La Mort de Maria de Schroeter Werner
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

FICHE/FILM
DER TOD DER MARIA MALIBRAN La mort de Maria MalibranF de Werner Schroeter
La nouveauté chez Schroeter se en offre l’occasion. Ce film sera sans aucun
nourrit d’insolences et de paradoxes. La doute la nouvelle pâture, de toute une
narration est constamment saccagée au intelligentia avant-gardiste qui ne fait
profit de la représentation. Le cinéaste ne aucune différence entre Cukor et GouldingDer Tod der Maria raconte jamais ni de près ni de loin, la vie de du moment que Garbo porte un chapeau
Malibran Maria Malibran, il étire certains instants de comme on peut en acheter, les dimanches et
La mort de Maria Malibran cette existence dans le champ filmique, jours fériés, aux Puces de Clignancourt.
instants qui sont donnés comme étant déjà Dans le monde spécial de Schroeter et de sade Werner Schroeter
reconstruits, repensés, voire représentés, Malibran le charme insidieux de l’outranceScénario: Werner Schroeter
sous les projecteurs d’un théâtre fictif ou décorative n’est qu’un piège. C’est le
d’un théâtre possible. Il joue avec les lieux, ricanement terrible d’un jeune auteur de
RFA 1975 les décors irréels et les paysages réels le films qui ne se fait à priori aucune illusion
19e siècle et les années trente, les visages sur la manière dont il sera compris et qui nedurée : 1h.50
de femmes et ceux d’incertains travestis... cherche peut-être pas à rectifier la
avec :
C’est dire si la vérité dite historique et datée réputation (ou la non-réputation) dans
Magdalena Montezuma se fait brutalement « remettre en place» au laquelle on va s’empresser de l’enfermer.
Manuela Riva profit d’une intense circulation en circuit La mort de Maria Malibran est une
Ingrid Caven fermé de tous les mythes issus du cinéma impressionnante méditation sur la douleur et
des revues à grand spectacle ou du drame le malheur de vivre. Le film s’ouvre sur une
Iyrique que les goûts (ou plutôt les mutilation sanglante (I’œil arraché d’une
engouements) personnels de Schroeter jeune fille) et s’achève sur le sang sortant de
colorent d’une manière unique comme la bouche mi-close de Maria Malibran
autant de produits nouveaux injectés dans foudroyée en scène sous les lumières
une combinaison chimique déjà fort dilatées d’un opéra fabuleux. Les premiers
complexe. Pendant près de deux heures on mots du film annoncent la nature de la
navigue dans un univers saturé de malédiction qui va colorer chaque plan,
références allant de Puccini au Blues, de chaque séquence et décider de l’orientation
Marlène à Médée, de Norma a Joséphine des situations jusqu’à l’issue finale: « Je
Baker où d’authentiques couchers de soleil suis de la race de ceux qui meurent quand ils
prennent le relais de décors peints en aiment ». Dès lors ces visages hyper
trompe l’œil, ou Nosferatu surgit avec un maquillés sont perçus différemment. On doit
visage d’emprunt des neiges de Bavière pour repousser la solution de facilité qui consiste
suivre une jeune fille qui se laissera arracher à fourguer le film de Schroeter dans la
un œil pour une bouchée de pain “, où les rubrique «Kitsch» qui recouvre tout et rien.
hauts fourneaux de l’Allemagne industrielle C’est «Kitsch» dit-on. Après, on peut
se profilent derrière les affrontements commencer à bailler en attendant le
vocaux de quelque opéra wagnerien, etc... nouveau produit «Kitsch ».
Ceci est le côté insolent de Werner L’univers de cette œuvre sous le signe des
Schroeter. Il provoque par le choix de la mirages, des songes, du cauchemar ou des
redondance. La boursouflure l’enivre ou le réminiscences lointaines est quelque chose
protège, mais ce choix est de toute évidence comme un sur-expressionnisme allemand où
un besoin vital. Cette hypertrophie du sens les couleurs et les sons viendraient prendre
et du signe n’est pas gratuite. Et si elle le relais des jeux d’ombre et de lumière des
l’était encore faudrait-il analyser cette films muets d’autrefois. Il s’agit d’un film
gratuité. Le délire ici n’est pas cultivé pour baroque au plein sens du terme et d’abord
lui-même dans le seul but de satisfaire un parce que Werner Schroeter développe
public snob et marginal toujours prêt à jusqu’à l’enflure un style résolument
s’installer dans la frivolité pourvu qu’on lui ostentatoire. Il représente le monde en
L E F R A N C ED O C U M E N T S
s’attachant passionnément aux ue la musique soit un de ces liens non Le drame, c’est celui de Maria Malibran,
formes aux jeux des apparences, aux logiques qui permettent la célèbre prima donna du dix-neuvième
tonalités. C'est un débordement de Qcommunication humaine en étant le siècle, qui mourut à vingt-huit ans, en
fards, de costumes, de bijoux, lien même où se rencontrent des chantant dans une soirée musicale.
d’étoffes chatoyantes, de couleurs sensibilités, lui permet de servir de Comme un écho mille fois répété du drame
obsessionnelles inoubliables (il y a la structure au film. Mais le système musical de celle qui va mourir, Schroeter montre et
quelques-uns des plus beaux rouges lui-même reste étranger à l’échange auquel démontre en images les composantes de ce
de l’histoire du cinéma qui iront il donne naissance. On ne communique pas drame: héroïsme théâtral, raffinement du
rejoindre dans la mémoire ceux de par la musique mais dans la musique: c’est geste, pulsion vitale de la voix qui se
Minnelli, de Nicholas Ray ou de Max là, peut-être, le sujet réel du troisième long manifestent sous forme d’espace en
Ophuls). Mais ce style ostentatoire métrage de Schroeter, La mort de Maria suscitant des fragments d’histoires qui
est l’expression d’une tension, d’un Malibran, où l’on peut trouver la plus belle arrivent, en un lieu imaginaire, à des
désir, d’une volonté éperdue de défense de son narcissisme personnages qui ne sont pas autre chose
rendre sensible quelque chose cinématographique. que le résultat de l’exigence d’un trémolo
d’interne et de douloureux. Pourtant, La mort de Maria Malibran est le type ou de la fugacité d’une trille.
dans le même mouvement on sent même du film qui risque de se voir attribuer Film musical par excellence, fait d’ondes
qu’une pudeur instinctive vient l’épithète d’anti-cinéma: aucune action. entrecroisées, La mort de Maria Malibran
bloquer l’essor de cet élan. Les aucun travail d’analyse de l’espace. mais, place le spectateur au centre même de
visages que la caméra observe en au contraire, un effort pour faire du temps l’œuvre, et lui donne à ressentir, en tant que
très gros plans cachent un secret cinématographique le support conscient de témoin, les échos assourdis d’un drame à
derrière leur carnation lisse, I’œuvre. Le film doit être assumé comme venir, le lent recours des ondes musicales
immobile et hérmetique comme ces une durée, car son propos est étranger à la émises par la Malibran, et qui
photos glacées illustrant les notion même d’espace. Il s’agit pour l’envahissent, chargées d’une soudaine
magazines féminins de luxe. Ils Schroeter de faire ressentir au spectateur, à gravité pour avoir hanté l’infini universel .
dissimulent un secret que le pouvoir travers les variations d’une voix, I’intensité
du cinéma s’efforce de rendre visible d’un drame. Gérard Talon Cinéma 74
dans l’intervalle fulgurant d’un éclair.
On n’oublie plus ce mal mystérieux
qui les ronge de l’intérieur et que le
film s’acharne en vain à masquer
sous la profusion de séductions
épidermiques. Neutralisées par la
mise en scène, elles cessent
d’occulter le sens dans le champ de
Filmographie:la frivolité pour laisser la voie libre à
l’introspection. Multipliant les signes
1968 Eika Katappa. et les reflets de l’extériorité, en vrai
1970 Dez Bomberpilot. poète de la vie intérieure, Werner
1971 Salomé,Macbeth, Hit Parade. Schroeter parvient ainsi et souvent
1972 La Mort de Maria Malibran, Willowcontre sa volonté a dire par l’image
Springs. ce qui est sans image. Contrairement
1973 les Flocons d’or. aux apparences, La mort de Maria
1975 L’Ange noir Malibran est une œuvre marginale
1978 Le Règne de Naples. d’une surprenante austérité, et la
1974 Palermo oderWolfsburg (Palerme).démarche de Werner Schroeter
1980 le Voyage blanc, la Répétition généralcomplètement, volontairement
1982 le Concile d ‘amour, le Jour des idiots.suicidaire, le spectacle n’étant plus
1983 Le rire des pierres ici qu’un incertain point de repère,
1985 De l’Argentine. quelque chose comme l’esquisse
1987 le roi des roses 1989 Malina

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