Certains feuillets enfin se trouvent ornés d’obJets disposés comme d’antiQues trophées d’armes, évocateurs des prières couchées sur les feuillets : chapeau, houlette, pipeaux, cornemuse, cruche et couteau pour les bergers rece-vant l’annonce de la Nativité (f. 32) ; crânes, tibias, ossements, cercueil, pelle, faux, flèche pour l’office des morts (f. 79v.).
Plus contrastés encore apparaissent les thèmes des dix-huit enluminures pleine page Qui 7 décorent le manuscrit . D’une part, ils illustrent des épisodes traditionnels à tous les livres d’Heures : la représentation de saint jean l’Évangéliste exilé à Patmos inaugure les Évangiles (f. 5v.) ; des scènes de la vie de la Vierge divisent les différentes sections du petit office Qui lui est dédié (ff. 10v., 22v., 30, 32, 34v., 37, 40, 46) ; la Pentecôte (f. 64v.b) et la Crucifixion (f. 67v.) précèdent les heures de l’Esprit et celles de la Croix ; David en prière (f. 70v.) annonce les psaumes ; unMemento mori(ill. 1) signale l’office des morts (f. 80) ; la sainte Trinité (f. 103) précède une oraison Que l’on ne rencontre Que dans QuelQues rares livres d’Heures. D’autre part, on Y trouve des thèmes beaucoup moins courants, Qui procèdent sans conteste de la volonté du commanditaire : les quatre MartYrs couronnés (non ff., précédant le calendrier),
1.Livre d’Heures de LoYs van Boghem,Memento mori, f. 79-80.
7. Le manuscrit comprend 19 enluminures. Une seule est de petit format rectangulaire et représente une Vierge à l’Enfant vêtuede soleil pour illustrer la prièreÔ Intemerata(f. 146).
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très rares dans les livres d’Heures, sont les saints patrons des sculpteurs et des maçons dela ville de Bruxelles, métiers auxQuels appartenait Van Boghem ; saint Louis et saint François (f. 53) et sainte Anne éduQuant la Vierge (f. 53v.) évoQuent bien entendu les saints patronsde LoYs, de son épouse Anna et de leur fils François ; enfin, sainte Brigitte en prière au pied de la Croix (f. 149), image très inhabituelle, renvoie à l’univers de dévotion du commanditaire.
Une grande disparité se rencontre aussi dans la conception et le traitement formel des enlu-minures Qui se distinguent par une facture assez gauche et maladroite, d’autant plus curieuse Que le manuscrit est tardif : les figures aux canons courts, aux visages ronds et légèrement disproportionnés par rapport aux corps, adoptent des postures raides et sont assez mal intégrées dans l’espace, comme le montre l’enluminure des quatre MartYrs couronnés (ill. 2). Les paYsages sont parfois simplifiés à l’extrême : un large tapis d’herbe verte, dans l’Adoration des Mages (f. 34) ou dans la Visitation (f. 22v.), reJoint le bleu du ciel, scindant brutalementla composition en deux registres superposés, sans recherche de profondeur ; dans l’Annon-ciation (f. 10v.), c’est une large tenture rouge mordoré Qui obture le fond de la scène et annule toute velléité de perspective aérienne. Les architectures Qui servent d’arrière-plans aux enlu-minures sont très sommaires : la crèche de la Nativité (f. 10v.) est une épaisse muraille en gros
2.Livre d’Heures de LoYs van Boghem, les quatre MartYrs couronnés, folio non numéroté précédant le calendrier.
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appareil de pierres grises ; Quant à la ville de jérusalem, devant laQuelle est agenouillé David (f. 70v.), c’est une lourde enceinte crénelée cantonnée de deux tours rondes massives, bien étrangères aux images féeriQues de villes et de châteaux Qui peuplent les manuscrits français e et flamands depuis le milieu duxvsiècle.
Les encadrements des enluminures, en revanche, sont exécutés avec une virtuosité remar-Quable, Qui les désigne presQue naturellement comme les véritables suJets du manuscrit : conçus comme autant d’arcs triomphaux célébrant l’histoire sainte, ces monuments montrent Que le peintre Qui les a exécutés possédait une solide connaissance de l’architecture gothiQue, en même temps Que la curiosité et le goût des édifices « à l’antiQue » nouvellement « réin-ventés » par les architectes italiens de la Renaissance. Ce décor extrêmement original et précoce a d’ailleurs suscité très tôt des débats passionnés : scrutant les différentes structures 8 flamboYantes peintes dans le manuscrit, Fernand de MélY, en 1909 et en 1913 , Y a vu des « dessins préparatoires » à l’uvre bâtie de Brou. Cette hYpothèse a été vivement contredite 9 10 par Camille Callewaert, en 1910 , suivi dans cette voie par josef Duverger en 1928 , Mariette 11 12 Fransolet en 1930 , puis par Édith BraYer en 1963 – Qui, pour sa part, s’était exclusivement13 penchée sur les textes du manuscrit –, enfin par Frieda LeYsen en 1976 . Refusant toute paternité de Van Boghem Quant à la conception de ces miniatures, les auteurs Qui se sontintéressés à ce manuscrit après MélY en ont attribué la production à un atelier « ganto-brugeois » (Callewaert, Duverger, BraYer), ou encore parisien ou rouennais (LeYsen puis 14 SmeYers en 1996 ). Examinant certaines prières originales dédiées à la Trinité, Anne-Marie Legaré a récemment proposé d’en situer la copie dans le Hainaut, probablement dans la 15 région de Valenciennes .
16 17 Depuis l’étude incontournable du père BeYssac suivie de celle du chanoine LeroQuais ,nous savons l’apport précieux de l’analYse des textes pour nous permettre de déterminer18 l’usage liturgiQue d’un manuscrit. Récemment, les travaux d’Erik Drigsdahl , de Denis Muze-19 20 relle , des spécialistes réunis dans l’École de l’érudition en réseau et des conservateurs
8. Fernand de Mély, « Signature de Primitifs. Le livre d’heures de l’architecte Louis Van Boghem au séminaire de Bruges »,Bulletin de la Société des antiquaires de France;, 1909, p. 154-155 idem, « Signature de Primitifs. Le livre d’heures de l’architecte Louis Van Boghem au séminaire de Bruges »,Arts anciens de Flandre, 4, 1913, p. 1-9. 9. Camille Callewaert, « L’architecte Louis Van Boghem miniaturiste ? »,Annales de la Société d’émulation de la Flandre occidentale, 65, 2, 1910, p. 142-146. 10. Josef Duverger, « Een bijdrage betreffende den werkkring van Lodewijk Van Boghem »,Annales de la Société d’émulation de Bruges, LXXI, 1928, p. 25-49. 11. Mariette Fransolet, « Le livre d’heures de Louis Van Boghem conservé au séminaire épiscopal de Bruges,Annales de la Société royale d’archéologie de Bruxelles, 35, 1930, p. 179-184. 12. Édith Brayer,op. cit. 13. Frieda Leysen, « Het getijdenboek van Lodewijk Van Boghem (1526) », mémoire de licence de l’université de Louvain, sous la direction du Pr Jan Karel Steppe, 1976, dactylographié. 14. Maurits Smeyers et Jan Van der Stock,Flemish Illuminated Manuscripts, 1475-1550, Gand, Ludion Press, New York, Abrams, o 1996, p. 200, n 38. 15. Anne-Marie Legaré, « Un nouveau recueil de prières et de traités pieux enluminé à Valenciennes pour une “tres honnouree dame” (Valenciennes, bibliothèque municipale, ms. 1206 », M. Hofmann et C. Zöhl (dir.),Quand la peinture était dans les livres – Mélanges en l’honneur de François Avril, à l’occasion de la remise du titre de docteur honoris causa de la Frei Universität Berlin, Turhnout, Brepols-BNF, 2007, p. 145-167. À partir de l’identification de certaines prières, elle replace la copie du manuscrit dans le contexte valenciennois. 16. Dom G. M. Beyssac, « Le Moyen Cours », notes manuscrites sur les aspects liturgiques de 1 200 sources médiévales collectées entre 1920 et 1950, inédit, voir Erik Drigsdahl (Center for Håndskriftstudier i Danmark),Late Medieval and Renaissance Illuminated manuscripts – Books of Hours 1400-1530. Institute for Studies of Illuminated Manuscipts in Denmark, en ligne [http://www.chd.dk/]. 17. Victor Leroquais,Les Livres d’heures manuscrits de la Bibliothèque nationale, Paris, 1927, etSupplément aux livres d’heures manuscrits de la Bibliothèque nationale : acquisitions récente et donation Smith-Lesouef, Paris, 1943. 18. Erik Drigsdahl (Center for Håndskriftstudier i Danmark),op. cit. 19. Denis Muzerelle,Calendoscope, logiciel d’aide à l’identification des calendriers liturgiques médiévaux, Paris, site web de l’IRHT [http://calendriers.irht.cnrs.fr/], 2005 (Aedilis, base de données et logiciels, 2), en ligne. e e 20. École de l’érudition en réseau,Sources et méthodes d’Orient en Occidentv-xviisiècle, en ligne, [http://www.ecole-erudition.org]. L’École de l’érudition en réseau regroupe des spécialistes de l’École nationale des chartes, du Centre d’études supérieures decivilisation médiévale de Poitiers, de l’École pratique des hautes études et de l’Institut de recherche et d’histoire des textes.
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21 de bibliothèQues ont créé une situation favorable entièrement nouvelle pour Qui tented’en améliorer l’analYse scientifiQue. Ainsi, la confrontation de tous les incipit de l’office de la Vierge contenus dans les Heures Boghem avec les 600 variantes de combinaisons d’incipit 22 recensées par Erik Drigsdahl dans sa base de données permet d’affirmer Que cet office 23 est bien à l’usage liturgiQue de Rome comme l’avait montré Frieda LeYsen . Ce constat ne e nous est toutefois pas d’une grande utilité, car au début duxvisiècle un tel usage est large-ment répandu dans toute l’Europe. En revanche, l’étude minutieuse du calendrier, notamment l’analYse sérielle comparée des saints du calendrier, nous permet de conclure auJourd’hui Que les Heures Boghem ont été fabriQuées et copiées dans le diocèse de LYon, sans doute à LYon e même, la cité bénéficiant au début duxvisiècle d’une raYonnement économiQue et culturel 24 de tout premier ordre .
Le calendrier, Qui n’est pas enluminé mais précédé de la miniature des quatre MartYrscouronnés, couvre les feuillets 1 à 5 du manuscrit. Il est copié sur deux colonnes où sont consignées diverses indications. Au début de chaQue mois, à l’encre d’or sur fond bleu ou rouge, on trouve l’abréviationKL pourKalendarium, puis le nom du mois et le nombre de Jours selon les deux calendriers, solaire et lunaire. RubriQué et en chiffres romains, le nombre d’or permettant le calcul de l’année lunaire et de la fête mobile de PâQues apparaït d’abord ;une lettre indiQue ensuite le Jour de la semaine (en maJuscule à l’encre d’or sur fond bleuou rouge pour la lettre dominicale et en minuscule copiée à l’encre brune pour les six autres Jours de la semaine) ; suivent les Jours de fête du temporal et les noms des saints du sanctoral – en rouge sont consignées les fêtes solennelles et en brun les fêtes non solennelles ainsi Que celles des saints « ordinaires ». L’identification de saints vénérés dans un diocèse consignés dans un calendrier permet de définir l’usage liturgiQue d’un manuscrit, à défaut d’en établir avec certitude la provenance. Ceci se révèle particulièrement probant pour les manuscrits e e desxiiietxivsiècles. Cependant, ce Qui complexifie considérablement notre tâche est Que le calendrier des Heures Boghem se caractérise par un nombre considérable de saints (pas moins de 354) : seuls 11 Jours sur les 365 Jours de l’année sont restés vierges ; de même, les noms des saints copiés à l’encre rouge ne renvoient pas à un usage liturgiQue local ; en outre, le sYstème décoratif ne livre aucune indication précise et l’on ne trouve aucune dédicace à QuelQue église Que ce soit. Nous sommes de toute évidence face à un calendrier de tYpe composite, fabriQué à partir du martYrologe romain, conçu pour des manuscrits produits en série pour le marché national, voire international.
25 AuJourd’hui, grâce à Calendoscope, base de données conçue par Denis Muzerelle , il devient possible de le confronter au calendrier romain composite et au calendrier parisien composite, et d’éliminer ainsi les fêtes non significatives : pour les Heures Boghem, nous avons ainsi ramené notre corpus à 70 mentions de saints. Nous les avons alors comparées aux fêtes caractéristiQues des calendriers d’Utrecht, de Tournai, de Bruges et d’Amiens. Il ressort de cet examen Que le calendrier des Heures Boghem est un calendrier éclectiQue, sans usage liturgiQue précis, Qui semble avoir été composé non pour répondre aux besoins particuliers d’un commanditaire, mais pour satisfaire ceux d’une clientèle aussi large Que possible : en témoigne le grand nombre de saints dispersés dans toute l’Europe. De plus, si nous remar-Quons Que les saints français Y sont les plus nombreux, ils sont néanmoins éparpillés dans
21. Nous saluons ici les efforts remarquables des différentes bibliothèques françaises et étrangères pour mettre ces sourcesen ligne, notamment les bases Mandragore, Liber Floridus, et Enluminures. 22. Erik Drigsdahl (Center for Håndskriftstudier i Danmark),op. cit., a déterminé différentes variantes de calendriers parisienscomposites à partir d’une analyse fondée sur 42 calendriers complets et quelques fragments, ce qui lui a permis de distinguerdifférents sous-groupes qui permettent d’établir de précieux recoupements. Cet office est généralement romain dans les livres d’Heures lyonnais ; voir Élisabeth Burin,Manuscript Illumination in Lyons (1473-1530), Turnhout, Brepols, 2001, p. 49. 23. Frieda Leysen,op. cit. 24. Guillaume Fau, Sarah Saksik, Marie Smouts et Sylvie Tisserand, « Prosopographie des imprimeurs incunables lyonnais », mémoire de recherche de l’École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques, Lyon-Villeurbanne (Rhône), 2002, inédit. Henri Baudrier, suivi par Julien Baudrier,Bibliographie lyonnaise. Recherches sur les imprimeurs, libraires, e relieurs et fondeurs de lettres de Lyon auxvisiècle, Paris, F. de Nobèle, 1964, réimpr. exacte de l’éd. originale. 25. Denis Muzerelle,op. cit.
UN NOUVEAU jALON POUR L’ÉTUDE DU LIVRE D’HEURESDE LOyS VAN BOGHEM, MAîTRE D’œUVRE DE L’ÉGLISE DE BROU.REMARqUES SUR LE CALENDRIER Laurence Ciavaldini Rivière
tous les diocèses, ce Qui ne nous donne pas d’indication de lieu. En outre, des noms de saints aussi divers Que variés et parfois mal orthographiés (Craste pour Christine,Affrosse pourDaffrosse,Rambertpour Regnobert), inventés (Pueran, Constantin…) ou mal datés (Dorothée, Macutus…) ont été utilisés pour combler les vides du sanctoral, une pratiQue attestée à cette 26 époQue dans les livres d’Heures produits en série . En revanche, le calendrier des Heures Boghem ne contient pas moins de dix mentions de saints Que l’on retrouve presQue sYstéma-tiQuement dans les calendriers lYonnais, saints dont certains sont en rapports étroits avec la ville de LYon : Didier, évêQue et confesseur (11 février), Alexandre, médecin et martYr de LYon (24 avril), Regnobert, moine bressan martYrisé dans le Jura en 680 (13 Juin), Irénée, évêQue de LYon (28 Juin), Sperat de Carthage (17 Juillet, date de la translation de ses reliQues à LYon), Éléazar, martYr à LYon (23 août), just, évêQue de LYon (2 septembre, date de la translationde ses reliQues à la basiliQue éponYme), Marcel, martYr à LYon (4 septembre), Michel (29 sep-27 tembre), Euchère, évêQue de LYon (16 Novembre) . quatre d’entre eux, Irénée, Regnobert,28 just et Sperat, se rencontrent dans deux autres livres d’Heures lYonnais manuscrits alors29 Que leur mention semble plus courante dans les calendriers imprimés ; de même QueÉléazar n’apparaït, dans les ouvrages Que nous avons pu recenser, Que dans les calendriers 30 lYonnais imprimés … Nous trouvons également mentionnés des saints des diocèses voisins 31 de LYon, ce Qui était aussi courant dans les manuscrits produits à cette époQue dans la cité : Pelage, célébré dans les diocèses de Glandèves et d’Embrun (7 février), Romain, abbé de Condat dans le jura (28 février), Ézéchiel, célébré à Granges dans le diocèse de Sion (10 avril),Didier dans le diocèse de Langres (23 mai), Claude de Besançon (6 Juin), Lazare d’Autun (17 décembre), Valérian de Chalon (16 septembre), Ferréol de Vienne (18 septembre),Théodore d’Antioche, honoré dans le diocèse de Glandèves (23 octobre), Florent, martYren Bourgogne (27 octobre).
Nous pensons donc avoir réuni suffisamment d’arguments pour proposer comme hYpothèse nouvelle une origine lYonnaise pour les Heures Boghem. Nous pensons Qu’elles furent « préfa-briQuées » et copiées à LYon dans l’une des officines florissantes Qui caractérisait, vers 1520, 32 l’activité des enlumineurs lYonnais . Puis, à la demande de LoYs van Boghem, le manuscrit fut décoré et personnalisé, ce Qui expliQue Que le livre ait subi plusieurs remaniements avant d’être relié. Le peintre, Qui a décoré les marges du manuscrit, parsemé les feuillets de devises et d’emblèmes, et scandé les miniatures de ces cadres architecturaux, n’a pas seulement célébré le métier de LoYs van Boghem et exalté son univers de dévotion : il a également affirmé la diversité de la vaste culture du maïtre maçon de Bruxelles, attentif aux avant-gardesdes Renaissances européennes du Nord comme du Sud. Il nous reste auJourd’hui à luidonner un nom.
26. Erik Drigsdahl (Center for Håndskriftstudier i Danmark),op. cit. 27. Élisabeth Burin,op. cit.p. 48. 28. Paris, BNF, ms. lat. 823 (= Leroquais M 083) comporte une trentaine de saints communs avec le calendrier des Heures Boghem, qui ne sont pas célébrés dans le calendrier composite parisien ; Paris, BNF, ms. lat. 1032 comporte 122 saints communs avec le calendrier des Heures Boghem, célébrés aux mêmes dates. 29. Élisabeth Burin,op. cit. Lessuffrageset leslitaniesne présentent aucun saint local, ce qui est habituel à Lyon ; de même que l’office des mortsest à l’usage de Rome (également commun à Lyon). 30.Ibid. 31.Ibid. 32. François Avril et Nicole Reynaud,Les Manuscrits à peintures en France 1440-1520, Paris, BNF-Flammarion, 1993, p. 356-363.
Sommaire
Marie-Anne Sardaconservatrice en chef du patrimoine
Anne Adrianconservatrice des muséesde Metz Métropole – La Cour d’Or(Moselle, France)
Chantal Delomierarchéologue de l’INRAP (Institut nationalde recherches archéologiques préventives),et Alain Kersuzandocteur en histoire, rattaché à l’universitéLyon-II (Rhône, France)
Dagmar Eichbergerprofesseur à l’universitéde Heidelberg (Allemagne)
Sophie Guillot de Suduirautconservatrice en chef au départementdes Sculptures, responsable des collections médiévales de l’Europe du Nord,musée du Louvre, Paris
Lars Hendrikmanconservateur au Bonnefanten Museumde Maastricht (Pays-Bas)
Ingrid van Woudenbergdoctorante en histoire de l’art médiévalà l’université de Nimègue (Pays-Bas)
Entre monument national et musée municipal, problématiques de la restauration du monastère royal Résumé Abstract
Anne de Beaujeu et le mécénat féminin en France à l’aube de la Renaissance Résumé Abstract
Le château de Pont-d’Ain, place militaire et résidence comtale : nouvelles données livrées par les textes et l’archéologie du bâti Résumé Abstract
Distance physique – proximité spirituelle : la double présence de Marguerite d’Autriche à Brou et à Malines Résumé Abstract
Le retable des Sept Joies de la Vierge dans la chapelle de Marguerite d’Autriche à Brou : les sculptures gothiques de style bruxellois réalisées vers 1513/1515-1522 Résumé Abstract
Le triptyque de la Passion de Bernard van Orley pour le maître-autel de l’église de Brou. Commande et copies Résumé Abstract
Les stalles du chœur de Brou : expression d’un amour religieux ou profane ? Résumé Abstract
Pierre AnagnostopoulosLe jubé de l’église de Brou e doctorant en histoire de l’art et archéologie,et ses rapports avec l’architecture brabançonne duxvsiècle aspirant FNRS à l’université libreRésumé Abstract de Bruxelles (Belgique)
Ethan Matt Kavalerprofesseur à l’universitéde Toronto (Canada)
Des géomètres à Brou : architecture et ornementation en Espagne, dans le Brabant et en Europe occidentale autour de 1500 Résumé Abstract
 Sommaire
Jens Ludwig Burkconservateur adjoint au Bayerisches Nationalmuseum, Munich (Allemagne)
Frédéric Elsigmaître de conférencesà l’université de Genève (Suisse)
Laurence Ciavaldini Rivièremaître de conférences en art médiévalà l’université de Grenoble (Isère, France)
Yvette Vanden Bemdenprofesseur au département d’histoire de l’artet d’archéologie et doyenne de la facultéde philosophie et lettresà l’université de Namur (Belgique)
Dominique Tritennegéologue, président de l’associationdes Amis du pays de la pierreà Montalieu-Vercieu (Isère, France),responsable du Conservatoire nationaldes pierres et marbres,Montpellier (Hérault, France)
Magali Briat-Philippeconservatrice du patrimoine,coordinatrice du colloque de 2006,musée de Brou (Ain, France)
Conrat Meit : sculpteur de cour de Marguerite d’Autriche à Malines et à Brou Résumé Abstract
Le présumé Grégoire Guérard et la peinture en Bresse au temps de Marguerite d’Autriche Résumé Abstract
Un nouveau jalon pour l’étude du livre d’Heures de Loys van Boghem, maître d’œuvre de l’église de Brou. Remarques sur le calendrier Résumé Abstract
Les vitraux de Brou et le mécénat de Marguerite d’Autriche dans le domaine du vitrail Résumé Abstract
Le marbre de Carrare utilisé à Brou Résumé Abstract
L’évolution de la statuaire de Brou au fil des siècles Résumé Abstract
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