INTELLIGENCE STRATGIQUEETVEILLE ¥clairer la ralit, gagner en libert dÕaction LÕintelligence stratgique(notion plus vaste que celle dÕintelligence conomique) recouvre toutes les activits organises qui visent acqurir une information de valeur stratgique, lÕinterprter pour la rendre utilisable en vue de lÕaction, et la faire parvenir aux dcideurs au bon moment. Cette valeur stratgique se mesure notamment la capacit que confre lÕinformation (ici entendue comme Ç les nouvelles È) de rduire lÕincertitude laquelle est confront tout dcideur, de lui fournir des lments de choix voire dÕanticipation et de faire gagner du temps et de la libert dÕaction (notamment par rapport un rival ou un adversaire). QuÕest-ce que sÕinformer(et information stratgique)? ¥Des informations pertinentes et vraies, un but stratgique et juste temps La recherche dÕinformation (terme qui peut recouvrir aussi bien des donnes stockes quelque part que des messages circulant, des ÇnouvellesÈ ou des connaissances relies un ensemble d'autres connaissance) est indispensable pour tout organisation. LÕinformation qui nous concerne ici doit rpondre des critres de : - pertinence (en quoi elle concerne notre projet stratgique et se traduit, par exemple, en termes de dangers et opportunits) - authenticit (bien maner de la source dsire) et vracit (bien dcrire la ralit) - ÇfracheurÈ (parvenir temps pour lÕaction) - exhaustivit (bien couvrir lÕensemble du sujet) - etc.. Desqualitsparfois difficiles concilier avec la dtection des signaux faibles ¥L'information et sesennemis:dsinformation,surinformation,É Acqurir lÕinformation, cÕest aussi se prserver de plusieurs dangers : ¥ ladsinformationdlibre (La dsinformation consiste propager dlibrment des informations fausses pour influencer une opinion et affaiblir un adversaire.) ¥ lasurinformationaccrue par la surabondance de texte et images disponibles sur le Web. La surinformation avec ses inconvnients (impossibilit dÕtre exhaustif, problmes de temps, difficult de remonter la source primaire, confrontation la circulation circulante de lÕinformation..) prsente un autre danger : lÕabondance cre la redondance. En dÕautres termes, on sÕaperoit souvent que le trs grand nombre documents disponibles recouvre une norme part de rptition et traite souvent des mmes sujets. Lasurinformationrenvoie donc la msinformation (la situation de celui qui, finalement, en dpit des sources disponibles, nÕarrive pas savoir lÕessentiel) et la question de lÕagenda (qui dcide de quoi on parle et ce qui fait dbat ?). Du coup, le vrai pouvoir devient celui de faire l'agendaou d'attirer l'attention. ¥ lesecret prolifrant notre poque
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Paradoxede notre socit dite de lÕinformation et qui se rclame tant des valeurs de transparence : le nombre dÕinformation secrtes (cÕest dire dlibrment conserves confidentielles par desstratgies, des procdures lgales ou techniques, est en augmentation exponentielle : secret dÕtat, secret technique ou dÕentreprise, informations dites sensiblesÉ ¥ chacun doit aussi tenir compte de ses propresbiais cognitifs(mode de perception, dÕinterprtation ou de raisonnement erron et rcurrent) et ses propres catgories idologiques ¥ Letrajetde lÕinformation : des faits au savoirSÕinformer ne consiste pas accumuler des donns, mais les traduire en connaissances oprantes, et surtout poser les bonnesquestions.La propagation des informations et des ides obit desrglespropres. ¥Les sources et le sensQualifier les sources, comprendre la nature desmdias: qui mÕinforme, dans quel but, comment a t traite lÕinformation quel sens acquiert-elle pour moi ? etc ¥ SÕinformer dans le monde de lÕimprim: logiques du classementDans la graphoshre (pour employer le vocabulaire de lamdiologie) ou systme de transmission domin par lÕimprim, lÕinformation est fixe sur un support matriel, range quelque part, fixe une date de publication (livre ou article), dont le contenu est accompagn de tout un appareil dit mta-textuel et son classement obit un nomenclature fixe. Nous parvenons au texte qui nous intresse par un systme de recommandation (valuation des pairs, citations, opinion de professionnels de la lecture, rputation..) et en fonction de sa place sur "l'arbre de la connaissance". Nombre de connaissances informelles nous aider valuer a priori la valeur d'un texte.
¥ LÕinformation et lÕimage: les piges de lÕinterprtationLes pouvoirs de lÕimage (gnratrice dÕmotions, toujours construite, particularisante, difficile mettre en perspective, utilise par des stratgies,manipulable..) on t largementcritiqusRaison de plus pour rechercher un Çbon usage des mdiasÈ
¥ La sphrenumrique: une cartographie de lÕattention Quand lÕinformation est la fois numrise et en rseaux, nous devons dlguer la tche de recherche (tche qui consiste dsormais non pas trouver physiquement un livre ou une revue, mais se dplacer dans des flux dÕinformation) : nous dpendons de Çprothses smantiquesÈ, des machines qui interprtent notre dsir de savoir (comme des moteurs de recherche) mais aussi de lÕopinion dÕautres internautes qui en crant ou recommandant des liens, en participant des classifications collaboratives (folksonomies) etc. dirigent notre navigation. Sur Internet, nous nÕavons pas besoin de cartes (qui indiquent o est quoi) mais dÕquivalents lectroniques des portulans (une carte nautique qui indique surtout des routes suivre). Dans le Web 2.0 s'ajoute un problme supplmentaire : la prolifration des sources (blog, forums, parfois simples commentaires sur les rseaux sociaux type Twitter ou Facebook...) dont l'opinion peut avoir un impact sur votre activit, mais dont le reprage peut se rvler plus dlicat que celui
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de sites institutionnels.
Veille: buts et techniquesLa veille suppose la surveillance organise de lÕenvironnement, pour y dceler des menaces ou des opportunits. Mme si le terme sÕemploie hors du domaine conomique (Çveille sanitaireÈÉ), il se rencontre surtout dans le contexte de lÕentreprise : la veille sert dtecter, analyser, faire savoir au sein de sa propre organisation quels facteurs nouveaux peuvent affecter son fonctionnement et ses rsultats. La veille sÕinscrit dans une perspective dÕanticipation au service de la dcision stratgique : d'o l'importance du "nouveau" et du facteur temps. CÕest un lment dcisif de lÕintelligence conomique, mais un lment seulement (avec la protection du patrimoine informationnel -l'aspect scuritaire - et avec l'influence dont il sera question plus loin). En effet, contrairement la documentation qui est la recherche, le classement et la description de lÕinformation en soi, la veille est centre sur la dtection Ç juste temps È des signaux dÕactualit ; elle est donc oriente vers le changement.
¥ Brve histoire politique, conomique et culturelle de la veille
Si laveille(comme en gnral le processus cognitif de lÕintelligence conomique) est pratique depuis quelques sicles, elle sÕest dveloppe et systmatise au cours des dernires dcennies en mme temps que les Technologies de lÕInformation et de la Communication (p.e. : la rvolution des sources ouvertes sur Internet) et dans le cadre de lÕconomie de lÕimmatriel. Elle est caractristique de notre socit que lÕon nomme Çde lÕinformationÈ, ÇdurisqueÈ, ÇenrseauxÈ.
Retenons :
- Que cÕest une dmarche volontaire et organise. Il sÕagit de rechercher lÕinformation formelle (le plus souvent fixe dans un document) ou informelle (recueillie lÕoccasion de contacts ou dplacements) non pour sa valeur culturelle, distractive, esthtique, morale ou autre mais en tant quÕelle rpond une question explicite ou implicite (elle peut porter sur une tendance lourde, sur la dcision, lÕintention ou la simple prdisposition dÕun acteur, sur de simples opinions que partagent diverses parties prenantes, sur une formule scientifique. La question est spcifique chaque organisation en veille.
- Que cette question porte sur une valeur, favorable ou dfavorable, danger ou opportunit, en fonction du dessein stratgique - QuÕil nÕest jamais question que du temps. LÕinformation pertinente nÕa de sens que si 1) elle parvient temps pour prendre la dcision ncessaire 2) si son acquisition prend un temps raisonnable 3) si cette acquisition est conciliable avec la protection de la scurit de ses propres informations. 4) si cÕest aussi est aussi un moyen de gagner du temps. Savoir quelle loi sera adopte, quel type de crise vous menace, comment voluera le march ou la recherche scientifique, ce que fera la concurrence, etc., cÕest conomiser des investissements, des efforts et de lÕintelligence inutiles.