Brève rencontre de Lean David

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• Langue: Français

Extrait

Brief Encounter
Brève rencontreF de David Lean
FICHE FILM
fiche technique
G.B. - 1945 -NB - 1h26
RÉALISATEUR :
David Lean
SCÉNARIO :
Noel Coward, David Lean
PHOTOGRAPHIE :
Robert Krasker
MUSIQUE :
Rachmaninov
PRODUCTEUR :
Noel Coward
mant le déchirement lucide de la subjec-NOTES SUR LE FILM
INTERPRETES : tivité de l’héroïne), qui anticipe la con-
Celia Johnson, Irevor struction régressive et analogique desRarement film fut autant victime de faux
Howard, Stanley Howard, films de Richardson, Anderson et Reisz:jugements et de malentendus. Assez
Stanley Holloway, Joyce La Solitude du coureur de fond, Le Prixfroidement reçu en Angleterre (où il
d’un homme ou Isadora, pour ne citer queCarey, Cyril Raynard, Everly choqua par son «audace»), il subit sur le
ceux-là, mais il suffit de penser à l’inno-Greggs continent l’assaut d’un concert de
vation que fut, en son temps, Hiroshima,louanges qui se retournèrent rapidement
mon amour. On s’étonne aussi que per-contre lui tant elles visaient l’aspect le
sonne n’ait deviné l’ironie sous le roman-plus superficiellement rétrograde de son
tisme (le concerto de Rachmaninov...),Synopsis propos. On s’obnubila sur la morale indé-
I’amertume sous la sobriété et un très vifniablement conventionnelle de Noël
Une mère de famille rencon- sentiment de l’absurde sous le documen-Coward - prônée par les uns comme “une
tre par hasard un médecin,
tarisme du constat social. Par là Brèvedimension nouvelle du tragique”, dénon-marié lui aussi. Ils s'aiment,
rencontre est indéniablement actuel (il ycée par les autres comme “une insulte àpuis se séparent, parce que
aurait beaucoup à dire du rôle que joue letout en saimant, ils se l’amour” (Ado Kyrou), - sans voir en quoi,
refusent à détriure leur foyer. background dans la description des senti-sur le plan de la narration et de la forme,
ments et notamment d’une utilisation desle film augurait de l’avenir. Un quart de
temps morts quasiment antonionienne),siècle plus tard (y compris la renaissance
autant par l’acuité du merveilleux scé-avortée du cinéma anglais à la fin des
nario de Noël Coward que par la clartéannées cinquante), il étonne par sa nou-
douloureuse de la mise en scène.veauté. La discontinuité temporelle
Jean-Paul Torokajustée au monologue intérieur lui con-
Dossiers du Cinémafère une structure narrative brisée (expri-
L E F R A N C ED O C U M E N T S
Historiquement, Brève rencontre est une il apparaît transformé. Je me demande la construction dramatique. Et moi je
date exceptionnelle et le film a une comment j’ai pu ne pas voir la passion dois dire que j’aime une bonne construc-
importance comparable - on a trop ten- qui brûlait sous le ton distingué, I’ironie tion dramatique. J’aime à être pris par
dance à l’oublier aujourd’hui - à celle des -et non le romantisme - de la musique l’intrigue quand je vais au cinéma.
grands films néoréalistes italiens de de Rachmaninov dans ce buffet de gare J’aime à être ému. J’aime une bonne
l’après-guerre. ouvert à tous les vents. Le film entier est histoire bien bâtie.”
La qualité de la direction d’acteurs et la frémissant de vie (...) Jamais petite
sensibilité de David Lean ont conservé bourgeoise n’a allié l’émotion à la résig- David LEAN (in Interviews with film
aujourd’hui la même intensité qu’hier. nation avec une précision aussi directors, edited by Andrew Sarris,
Brève rencontre est réellement un film poignante que Laura Jesson (...) Bobbs Memll, 1967).
émouvant. Son réalisme n’est pas un Michael Ratcliffe films and filming
artifice de mise en scène mais un vérita- (Londres)
ble style et sans avoir la douloureuse
tendresse des œuvres de Frank Borzage
ou de certains des plus beaux films hol- David Lean
lywoodiens de la période muette, cette
chronique de la vie quotidienne possède “Si je mets aussi longtemps à faire un film
un indéniable charme qui doit tout à ses c’est parce que je passe beaucoup de Notice biographique
interprètes et à son réalisateur. Le geste temps à travailler sur le scénario avec le
final - je vous laisse le (re)découvrir - en scénariste. Excepté pour Dr Jivago, j’ai David Lean naquit à Croydon, en
est le parfait symbole... souvent participé moi-même assez large- Angleterre, le 25 mars 1908, dans une
André Moreau Télérama ment à l’écriture du scénario. famille bourgeoise. Il fut élevé dans une
Ce qui est important dans le tournage école quaker. Son père voulait en faire
Psychologiquement, les personnages c’est de contrôler les gens qui travaillent un comptable, mais à dix-neuf ans il
sont les moins caractéristiques possi- avec vous, d’encourager leurs initiatives résolut de faire carrière dans le cinéma.
ble.Mais ce pourrait être vous ou moi, ou de les refuser si besoin est. Cela vaut D’abord stagiaire dans les studios, il
et, si cette aventure nous arrivait, nous pour la photographie et le son. Et, bien sûr passa au département montage dont il
réagirions de la même façon n’importe pour les acteurs puisque c’est à travers suivit la filière: aide-monteur, assistant-
quand. D’où l’impression qui vous eux que vous faites passer votre point de monteur d’actualités puis monteur de
obsède tout le long du film: On se croit à vue. Et c’est de cette manière que vous films de fiction. Devenu chef monteur, il
la place des personnages, dont les sen- réussissez à exprimer votre goût person- travailla, entre autres, à Pygmalion
timents sont ceux de tout le monde. nel, à mettre votre empreinte sur le film. (Anthony Asquith -1938) et à deux films
Voilà pourquoi le public les éprouve Avant tout, le metteur en scène est celui de Michael Powell, 49th Parallel (1941)
aussi fortement. L’émotion exprimée est qui choisit ce que voit le spectateur, et le et One of our aircraft is missing (1942).
ici beaucoup plus intense que celle pro- moment où il le voit. Il décide si vous le 11 débute dans la mise en scène en
duite chez le spectateur par telle action verrez en gros plan ou en plan d’ensemble, coréalisant avec Noel Coward, en 1942,
exceptionnelle commise par tel person- de dos ou de face; il décide si la scène In whfeh we serve. I.’année suivante il
nage exceptionnel. sera sombre ou lumineuse, si le rythme en fonde avec Noel Coward, Anthony
C’est que, par un phénomène de subjec- sera lent ou rapide. Et tout cela a un effet Havelock Allan et Ronald Neame la
tivité inconsciente, le spectateur s’iden- sur le spectateur, bien entendu. C’ineguild qui fait partie de
tifie immédiatement avec le personnage Je ne suis pas un réalisateur à mes- l’Organisation Rank. Il y produira tous
qui n’est pas différent de lui. Ainsi peut sages. Je laisse cela aux philosophes. ses films jusqu’en 1952, époque où il
s’établir entre l’auteur et le public cette Je considère que mon rôle est de diver- s’associe à Sir l\lexander Korda. panir du
communion qui est l’aboutissement de tir les gens. Pont de la Kivière Kwai, il passe à la
toute création artistique. Il m’arrive souvent de penser que je suis production internationale, largement
Jacques Bourgeois La Revue du Cinéma démodé. Et cela me désole. Mais j’aime financée par les capitaux américains.
La première fois où je l’ai vu, j’ai trouvé avoir une bonne histoire à raconter, bien D’abord marié à la comédienne Kay
Brève rencontre embarrassant, inau- solide. J’aime qu’il y ait un début, un Walsh, il épousa en secondes noces une
thentique et d’un intérêt purement his- milieu et une fin. J’ai vu pas mal de ces autre actrice, Ann Todd. Son frère
torique. J’ai pensé qu’il avait vieilli nouveaux films qui ressemblent à des Tangye a dirigé les services européens
irrémédiablement (...) Huit ans plus tard, journaux intimes (...). Ils se moquent de de la BBC.
L E F R A N C E
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