Vestiges gallo-romains à Narbonne, 74 boulevard Frédéric-Mistral - article ; n°1 ; vol.30, pg 219-267

Maryse Sabrié, Raymond Sabrié

Description

Revue archéologique de Narbonnaise - Année 1997 - Volume 30 - Numéro 1 - Pages 219-267
Au cours d'une fouille de sauvetage visant à retrouver les vestiges de l'église médiévale Saint-Félix, on a mis au jour, dans le quartier ouest de la ville antique, des niveaux d'occupation gallo-romains s'échelonnant du Ier s. av. J.-C. au IIIe s. de notre ère. L'influence de l'Italie se traduit d'abord par l'importation de céramiques mais se développe plus lentement dans le domaine de la construction qui fait longtemps appel à des techniques traditionnelles. Au milieu du Ier s. de notre ère, une acculturation plus profonde se traduit par la présence de peintures murales proches des modèles campaniens et par celle de graffitis qui montrent l'emploi du Latin dans les classes populaires.
An emergency excavation aimed at finding the vestiges of Saint-Felix's mediaeval church, brought to light, in the western part of the ancient town, occupation layers of the Roman period, ranging from the Ist century B.C. to the beginning of the III century A. D. The process of Romanisation begins with the import of ceramics from Italy, but develops rather slowly in the field of construction. In the middle of the Ist century A.D., the marks of deeper acculturation appear in the fine murals of the 4th style and graffitos showing the use of Latin in the lower classes of society.
49 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_ARCHEOLOGIQUE_DE_NARBONNAISE
• Publié le: 01 janvier 1997
• Nombre de lectures: 120
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 8 Mo

Extrait

Maryse Sabrié
Raymond Sabrié
Olivier Ginouvez
Vestiges gallo-romains à Narbonne, 74 boulevard Frédéric-
Mistral
In: Revue archéologique de Narbonnaise, Tome 30, 1997. pp. 219-267.
Résumé
Au cours d'une fouille de sauvetage visant à retrouver les vestiges de l'église médiévale Saint-Félix, on a mis au jour, dans le
quartier ouest de la ville antique, des niveaux d'occupation gallo-romains s'échelonnant du Ier s. av. J.-C. au IIIe s. de notre ère.
L'influence de l'Italie se traduit d'abord par l'importation de céramiques mais se développe plus lentement dans le domaine de la
construction qui fait longtemps appel à des techniques traditionnelles. Au milieu du Ier s. de notre ère, une acculturation plus
profonde se traduit par la présence de peintures murales proches des modèles campaniens et par celle de graffitis qui montrent
l'emploi du Latin dans les classes populaires.
Abstract
An emergency excavation aimed at finding the vestiges of Saint-Felix's mediaeval church, brought to light, in the western part of
the ancient town, occupation layers of the Roman period, ranging from the Ist century B.C. to the beginning of the III century A. D.
The process of Romanisation begins with the import of ceramics from Italy, but develops rather slowly in the field of construction.
In the middle of the Ist century A.D., the marks of deeper acculturation appear in the fine murals of the 4th style and graffitos
showing the use of Latin in the lower classes of society.
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Sabrié Maryse, Sabrié Raymond, Ginouvez Olivier. Vestiges gallo-romains à Narbonne, 74 boulevard Frédéric-Mistral. In:
Revue archéologique de Narbonnaise, Tome 30, 1997. pp. 219-267.
doi : 10.3406/ran.1997.1493
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ran_0557-7705_1997_num_30_1_1493VESTIGES GALLO-ROMAINS
À NARBONNE
74, boulevard Frédéric-Mistral
Maryse et Raymond SABRIÉ*
Avec la participation d'Olivier GINOUVEZ
Résumé - Au cours d'une fouille de sauvetage visant à retrouver les vestiges de l'église médiévale Saint-Félix, on a mis au jour, dans le quartier ouest de
la ville antique, des niveaux d'occupation gallo-romains s'échelonnant du Ier s. av. J.-C. au IIIe s. de notre ère. L'influence de l'Italie se traduit d'abord
par l'importation de céramiques mais se développe plus lentement dans le domaine de la construction qui fait longtemps appel à des techniques tradi
tionnelles. Au milieu du Ier s. de notre ire, une acculturation plus profonde se traduit par la présence de peintures murales proches des modèles campa-
niens et par celle de graffitis qui montrent l'emploi du Latin dans les classes populaires.
Abstract - An emergency excavation aimed at finding the vestiges of Saint-Felix's mediaeval church, brought to light, in the western part of the ancient
town, occupation layers of the Roman period, ranging from the Ist century B.C. to the beginning of the III century A. D. The process of Romanisation
begins with the import of ceramics from Italy, but develops rather slowly in the field of construction. In the middle of the Ist century A.D., the marks of
deeper acculturation appear in the fine murals of the 4th style and graffitos showing the use of Latin in the lower classes of society.
mise au jour d'un linteau de porte avec une inscription dé- INTRODUCTION (O. G., R ET M. S.)
dicatoire, accompagnée de quelques observations rapides, Les informations archéologiques dont tirent substance les
permit de reconnaître l'emplacement de l'édifice religieux. commentaires à venir procèdent d'une fouille de sauvetage
Lorsque débutèrent les travaux pour l'implantation d'une urgent réalisée sous la direction d'O. Ginouvez du 28 février
HLM en 1994, une surveillance de quelques jours (du au 30 avril 1994. La parcelle concernée, n° AI 30 du ca
16 février au 11 mars 1994) confirma la potentialité adastre1, emplacement de l'ancien garage Peugeot, se situe au
rchéologique du site et les risques de destruction. En effet, 74 boulevard Frédéric-Mistral, dénomination qui a été rete
des tombes et des murs dérasés induisant la présence d'un nue pour désigner le site archéologique2.
vaste bâtiment se sont avéré affleurer le sol du chantier déjà
Les textes permettaient de situer dans ce quartier ouest investi par divers engins mécaniques3.
de la ville l'église médiévale Saint-Félix et le cimetière qui
l'entourait, mais ce n'est qu'en 1927 que des découvertes Sur une surface d'environ 400 m2, soit la moitié nord-
fortuites, occasionnées par les excavations pour la construc ouest de la parcelle intéressée, le mode d'approche des
tion d'un garage, attirèrent l'attention des chercheurs. La structures enfouies a été subordonné au souci de concilier
* M. et R. Sabrié, chercheurs associés à l'UMR 154 du CNRS ; (3) O. Ginouvez, Narbonne : 74-boulevard-Frédéric-Mistral, Compte-rendu
O. Ginouvez, chercheur AFAN. de surveillance de travaux, Rapport dactylographié, S.R.A. Languedoc- Sauf indication contraire, les illustrations sont de R. Sabrié. Roussillon, 1994, 1 1 p. La surveillance de travaux devait initialement se l
(1) Délimitée par le boulevard Frédéric-Mistral et les rues du Collège, imiter à l'observation des terres exhumées par une tarière chargée de fonder
Romain et des Colonnes. des pieux pour la construction d'un futur immeuble locatif. La fouille, dé
(2) O. Ginouvez, R. Sabrié, Narbonne : 74-boulevard-Frédéric-Mistral, DFS cidée dans un deuxième temps eu égard aux menaces encourues par les ves
de Sauvetage urgent, Rapport dactylographié, S.R.A. Languedoc- tiges archéologiques dont le caractère superficiel n'était pas présagé, a été
conduite alors que lesdits pieux parsemaient la surface de terrain disponible. Roussillon, 1994, 48 p.
R.A.N. 30, 1997, p. 219-267. 220 M. et R. Sabrié, O. Ginouvez
deux objectifs visant respectivement l'étude des séquences
médiévales et celle des niveaux antiques. Les vestiges gallo-
romains, explorés grâce à un sondage très limité dans
l'angle nord de la fouille conduit par R. Sabrié4, font l'ob
jet de la présente publication, ceux de la période médiévale
seront présentés par O. Ginouvez dans la revue Archéologie
du Midi Médiéval.
I. LES DONNÉES DE LA FOUILLE
(M. S. et R. S.)
Découvertes anciennes
DANS LE QUARTIER OUEST (fig. 1)
Plusieurs découvertes archéologiques ont été signalées, au
siècle dernier, dans le quartier ouest de la ville ; il s'agit de
trouvailles fortuites, effectuées à l'occasion de travaux de
construction ou d'urbanisme, et dont l'emplacement reste
souvent imprécis. C'est du secteur de la gare SNCF, où le
sol a été le plus fortement perturbé, que proviennent
maints éléments décoratifs aujourd'hui exposés au
Musée : mosaïques, sculptures, en particulier le beau
Silène ivre, mais aussi documents épigraphiques ou céra
miques5. En 1927, rue du Collège, ce sont « les débris Fig. 1 : Narbonne, plan du quartier ouest de la ville antique.
d'un grand chapiteau corinthien en marbre et une belle
mosaïque à damiers blancs et noirs »6 qui sont mis au Cependant, des observations effectuées surtout à une
époque plus récente permettent de nuancer cette affirmajour, tandis que des vestiges d'habitat apparaissent à l'em
tion. Déjà en 1924, en creusant les fondations d'une maison placement du Palais du travail7. D'après ces découvertes,
qui ont attiré l'attention en raison de leur caractère spec avenue Carnot9, on découvrit un dépôt d'amphores à 2,50 m
de profondeur. Avenue P. Sémard10, les travaux d'excavation taculaire, voire exceptionnel, les archéologues ont conclu
que le quartier aurait été occupé aux IIe et IIIe s. par de pour la construction d'un immeuble mirent au jour en 1979
riches villas, de plus en plus espacées à mesure que l'on des structures de murs ainsi qu'un bassin en béton de tuileau
avec bourrelet d'étanchéité. Les céramiques recueillies cous'éloigne du centre de la ville8.
vrent une longue période qui va du début du Ier siècle av.
J.-C. au Ve siècle ap. avec une forte prédominance de sigillée
de la Gaule du Sud. Dans la cour de la gare de marchand
ises11, en face de la rue du Collège, un sol d'habitat en
(4) Sur la base d'un cahier des charges scientifique rédigé par Laurenc