Hidden Agenda de Loach Ken

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• Langue: Français

Extrait

Hidden agenda de Ken Loach FICHE FILM Fiche technique

G.B. - 1990 - 1h35 Couleur

RÈalisateur : Ken Loach

ScÈnario : Jim Allen

Musique : Stewart Copeland

Montage : Jonathan Morris

InterprËtes : Frances McDormand (Ingrid) Brian Cox (Peter Kerrigan) Brad Dourif (Paul Sullivan) Mai Zetterling (Moa) Bernard Bloch (Henri) Jim Norton (Brodie)

L E

D O C U M E N T

avait pris place Sullivan nÕa pas forcÈ lKen Loach.rÈels et crÈations de pure fiction, Ken barrage de police ; oui, IÕavocat a ÈtVoil‡ un cinÈaste qui, sans hausser lLoach manipule le spectateur trËs loin exÈcutÈ ‡ bout portant. Mais par qui ? Eton, sans se livrer aux ´effets ddes choix dÕun Francesco Rosi privilÈ- pourquoi ?mancheª dont abusent les cinÈastegiant soit lÕinterrogation ‡ partir des CÕest alors que Kerrigan et Ingrid dÈcoengagÈs, rappelle quÕaucun gouvernseuls faits (LÕaffaire Matte)i soitla vrent lÕexistence dÕune bande magment ne saurait Ítre au-dessus des loisfable mÈtaphorique (Cadavres tique. Une sorte de ´dossier secretque toute corruption est intolÈrableexquis). Mais abandonnons ces compa- donnÈ ‡ Sullivan par un ancien des sermÍme si elle est fatale, et que la raisoraisons Ècrasantes avec un maÓtre du vices anglais. Et, dans ce dossier secretdÕEtat ne justifie aucun des crimes qucomplot ‡ lÕÈcran pour regarder du cÙtÈ la preuve des exactions commises, jadislÕon commet en son nom.de Costa-Gavras dont le rÈalisateur par le gouvernement conservateur pouIl le dit au moyen dÕun ´thrillerª douxanglais paraÓt cette fois un p‚le Èmule. porter au pouvoir une certaine Margareopini‚tre qui se joue, pour lÕessentieOn songe ‡Missingen effet devant Thatcher. dansune ville, Belfast, filmÈe avec pascette histoire potentiellement captivante Voil‡. CÕest comme Áa. Vous commencsion et sensibilitÈ.o˘ un inspecteur britannique (excellent par enquÍter sur un meurtre, presquUn ´thrillerª sans fioritures, sans failleBrian Cox) part ‡ la recherche des meur- banal dans cette ville en guerre quÕesans faiblesse, comme savait en rÈussitriers dÕun avocat amÈricain, militant Belfast, et vous vous retrouvez soudainFritz Lang, du temps de sa pÈriode amÈdes droits de lÕhomme, venu en Ulster parce que tout est liÈ, face ‡ des politiricaine :LÕinvraisemblable vÈritÈ, paavec une commission dÕenquÍte. Se ciens onctueux qui, sans perdre unexemple. Un ´thrillerª qui file droitbasant sur des rapports de Fred Holryd, once de leur suavitÈ britannique, voulÕessentiel et que lÕon suit intensÈmenex-responsable du maintien de lÕordre menacent de sourdes reprÈsailles, siPierre Muraen Irlande du Nord, devenu officier dÕaventure, vous persistiez ‡ faire votrTÈlÈrama n∞2172 - 20 Ao˚t 199repenti, Jim Allen a concoctÈ pour Ken boulot. Alors, Kerrigan se retrouve facLoach un suspense qui sert ‡ fustiger les ‡ lui-mÍme, avec un choix ‡ assumerexcËs du systËme et la pratique de Fuir et se trahir ‡ jamais. Ou rÈsisterlÕassassinat politique par la Royal Ulster rÈsister de toutes ses forcesÉ commeConstabulary en faisant lÕimpasse sur le font prÈcisÈment les Irlandais !En invitant en compÈtitionHiddeles actions terroristes de lÕIRA. Vous imaginez un instant ce film transagendaLe cinÈaste se contente, lui, de filmer, ce br˚lot anti-Thatcher, le posÈ en France ? Vous imaginez usÈlectionneurs du festival de Cannedes dialogues interminables, gÈnÈrale- cinÈaste suffisamment gonflÈ pour affirnous ont fait mesurer la distance qui lement en plans moyens et sans la mer, je ne sais pas moi, que le conseillesÈpare de leurs prÈdÈcesseurs renonmoindre idÈe visuelle, tout entier asservi numÈro un de Jacques Chirac auraiÁant ‡ choisirLa guerre est fini‡ sa thËse sur la ´guerre colonialeª qui trempÈ dans un complot destinÈ ‡ semedÕAlain Resnais pour ne pas froissfait rage autour de Belfast. le doute sur les mÏurs de FranÁoislÕEspagne franquiste ouNuit eMichel Ciment Mitterrand, par exemple ! Vous ima∞ -˚ nez, en pleine guerre dÕAlgÈrie, cinÈaste qui, sans excuser les crim commis par lÕadversaire, montrerait tortures commises par lÕarmÈe franÁ Eh bien, cÕest cela,Hidden Agen Une gifle aux Anglais croyant pouv effacer le conflit irlandais en le nia Une claque aux autoritÈs officiell croyant, par la force du pouvo maquiller le mensonge en vÈritÈ. Nous sommes tellement engluÈs d ce ´consensus mouª qui nous dÈcervË nous nous sommes si bien faits ‡ lÕi que personne nÕa tort puisque nul saurait Ítre vraiment coupable, que l est stupÈfait par lÕaudace tranquill

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D O C U M E N T

Entretien avec le rÈalisateur

Etes-vous pro-irlandais ? Les gens de gauche, dont je fais partie Èprouvent forcÈment de la sympathi pour les RÈpublicains irlandais, san pour cela soutenir leur lutte armÈe.

Etes-vous pro-lRA ? Non.

Certains lÕont dit, pourtant... Oui, avant mÍme de lÕavoir vu, certain ont dit, il y a un an : ´Hidden agend est la sÈlection de lÕIRA au Festival d Cannesª. Je crois Ítre un pacifiste. Ce nÕest quÕ de rares occasions quÕil me viendrait lÕidÈe de vouloir prendre les armes. Un opinion que ne partage guËre le gouver nement, par parenthËse, puisquÕil gue roie un peu partout : en Irlande, dans l Golfe, dans les Malouines...

Vous condamnez lÕaction de lÕIRA ? Je condamne toute violence. Mais l violence, dans ce cas prÈcis, est du cÙt des Anglais.

Un dÈputÈ conservateur, il y a quelque annÈes, a traitÈ les membres de lÕIRA d ´gang terroristeª. QuÕen pensez-vous ? CÕest le terme dont usent les politicien pour discrÈditer ceux qui rÈsistent. mes yeux, les membres de lÕIRA so des combattants qui veulent voir le Anglais hors de chez eux. CÕest simple Et ces combattants se heurtent ‡ un armÈe nettement plus forte en nombre bien dÈcidÈe ‡ les exterminer par tou les moyens. Les qualifier de ´terro ristesª est une absurditÈ. Mais, vou savez, lÕaveuglement fait partie de l sophistication britannique. On est e guerre et on prÈtend quÕelle nÕexis pas. Extraordinaire ! Chacun sait, pour tant, que lÕIrlande est devenue, depui des annÈes, une sorte de ´laboratoire terrifiant. Les balles en plastique, pa exemple, utilisÈes partout depuis, ´ils les ont expÈrimentÈes en Irlande. ´I

ont aussi construit des maisons avec une entrÈe unique, afin de faciliter la surveillance des habitants pa lÕarmÈeÉ

Vous nÕexagÈrez pas un peu ? Non. Ecoutez cette histoire : un type a entre les mains la photo dÕun sous-mari soviÈtique. Il la fourgue ‡ un journaliste amÈricain, en prÈtendant que la photo ÈtÈ prise ‡ quelques kilomËtres des cÙtes irlandaises. Et voil‡ que prolifË- rent des articles dÈnonÁant la collusion de lÕURSS avec lÕIRA... CÕest ce que l a appelÈ la ´propagande noireª. Et ´ils ne sÕen font pas faute ! CÕest qui, ´ilsª ? LÕarmÈe, lÕlntelligence Service, le MI le Ml 6É Le grand drame des annÈes 70, en Angleterre, cÕest le renforceme du pouvoir des services secrets. A tel point que certains hommes politiques, jugÈs par eux trop faibles, ont ÈtÈ carrÈ ment ÈliminÈs. Ainsi, quand Edward Heath a ÈtÈ jugÈ trop mou face aux syndicats et ‡ la guer re froide contre lÕURSS, eh bien, ´ils ont fait croire ‡ son homosexualitÈ. Heath devenait soi-disant vulnÈrabl aux chantages que lÕon pouvait exerc sur luiÉ Mensonges, rien que des men- songes, bien s˚r. NÕempÍche que Heat a ÈtÈ laminÈ, fini, foutu...

La politique peut-elle Ítre propre ? CÕest une lutte permanente, jÕimagine ! Mais Áa peut Ítre un peu moins sale qu Áa ne lÕest parfois, non ?

Dans une sÈquence deHidde Agenda, le dÈputÈ Robert Neil (Bernar Archard) fait admettre au hÈros, Kerrigan (Brian Fox), que la raison dÕEt nÈcessite des actes illÈgauxÉ CÕest la maniËre quÕont les gens com Robert Neil de consolider leur pouvoir. Robert Neil se prend pour lÕEtat. LÕE lui appartient. Ou, plus exactement, IÕEtat appartient ‡ sa classe sociale. son rÙle ‡ lui, Robert Neil, cÕest de l

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prix. Si le salut de sa classe sociale pas- sait par la dÈmocratie, Robert Neil deviendrait dÈmocrate. Si lÕavenir Ètait au fascisme, il nÕhÈsiterait pas.

Donc, la raison dÕEtat nÕexcuse jamais les actes illÈgaux ? Non, bien s˚r que non. Le penser, cÕest verser dans le terrorisme dÕEtat.

Les choses ont-elles ÈvoluÈ depuis le dÈpart de Margaret Thatcher ? Pas vraiment. Les conservateurs mËnent la mÍme politique. Et les travaillistes, hÈlas, sÕacharnent ‡ leur ressembler de plus en plusÉ

Comment Áa ? Beaucoup de travaillistes ont dÈrivÈ vers la droite. Oh, bien s˚r, ‡ lÕaile gauche du parti, il y a bien un mouvement contre la guerre en Irlande qui sÕappelleTime to go(il est temps de partir). Mais Áa ne va pas loin. Actuellement, il nÕy a aucun signe qui puisse laisser espÈrer un chan- gement.

Vous seriez tout de mÍme content si les travaillistes revenaient au pouvoir ? Bien s˚r, puisque je suis travailliste ! Mais un travailliste sans illusions. Nous sommes devenus trop rÈactionnaires.

A cause de quoi ou de qui ? A cause de Thatcher, en fait. Elle a tota- lement dÈplacÈ vers lÕextrÍme droite le dÈbat politique. Et les dirigeants tra- vaillistes, qui voulaient rÈcupÈrer les voix du centre, ont cru malin de tenir ‡ peu prËs le mÍme discours quÕelle. En plus modÈrÈ, bien s˚r. En gros, ils ont virÈ ‡ droite autant que leur dignitÈ le leur permettait.

JÕai retrouvÈ une citation, un brin provo- catrice, que je vous livre : ´Dans vingt ans, on dira de Margaret Thatcher ce quÕon disait de De Gaulle : ÓTout le monde a ÈtÈ, est, ou sera un jour that- cherienÓ.ª QuÕen pensez-vous ?

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passÈ que je ne nirÉ Non, Áa me exagÈrÈ ! La b Thatcher a ÈtÈ t sa force au capit arrivÈe ‡ un mo besoin de quel guerre ‡ la class fait. Une guerre rendu de plus en syndicats. Elle a on a eu jusquÕ‡ humiliÈs, appauv payÈs pour travai elle a provoquÈ d pouvoir vaincre...

Vous en parlez c re ! Exactement ! Lor lutter contre le aperÁue quÕelle celui des mineur elle sÕest att faibles, IÕun de de lÕacier. Elle a brisÈe. Ensuite, syndicats des t quÕaprËs avoir quÕelle est rev elle a eu la peau.

Rassurez-moi: IÕ dÈmocratie, nÕe «a a la forme d votons tous les avons peu dÕinf qui rÈgissent la v de manipulati immense : si on entendez, ce que forcÈment ce que

Quelle est votre hÈros du film ? CÕest un policie job le lui permet. crois, occuper dans la police - Í se compromettre

DÕune faÁon gÈnÈrale, portez-vous u Filmographie jugement moral - je ne dis pas moralisa teur mais moral - sur vos personnages ? Plusieurs courts mÈtrages. Je ne suis pas trËs bon, question morale ! La morale, cÕest bon pour la bourgeoisi Longs mÈtrages : je crois. Dans le cas de Kerrigan, je fai Poor cow1967 un constat : voil‡ jusquÕo˘ peut aller u Pas de larmes pour Joy flic honnÍte. Il y a quelques annÈes, un policier d Kes1969 nom de Michael John Stoker a ÈtÈ sur l point de prouver que lÕEtat prÈfÈrait tu Family life1972 des suspects plutÙt que de les arrÍter. Il Black Jack1978 a ÈtÈ virÈ de la police, bien s˚r. O aurait pu espÈrer que ce type devienn The gamekeeper1980 un militant. Eh bien non, il est deven disc-jockey. Un amuseur... (É) Looks and smiles1981 Regards et sourires Propos recueillis par Pierre Mura TÈlÈrama n∞2172 - 28 Ao˚t 199 A question of leadership1981 Fatherland1986 Hidden agenda1990 Riff-Raff1990 Le rÈalisateur Raining stones1993 RÈalisateur anglais nÈ en 1936. Il utilise dans ses premiers films le Ladybird1994 techniques de la tÈlÈvision. Autre domi nante dans son Ïuvre : les marginaux Land and freedom1995 (le jeune garÁon deKes,la jeune fill nÈvrosÈe deFamily Life).Un souci d rÈalisme lÕanime qui nÕexclut pas obli toirement des prÈoccupations esthÈ tiques (Black Jack).Il rÈunit toutes le clefs de son Ïuvre dansRegards e sourires,un film qui, malgrÈ lÕaccue chaleureux de la critique, fut desservi par lÕaustÈritÈ de la mise en scËn Hidden AgendaÈvoque la lutte d lÕIRA et une rocambolesque machinatio de Mme Thatcher. Jean Tular Dictionnaire du CinÈm Documents disponibles au France Cahiers du cinÈma n∞447 Le Monde 4 septembre 1991 Le Monde 10 Mai 1990 Revue du cinÈma n∞474

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