Jour et nuit de Chao Wang

Centre De Documentation Du Cinéma[S] Le France

Description

Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

Sujets

• Cinéma
• Fiches du cinéma

Informations

• Publié par: cinemavectoi
• Nombre de lectures: 36
• Langue: Français

Extrait

Jour et nuit Ri ri ye ye de Wang Chao FICHE FILM Fiche technique

Chine  2004  1h35

Réalisation & scénario : Wang Chao

Image : YI Huhewula

Musique : Qin Wenchen

du rachat. L’histoire de cet apprenti Résumé Interprètes : est comme une vieille fable philo Liu Lei sophique que l’auteur Wang Chao Au cœur d’une petite ville minière, (Guangsheng) raconte, dans un paysage hivernal reflet des bouleversements éco et rugueux, avec une certaine len Wang Lan nomiques et sociaux de la Chine teur et ce qu’il faut d’habileté tech contemporaine, se joue le destin (Maîtresse) nique, cadrages très précis, plans de Guangsheng, écartelé entre le Xiao Ming séquences. Et c’est beau. respect qu’il doit aux siens et ses (A Fu) Françoise Maupin propres désirs. Wang Zheng http://www.figaroscope.fr (Hong Mei) Sun Guilin (Maître) Wang Chao fait partie des cinéastes Critique qui explorent la vraie Chine : tradi tionnelle, laborieuse, contradictoire. (…) A première vue, on pourrait Prise en tenailles entre les rites croire queJour et Nuit estune du passé, les feux en extinction du chronique sociale sur la reconver communisme populaire, et le grand sion d’une région minière. En fait, le bond en avant économique. Le per vrai sujet est une réflexion taoïste sonnage principal deJour et nuit sur la faute humaine et la difficulté L EF R A N C E www.abclefrance.com

1

L EF R A N C E passe par ces trois phases : la(…) A travers le personnage deDécouvert en 2002, à l’occasion dévotion à son maître, la gestionGuangsheng, Wang Chao traduitde la sortie en France de son pre communautaire de la mine, puispar des aspirations purementmier long métrage,L’Orphelin l’accession à la propriété. Ainsi,cinématographiques l’héritage dud’Anyang, Wang Chao, par le petit ouvrier obligeant devien«Shijing», le livre des rites : laailleurs nouvelliste et poète, fut dra à son tour entrepreneur. Tellesymbolique de l’alternance, dud’emblée considéré comme un est la (dure) loi du changement,jour qui succède à la nuit, desdes principaux représentants de plus subi que consenti, sur fondpériodes ascendantes et descenla nouvelle génération des cinéas de misère et de compassion.dantes et plus précisément detes chinois, créateurs marqués (…) Wang Chao ne cède aucunel’attitude douloureuse mais compar leur volonté de filmer sous le ment aux facilités d’écriture, quibative de l’homme désireux de sesigne d’un réalisme poétiquement pourraient être la revanche de lasoustraire à son destin.inspiré les mutations actuelles de veuve et de l’opprimé : on imaCette ambition de Wang Chao deleur pays. gine un instant le crime préméréfléchir à l’évolution de la sociéLe deuxième film de cet ancien dité, l’amant et la maîtresse enfinté chinoise en évitant la pédagoassistant de Chen Kaige, d’autant affranchis du joug du mari, l’arrigie ou l’explicitation (en dépit duplus attendu, met en scène, sur visme arrogant du second érigéconfort que lui procure ce profond de privatisation de l’écono au rang de patron. Il n’en est rien,jet ayant, fait rare, reçu l’aval dumie chinoise, un mineur qui va le scénario emprunte au contrairecomité de censure) prend toutepouvoir briguer le statut de patron une toute autre direction, celle duson ampleur grâce à une exploitade la mine où il travaillait comme remords et de la gratitude.tion très plastique des paysagesouvrier, mais dont cette accession Il n’y a peutêtre pas, dans ceminiers. Situés dans un environau pouvoir s’accompagne d’une nouvel opus, la force tragiquenement montagneux et reculé,lourde culpabilité morale (liée à qui portaitL’orphelin d’Anyangla mort de son père spirituel dansdécors apparaissent d’emblée, les ni la farce décapante deBlindune explosion) et d’une soudainecomme garants d’une beauté tra shaft, mais nous sommes dansgique, indissociable du sort desimpuissance sexuelle. la même dimension réaliste. Cemineurs dont l’existence est ren(…) A la réussite sociale de balancement entre le noir et ladue précaire par le tribut à payerGuangsheng, ouvrier modèle lumière, entre le jour et la nuit.au processus d’évolution éconopromu patron par la grâce d’un On pourra reprocher à Wang Chaomique, qui augmente les cadenParti communiste reconverti aux quelques artifices de cinéma,ces et favorise le passage deslois du marché, répond donc comme l’apparition dans les flampréoccupations collectives auxl’inexplicable spleen de son être mes du vieux maître défunt, avecpréoccupations purement privées.intime, qui le conduit à la fré lequel Guengsheng entretien uneGuangsheng, Sisyphe moderne etquentation régulière d’un audelà conversation postmortem. C’estchinois, transmet un calvaire dontterrestre et au sacrifice de soi quand même l’humanisme quil’universalité franchit les barrièmême. Difficile, dans ces con guide le regard du cinéaste : aures de la culture chinoise, tout enditions, de ne pas faire le lien milieu de ce paysage atone, dearguant d’une originalité dont laentre ces deux termes, lien qui ces êtres mutiques, de ce quotibeauté énigmatique est remarfonctionne dans le film comme dien délâbré, subsiste une reconquablement bien rendue par ceune allégorie, sans doute un peu naissance du cœur qui force lesens de la composition propre auappuyée, de la rupture consom respect. travailde Wang Chao.mée avec la tradition et de la Laurence Bergerhttp://www.artetv.com/fr rechercheeffrénée du profit. www.commeaucinema.comEntre gain et perte, la déperdition y devient en tout cas une figure majeure, avec ses personnages mangés par la blancheur déser tique, presque abstraite, de l’es pace, et en proie à la résurgence D O C U M E N T S

2

L EF R A N C E fantomatique des morts. MoinsTéléCinéObs  Bijan Anquetil Entretien avec le réalisateur percutant, plus appliqué que leG r a n d er i g u e u re s t h é t i q u e , film qui avait révélé le très granddépouillement de la mise en Pourquoi avezvous choisi cette talent de son auteur,Jour etscène et jeu hiératique des comé histoire ? nuit n’enpossède pas moins dediens reflètent l’âpreté des condi Cette histoire dépeint les faibles réelles qualités, ne seraitce quetions de vie du pays ainsi que de ses de l’homme et montre l’in dans sa manière de suggérer lal’univers mental de Guangsheng. trospection qu’il porte sur sa pro terrible solitude de la condition pre vie. Le film reflète son aspi moderne. ration à surmonter les difficultés Jacques MandelbaumMCinéma.com  Rémy Batteault pour être maître de son destin, Le Monde  02 février 2005Si l’aspect surnaturel (...) fonction le dépasser même. Je voulais, à ne sans problème, ce n’est pas partir de cette idée, réfléchir à toujours le cas avec des scènes l’évolution chinoise . réalistes aux dialogues prononcés L'avis de la presse la plupart du temps de manière Le film parle de l’évolution atone. Mais c’est un parti pris d’un mineur qui passe du sta Libération  Gérard Lefortfort que le cinéaste maintient de tut d’ouvrier à celui de patron. Le réalisme frontal deJour etbout en bout. Si l’aventure vous En quoi cela estil un sujet pour nuit estd’autant plus saisissanttente, n’hésitez pas ! vous ? Et pourquoi avoir choisi le qu’il étend son empire jusqu’au monde des mineurs ? surnaturel (...). Je pense que montrer l’évolu L’Humanité  Vincent Ostria tion du statut d’un mineur qui SiJour et nuitne renouvelle pas d’ouvrier devient patron au tra Télérama  Jacques Moricele cinéma chinois, c’est indénia vers du passage progressif d’une Tableaux soignés, les scènesblement une œuvre d’une exigen mine d’état à une mine privée exposent des épreuves et desce et d’une élégance sans faille. est un symbole fort de l’évolu rites de passage sur un rythme tion de l’économie industrielle envoûtant. Il y a quelque chose deParis Match  Christine Haas chinoise d’aujourd’hui, qui passe l’ordre du sortilège dans ce filmWang Chao dépasse le réalisme d’une économie collective à une de Wang Chao, auteur remarquéde cet éclairage social par un économie privée. Actuellement, deL’Orphelin d’Anyangtrès poétique, dont le style. récit les mines et les mineurs payent parabolique s’appuie sur le «Livre un lourd tribu pour ce processus des rites». d’évolution. Par ailleurs, la mine Le Nouvel Observateur de charbon qui se trouve dans Pascal MérigeauLes Inrockuptibles un environnement magnifique et Il ne fait aucun doute que le cinéAmélie Dubois qui a connu la vie et la mort des ma chinois tient en Wang ChaoUn beau film fragile sur des per mineurs, présente une beauté tra un auteur majeur. (...) Si ces personnages dépossédés de tout, y gique. sonnages à la fois singuliers etcompris du désir d’avoir prise sur familiers, ces intérieurs noyésleur vie. Si l’on garde en mémoi Le ressort du film est la culpa dans la fumée et le froid, cesre la force aride du premier film bilité du personnage principal situations à la fois si lointaines etde Wang Chao, (...) on peine à qui perd ses facultés sexuelles. si proches touchent autant, c’estretrouver dansJour et Nuitcette Pourquoi la culpabilité comme bien qu’ils sont travaillés par unrigueur des partis pris de mise en moteur principal du film ? Et pour seul et même désir, celui d’approscène qui nous avait tant séduits. quoi avoir choisi le sexe comme cher au plus près de l’humain.Néanmoins, il serait dommage de réprésentation de sa faute ? s’arrêter à cette déception pre Le sujet principal du film est le mière (...). rachat d’une faute et l’échec de ce rachat ; le repentir (confes D O C U M E N T S

3

D O C U M E N T S sion) et la remise en cause de Le réalisateurFilmographie ce repentir (confession) ; la solli citude et la critique de la nature Issu d’une famille d’ouvriers, humaine. L’homme n’est plus Wang Chao travaille pendant plulongs métrages : qu’un simple mortel emprisonné sieurs années dans une grandeL’Orphelin d’Anyang 2001 par ses désirs. Cette soidisante usine sidérurgique. Parallèlement,Jour et nuit 2004 culpabilité est justement la prise ce passionné de cinéma, de lit de conscience du sentiment réel térature et de philosophie, écrit d’être enfermé dans son propre des poèmes et dévore les revues piège. Le sexe est l’origine et le sur le 7e art. Licencié de son but de la faute. Nous ne choi entreprise, il intègre en 1991 sissons pas le sexe, c’est lui qui l’Académie du Film de Pékin et nous choisit et qui nous entraî devient critique de cinéma. A la ne sur un chemin irréversible. suite d’un article consacré au film L’évolution historique du sexe est Terre jaune, Wang Chao se voit l’évolution historique fondamen proposer par le réalisateur Chen tale de l’être ; au travers de la vie Kaige d’être son assistant. Il tra sexuelle d’un mineur, je donne un vaille alors auprès du grand met éclairage sur l’évolution de l’his teur en scène chinois surAdieu toire de la Chine, y compris de ma concubine etL’Empereur son passé et de son devenir. et l’assassin. Egalement auteur de romans, Avezvous un nouveau projet ? Wang Chao réalise en 2001 son Pour mon prochain film, je pense premier longmétrage,L’Orphelin porter à l’écran l’un des mes d’Anyang, tourné sans auto romans, déjà traduit en français risation. Portrait sensible de la aux éditions «Bleu de Chine» sous Chine des laisséspour compte, le titre de «Tibet sans retour». Je le film, présenté à la Quinzaine voudrais faire également un film des Réalisateurs, est l’une des sur l’amour, le salut, ainsi que grandes révélations du Festival sur la trahison de la mémoire et de Cannes. Wang Chao, qui l’antitrahison de la mémoire. La se dit influencé par Bresson et grande différence avec mes films Antonioni, réalise son deuxième précédents : l’action se situera opus en MongolieIntérieure : dans une grande ville, dans une à travers le destin d’un mineur famille issue de la bourgeoisie de fond rongé par la culpabilité, moyenne, une histoire contempo Jour et nuit, primé en 2004 au Documents disponibles au France raine sans doute et probablement Festival des Trois Continents, Revue de presseimportante tournée à Shangai. est une réflexion sur l’évolution Positif n°528 Dossier de presse socioéconomique de la Chine. Cahiers du Cinéma n°598 www.allocine.fr Fiches du Cinéma n°1776/1777 Pour plus de renseignements : tél : [phone] g.castellino@abclefrance.com

L EF R A N C E SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S É ER E C H E R C H E 8, RUE DE LA VALSE 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 RÉPONDEUR : 04.77.32.71.71 4 Fax : [phone]