I Love You de Ferreri Marco
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

FICHE FILM
I Love You
Michel (Christophe Lambert) et Yves (Eddy Mitchell)
www.abc-lefrance.com
D O C U M E N T
(que l'on pense au collage deLe Futu est femmetournÈ pour partie en Sicil et pour partie dans le Nord de l'Italie) DansI love you, Michel, le protagonis te, vit dans un espace urbain qui emprunte ‡ CrÈteil (le lac et ses alen tours, le centre commercial), ‡ Cergy Saint-Christophe (la nouvelle gare ave sa pendule gigantesque comme le cadrans des machines deMÈtropolis et ‡ une autoroute en construction dan les parages de La DÈfense. Les lieu intÈrieurs aussi sont des collages qui associent un loft (appartement remar quablement modelÈ, par Jean-Pierr Kohut-Svelko), un couloir o˘ donnen des caves transformÈes en studios misÈ rables, une salle de rÈpÈtition pou groupes rock installÈe dans un hanga dÈsaffectÈ. Ferreri charge ses dÈcors d signes, presque de graffiti, comme s'il voulait saisir au del‡ des apparence l'incarnation d'une civilisation dans le formes qu'elle secrËte : le tigre dÈbon naire - Ènorme baudruche crÈÈe pou l'amusement des enfants et qui Èvoqu lointainementBreak up- accueill ainsi la recherche impossible d'u ventre protecteur dÈfinitivement dispa ru. Ferreri sait capter l'air du temps, l'omni prÈsence de la tÈlÈvision par exemple fausse Èvasion hors du quotidien ave ses films, ses images de synthËse, se variÈtÈs, ses publicitÈs Èrotiques, o encore l'agence de voyage, templ contemporain d'une autre forme d'aliÈ nation : aller au Japon en train, ´faire le tour du monde avec peu d'argent donner une ‚me ‡ ses vacances en visi tant Lourdes ou Fatima, revenir dÈÁ parce qu'on n'a pas tirÈ ‡ l'arc - fugac dÈsir d'un improbable retour ‡ l'Eden. Ferreri analyse les niveaux de malaise A l'opposÈ de Michel, Yves, l'ami au allures de chien battu (remarquabl Eddy Mitchell), cherche du travail depui plus de deux ans mais son manque d qualification - il voudrait apprendre ‡ s servir d'un ordinateur - le condamne a chÙmage de ´longue durÈeª. Par sa prÈ
sence, il souligne dans le caractËre ÈlÈ-mentaire de sa revendication qu'il n'est pas parvenu ‡ l'angoisse existentielle radicale d'un homme Èconomiquement nanti ; son suicide n'a aucun caractËre spectaculaire, mieux mÍme, il se rate. RatÈ de l'existence, son impuissance est dans le concret, celle de Michel atteint l'absolu. Le profond dÈsespoir qui marque l'oeuvre ferrerienne trouve ainsi de nou-velles rÈsonances. AprËs des films qui ouvraient le soupirail de la fÈminitÈ comme possible Èchappatoire (Conte de la folie ordinaire,Histoire de Pierra,Le futur est femme), Ferreri revient ‡ l'impasse de la condition mas-culine. EntourÈ de femmes dont I'agressivitÈ amoureuse ou sexuelle ne le satisfait pas et avec lesquelles il ne parvient ‡ Ètablir aucun dialogue - sinon peut-Ítre par un langage non verbal liÈ aux sons non articulÈs ou aux objets (le poupon de celluloÔd, le masque gÈant) -Michel tombe amoureux dans sa frustra-tion masochiste d'un visage de porcelai-ne, un visage inerte aux grands yeux bleus et aux lËvres rouges, un fantasme de femme qui rÈpond ´je t'aimeª lors-qu'on le siffle. Mais ce visage, loin de reprÈsenter la femme soumise qui se tiendrait en permanence ‡ la disposition du m‚le, qui serait la face rassurante d'une fÈminitÈ devenue lointaine et indÈchiffrable, n'est que l'expression du nÈant : lorsque Michel se masturbe face ‡ ce visage aimÈ jusqu '‡ la passion destructrice, celui-ci n'est plus qu'une enveloppe vide sans regard et sans bouche. La femme devient une forme inaccessible, un Ítre entrevu dans une sorte de paradis perdu aux pistes effa-cÈes. C'est dans cette optique que Ferreri se plagie et se renie en citantDillinger est mort. A la fin deDillinger est mort, Michel Piccoli tue sa femme puis il gagne le rivage, se jette ‡ la mer et nage vers un yacht o˘ une trËs belle jeune femme l'accueille naturellement et l'engage comme cuisinier pour un
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 DOC : 04.77.32.61.26 Fax : 04.77.32.07.09
voyage qui les conduira ‡ Tahiti... Christophe Lambert, aprËs avoir vu ce film ‡ la tÈlÈvision, fait de mÍme, il tue la femme de porcelaine en la brisant ‡ coups de marteau, va en moto aux bords d'une plage de galets, se jette ‡ l'eau avec sa machine et nage vers un trois m‚ts en train d'appareiller. Mais la jeune femme qui est ‡ la proue n'entend ni ses cris ni ses tentatives de siffle-ments et le navire s'Èloigne tandis que Michel se noie... Ainsi, mÍme si le finale deDillinger est mortpouvait Ítre perÁu comme une fuite dans l'irrÈel et si la solution pouvait sembler le fruit de l'utopie, les choses ont changÈ : la femme est devenue de plus en plus loin-taine, mirage fugitif que l'on contemple avant de mourir. Tout espoir a disparu pour le nihiliste qui habite Ferreri. Michel est une sorte d'idiot dostoievskien, un Pierrot-le-fou de la fin des annÈes quatre-vingts, un Christ mÍme dont un peintre relËve l'empreinte du visage dans un suaire enduit de peinture rouge. CÕest contre cette image devenue un visage douloureux peint sur un mur de briques de la salle de rÈpÈtition que se jette Michel avec sa moto : il franchit les apparences et commence son calvai-re privÈ des sifflements qui lui permet-taient d'obtenir les ´je t'aime ª nÈces-saires ‡ sa survie. Michel dÈtruit la reprÈsentation du Christ au mur du han-gar mais il perd en mÍme temps son pouvoir d'Ítre aimÈ en se cassant la m‚choire. DËs lors le drame est consom-mÈ ; son ami peut rater son suicide, lui ne ratera pas le sien. Dans le retour ‡ la plage - cette plage si souvent prÈsente dans l'oeuvre de Ferreri et qui depuis RÍve de singeetPipicacadodo revient comme un leitmotiv lancinant ‡ la fin de tous les films - se lit l'impos-sible harmonie de l'homme et de la femme. Le premier s'anÈantit tandis que l'autre se rÈgÈnËre - Ètrange contradiction d'une survie sexuÈe. Dans le cinÈma contemporain, peu de metteurs en scËne expriment avec autant de continuitÈ, de cohÈrence et de
D O C U M E N T
conviction la radicalitÈ de leur dÈses-poir. Jean A.GILI Positif n∞305-306 - Juillet-Ao˚t 1986
Le rÈalisateur
Ne se sentant pas une grande vocation pour soigner les animaux, Ferreri inter-rompt ses Ètudes de vÈtÈrinaire pour se consacrer au cinÈma. AprËs quelques courts mÈtrages publicitaires, et la publication dÕune revue,Documento mensile, il participe ‡ la production du fameuxAmore in Citt‡. PassÈ en Espagne, il y inaugure une carriËre de metteur en scËne avec quelques films mineurs et un chef-dÕoeuvre dÕhumo noir,El cochecito, o˘ un vieillard dÈci-me toute une famille pour pouvoir sÕacheter une petite voiture dÕinfir Ce go˚t de lÕabsurde et de la dÈrisio fondÈ sur une observation minutieuse des moeurs de lÕÈpoque, il le confirm de retour en Italie, avecLe lit conjugal, satire du mariage o˘ Marina Vlady, vÈritable reine des abeilles, Èpui-se le m‚le Ugo Tognazzi, etLe mari de la femme ‡ barbe. Son go˚t de la pro-vocation ne cesse de sÕaffirmer d Marcia nuzialeLÕaudience, satire de la bureaucratie vaticane (pour des raisons inconnues, un homme essaie veinement dÕobtenir une audience d Pape), en passant parDillinger est mort, son oeuvre la plus accomplie selon certains. CÕestLa grande bouffe qui lÕimpose au public : dans cetA reboursgastronomique, Ferreri entend confronter lÕhomme et sa physiologie, dÈnoncer la mystique de la bouffe trËs rÈpandue en France. Le film fit scandale pour cette raison plus que pour cer-taines scËnes scatologiques. Scandale Ègalement pourLa derniËre femmeet sa scËne finale o˘ Depardieu sÕÈmasc le avec un couteau Èlectrique. Scandale auparavant pourTouche pas la femme blanche, provocant anti-western, tour-nÈ aux Halles de Paris. Comment nÕaurait-il pas ÈtÈ attirÈ par Charle
Bukowski et son roman :Erections, Èja culations, exhibitions et autres conte de la folie ordinaire? Un univers de pro vocation et de folie qui rejoint celui d Ferreri. ÒUne femme cÕest comme u bouteille de biËre, on la dÈbouche, on l boit et on la pisseÓ dit Bukowski. Ferre nÕa pas fait une adaptation stricteme littÈrale, mais il nÕÈvite pas les scËn scabreuses. Ornella Muti se promËn dans le film comme un rÍve inacces sible. Nul voyeurisme, mais une provo cation sensuelle incessante. Les oeuvre suivantes ne sont pas moins dÈran geantes, notammentIl futuro Ë donn qui remet en cause les fondement mÍmes de la maternitÈ. Ou encoreY bon les blancs, satire de lÕaide alime taire ‡ lÕAfrique o˘ les Noirs prÈfËrent l chair alimentaire du Blanc ‡ son aid alimentaire en conserves. ÒLes provoc teurs comme moi sont utilesÓ, affirm tranquillement Ferreri. Son regard se fai plus tendre lorsquÕil Èvoque les amou de deux pensionnaires dÕune maison retraite dansLa maison du sourire Mais il revient vite ‡ ses obsession avecLa carne: Paolo place le cadavr de cette Francesca quÕil a tant aimÈe point de la tuer dans un frigidaire afi de la manger petit ‡ petit. Jean Tular Dictionnaire du CinÈmaed.Laffont, coll.Bouquin
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H 8 ,R U ED EL AV A L S 42100 SAINTETIENN 04.77.32.76.9 R…PONDEUR : 04.77.32.71.7 DOC : 04.77.32.61.2 Fax : 04.77.32.07.0
Filmographie sÈlective
El Pisto1958 Los Chicos1959 Il tesoro dei barbari1960 El Cochecito.........1961 (La petite voiture) Le lit conjugal.........1963 Le mari de la femme ‡ barbe......1964 Marcia Nuziale.........1966 Dillinger est mort.........1969 LÕaudience.........1971 La grande bouffe.........1973 Touche pas la femme blanche...1974 La derniËre femme.........1976 Yerma.........1977 RÍve de singe.........1978 Pipicacadodo.........1979 Conte de la folie ordinaire.........1982 Le futur est femme.........1984 I love you.........1986 YÕa bon les Blancs.........1988 La maison du sourire.........1991 La chair.........1991
Documents disponibles au France
Positif n∞305-306 - Juillet-Ao˚t 1986
Jean Tulard,Dictionnaire du CinÈma, ed.Laffont, coll.Bouquins
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