La Dernière Cène de Alea Tomas Gutierrez
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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La derniËre CËne La ultima cena de Tomas Gutierrez Alea FICHE FILM Fiche technique
Cuba - 1976 - 2h Couleur
RÈalisation et scÈnario : Tomas Gutierrez Alea
Montage : Nelson Rodriguez
Musique : Leo Brouwer
InterprËtes : Nelson Villagra (Le comte) Silvano Rey Luis Alberto Garcia JosÈ Antonio Rodriguez Samuel Claxton Mario Balmaseda
L E
D O C U M E N T
mouvement Èpique et tragique qui Èchappe moins bien aux piËges d baroque quÕ‡ ceux du manichÈism Ainsi le prÍtre sÕy trouve plus mÈnag que le comte dont on sait ‡ lÕÈvidenc quÕil doit incarner le plus impitoyabl racisme colonialiste. Il faut, pou lÕaccepter, replacer ce film dans so contexte historique. Comment le rÈalisa teur prendra-t-il en compte dans se prochaines Ïuvres le rÙle aujourdÕh jouÈ par les catholiques, et leur prÍtres, dans la lutte contre lÕoppressio en AmÈrique latine ? J. P. HauttecÏur La Croix - 7 Avril 198
LÕesclavage, thËme rÈcurrent du cinÈm cubain, et la mauvaise conscienc judÈo-chrÈtienne servent de thËme directeurs ‡La ultima cena, don lÕargument a ÈtÈ ÈlaborÈ ‡ partir d quelques lignes dÕun livre de Moren FraginalsEl Ingenio, Ècrit ‡ la fin d e XVIII siËcle.Dans le contexte du durcis sement de lÕexploitation des Noirs Cuba aprËs la rÈvolte de Saint Domingue, un comte pieux, vit mal lÕaise dans son personnage dÕoppr seur. Le spectacle de la mutilation d Sebastian, un esclave ÈchappÈ ‡ qui pour punition, le contremaÓtre coup lÕoreille, lÕÈbranle. Il prend alors, pour mortifier, la curieuse initiative de rÈuni avec lui, aprËs leur avoir lavÈ et bais les pieds, douze esclaves (don Sebastian) pour un repas pascal. Mai que va-t-il leur enseigner au cours d cette parodie de la CËne ? Que le vrai bonheur est le prix du renoncement e de la misËre. RassasiÈs, les esclaves sÕapprÍtent jouir du repos, du dimanche pascal Mais le contremaÓtre ne lÕentend pa ainsi. Furieux, les Noirs se rÈvoltent e saccagent la plantation cependant qu le comte, toute contrition bue, prend l tÍte de la rÈpression et se montre im
toyable : onze convives sont dÈcapitÈ et leurs tÍtes exposÈes sur le lieu choisi pour lÕÈrection dÕune chapelle. Le d ziËme sÕest enfui, il court dans la jungl symbole dÕespoir. CÕest lÕescl Sebastian, rÈvoltÈ irrÈductible. Film historique dÈnonÁant les contradic tions de lÕoppresseur et le rÙle de l doctrine chrÈtienne dans la justificatio de lÕexploitation,La ultima cenaes surtout un splendide moment de cinÈma Une construction subtile permet d dÈcouvrir en profondeur chacun de douze convives, lors du huis clos de l cËne, la minutieuse chronique de cett longue scËne constituant le moment for du film. La couleur (Èclairage des intÈ rieurs, et extÈrieurs naturels superbes est heureusement utilisÈe. LÕinterprÈt tion et la direction dÕacteurs rema quables. On apprÈciera notamment l performance, dans le rÙle du comte, d Nelson Villagra, acteur cubain en exil. Bien que classique et dÕun symbolism insistant (oiseaux, cascades, couran impÈtueux du torrent, vie sauvage, cour se) la derniËre sÈquence ne manque pa de p
ugnacitÈ. Christian BossÈn Revue du CinÈma n∞382 - Avril 198
CÕest la Semaine sainte et le comt homme trËs pieux, se rend ‡ la planta tion avec une idÈe en tÍte : mimer le derniers jours de la vie du Christ. Le len demain de son arrivÈe, le jeudi, il choisi douze esclaves et, comme JÈsus au apÙtres, leur lave les pieds... Tomas Gutierrez Alea, Maria Eugeni Haya et Tomas Gonzalez ont Ècrit le scÈ nario du film cubainLa derniËre CËne en sÕinspirant dÕÈvÈnements qui ont lieu prËs de La Havane ‡ la fin du XVIII siËcle. LÕhistoire se situe au carrefo des contradictions de la sociÈtÈ cubain de lÕÈpoque : choc des idÈes (christiani me, philosophie du siËcle des LumiËre
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.25.11.83
dÕaccroÓtre la production sucriËre, et donc le profit, et risque de ´surpopula-tionª noire de lÕautre. La rÈvolte qui gronde contre le colonisateur espagnol sÕajoutant ‡ ces antagonismes. Le soir venu, le comte partage avec ses esclaves le pain et le vin. La parodie, qui rappelle certaines scËnes du cinÈaste espagnol Luis BuÒuel, frise bientÙt le drame car le maÓtre nÕoublie pas que lÕun des apÙtres, Judas, a trahi son sei-gneur. Or il est assis ‡ gauche de Sebastian, qui vient dÕÍtre brutalement ch‚tiÈ par le contre-maÓtre. Quand, engourdi par lÕalcool, le comte sÕendort, Sebastian prend la parole, devient le Christ, IÕÈmissaire de la libertÈ et le comte se transforme symboliquement en Judas. LÕesclave raconte lÕhistoire du monde, son histoire. Le dieu Olofi a crÈÈ la vÈri-tÈ, qui est belle, et le mensonge, qui est laid. LorsquÕils se rencontrent, un violent combat sÕensuit au cours duquel la vÈri-tÈ a la tÍte arrachÈe. Elle la cherche dÈsespÈrÈment, pense lÕavoir retrouvÈe la remet en place, ´Depuis ce jour, conclut Sebastian, le corps de la vÈritÈ parcourt le monde avec la tÍte du men-songe.ª La suite du rÈcit est fort Èdifian-te. Le comte avait accordÈ aux esclaves la gr‚ce de ne pas travailler le Vendredi saint. Pourtant, le lendemain, le contre-maÓtre supprime la faveur. CÕest la rÈvol-te. Pour lÕÈcraser, le maÓtre nÕhÈsite pas ‡ la noyer dans le sang et ‡ condamner ‡ mort les douze ´apÙtresª. Mais il ne sait pas que gr‚ce ‡ ses pouvoirs magiques, Sebastian se transforme ‡ volontÈ en pierre, en fleuve, en vent, en cheval. Et que, parfois les damnÈs de la terre peuvent compter sur lÕaide de quelques Blancs progressistesÉ Par un discours cinÈmatographique baroque et envo˚tant, Tomas Gutierrez Alea nous entraÓne dans la magie et la poÈsie de lÕimaginaire des esclaves. Il sait crÈer une atmosphËre tendue gr‚ce ‡ la symbiose de lÕimage, des dialogues, de la musique et dÕun humour percutant.
D O C U M E N T
lÕinfluence de BuÒuel sur lÕart Gutierrez Alea. AprËsLa derniËr CËne, un autre rapprochement sÕimpos avec lÕÈcrivain cubain Alejo Carpentie qui avait choisi la mÍme pÈriode d conflits pour cadre de son roman l Recour de la mÈthode. Cette fin de XVIII siËcle qui connaÓt la poussÈe commer ciale anglaise, mais aussi les idÈe rÈvolutionnaires franÁaises, qui furen appliquÈes aux CaraÔbes de faÁon par fois si contradictoire et avec, en toile d fond, la crainte du pouvoir noir. L comte, lui, symbolise ce christianism espagnol quelque peu dÈsuet, dÈchir entre la foi et la recherche du profi dans la sociÈtÈ capitaliste qui Èmerge. Ricardo Caraud Jeune Afrique n∞1192 - 9 Nov. 198
Le cinÈma cubain existe officiellemen depuis 20 ans. RÈsultat : il a pris u retard Ènorme sur lÕhistoire du cinÈma sur la constitution de modËles de fic tions historiques. A la Havane, la nais sance de la fabrication de lÕimage dÕu nation pour un peuple est toujours e vigueur. On a raison de craindre l mÈmoire comme mot dÕordre. CÕest effet la meilleure des amnÈsies qui Èvit aux cinÈastes de venir froisser leurs cos tumes hagiographiques sur les aspÈritÈ du prÈsent cubain. Sur le papier,L ultima Cenade Tomas Gutierrez Ale se prÈsente mal : on sÕattend ‡ une co mÈmoration officielle de plus des pre miers hÈros et martyrs involontaires d la rÈvolution quÕon dÈniche au grÈ dÕu mÈmoire infiniment extensible.La ulti-ma cenanÕest pasLa Cecili dÕHumberto Solas. Sur un scÈnario pr visible (au 18 siËcle, lÕaffronteme entre un propriÈtaire de canne ‡ sucre e des esclaves noirs venus dÕAfrique Alea en greffe un autre qui lÕest to autant (la Semaine Sainte, du mercredi au dimanche de P‚ques : IÕhistoire e connue) ce qui a pour effet dÕengendr
des ÈvÈnements insoupÁonnÈs. Un pro priÈtaire qui veut jouer ‡ la Semaine Sainte se choisit douze apÙtres parmi ses esclaves. Il leur lave les pieds et les invite ‡ sa table. Remake de la cËne o˘ le propriÈtaire se montre tour ‡ tour dÈmocrate sincËre (il prÙne le rappro chement et lÕÈgalitÈ maÓtre/esclave hÈros masochiste attendrissant (va-t-il jouer jusquÕau bout le rÙle du Christ ?) tyran ignoble (il vante aux esclaves les mÈrites de la rÈsignation : cÕest Dieu q a voulu que les noirs coupent la canne sucre). Les deux scÈnarios ne fonction-nent pas sur des rails. Ils se minent lÕu lÕautre, si bien que tout envol parab lique (la mÈtaphore nÕaura pas lieu) tou ne court. Le Vendredi saint, les esclaves-apÙtres, voyant que leur chris tique propriÈtaire nÕa pas tenu parole ( leur avait promis un jour de repos) se rÈvoltent contre lui. Le contremaÓtre ser tuÈ ‡ 15h mais, en raison dÕune tragiqu erreur de distribution (le Christ, ce nÕe pas lui), il nÕaura pas la chance de re susciter le dimanche. Le propriÈtaire, qui se prend pour Dieu le pËre tout e sÕidentifiant ‡ JÈsus mÍme sÕil manq visiblement dÕEsprit, dÈclare la guerre ses douze apÙtres. Ce sont eux et non l Christ qui seront tuÈs et crucifiÈs. Tous sauf un. DÈlicieux paradoxe : seul Judas, le traÓtre, sÕen sortira vivant (le derniËres images le montrent libr comme lÕair). Alea prend beaucoup d plaisir ‡ contrecarrer la destinÈe de ces deux scÈnarios instituÈs : le scÈnario politique cubain (infiniment plus protÈ-gÈ) et le scÈnario religieux. Son humou iconoclaste, qui tient surtout ‡ ce mÈlange de sÈrieux et de dÈtachemen souverain, fait plus dÕune fois penser a Ponce-Pilatede Roger Caillois. On n manquera pas dÕÈvoquer Ègalement l nom de BuÒuel, cinÈaste quÕAlea aim beaucoup. Alors que son filmLe Survivantssouffrait de la proximitÈ d modËle, de la rÈfÈrence avouÈe Viridianaet ‡LÕAnge exterminateu La ultima Cenasemble respirer ave beaucoup plus de libertÈ. Calquer deux
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scÈnarios connus, au dÈpart aveugles lÕun ‡ lÕautre, offre un collage arbitraire aux gags inattendus. Dommage que ce soit un peu trop facilement le scÈnario de la Semaine Sainte qui prenne ‡ lui seul tous les coups.Mais ne demandons pas lÕimpossible. Charles Tesson
Cahiers du CinÈma n∞347 - Mai 1983
Propos du rÈalisateur
LÕargument deLa ultima Cenaa ÈtÈ ÈlaborÈ ‡ partir dÕun paragraphe du livre El Ingeniode Moreno Fraginals Ècrit e vers la fin du XVIIIsiËcle. Ce para-graphe trËs court, est une anecdote du comte de Casa Bayona qui, dans un acte de profonde ferveur chrÈtienne, dÈcide de rÈunir douze de ses esclaves autour de sa table, ‡ lÕoccasion du jeudi saint. JusquÕalors, lÕexploitation de lÕesclavage avait ÈtÈ relativement modÈrÈ ‡ Cuba. Il existait une relation presque patriarcale dans laquelle lÕesclave faisait pratique-ment partie de la famille. On le faisait travailler normalement, sans lÕextrÍme cruautÈ qui allait surgir plus tard. La rÈvolution franÁaise, la rÈvolte des esclaves en HaÔti sont une des causes du dÈmantËlement de la production sucriËre haÔtienne alors que la demande mondiale est en augmentation. A Cuba, le rÈsultat est immÈdiat : un change-ment radical dans le traitement des esclaves qui se traduit par une terrible exploitation de ces derniers. CÕest dans ce contexte que le comte de Casa Bayona dÈcide dÕofficier ce rite dans lequel il prend la place du Christ et parle aux esclaves en essayant de trouver une justification ‡ leur exploitation. Dans le film, le comte est un personna-ge divisÈ dont les deux pÙles sont reprÈ-sentÈs par le chapelain et le contre-maÓtre ; le premier reprÈsente pour lui le salut, la rÈdemption ; cÕest un homme
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aussi bi contre Les esc tÈs co comme lÕhisto racontÈ person esclave des ap leurs dr La ulti lignes f fiction ge et e tiques p LÕimpo rÈduit ´recons du pas tion dir prÈsent
Le rÈalisateur
Filmographie
Figure centrale du cinÈma cubainEsta tierra nuestra1959 Tomas Gutierrez Alea est nÈ ‡ L Havane en 1928, mort en 1996.Historias de la Revolucion1960 Il a ÈtÈ formÈ au Centre expÈrimental dHistoires de la RÈvolution la cinÈmatographie de Rome, et ne don nera la pleine mesure de son talenLas doce sillas1962 quÕaprËs la rÈvolution Castriste.Les douze chaises Histoires de la rÈvolutionest le pre mier long mÈtrage non documentairCumbite1964 produit par lÕICAIC, LÕinstitut Cubain lÕArt et lÕIndustrie CinÈmatographiqLa muerte de un buracrata1966 Èmergeante. Lamort dÕun bureaucrate Les douze chaiseslui permet dÕabo der la comÈdie, genre auquel il restMemorias del subdesarrollo1968 fidËle avecLes survivantset qui luiMÈmoires du sous dÈveloppement offre des possibilitÈs critiques quÕ exploite dansMort dÕun bureaucratUn pelea cubana contra los demo-lÕun de ses films les plus connus.nios1971 Tomas Gutierrez Alea, surnommUn combat cubain contre les dÈmons ´Titonª, poursuit un parcours lucide e humaniste, avec notammentLa derniËLa ultima cena1975 re CËne, sur le lourd hÈritage colonialLa derniËre CËne puisJusquÕ‡ un certain poin,tl sur machisme de la sociÈtÈ cubaine.Los sobre vivientes1978 En pleine crise du castrisme, il fait unLes survivants fois de plus la preuve de son anti conformisme, de son rejet des prÈjugÈsHasta cierto punto1983 avecFresa y chocolateun certain point. JusquÕ‡ Le CinÈma cubain, sous la direction d Paulo Antonio ParanaguFresa y chocolate1992 Fraise et chocolat
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.25.11.83
Documents disponibles au France
La vie ouvriËre n∞2013 - 28 Mars au 3 Avril 1983 Le canard enchainÈ DiffÈrence - Avril 1983 ∞ -
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