Au hasard Balthazar de Bresson Robert
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

Au hasard Balthazar
F de Robert Bresson
FICHE FILM
Fiche technique
France/Suède - 1966 -
1h30
Réalisateur :
Robert Bresson
Scénario :
Robert Bresson
Musique :
Jean Wiener
Interprètes :
Anne Wiazemsky dans Au hasard BalthazarAnne Wiazemsky
Résumé CritiqueFrançoise Lafarge
Au hasard Balthazar (1965-1966), conte La magie bressonnienne à son apogée. Une
Philippe Asselin philosophique écrit par Bresson, est la vie œuvre dépouillée, grave et émouvante. Elle
d’un âne beau et doux, qui va passer de déroutera certains mais en séduira d'autres
maître en maître, et se trouve chargé, en par la simplicité de l'histoire.
victime expiatoire, des péchés capitaux des Jean Tulard
humains auxquels il est mêlé. Le destin Guide des films
d’une jeune fille, Marie (Anne Wiazemsky,
la future “Chinoise” de Jean-Luc Godard), Grave, rude, baigné d’une étrange lumière
est parallèle au sien. Tous deux accomplis- intérieure, ce film calcine tout sentiment,
sent une passion. L’humanité est triste, toute émotion. “Je fuis les symboles, dit
avec tous ses vices... Bresson. S’il y en a dans mon film, ce n’est
pas moi qui les y ai mis. Mais cela ne me
déplaît pas qu’on les voie.”
Jacques Siclier
Le cinéma français n°1
L E F R A N C E
1D O C U M E N T S
Bresson est un maître dans la manipula- réticences de certains grands du muet ge de réserver une part d’imagination
tion de la bande son. C’est même le seul vis-à-vis du sonore ne venaient pas jus- sur laquelle nous reviendrons). Mais il y
cinéaste qui sache réellement en user. Il tement de la conscience qu’ils avaient a aussi celui plus probant du plan du
n’y a là rien d’étonnant. L’image, qu’on de ces difficultés. Car le risque est énor- réservoir où le seul bruit parcimonieux
le veuille ou non, échappe toujours en me : à ce niveau la moindre erreur vous de l’eau qui coule permet de communi-
partie à l’auteur. Il la choisit, certes, écrase. Une petite différence de ton quer une simple indication de rende-
mais il ne la crée pas : elle lui impose dans la façon de crier "Marie" et le ment, dont nous déduisons l’avarice et
des éléments - acteurs, décors, objets spectateur décroche, alors qu’il aurait la cruauté du maître, tout en ressentant
qui, si malléables soient-ils, ne s’identi- accepté sans sourciller un cri conven- effectivement la douleur de l’âne : ou
fieront jamais parfaitement à la vision tionnel résolument faux. Qu’importe : encore les bruits des coups qu’Arnold
de l’auteur. Composer une image, c’est I’œuvre de Bresson, même s’il faut y ivre porte aux ânes, ce qui permet de
organiser des éléments préexistants que trouver d’inévitables erreurs, est le seul traduire - l'imagination aidant - toute
l’on a choisis au mieux mais dont on ne exemple - malgré les recherches intéres- une scène en un seul plan. On pourrait
peut détruire entièrement l’originalité santes d’un Tati - d’une véritable utilisa- multilplier les exemples qui montrent
propre. Pour un film qui compterait vingt tion de la bande son. Au hasard avec quelle souveraine habileté,
personnages - et c’est peu - il n’est pas Balthazar est une nouvelle démonstra- Bresson organise le vide sonore initial.
possible que I’on trouve vingt fois tion de cette maîtrise. D’abord par la Mais là aussi ce n’est pas un hasard si
l’exacte incarnation de ses rêves. Un cohésion de l’ensemble - qualité particu- cela est le fait du cinéaste le plus per-
paysage ne se plie jamais à vos lièrement rare - où chaque élément a sonnel à la recherche d’une vision cohé-
caprices ; il ressemble plus ou moins à été pensé en fonction des autres et inté- rente du monde.
ce que vous désirez, c’est tout. gré dans une même tonalité. La musique
elle-même paraît avoir été modelée par La maîtrise de l'ellipse
La bande son, au contraire, est un ter- Bresson comme les voix, jusque dans le
rain vierge où tout est possible de par la thème principal (l’Andatino de la 20e Tout comme on ne peut s’étonner de la
seule volonté du créateur. Ce n’est pas sonate de Schubert, si je ne m’abuse) maîtrise de l’ellipse dont fait preuve une
plus facile pour autant. Faire une image dont il me semble qu’il est joué plus œuvre qui procède par signes intellec-
honnête est aisé, avec un peu de goût, "égal" que ne le voudrait la partition. tuels (sans que ceux-ci soient perçus
d’intelligence et d’études. La preuve : la Dans cette cohésion les éclats voulus comme tels par les spectateurs). Ce
majorité des films ont une image sup- prennent tout leur relief, comme les n’est pas l’économie de moyens qui est
portable. C’est normal : après tout il suf- pétards de la fête d’Arnold, ou les bruits admirable chez Bresson, c’est l’efficaci-
fit de se placer en face d’une réalité de la charrette et des pas de l’âne pen- té. Ce n’est pas le dépouillement, mais
concrète et globale et de l’enregistrer dant la course qui précède l’accident (et la richesse de chaque élément qui fait
avec un peu de métier. La nature fait pour ceux qui disent Bresson incapable que tout ajout serait pléonasme. Ainsi
I’essentiel, il ne vous reste que des de se mouvoir ailleurs que dans la len- lorsque Jacques revient (noter comme il
détails à régler. Le son, c’est différent. teur et la monotonie, quelle admirable suffit à Bresson d’un plan de voiture
Au départ c’est le vide. Quatre vingt dix réponse que cette descente-chute !). immatriculée 75, de la notation non sou-
minutes de vide qu’il faut combler en lignée du banc et du ton de la conversa-
choisissant chaque phrase, chaque mot A cette cohésion, première qualité de la tion pour qu’il n’y ait aucun doute sur
de chaque phrase, chaque bruit, chaque bande-son, il convient d’ajouter l’écono- l’identité d’un personnage que nous ne
note de musique, en les ordonnant dans mie de moyens, chaque son étant utilisé connaissons pas physiquement puisque
le temps et dans l’espace. dans sa pleine valeur exprimante. Toute nous l’avions quitté enfant), lorsque
Il faut, de rien, créer un monde qui soit l’ambiance de la messe, pour ne prendre Jacques revient, donc, pour tenter de se
le vôtre. C’est enivrant mais périlleux. que cet exemple, est rendue par un bruit réconcilier avec le père de Marie, il y a
Alors il y a la facilité : dialogues conven- de chaise, un bruissement de tissus et effectivement ellipse de l’entretien. Le
tionnels + bruits synchrones + musique quelques coups de sonnettes. Enfin il plus surprenant n’est pas cette ellipse,
pour boucher les trous. Il y a aussi l’art, faut ajouter que Bresson recourt magis- mais bien que la vision de l’entretien eut
c’est-à-dire I’organisation d’un monde tralement à la bande-son pour alléger été une surcharge inutile car nous avons
sonore où chaque élément, soigneuse- son récit (et par là-même pour exprimer déjà tous les éléments, y compris la
ment prémédité, a sa signification. Ce plus dans la même durée). réponse du père qui coule de source. Il
n’est pas à la portée de n’importe qui. On citera l’exemple évident de l’accident suffisait de la notifier par un signe.
On peut se demander, d’ailleurs, si les provoqué par les jeunes (qui a l’avanta- L’ellipse du pseudo viol répond à la
L E F R A N C E
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CLASSÉE RECHERCHE
8, RUE DE LA VALSE
42100 SAINT-ETIENNE
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Fax : 77.25.11.83D O C U M E N T S
même nécessité car - hors un pitto- vient à son temps dans une complexité Filmographie
resque facile - il ne nous aurait rien viable, où rien ne semble prémédité
apporté que nous ne sachions déjà sur alors que chaque élément l’a été profon-
Les affaires publiques 1934
la psychologie des personnages. dément.
Les anges du péché 1943
Bien entendu quand je parle de pléonas- Et puis il reste enfin à dire que, comme
me ou de surcharge, j’entends pour toute œuvre personnelle, Au hasard
Les dames du bois de Boulogne
l’auteur, pour le mode du récit qu’il a Balthazar pourra être réfuté pour des
1944-45
choisi. Car qu’on ne s’y trompe pas : cet raisons purement subjectives qui n’ont
auto-portrait d’une imagination est rien à voir avec la simple analyse, mais
Le journal d'un curé de campagne
aussi, beaucoup plus que les cubes de beaucoup avec les réactions affectives.
1950
Marienbad, une œuvre de l’imaginaire. Il est évident que Bresson est un auteur
Nous sortons de la salle persuadés chr&

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