La Ballade de Narayama de Kinoshita Keisuke
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

La ballade de Narayama
Narayama BushikoF de Keisuke Kinoshita
FICHE FILM
Fiche technique
Japon - 1958 - 1h40
Couleur
Réalisateur :
Keisuke Kinoshita
Scénario :
Keisuke Kinoshita
d’après le récit de Kinujo Tanaka et Seiji Miyaguchi
Shichiro Fukazawa
Résumé
Musique pour Joruri :
A la fin de l’Ére Edo, dans un petit village du conseil du village, Orin se prépare. C’estMatsumosuke Nozawa
de montagne. La vieille Orin va bientôt son propre fils qui va l’accompagner au
Musique pour Nagauta :
avoir soixante-dix ans, et comme le village sommet de Narayama. La dernière ballade
Rokusaemon Kineya l’exige, elle se prépare pour son ultime commence, mais Tatsuhei est extrêmement
voyage. Orin doit en effet se soumettre à réticent face à l’idée que sa mère doive se
une tradition ancestrale qui veut que, pour sacrifier...
Interprètes :
éviter la famine, les vieillards partent se
Kinuyo Tanaka sacrifier au sommet du Mont Nara.
Orin est encore alerte et pleine de vie. Elle(Orin)
ne remet pas en question son sacrifice,
Teiji Takahashi
mais souhaite régler divers problèmes
(Tatsuhei, son fils) avant son départ. Elle aimerait notamment
trouver une nouvelle épouse à son filsYuko Mochizuki
Tatsuhei, jeune veuf père de famille. Ce sera
(Tamayan)
chose faite avec Tamayan, jolie jeune
Danko Ichikawa femme du village voisin. Orin et Tamayan
sympathisent, et la vieille femme n’hésite(Kesakichi)
pas à lui apprendre quelques «trucs» pour
Keiko Ogasawara
mieux vivre au village.
(Matsuyan) Bientôt pourtant, Orin doit partir. Jugeant
que son physique trahit trop sa bonneSeiji Miyaguchi
santé, elle n’hésite pas à se casser les dents
(Matayan)
de devant. Après les dernières instructions
L E F R A N C E
1D O C U M E N T S
aujourd’hui un film unique, dont l’esthé- A l’instar de Hollywood et de ses comé-Critique
tique de studio s’oppose radicalement à dies musicales de la même époque, la
celle, naturaliste, de la version d’lmamu- recherche esthétique poussée (pour
ra, que Kinoshita ne considère d’ailleurs beaucoup devenue assez kitsch), bénéfi-
pas comme «une œuvre d’art», mais cie alors du grand confort des studios :
comme un film aux limites de la porno- «Ce fut mon projet le plus coûteux, dit
Poème visuel fascinant
graphie... Keisuke Kinoshita. Les décors étaient
Max Tessier gigantesques. J’occupais huit plateaux,
Dans la première version (1958) de La Le Monde - Juin 1996 et le tournage a duré plus de trois
Ballade de Narayama - dont le rema- mois...» Cet inédit a marqué une date
ke de Shohei Imamura remportera la dans l’histoire du cinéma japonais. C’est
Palme d’or de Cannes en 1983 -, Keisuke aussi, aujourd’hui, un très beau film où
Kinoshita pousse à l’extrême son goût les partis pris visuels traduisent avec
de l’expérimentation formelle en traitant délicatesse les sentiments inexpri-
ce roman de Fukazawa à la façon d’une Dans les années 50, le cinéma japonais mables des personnages.
pièce de kabuki, dans des décors magni- fascinait les Occidentaux. Rashomon, Philippe Piazzo
fiquement stylisés, au son du joruri, du d’Akira Kurosawa, enthousiasmait les Télérama n°2422 - 12 Juin 1996
chant nagauta, dont les paroles furent festivaliers à Venise, en 1951, et La
écrites par le cinéaste. L’histoire «exem- Porte de l’enfer (qui ressortait en salle
plaire» de la vieille Orin, qui, par respect le 19 juin), de Teinosuke Kinugasa, rem-
pour la tradition, force son fils Tatsuhei portait la Palme d’or à Cannes, en 1954.
à la porter sur son dos jusqu’au sommet (…) La Ballade de Narayama (1958), Propos du Réalisateur
du mont Narayama, afin d’y mourir pour à l’intérieur du système de production
n’être plus à charge de la communauté classique, joue au contraire de toutes
paysanne, y devient un poème visuel les audaces. Keisuke Kinoshita adapte
J’apprécie beaucoup le Kabuki et je vou-fascinant en CinémaScope et Fujicolor, un roman, de Shichino Fukazawa, qui a
lais absolument faire une fois un filmsans rien perdre de son humanité pre- fait scandale deux ans plus tôt. La vieille
dans ce style. Mais c’est à peine si l’onmière. Kinuyo Tanaka, l’interprète favo- paysanne Orin, qui a atteint 70 ans,
trouve un matériau qui se plie à l’adap-rite de Mizoguchi, est bouleversante demande à son fils de la porter en haut
tation. Dés que je lus Narayama Bushikodans le rôle d’Orin, aux frontières du d’une montagne afin d’y mourir, ainsi
de Shochiro Fukazawa, je pensai que ceréel et de la légende. Mais l’intérêt du que l’exige la tradition. Le sujet a divisé
livre se prêterait bien à une transposi-film, au-delà du récit lui-même, réside l’opinion : le sacrifice d’Orin est-il indigne
tion Kabuki. C’est une histoire dans ledans la prouesse technique d’un studio et barbare ou noble et généreux ?
style des vieilles légendes, et c’est unequi n’excluait pas les recherches for- On connaît le film que Shohei Imamura
horrible histoire. Je ne tiens pas à mon-melles au sein d’un système assez avait tiré de cette fable et qui avait rem-
trer l’horreur d’une manière directe etconservateur. Kinoshita rappelle porté la Palme d’or en 1983. Version
réaliste. Le style irréaliste du kabuki med’ailleurs que le grand patron de la naturaliste qui insiste sur la cruauté de
paraissait donc l’approche la plus appro-Shochiku était d’abord hostile au projet, la situation et la férocité des villageois.
priée.mais lui donna le feu vert après l’énor- Vingt-cinq ans plus tôt, Keisuke
(…)Le montage d’un des décors durame succès public du Phare (1957). La Kinoshita, avait, au contraire, opté pour
une semaine pour deux, trois heures destylisation proprement fabuleuse de La l’ellipse et l’allusion. L’histoire est
tournage. Au moins ne dépendait-on pasBallade de Narayama, ses change- contée à la manière d’un spectacle de
du temps. En extérieurs, à peine com-ments de décors à vue repris du kabuki, kabuki : avec narrateur, chants et
mence-t-on à tourner au soleil que desson traitement inhabituel de la couleur musique omniprésents et, le plus surpre-
nuages s’empressent de le cacher, ouévoquent étrangement les partis pris nant, changements à vue des décors qui
inversement. Cette fois-ci, je pouvaisesthétiques d’un Minnelli à la MGM, font passer, en quelques secondes, d’un
enfin régler l’éclairage à ma guise. Ledans Un Américain à Paris, ou surtout intérieur feutré à une splendide cam-
style Kabuki exige de travailler entière-Brigadoon : comment recréer artificiel- pagne... de carton-pâte. L’aspect artifi-
ment en studio. C’est un de ses avan-lement un environnement naturel en stu- ciel des décors et le jeu très subtil des
tages principaux, qui entraîne la possibi-dio sans tomber dans le «faux». couleurs créent une étonnante dimen-
lité de contrôler toutes les circonstancesLa Ballade de Narayama demeure sion poétique.
de la réalisation.
L E F R A N C E
SALLE D'ART ET D'ESSAI
CLASSÉE RECHERCHE
8, RUE DE LA VALSE
42100 SAINT-ETIENNE
77.32.76.96 2
RÉPONDEUR : 77.32.71.71
Fax : 77.25.11.83D O C U M E N T S
J’ai utilisé la lumière comme un élément sage l’existence dans une perspective Shinshaku Yotsuya Kaidan 1-2
de signification symbolique. Les paroles faite de bonne humeur et d’espoir». Histoire de fantômes japonais
des chants sont de moi, la musique de Kinoshita partage en effet avec Yasujiro
Shamisen (instrument à trois cordes pin- Ozu le goût de la pureté, des bonheurs Zenma 1951
cées) a été écrite par un compositeur de et des vertus simples ; comme Ozu, il Le bon Démon
bunraku (théâtre de marionnettes), le aime chez les femmes «celles qui vous
chanteur est un des plus grands maîtres donnent l’impression qu’elles sont Karumen kokyo ni kaeru
de nagauta (chant noble) du Japon. propres même entre les doigts de Carmen revient au pays
J’ai vu à la télévision l’adaptation de pieds»...
Shohei lmamura. Je ne l’aime pas, le Pendant la guerre, les bombardements Nihon no higeki 1953
film est trop pornographique. Cette his- détruisent l’épicerie familiale et ses cinq La tragédie du Japon
toire n’a pourtant rien à faire avec le succursales. Atteinte d’une hémorragie
sexe, mais Imamura la raconte comme si cérébrale pendant les attaques Onna no sonno 1954
c’était la seule distraction de ce village, aériennes, sa mère devient impotente et Le jardin des femmes
de telle sorte qu’ils ne cessent de faire Kinoshita doit prendre soin d’elle,
des enfants et finissent par a

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