Dies irae de Dreyer Carl Theodor
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

Jour de colère
Dies Irae
de Carl Théodor DreyerF
FICHE FILM
fiche technique
Danemark - 1943 - 1h45
Réalisateur :
Carl Théodor Dreyer
Scénario :
Carl Théodor Dreyer
Musique :
Poul Schierbeck
Interprètes :
Throkild Roose
(Absalon Pederssen)
Lisbeth Movin
(Anne Pedersdotter)
donnée par son amant, trop faible etRésuméSigrid Neiiendam
influençable pour la défendre, se condam-
(Merete) nera elle-même au bûcher en refusant deLe vieux pasteur Absalon a épousé Anna,
nier son pouvoir magique et en reconnais-Preben Lerdorff Rye la fille bien jeune d’une présumée sorcière
sant implicitement être responsable de laqui bénéficia, vraisemblablement grâce à(Martin)
mort de son mari.cette union, de la clémence du tribunalAlbert Hoeberg
ecclésiastique. Alors qu’une vieille femme
Critique(l'évêque) accusée de sorcellerie va être conduite au
bûcher, le fils d’Absalon, Martin, de retourOlaf Ussing
"Un Rembrandt vivant"de voyage, rencontre sa belle-mère et en
(Laurentius)
tombe éperdument amoureux... Ce senti-
Ce qui frappe dès l’abord, c’est l’habiletéAnna Sviekier ment est partagé par la jeune femme. Le
de ce scénario où Dreyer est parvenu àpasteur va payer de sa vie cette passion(Marte Herlof)
ménager à la fois la vraisemblance histo-qu’il n’a pas vu naître et s’affirmer ; sa
rique et les exigences rationalistes dumère arguant de l’étrangeté de la mort
public moderne. Tous ces actes de sorcel-s’emploiera alors à dénoncer l’héritage
lerie peuvent n’être que coïncidences, maisdiabolique d’Anna. La jeune veuve aban-
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si troublantes que le seul hasard paraît rapprochent de l’art d’un Rembrandt, re les images de l’étrange alchimiste.
bien improbable. Le désespoir final de mais cette gravité quasi statique qui Henri Agel
l’héroïne expliquerait aussi bien l’aveu domine l’univers clos de la tragédie est Extrait de "Les grands cinéastes que je
que le mensonge. En sorte que I’action entrecoupée d’images claires prises propose ") Ed. du Cerf
bénéficie à la fois d’une parfaite justifi- dans des paysages couverts de brumes
cation psychologique, d’une hypothé- ensoleillées où se déroulent, comme
tique intervention surnaturelle et même enveloppées d’une douce sensualité, les Dies Irae : condensation du
de l’équivoque entretenue entre ces promenades d’Anne et de Martin, telle Procès de Jeanne d'Arc et de
deux plans dramatiques. Mais la véri- une cantate qui opposerait sa liberté, Vampyr
table originalité de Jour de Colère ses vivantes modulations à la religieuse
réside évidemment dans la mise en solennité du chant grégorien. C‘est en revoyant régulièrement Dies
scène. Volontairement et savamment Ici et là, les mouvements de caméra Irae, en entier ou par fragments, avec
picturale, elle recherche et atteint le aboutissent toujours à un cadrage fixe des étudiants en cinéma - puisque
style de la peinture flamande. Grâce à qui compose avec les individus et le l’enseignement universitaire, dans ce
une science admirable des lumières et décor une architecture signifiante. Mais domaine, est largement tributaire des
du cadrage servie d’ailleurs par l’opposi- si l’on pense incessamment à cassettes vidéos disponibles, enregis-
tion de ton des costumes (robes noires Rembrandt, Franz Hals ou Vermeer, ce trées ou achetées - que je me suis aper-
et fraises blanches), la moitié du film est n’est point par le fait d’une quelconque çu qu’il était moins le premier volet
un Rembrandt vivant. Les décors d’une imitation, comme par exemple dans La d’une possible trilogie homogène et en
sobriété subtile sont suffisamment réa- kermesse héroique. Dreyer ne les mouvement (Ordet, Gertrud) que la
listes pour éviter l’abstraction délibérée imite pas : il les retrouve dans l’expres- condensation de deux films où Dreyer,
qui entourait les visages de La Passion sion d’une semblable atmosphère, par stylistiquement, a accompli le grand
de Jeanne d’Arc, et pourtant assez pur souci de réalisme plastique; un "réa- écart : Le Procès de Jeanne d Arc et
stylisés pour n’être plus guère qu’une lisme" qui donne de l’époque considéré Vampyr. Anne, I’héroïne de Dies Irae,
architecture dramatique et picturale où une vision à peine transposée mais réel- tout comme Jeanne d’Arc, finira au
répartir avec précision les masses de lement transfigurée. bûcher. L’une, par amour du lointain,
lumière. Par bien des aspects dans la Jean Mitry invisible et absolu (Dieu), qui ruine la
tradition du cinéma muet, Dies Irae Extrait de "Histoire du cinéma" médiation de l’église en tant que repré-
s’est pourtant donné l’élégance d’utili- Ed. Jean-Pierre Delarg sentation et intercession de ce divin.
ser le son avec un raffinement suprême. L’autre, par amour du prochain, pour
Le timbre et l’intensité des dialogues, avoir désiré celui qui était le plus proche
presque leur pleine valeur et les "Une liturgie de la torture" (Martin, le fils d’Absalon), touchant
quelques cris qui déchirent ce velours inconsciemment à l’interdit de l’inceste
sonore nous saisissent d’effroi . Le malaise, qui persiste longtemps qui menace de détruire l’édifice familial,
André Bazin après la projection, est comme le pro- autre rempart institutionnel au cœur de
Extrait de "Le cinéma de la cruauté", longement indéfini de ces interrogations la loi de la reproduction de l’espèce.
Ed.Flammarion que posent non pas le sujet même ni le Dans Vampyr, il y a le livre-testament
dialogue du film, mais sa coulée engour- (“A ouvrir après ma mort”) que le châte-
Aucun gros plan, dans Dies Irae, n’est dissante et irréelle, la sourde retenue lain lègue à son fils adoptif, David Gray,
aussi souligné ou fragmentaire que dans des gestes, des paroles et des sons, le car c’est ce geste et ce don qui fondent
Jeanne d’Arc ; les personnages sont leitmotiv du cantique chanté par des leur lien. Pour tuer les vampires, il suffit
généralement vus en buste ou en pied. voix d’enfants. Ce malaise, en fin de de joindre le geste physique à celui de
Les rapports des personnages entre eux compte, n’est pas seulement d’ordre spi- la lecture. Ce passage de l’oeil à la main
sont moins démontés que dans Jeanne rituel. Assurément, Dreyer dégage ici (lire pour tuer), c’est le domestique qui
d'Arc.(...) avec force une présence du sacré, mais l’accomplira. De son côté, David Gray le
Là où Jeanne d’Arc est concertée, ne met-il pas une certaine complaisance transgressera à partir du corps de l’autre
Dies Irae devient pur concert. dans la cruauté qui colore son histoire ? (Gisèle), ce grand livre de la vie qui va
Dans les scènes du procès, dans le final Dies Irae s’élève à une esthétique, l’ouvrir au monde du désir. C’est ainsi
tragique, le rythme lent, la solennité des presque à une liturgie de la torture (déjà qu’il passera de l’œil (le visage de
gestes, du mouvement, des attitudes, la sensible avec Jeanne d’Arc), et il est Gisèle en gros plan, page arrachée à la
rigueur très structurée du cadrage et des bien difficile de savoir si c’est seule- lecture du livre qu’on lui a imposé) à la
éclairages composent des images qui se ment le souvenir de la Passion qui inspi- main, vers cet insert où les mains de
L E F R A N C E
SALLE D'ART ET D'ESSAI
CLASSÉE RECHERCHE
8, RUE DE LA VALSE
42100 SAINT-ETIENNE
RÉPONDEUR : 77.32.71.71
2
77.32.76.96
Fax:77.25.11.83D O C U M E N T S
David Gray défont les liens qui enserrent Filmographie
celles de Gisèle aux barreaux d’un lit. Au Danemark :
Dans Dies Irae, lors de la scène du Vandet palandet 1945
bûcher, les mains de la vieille Herlofs (L’eau à la campagne, c.m.)Au Danemark :
Marte ne seront pas dénouées car une
Praesidenten 1920
autre main, dès le premier plan du film, Den Danske Landsby Kirke1947(Le président)
en trempant sa plume dans l’encrier, (L’église du village, c.m.)
signe son arrêt de mort. Auparavant, sur
Blade af Satans Bog 1920
les lettres du générique, les pages d’un De naede Fargen 1948(Feuillets arrachés au livre de Satan)
livre ancien glissent sous la caméra, (lls ont attrapé le bac, c.m)1920
rappel de ce bonheur perdu où le Livre, à
la fois Ecrit et Image, lettre et enluminu- Thorwaldsen 1948En Suède :
re, était, pour reprendre une idée chère
Praesteenken 1921
à Pierre Legendre, une maison habi- Et slot i et sl

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