Ceux d’en face de Pollet Jean-Daniel

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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
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Extrait

FICHE FILM

Ceux dÕen face 

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MichaÎl Londasle

D O C U M E N T

expÈdie rÈguliËrement. Jusqu'au jour o˘É Nanti du minimum narratif vital, berce et captive insidieusement par l'Èclat poÈtique d'un texte off criblÈ de salves rimbaldiennes et par la gr‚ce d'une mise en scËne ‡ la limpiditÈ et ‡ la musicalitÈ remarquables Ð musicalit n'Èmanant pas seulement de la partition d'Antoine Duhamel mais, plus intime- ment, du complexe rÈseau d'Èchos, de pauses et de reprises ÈlaborÈ par Pollet et sa monteuse FranÁoise Geissler. Contin˚ment minÈ par le manque, la dis- parition et le sentiment tragique que le monde galope ‡ sa perte, Ceux d'en face, optant pour une inflexible dignitÈ, se tient fermement ‡ l'Ècart de toute pose doloriste comme de toute vellÈitÈ pontifiante. (É) JÈrÙme ProvenÁal Les Inrockuptibles - 26 sept. 2001

On connaÓt trop mal Jean-Daniel Pollet, auteur d'une Ïuvre subtile et passion- nante, au croisement de la fiction, du documentaire et de l'essai, dont les fidÈlitÈs parlent d'elles-mÍmes (l'acteur Claude Melki, le poËte Francis Ponge, le romancier Philippe Sollers, le composi- teur Antoine Duhamel). L'actualitÈ la met doublement en lumiËre ces pro- chains jours. Du 3 au 22 octobre d'abord, le Centre Pompidou consacre au cinÈaste une rÈtrospective intÈgrale, qui permettra de dÈcouvrir ou de revoir ses films inoubliables, depuis Pourvu qu'on aitl'ivresse(1958) jusqu'‡Dieu sait quoi(1993), en passant par le mÈditatifMÈditerranÈe(1963) ou l'im- probableRue Saint-Denis(1963), sket- ch scellant la rencontre de Micheline Dax et de Claude Melki dans le cadre du film collectif de la Nouvelle Vague, Paris vu par. C'est ensuite, et dËs mercredi 26 sep- tembre 2001, la sortie nationale de son nouveau film,Ceux d'en face, qui remet sur le chantier quelques mot

chers au cinÈaste depuis le dÈbut de s carriËre : celui de l'enfermement et d l'Èvasion, de la solitude des individu confrontÈs ‡ la vanitÈ et ‡ la cruautÈ d monde, de la vie hantÈe par la prÈsenc de la mort. Ces thËmes se dÈgagent ici d'un esquisse de fiction, maniËre de huis clo ‡ deux personnages filmÈ dans une bas tide du sud de la France, et dont le prin cipal enjeu consiste prÈcisÈment ‡ sug gÈrer, par-del‡ la clÙture de l'espace e la rÈpÈtition des situations, la prÈsenc hÈtÈrogËne de l'autre et du monde MikaÎl (Michael Lonsdale), musicie philosophe et solitaire, y accueille Lind (Valentine Vidal), une jeune femme char gÈe par son compagnon, SÈbastien, d classer, en vue d'une exposition, la cen taine de photographies qu'il a confiÈe avant son dÈpart ‡ MikaÎl. L'installation de Linda dans la maison qui ouvre le film, va donner lieu ‡ deu rÈcits croisÈs : celui de la relation qui s'instaure, en dÈpit de leur rÈserve et d leur timiditÈ, entre MikaÎl et Linda, e celui de la poursuite du dialogue entr Linda et SÈbastien, en dÈpit de so absence qui se prolonge, par le biais d ses photographies, de ses textes et d ses messages enregistrÈs sur cassettes. Souvent filmÈs dans la solitude de leur occupations respectives - le classemen des photographies pour Linda, la compo sition d'un psaume pour MikaÎl -, la ren contre des deux personnages physique ment prÈsents dans le film est d'emblÈ placÈe sous le sceau, invisible mai actif, du troisiËme, dont l'absence prÈsi de ‡ leur rencontre, occupe leurs pen sÈes et nourrit leur dialogue. Parmi les photographies et les texte laissÈs par SÈbastien - tous hantÈs pa la question du mal et de la souffranc des hommes, mais aussi par le prodi gieux miracle de la vie -, une feuille d papier qui porte la formule "1 + 1 = 3 Èvoque cette propriÈtÈ de toute relatio ‡ s'inscrire dans l'ombre d'un tier absent, et plus gÈnÈralement de tout '

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et celui qui la regarde, qu'en vertu d'un ordre qui ne serait pas celui du visible. Cette formule magique, qui serait Ègale- ment une bonne dÈfinition du montage, est un peu le sÈsame du film de Jean- Daniel Pollet, dans lequel le personnage de MikaÎl reconduit cette problÈmatique jusque dans son travail de composition, en la portant, par la non-figurabilitÈ de la musique, ‡ son plus haut niveau de mystËre. Aussi bien la question ultime deCeux d'en faceest-elle la suivante : que fait- on de l'absence, quelle place accorde-t- on ‡ cette part d'ombre qui, tout ‡ la fois, nous accompagne et nous constitue notre vie durant ? La paisible et inquiÈ- tante beautÈ du jardin o˘ s'attarde, dans un mouvement constant de va-et-vient, la camÈra de Pollet, les images d'hor- reur et de bonheur que tente de classer Linda loin du bruit et de la fureur du monde dont elles sont prÈlevÈes, les sons que MikaÎl tente de mettre en musique, et jusqu'‡ la relation qui s'ins- taure doucement entre les deux person- nages, tout cela pose la question, depuis le microcosme mis en scËne dans le film, de l'ordonnancement du chaos et de la souffrance des hommes ‡ travers l'universel de l'art. (É) Jacques Mandelbaum Le Monde Interactif - 25 Septembre 2001

(É) Si le film de Jean-Daniel Pollet est dÕun abord boiteux et hermÈtique, plom- bÈ par une voix off qui sÕobstine ‡ venir brouiller les images, il se rÈvËle progres- sivement ‡ travers lÕapparition des pho- tographies, vivantes et violentes. Les plus belles sÈquences sont des respira- tions, rythmÈes par lÕoscillation dÕune pierre, un soupir, un regard. Rares sont les moments o˘ lÕalchimie entre le texte et la voix off et les images fonctionne pleinement, et ce sont finalement les scËnes de repas et de discussion entre MikaÎl et Linda qui contribuent ‡ intro-

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atmosphËre lourdement chargÈe. Ce qui fait toute la beautÈ fragile de c film rÈside plus volontiers dans le errances dÕune camÈra qui refuse d rester trop longtemps statique et l finesse avec laquelle le cinÈaste effleu re la surface des photographies, instal lant une cosmogonie mouvante autou de ces astres immobiles. CÈcile Nicouleau CinÈastes N∞4 - sept. - nov. 200

Notes dÕintention filmiqu (avant tournage)

Chacun se souvient deNuit e BrouillarddÕAlain Resnais. Le film mo trait ce qui reste du plus grand cam dÕextermination nazi : Auschwitz. Le fil Ètait concentrÈ autour de longs travel lings, simples et raffinÈs ‡ la fois, qui non seulement amplifiaient par leu poids le Òmal absoluÓ, mais tout en re dant comme ÒvivantÓ le gÈnocide, lai sant la place libre au commentaire de Jean Cayrol.

JÕai ressenti, au souvenir de ce film, qu je devais appliquer ce principe (a priori assez simple) ‡ la plupart des sÈquences deCeux dÕen face, en privilÈgiant parti culiËrement celles o˘, dÕune maniËre o dÕune autre, apparaissent les photos q auront ainsi un surcroÓt de vie, ‡ lÕinst des protagonistes. Je note ici que presque toutes les photo seront vues ‡ plusieurs reprises, dans des contextes diffÈrents, de faÁon ‡ ce quÕelles nous deviennent familiËres, quÕaprËs les chocs initiaux, puisse ven le temps de la rÈflexion. RÈflexion ryth- mÈe par les lettres de lÕAbsent.

Ceux dÕen facene risque pas dÕapp raÓtre comme un huis clos, parce quÕil aura dans ce film une grande variÈt ÒdÕailleursÓ. En effet, chaque photo no montre quelque chose ou quelquÕu venant dÕailleurs, chaque lettre d lÕAbsent provient Ègalement dÕailleurs la musique de MikaÎl pourrait venir de nÕimporte o˘.

La pÈriode du tournage doit impÈrative ment se situer entre le 15 mai et le 3 juin. Avant, la nature nÕest pas ‡ so apogÈe et le jardin, une des piËces maÓ tresses du film, nÕest pas encore en ple ne floraison. Ensuite, le ciel dÕÈtÈ sÕi talle avec le chant des cigales qui l accoma neavec sa sonoritÈ ti u

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litÈ voulue. Il faut ‡ ce film la lumiËre douce des mois de mai et juin, en contrepoint ‡ la brutralitÈ des photos choisies.

Je cherche une mise en scËne sÕasso- ciant aux thËmes, les accompagnant, elle devrait Ítre pleine et lisse, comme un oeuf. Tout est question de distance, je veux dire de bonne distance. Cela est question dÕinstinct - Bonne dis- tance, que la camÈra et les personnages soient en mouvement ou ne le soient pas.

Ceux dÕen facedevrait Ítre un long poËme douloureux avec des Èclaircies ‡ lÕinstar de Linda qui, composant une galerie quÕelle souhaite idÈale, apprivoi- se les vivants et les morts. Un long poËme douloureux qui pourrait Ítre celui dÕun homme ou dÕune femme qui sort dÕun camp de concentration en retrou- vant ‡ sa porte la nature intacte, qui nÕa pas encore subi la dÈforestation amazo- nienne.

Note sur la musique

Antoine Duhamel a travaillÈ sur la musique dÕune bonne partie de mes films. CÕest lui qui composera celle de Ceux dÕen fac.e Dans le film, la musique que compose MikaÎl est en osmose avec le travail de Linda dans la ÒgalerieÓ. On peut ajouter ‡ cette osmose, les lettres presque quoti- diennes de ÒlÕAbsentÓ, lÕomniprÈsence du jardin et du verger qui donnent ses fruits en juin. Tout cela devrait sÕassembler, comme dans une symphonie dont les thËmes principaux reviennent sans cesse avec

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phonie gÈnÈrale, que le montage devrai Note sur les photosFilmographie sublimer en amplifiant toutes les pulsion arythmiques de cette polyphonie. Certaines des photos filmÈes choisie Longs mÈtrages par Linda seront multipliÈes, et certaine Jean-Daniel Polle agrandies. Ces Òphotos pharesÓ ponctu La ligne de mire1959-1960 Dossier distributeu ront inlassablement les assemblages. Une balle au coeur1965 Il pourrait nÕy avoir jamais de fin ‡ c Nikos Kazantzakis1966 assemblages, tant les photos sont nom Tu imagines Robinson1967 breuses. Cependant il faudra bien choisi LÕamour, cÕest gai, lÕamour cÕest tr1is9t6e8 le moment o˘ le travail inlassable d Le maÓtre du temps1970 Linda sÕarrÍtera. Il faudra choisir de sto Le sang1971 per la machine avant quÕelle n LÕacrobate1975 sÕessouffle, cÕest-‡-dire en pleine a Pour mÈmoire1980 gÈe. Contretemps LÕarbre et le soleil1990 Trois jours en GrËce Dieu sait quoi1992-1993 Note sur lÕexposition Ceux dÕen face2001 Le rÈalisateur Elle se prÈsente comme un immense je Courts mÈtrages de cartes o˘ les photos peuvent change Il se partage entre des oeuvres ambi de place comme les cartes dans le Pourvu quÕon ait lÕivresse1957 tieuses commeLa ligne de mirequi s mains dÕun joueur. Ces cartes sero Gala1962 voulut manifeste dÕun nouveau cinÈm relancÈes, les autres et les mÍmes, de l MÈditerranÈe1963 MÈditerranÈequi bÈnÈficie dÕun co mÍme faÁon et indiffÈremment (P Rue Saint-Denis mentaire de Philippe Sollers ouL Sollers). Relancer les cartes ne condui Bassae1964 maÓtre du temps, un film de science Èvidemment pas ‡ trahir leur sen Le horla1966 fiction dÕun abord particuliËrement diff propre, unique. Au contraire, par le biai La femme aux cent visages cile, et de lÕautre cÙtÈ des comÈdie de la formule 1 + 1 = 3, donnÈ ‡ Linda pa Les mariÈs de Robinson commePourvu quÕon ait lÕivressee SÈbastien comme clef pour les assem Chez George et Rosy ce dÈlicieuxAcrobatesur les concour blages. 1 + 1 = 3, cÕest-‡-dire quÕil arri Les morutiers de danse, qui doit beaucoup ‡ son scÈ que la juxtaposition de deux photos LÕordre1973 nariste Jacques Lourcelles. Sorte d choisies convenablement, conduise ‡ un Pascale et Madi1976 Janus bifrons, Pollet occupe une place sorte deplusque le = attendu (cf : traite part dans le cinÈma franÁais. ment pour plus de dÈtails sur cette idÈe). Jean Tular Il en va dÕailleurs de mÍme pour le mo Dictionnaire du cinÈm tage.

Note sur les lettres adres sÈes ‡ Linda

Elles doivent libÈrer le film de toute attache jusquÕ‡ faire planer un doute sur le se mÍme du film. On peut trouver dans ce parti pris une sorte de morale consistant ‡ laisse une grande part dans lÕinterprÈtation d lÕensemble du film. Elles seront en quelqu sorte des participants privilÈgiÈs de la p

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Dossier distributeur TÈlÈrama - Le Monde Interactif - 25 Septembre