La Chambre du fils de Moretti Nanni
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

La chambre du fils La stanza del figlio FICHE FILM
www.abc-lefrance.com
D O C U M E N T
A ces questions doivent tenter d rÈpondre trois personnages. Giovanni (Nanni Moretti), le pËre, un psychanalys te qui exerce dans une petite ville d nord de l'Italie ; Paola (Laura Morante) la mËre, et Irene, la sÏur aÓnÈe. Et ces questions sont d'autant plus poignantes d'autant plus violentes que Nanni Moretti, le metteur en scËne, aura pri le temps et le soin d'exposer, avant leu surgissement, une vie de famille exem plaire, faite d'habitudes et d'accommo dements, de tendresse, de petits men songes et de consolations, de tout cel enfin qui rend ‡ la fois triviale et irrem plaÁable l'existence de la cellule fami liale au sein de la sociÈtÈ. Jusqu'‡ c jour fatal o˘ le fils, Andrea, parti fair de la plongÈe avec des amis, ne revien dra plus. Outre la douceur et la sobriÈtÈ de s mise en scËne, il faut porter au crÈdit d Moretti le fait d'envisager ce deuil, et partant, le genre mÈlodramatique qui l porte, sous son aspect le plus dÈran geant : loin d'unir la famille, il la met e crise. Le pËre se reproche ainsi d'avoi annulÈ, le matin de l'accident, un ren dez-vous avec son fils au profit d'un d ses nombreux patients. Ne serait-il pas autrement, encore vivant ? La mËre accablÈe par le chagrin, refuse s couche ‡ son mari. La grande sÏur, ‡ la culpabilitÈ de survivre, doit ajouter l poids d'Ítre seule dÈsormais face ‡ l douleur de ses parents. Il se passera dans l'insupportable vacuitÈ de l'afflic tion et du remords, beaucoup de temp avant que la famille puisse espÈre reprendre go˚t ‡ la vie. Le fait que cet espoir surgisse gr‚ce l'apparition de la petite amie d'Andre qu'ils ne connaissaient pas, et qui revendique ‡ son tour le deuil, est un magnifique idÈe, qui suggËre que l'ac ceptation de la mort est intimement liÈ ‡ celle de l'inconnu, et plus encore cette part d'inconnu qui nous sÈpare de Ítres qui nous sont les plus proches. L juste mise en forme de cette idÈe (un escapade nocturne vers la frontiËre, j
qu'‡ l'aube apaisÈe d'un nouveau jour confËre ‡ la fin du film de Moretti u Èlan, une libertÈ et une Èmotion qui sou lignent d'autant plus les quelque ficelles dramaturgiques (les patients d psychanalyste comme autant de faire valoir, la description idÈalisÈe de l famille avant l'accidentÉ) qui l'auront prÈcÈdÈe. Mais il est une autre maniËre, no moins passionnante, de reconnaÓtre ‡ c film ses lÈgitimes vertus. C'est de l situer dans l'Ïuvre de Moretti comme une Ètape essentielle de son processu de crÈation. Soit le passage ‡ la maturi tÈ de l'enfant terrible du cinÈma transal pin et de la sociÈtÈ italienne, ce har gneux comique fustigeant la bÍtise d ses contemporains, religieusement suivi par ses admirateurs depuis 1976 (J suis un autarcique), sous les trait d'un joueur de water-polo communiste d'un cinÈaste atrabilaire ou d'un cur gaffeur. Comme si, aprËs vingt ans d crÈation ‡ la premiËre personne et d psychanalyse personnelle par le cinÈma Moretti pouvait enfin Ð au sortir d'un maladie grave et au seuil de la paternit Ð se permettre de dÈcouvrir et de tolÈre l'altÈritÈ du monde, en interprÈtant comme par hasard, un psychanalyste. A n'en point douter, le deuil dont il es question dans ce film concerne la propr part d'enfance, sur laquelle Moretti fon dait jusqu'‡ prÈsent ‡ la fois son cinÈm et le personnage qu'il y incarnait. L recours frÈquent aux raccords dans l'ax et les nombreux franchissements d seuil des personnages attesteraient eux seuls qu'il s'agit d'une Ïuvre de passage. La mort du fils y est l'ultime e paradoxale Èpreuve de vÈritÈ au traver de laquelle Moretti cesse d'Ítre unique ment le fils de ses Ïuvres pour en assu-mer dÈsormais pleinement la paternitÈ (É)
Jacques Mandelbau Le Monde Interactif - 22 Mai 200
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.32.07.09
(É)La Chambre du filsest une Ïuvre profondÈment dramatique qui accumule les souffrances : celle, prÈmonitoire, des patients du psychiatre ; celle de la famille frappÈe par la mort du fils ; celle, plus inattendue et finalement au cÏur du rÈcit, de la culpabilitÈ d'un pËre qui se reproche d'Ítre parti voir un malade ; peut-Ítre qu'en restant avec lui, son fils n'aurait pas plonger etÉ ne serait pas mort. Giovanni refuse en quelque sorte le destin ; il est marquÈ par la parabole du prÍtre qui cite le passage de lÕEvangile o˘ il est Ècrit que personne ne connaÓt ce que Dieu a dÈcidÈ pour lui: ´Si le berger connaissait l'heure o˘ viennent les voleurs, il ne se ferait pas dÈrober son troupeau.ª Giovanni s'insurge contre cette vision des choses. Contre le destin insondable et le hasard indÈchif-frable, il affirme sa douloureuse respon-sabilitÈ, il la rejette mÍme sur le patient auquel il est allÈ portÈ secours ‡ la suite d'un appel tÈlÈphonique, au lieu de rester - c'Ètait un dimanche - avec les siens. ¿ la douleur de la perte du fils aimÈ s'ajoute ainsi la souffrance de se considÈrer comme indirectement responsable de cette mort. L'Èbranlement psychologique chez un Ítre enclin au masochisme est d'une intensitÈ telle que l'on peut facile-ment imaginer combien sera long le tra-vail de deuil et la reconquÍte de la paix avec soi-mÍme. Moretti, en proie ‡ l'ur-gence de dire l'angoisse au regard de la disparition possible d'un Ítre aimÈ ; qui donne au personnage son propre prÈnom pour l'Ètat-civil comme pour mieux mar-quer l'intimitÈ du dÈchirement, Moretti a sans doute touchÈ l‡ le fond de son dÈsespoir. L'authenticitÈ de sa douleur plonge le spectateur dans un curieux dilemme entre la participation affective et la distanciation d'un rÈcit jamais complai-sant.La Chambre du filsn'est pas un mÈlodrame ; c'est une tentative de reprÈ-senter sans pathos la souffrance devant l'incomprÈhensible, l'insoutenable, l'ab-surde dÈfi de la mort pour ceux qui ne croient pas ‡ I'immanence. Jean A. Gili ∞ -
D O C U M E N T
Entretien avec le rÈalisateur
Il y a longtemps que vous portiez en vous l'idÈe deLa stanza del figlio? Comment Ètait-elle nÈe ? Je portais ce personnage en moi depuis une dizaine d'annÈes. Le point de dÈpart, ce fut l'envie d'interprÈter un psychanalyste. Au dÈbut il y avait peu d'ÈlÈments. AprËsJournal intime (Caro diario), j'ai Ècrit le sujet o˘ il y avait la mort du fils du protagoniste. Vers la fin 1995, ma femme et moi attendions un enfant, et franchement Áa m'impressionnait de continuer ‡ Ècrire, ‡ travailler sur cette histoire de la mort d'un fils. J'ai remis ‡ plus tard pour une autre raison, je ne trouvais pas les gens qu'il fallait pour Ècrire le scÈnario. La troisiËme raison du report, comme on le voit du reste dansAprile, c'est qu'au printemps 1996 j'avais commencÈ ‡ tourner des scËnes de vie privÈe et d'autres de vie publique, et il y avait une coÔncidence de dates : la naissance de mon fils, arrivÈe trois jours avant les Èlections de 1996 o˘ pour la premiËre fois la gauche a gagnÈ. Trois raisons qui m'ont fait mettre provisoirement de cÙtÈ l'idÈe du film.
Pourquoi le personnage du psychanalys-te, et pourquoi la mort de l'enfant ? Trop expliquer, je ne sais pas si j'y arri-verai. Le psychanalyste peut avoir diverses explications. D'une part, c'est une figure qui m'a toujours intÈressÈ, mÍme si je n'ai jamais ÈtÈ analysÈ. Je lis de temps en temps des livres de psy-chanalyse, mais pas pour y trouver ´la vÈritȪ, simplement par curiositÈ humai-ne. La figure du psychanalyste, je l'ai vue presque toujours, au cinÈma, un peu mortifiÈe : c'est toujours traitÈ comme la silhouette d'un ´oracleª et mÍme comme le personnage qui a plus de pro-blËmes que les patients quÕil devrait so gner. ArrivÈ ‡ un certain ‚ge, je me sen-tais prÍt pour interprÈter ce personnage. Ce qui m'intÈressait surtout, c'Ètait la vie d'un psychanalyste, ce qui arri
avant et aprËs les sÈances. Com souffrance de ses patients peut se ter dans la vie de l'analyste. Cert a la sÈparation entre la vie profe nelle et le reste de la vie, mais impossible qu'il y ait une coupure Et vice versa, comment la vie et l blËmes du psychanalyste entrent te dans l'analyse.La Chambre est aussi la chambre du pË chambre de l'analyse. Pourquoi l d'un fils ? Il y a vingt ans, l'histoire si forte douleur n'aurait pu me v l'esprit. Plus le temps passe, nat ment, plus l'on pense ‡ la mort. O parce que quelqu'un a subi des ou bien parce qu'il a peur. Pas po mÍme. Quand j'ai eu une tumeur, j'ai racontÈ dansJournal intime, Ítre par inconscience, je n'ai jam peur de mourir. Je n'en ai mÍme le temps. Il y a eu presque un an gnostics erronÈs, et puis, dËs la verte de la maladie, au dÈbut, les tout est arrivÈ trËs vite. Cela ne c ne donc pas cet Èpisode de ma vi concerne la peur de perdre de sonnes chËres, ou le de les avoi dues. De plus, ce qui m'intÈre c'Ètait une dynamique un peu no entre mon personnage et les a Superficiellememt, on peut se so de mon filmLa messe est fini messa Ë finita) - mais le rapport le prÍtre, Don Giulio, et ses a paroissiens, et le rapport entre l chanalyste et ses patients me se trËs diffÈrents. Il n'y a plus le pr niste et puis les autres, avec le pu mes films qui prenait presque par lÕun ou pour les autres ! Dans veau film, je crois quÕil y a u grande acceptation des autres.
Pour moi aussi, la comparaison a messe est finiea sautÈ aux ye en schÈmatisant beaucoup, on p dire que Dieu est mort, non p prÍtre, mais pour les autres. P mettre en parallËle la crise du pr
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Mais en cherchant ‡ Èviter le propos qui parle de Òpoints communsÓ entre les deux professions. CÕest trop Èvident de dire, styletalk-showde la tÈlÈ : ah, le prÍtre est un peu psychologue, etvice versa. Si lÕon veut, dans les deux films il y a un personnage qui, par vocation ou par profession, sÕoccupe des autres. Naturellement, entre les deux il y a quinze ans de vie. Si jÕai changÈ comme rÈalisateur, cÕest que jÕai changÈ comme personne.
Comment avez-vous commencÈ ‡ Ècrire La Chambre du filsavec deux collabo-ratrices nouvelles pour vous ? Quand je choisis mes collaborateurs, pour lÕÈcriture comme pour le tournage, le montage, et bien s˚r la production, pour laquelle depuis dix ans jÕai choisi Angelo Barbagallo, je choisis des gens avec qui je vais me trouver bien. Pour moi, faire un film, cÕest fatigant. CÕest ce que je voulais faire, ce que je veux faire, et jÕaime Áa, mais cÕest pÈnible, physi-quement et psychologiquement. Je nÕy arrive jamais du premier coup, quÕil sÕagisse de mise en scËne, dÕinterprÈta-tion, dÕÈcriture ou de montage. LÕÈcriture de ce film fut une entreprise qui nous mobilisa beaucoup, ‡ tous points de vue. Durant le tournage, morceau par mor-ceau, comme on le comprend en voyant le film,Aprile, entre une pause et lÕautre, jÕai dÈcidÈ de proposer ce sujet ‡ Linda Ferri et ‡ Heidrun Scheel, qui ne se connaissaient pas. JÕavais connu Heidrun quand jÕavais produit avec Barbagallo le premier film de Mimmo Calopresti,La seconda volta, dont elle avait Ècrit le scÈnario avec Francesco Bruni et Calopresti. CÕest une jeune Allemande qui a fait, il y a une dizaine dÕannÈes, le Centro sperimentale ‡ Rome. Linda Ferri au contraire est Ècri-vain et nÕa aucune expÈrience en Ècritu-re de scÈnario ; son premier livre est sorti aprËs que je lÕeus contactÈe. AprËs la sortie dÕAprile, nous avons commen-cÈ ‡ travailler ensemble. Nous avons -
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rio, et ce fut une aventure heureuse Le Nous avons fait un premier Ètat qui n nous convainquait pas, puis un secon Mor qui nous parut un bon point de dÈpar RÈali pour le scÈnario, quÕon a commencÈ venu Ècrire. Je travaille toujours de faÁon, j nie crois, un peu libre, peu Òprofessionnel I'obs leÓ. On sÕest partagÈ les scËnes, com auta on le fait dÕhabitude. Puis, en relisant, l tiqu rÈsultat me laissait perplexe, on coup recommencÈ. Et on nÕa pas fait ce qu (dÕaprËs ce que jÕen lis) font habituel ment les rÈalisateurs ; ils disent tous, o a Ècrit dix-huit versions du scÈnario ! comme sÕil sÕagissait de mÈdaille ‡ coller sur la poitrine. Nous, on a fai deux, voire deux versions et demie. On ÈtÈ trËs lentement, examinant tous le choix. (É) Propos recueillis par Lorenzo Codelli Positif n∞483 - Mai 200
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Filmographie
Come parli frate1974 lo sono un autarchico1977 Je suis un autarcique Ecce Bombo1978 Sogni dÕoro1981 Bianca1984 La messa e finita1986 La messe est finie Palombella rossa1989 La cosa1990 Caro diario1994 Journal intime Aprile1998 La stanza del figlio2001
Documents disponibles au France
Positif n∞483 - Mai 2001 Cahiers du CinÈma n∞557 Les Inrockuptibles - 22 mai 2001 RepÈrage n∞20 - 2001
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