El Che : enquête sur un homme de légende de Dugowson Maurice

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• Langue: Français

Extrait

El Che : enquÍte sur un homme de lÈgende de Maurice Dugowson FICHE FILM Fiche technique

France - 1997 - 1h36 Couleur / N. & B.

RÈalisateur : Maurice Dugowson

ScÈnario : Maurice Dugowson Pierre Kalfon

Monteur : Joseph LicidÈ

Son : Jean-Louis Valero

Documentaliste : Anne Gaussens

L E

D O C U M E N T

Les f dout lÕen Le g Mae Mais dÕu suivi Sa di dÕAl Ses films Ses fin tr Son i gatio Oui, t Quan Ètait dans Veni Bello etL anno du C trave mort, toujo CÕe quel faire Cheª

LÕimpact de lÕhomme une histoire de lÈgende

Un symbole mystÈrieux et vivace

Pourquoi, alors que les notions dÕentr prise, de marchÈ, de compÈtition, d profit semblent avoir pris le pas su toute autre valeur, une figure comm celle du Che, en complet dÈcalage ave notre Èpoque, sÕobstine-t-elle, au-del des commÈmorations et anniversaires, demeurer vivante ? Le monde, il est vrai, est devenu unipo laire, lÕÈpoque irrÈsistiblement libÈral avec son corollaire naturel, la rentabilit ‡ nÕimporte quel prix social et lÕarge roi dans tous les domaines de la vie col lective. La main invisible du march dicte sa loi aux hommes. Comment dan cette logique, le combat anti-impÈrialis te du personnage, - impÈrialiste, quel gros mot ! compÈtition internationale cÕest tellement plus dÈlicat - nÕappar trait-il pas obsolËte et dÈj‡ complËte ment dÈpassÈ par notre prÈsent LÕobservateur acquis ‡ lÕÈvidence de fin de lÕhistoireª consentira dans l meilleur des cas, ‡ ne regarder ce phÈ nomËne quÕavec une condescendanc agacÈe. Il faut pourtant y regarder de plus prË car tout dans cet homme, dans sa desti nÈe, dans sa part de mystËre, dans le idÈes quÕil a lancÈes comme dans l modËle emblÈmatique quÕil a laissÈ ‡ l postÈritÈ concourt, aujourdÕhui encore, faire de sa trace dans lÕhistoire un ph nomËne dÕune force inhabituelle.

Qui Ètait le Che ?

La mÈmoire collective, dans la foulÈe d la RÈvolution cubaine et de nombreu militants rÈvolutionnaires, lÕa souve figÈ dans la position schÈmatique d ´guÈrillero hÈroÔqueª. Elle en a souven fait unuerrier intransieant, uret dur

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fascinÈ par la chose militaire mÍme si lÕhomme vÈritable, derriËre son effigie, se rÈvËle infiniment plus complexe. Depuis sa disparition, la question ´qui Ètait le Che ?ª restait un chantier large- ment ouvert tant lÕhypertrophie de lÕimage obscurcissait la rÈalitÈ de lÕindi- vidu. Ces derniers temps, quelques lumiËres nouvelles viennent nous Èclai- rer.

Une image dÈformÈe

Pour apprÈhender correctement lÕimpact de lÕhomme dans lÕhistoire et dans la mÈmoire, il faut se remÈmorer lÕÈpoque mouvementÈe qui lui sert de thÈ‚tre dÕopÈrations. Il est protagoniste dans un temps trËs court dÕune voie originale de ´passage au socialismeª (1959), du pre- mier revers en AmÈrique latine des nord-amÈricains (1961), dÕune crise mon- diale entre les blocs (1962), tout en Ètant Ègalement contemporain de la dÈcolonisation, dÕun tiers-monde Èmer- gent et du schisme sino-soviÈtique. Pas moins. Les annÈes soixante pouvaient laisser penser que lÕhistoire hÈsitait ‡ choisir son camp. La dÈcolonisation aidant, le face ‡ face entre les deux superpuissances planÈtaires, fait inÈdit dans lÕhistoire, prenait une tournure incertaine et lÕavenir pouvait sembler un jeu grand ouvert. CÕÈtait, en rÈsumÈ, lÕanalyse chinoise. Le dÈcor Ètait plantÈ pour lui permettre de jouer sa piËce, dÕincarner le rÈflecteur le plus achevÈ des espoirs et des fulgurances dÕune gÈnÈration. Dans une histoire personnelle ‡ la fois rÈsultat et source dÕune dÈcennie de bouleversements et dÕidÈaux politiques, les ÈlÈments dÕinterprÈtations restaient alors beaucoup plus puissants que les faits Ètablis. Miroir rÈflÈchissant et dÈformÈ dÕune Èpoque de confrontation politique, la place du hÈros, jusque dans son propre camp, semblait pouvoir ne favoriser que rÈactions tranchÈes...

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tÈmoignages ont abondÈ dËs sa dispari tion. Dans les meilleurs des cas, de biographies succinctes et lacunaires on ÈtÈ rapidement Ècrites. De larges zone dÕombre restaient, restent encore ine plorÈes. Mais les synthËses et les avan cÈes dans la connaissance ont d˚ attendre ce 30e anniversaire... JusquÕ ce qui fut longtemps un mystËre, le restes du hÈros qui viennent dÕÍtre enfi et opportunÈment retrouvÈs.

LÕhomme LÕhomme, ‡ lÕimage de sa trajectoire formidablement pluriel. Asthmatique, il est particuliËrement sportif ; Ènorm lecteur, il est viscÈralement migrateur sceptique et sarcastique, il est extra ordinairement actif et volontariste... LÕÈnumÈration serait longue. Son exi tence durant, il sÕintÈresse ‡ tout : la li tÈrature, la poÈsie, la politique, la thÈo rie, les maths, les Èchecs, les randon nÈes, le dessin, la photographie, la gra phologie nous dit-on... Sa soif d connaissance et sa curiositÈ sont telle quÕil participe mÍme ‡ lÕÈlaborati dÕune machine ‡ couper la canne. Si quelques traits majeurs incontes tables se dÈgagent de sa personnalitÈ celle-ci compte trop de facettes pou nous restituer un personnage simple e unique. Il est dur, exigeant, intËgre, fidË le, volontaire, tÈmÈraire, travailleur mÈthodique, ironique, direct, anticonfor miste, irrÈvÈrencieux, impitoyable ave les traÓtres - nÕa-t-il pas ÈtÈ ainsi livr dans la forÍt bolivienne ? - mais incon testablement humain jusque dans l confrontation : il soigne et alphabÈtis autour de lui paysans de la Sierra e compagnons dÕarmes et des soins Èqu valents sont par principe portÈs au blessÈs de lÕadversaire. Plus tard, il fo mera et poussera ‡ la formation ses col laborateurs et autour de lui dans so ministËre. ´Autoritaireª, peut-Ítre, dan la guÈrilla, mais nÕa-t-il pas ÈtÈ ‡ lÕinit tive dÕun grand dÈbat dÈmocratique

matiËre Èconomique sur la plac publique ‡ Cuba ? ´IntÈgristeª, ´fonda mentalisteª a-t-on pu lire parfois, mais nÕaccueille-t-il pas dans son ministËr des hommes mis sur la touche ‡ diffÈ rents niveaux de la hiÈrarchie cubaine NÕa-t-il pas ÈtÈ jusquÕ‡ faire d homme, Oltuski, avec qui il sÕÈtait to dÕabord accrochÈ durement, un de se proches collaborateurs ? La difficultÈ dans le dÈcryptage de ce caractËre com plexe, est que pas un trait ne domin totalement lÕautre au point dÕen fai une personnalitÈ strictement univoque. Chacun pourra y puiser les ÈlÈments qui confirmeront ses postulats positifs o nÈgatifs sur lÕindividu. En forÁant le pr jecteur sur tel aspect plutÙt que tel autre de son tempÈrament, on en arriv mÍme ‡ dÈcrire une figure dÈconcertan te, parce que parfois plus contradictoir que complexe mÍme si sur le plan poli tique, lÕorientation est rectiligne. Peu Ítre parce que cet homme est plusieur en un ‡ une vitesse Ètourdissante, peut Ítre parce quÕil est parfois la chose son contraire, ‡ la limite du hÈros d roman, du personnage de littÈrature e de lÕimage dÕ…pinal, il en devient moment de rÈflexion sur lÕhistoire et s la destinÈe humaine.

Les luttes de libÈration

Ses thËses en matiËre de lutte de libÈra tion nationale sont pÈrimÈes, nous affir me-t-on. Pour lui, il nÕÈtait pas nÈcessa re que toutes les conditions objectives de la lutte soient rÈunies pour la com- mencer. Un petit groupe dÕhommes dÈc dÈs et bien prÈparÈs pouvait sÕy eng ger. Lorsque les sandinistes abattent l rÈgime de Somoza au Nicaragua, 20 an aprËs Cuba, la genËse de la lutte rÈpon dait pour une large partie ‡ ces prin- cipes. Le Front Sandiniste avait ÈtÈ crÈ en 1961 en pleine pÈriode guÈvariste. Si les modalitÈs de lÕaction contre la dict ture somoziste ont pu Èvoluer au fur et

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expÈrience guÈvariste nÕen est pas moins prÈsente, voire omniprÈsente. La chute de la dynastie Somoza nÕest pas lÕinvalidation des principes de lutte guÈ- variste. LÕordre du jour des dirigeants sandinistes nÕÈtait Èvidemment pas dÕattendre que les conditions objectives soient m˚res pour une prise du pouvoir... par des Èlections rÈguliËres. Plus prËs, une autre guÈrilla, la guÈrilla salvado- rienne, trËs professionnalisÈe, reste active jusquÕen 1990. CÕest le rapport de force quÕelle a imposÈ qui a permis sa rÈinsertion dans la vie civile. Et cÕest souvent lÕexistence, ne serait-ce que symbolique, de foyers armÈs qui permet de crÈer un rapport de force et fait timi- dement avancer les choses. Le verbe du sous-commandant Marcos, si moderne, si prisÈ par nos Èlites occidentales, serait-il aujourdÕhui entendu, si celui-ci, fort des acquis des expÈriences passÈes et conscient des limites actuelles du rapport de force armÈ, nÕavait pas com- mencÈ par construire clandestinement une armÈe, et par prendre 5 villes, mÍme symboliquement, au Chiapas ? On peut penser que les armes, le rapport de force armÈ, avec toutes les idÈes stratÈgiques qui en dÈcoulent ne sont pas prËs de totalement sÕÈteindre tant quÕexistent en AmÈrique latine les pola- ritÈs sociales abyssales qui en sont tou- jours plus ou moins le terreau. LÕhistoire est un long processus de digestion et de dÈpassement. Le guÈvarisme, le foco- guÈvarisme et les principes qui en dÈcoulent sont des maillons de la chaÓ- ne. LÕÈpoque faisait des armes lÕexpres- sion la plus achevÈe de la confrontation idÈologique. AujourdÕhui le mÈdiatique tend ‡ prendre le relais. Il fallait proba- blement en passer par l‡. Ce qui importe au-del‡ des ÈnoncÈs, cÕest de prendre en compte non les idÈes stricto sensu mais lÕinformulÈ des idÈes, les valeurs au sens large. IdÈes dÈpassÈes peut-Ítre. Mais lÕÈthique meurt-elle un jour ? Et au-del‡, le sens dÕun combat a-t-il la mÍme valeur sous

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Un mythe nÈcessairela vague actuelle du libÈralisme, susci Filmographie te-t-il encore un tel impact aussi long En son temps, les rÈactions ont ÈtÈ fortemps aprËs sa mort, jusquÕ‡ notre occ diverses dans les diffÈrentes obÈdiencedent dominateur et s˚r de ses valeurs ? Lily aime-moi1975 de la pensÈe socialiste. Si aujourdÕhuProbablement les hommes, peut-Ítr dans une logique de recul de ce mouveplus ´ceux dÕen basª que ´ceux dÕ FÉ comme Fairbanks1976 ment dÕidÈes face aux lois de lÕargehautª ont de temps en temps un besoi les hommes de progrËs arrivent ‡ transviscÈral dÕidÈal, de morale, de sillon d Au revoirÉ ‡ lundi1979 cender leurs divergences, ne serait-clumiËre qui leur montre un chemin san quÕun instant, sous cette seule figurcommunier dans le reniement perma Sarah1983 mythique, cela signifie que son legs ‡ lnent. Quel autre symbole contemporai mÈmoire a conservÈ de sa charge poliincarne mieux une fidÈlitÈ obstinÈe La poudre aux yeux1995 tique. Symbole universel de la gauchepure, en ligne droite ‡ des valeur trente ans aprËs, le Che, sa vie, sa figutoutes simples de dignitÈ et de justic El Che : enquÍte sur un homme de re, son aura posthume, un dÈtail de tousociale pour les autres hommes cela parfois, continuent ‡ parler fortCertains historiens ou commentateur lÕimagination de millions de gens de pont cru pouvoir dÈcrÈter la fin des illu le monde qui, pour autant, ne partasions, et affirmer que lÕheure et lÕave geaient pas toujours toutes ses valeursnÕÈtaient plus aux grandes utopie Quel militant progressiste ne sÕest-il pDÕautres, dÈsillusionnÈs, ont cru et n reconnu un jour, sinon dans les idÈesveulent plus croire. Pourtant, un peu par dans une part de cet idÈal moral ou dtout des hommes rÈsistent - ils sont bie cette Èthique politique ? CÕest un fait.obligÈs parfois - et veulent espÈrer e si un tel impact est encore possibleautre chose que le marchÈ mondial e cÕest que son effigie reste impalpabl´la fin de lÕhistoireª. Mais pourquoi d ment mais profondÈment signifiante.artistes, des poËtes, des militants n cet Ègard les tentatives de dÈconstrucpourraient-ils sÕaccaparer cet imaginaire tion du mythe ne sont pas neutres noEt si les hommes veulent vraiment rÍver plus. Les rÈÈvaluations rÈcentes de selaissons-les rÍver. Si nos sociÈtÈs n qualitÈs humaines comme de sa pertiveulent plus sÕinventer des idÈaux, lai nence politique ne sont pas innocentessez-nous en adopter dÕautres que ce Elles ont implicitement pour but de rendu grand marchÈ mondial ! forcer lÕaseptisation de son image daDossier Ditributeu les consciences et probablement d favoriser plus librement encore so exploitation commerciale. LÕhistoire est une chose, la mÈmoire co lective en est une autre. Elle est un fai dÕhistoire mais dÕune histoire diffÈren dÕune histoire qui commence aprËs cell de lÕhomme, de lÕhistoire de sa rep sentation dans la mÈmoire des autre hommes. QuÕimporte si le Che Èta autoritaire, il Ètait beaucoup dÕautre choses ! QuÕimporte si le Che a exÈcut Documents disponibles au France des traÓtres, il a soignÈ aussi ! A plu forte raison, si la mÈmoire nÕa reten Dossier distributeur que sa dimension positive, il faut bie TÈlÈrama n∞2490 - Octobre 1997 sÕen faire une raison. CÕest Èvidemm ∞ - cela que les gens veulent reten Pourquoi, sinon, le Che aux antipodes

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