Latcho Drom
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Fiche technique du film " Latcho Drom ".
Site : abc-lefrance.com

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Latcho Drom F de Tony GatlifFICHE FILM fiche technique France - 1993 - 1h40 Réalisateur : Tony Gatlif scénario : Tony Gatlif les musiciens tsiganes : d'Inde, d'Egypte, de Turquie, Résumé Critiquede Roumanie, de Hongrie, Nous sommes ainsi conviés à un long Tony Gatlif persiste et signe : il est l’héri- de Slovaquie voyage à travers le temps et l’espace, au tier d’une longue tradition, celle du peuple long du chemin millénaire qui mena les Rom. Par le biais du cinéma, il en est deve-de France Roms du nord de l’Inde jusqu’aux rivages nu le chantre. Avec Latcho drom (Bonne d'Espagne de l’Atlantique. La musique nomade évo- route) le réalisateur des Princes s’efface lue, et les noms changent : rom, halab, tzi- derrière l’art et la manière de donner vrai- gane, gitan ou bohémien désignant les ment la parole à ceux qui ne l’ont pas.conseiller musical : multiples visages d’un peuple unique. Les Cette parole est, en l’occurrence, Alain Weber étapes se succèdent : I’Inde originaire, musique...Le spectacle est magistral. I’Egypte, la Turquie puis, au-delà du Latcho Drom est un beau film musical et Bosphore et de Sainte-Sophie, la un vrai pari en forme de road-movie ances- Roumanie, la Slovaquie, Auschwitz aussi; tral - c’est la version originale du genre. et encore l’Allemagne, la France des Bien avant Kerouac, les beatniks ou la Saintes - Maries, puis l’Espagne profonde. "rock’n roll attitude", bien avant les pion- Le fil d’Ariane de cette longue route reste niers du Nouveau Monde, il y a eu d’autres la musique, toute la musique. Elle surgit au nomades, d’autres aventuriers forcés et travers des fêtes ou de brefs moments de ignorés. Et, en tout premier plan, ceux-là haltes, sur la route. De nouveaux instru- qu’on nomme, par excellence, les gens du ments, des danses et des chants entrent voyage. Le film s’achève comme tout ainsi dans leur continuité historique pour road-movie: au bout du voyage, il y a une oreille non avertie... l’océan, mais un océan de tours citadines. Jean Darrigol L’aventure va peut-être se terminer, enfer- mensuel du cinéma n°58 mée dans la sédentarité. Alors il faudra encore parler, et raconter, prolonger la L E F R A N C E 1 D O C U M E N T S mémoire pour se souvenir de l’essentiel, lentement, spontanément, d'un regard dès l’instant où les Gitans - les Louars ne pas oublier. C’est là toute la force du d'enfant, d'une soirée au coin du feu, du Rajahstan (Inde), et autres Roms travail de Tony Gatlif. C’est ici l’honneur d'un voyage en train... d’Egypte, Turquie, Roumanie, Hongrie, du cinéma que de perpétuer ce bouche à ...Rien n'est affirmé, tout est suggéré. La Slovaquie, France et Andalousie - oreille du temps passé. musique est toujours belle, parfois entrent dans leur musique, tous les On n’oubliera ni les pourpres et les envoûtante... Comme par magie et avec simulacres possibles et imaginables du safrans du Rajasthan ni les larmes effa- un vrai talent de cinéaste, Tony Gatlif a cinéma disparaissent. On ne peut pas cées, en groupe, sur le quai d’une gare réussi son pari. affecter, jouer un jeu, proposer une ver- d’Europe centrale; pas plus que la danse Jean - Luc Macia sion édulcorée de la réalité, tout en des jeunes gitanes quelque part en Le Monde 4 novembre 1993 chantant avec un sentiment plus profond Andalousie ou celle des vieilles femmes et naturel que la joie et le bonheur. La qui portent en elles la grâce ridée d’une plupart de ces Gitans semblent se livrer tradition fertile. On pourrait dire que Latcho drom au Iyrisme (étymologiquement) sans Jean Darrigol (Bonne route) est le film le plus vrai de arrière-pensée; ils transcendent toute mensuel du cinéma 58 l’année. Pourquoi ? Parce que Tony idée de folklore par leur syntonie évi- Gatlif, qui se consacre enfin sérieuse- dente avec l’univers. Ou alors ce ne sont ment à son peuple, les Gitans (ou Roms), pas de vrais Gitans, ils miment des Cent minutes de chants, magiques, après des détours par des fictions fran- chants et des musiques post-synchroni- émouvants. Pas une comédie musicale çaises, a décidé de filmer sans sophisti- sés qui leur sont étrangers; dans ce cas mais peut - être le premier pamphlet cation ce qu’ils ont de plus fort, ce avec ce sont les meilleurs acteurs de tous les cinématographique uniquement en quoi tout leur être fait corps: leurs temps et ça revient au même... musique. Les héros ? : des anonymes musiques, leurs danses et leurs chants. C’est en cela que Tony Gatlif a un énor- bien typés. Oh, ne voyez aucun racisme Au-delà de l’émotion que génère me mérite : il a édifié un meilleur monu- dans cette épithète car Latcho Drom Latcho Drom par la beauté des chants ment que tout plaidoyer sociopolitique. est sans doute le plaidoyer antiraciste et musiques, par la vibration envoûtan- (C’est le contraire du très romanesque et jamais réalisé. Mais, les autres, sou- te, par la présence de musiciens qui poignant Temps des Gitans qui sert vent, les voient d'un très mauvais oeil vivent leur art avec une intensité natu- avant tout l’artiste Kusturica). Au-delà ces Rom, Halabs, Bohémiens, Tsiganes, relle - avec feeling diraient les jazzmen de toutes les infamies qu’on leur prête Gitans. Eux, assis autour du feu, ils et rockers - je trouve un tel film irréfu- généralement, de voleurs de poules à chantent. Ils chantent leur solitude, table. Bien qu’artistiquement, Latcho voleurs d’enfants, les Gitans du film leurs malheurs, leurs voyages, les exclu- Drom soit impur, voire maladroit, son existent avec une force et une générosi- sions ; et leur histoire millénaire. sujet même rend toute falsification té rares, dès qu’ils saisissent un violon Latcho Drom, en langue romani, veut impossible. La ferveur mystique avec (le plus souvent c’est un violon, ou dire Bonne route. Alors pour parler de laquelle ces manouches de plusieurs même un crin-crin), un luth, un accor- son peuple, avec un vrai langage d'artis- coins du monde, chantent, dansent, sont déon, et laissent parler leur tradition, ou te, sans haine mais avec beaucoup d'ef- leur musique, dépasse toutes les distin- celle qu’ils ont empruntée au pays où ils ficacité, Tony Gatlif a choisi la musique guos entre réel et fiction. C’est se sont fixés et qu’ils ont magnifiée... et refait l'itinéraire de ses ancêtres. peut-être même l’un des rares cas où un Tony Gatlif n’agit pas en ethnograplIe, ni Sa caméra remonte aux origines des documentaire ne peut être suspecté de en reporter. Il ne prétend pas "être Ie Tsiganes, quelque part au nord - ouest fausseté ou de manipulation. Peu impor- premier explorateur avoir pu approcher de l'Inde qu'ils ont quittée sans raison te la manière dont Tony Gatlif élabore telle ou telle peuplade, après des mois connue il y a dix siècles et où ils ont des mises en scène (légères) autour des d’observation qui lui ont permis d’obte- laissé une trace profonde, en chanson Gitans, peu importe les petites saynètes nir ce document exceptionnel sur les bien sûr. La caméra, (somptueuse) de qui illustrent didactiquement (elles inter- derniers chants rituels de cette peupla- Gatlif retrouve leurs descendants en viennent çà et là, entre les scènes pro- de". Latcho drom est filmé carré, en 35 Egypte (savez - vous que le terme gitan, prement musicales) le rejet dont ceux-ci millimètres, pas bougé, ni sale, ni filmé gypsy en anglais, vient du mot Egypte ?), sont victimes un peu partout. De toute à l’arraché pour faire vrai ; le son est en Turquie, en Roumanie, en Hongrie, en façon, ces saynètes sont tellement stéréophonique et il n’y a aucun com- Allemagne, en France, en Espagne. simples et naïves qu’elles ajoutent plu- mentaire lénifiant en voix-off aucune A chaque étape, le même émerveille- tôt une petite touche agréablement can- indication sur les pays traversés. Rien ment : pas de dialogue, la musique naît dide au film... Ce qui compte, c’est que que des sous-titres occasionnels qui tra- L E F R A N C E SALLE D'ART ET D'ESSAI CLASSÉE RECHERCHE 8, RUE DE LA VALSE 42100 SAINT-ETIENNE RÉPONDEUR : 77.32.71.71 2 77.32.76.96 Fax:77.25.11.83 D O C U M E N T S duisent certaines des chansons. Quand Le réalisateur des saynètes sont franchement interpré- tées, elles sont de l’ordre du cinéma muet : des villageois hostiles font Tony Gatlif est né le 10 septembre 1948 à décamper les Gitans de leur localité; Alger. Il a quitté l’Algérie, comme beau- quelques barbelés, de la neige et un coup, au tournant des années soixante. Le matricule tatoué sur l’avant-bras d’une cinéma est venu à lui, dans le sillage de grandmère chanteuse illustrent une sa première Ecole. Un préfabriqué, monté chanson sur Auschwitz (ou des milliers en 24 heures sur un terrain vague, dans de Gitans furent exterminés) ; la police lequel les autorités avaient le plus grand espagnole fait murer un squatt héber- mal à attirer les jeunes enfants du bidon- geant des chanteurs de flamenco. Bref, ville. Tony Gatlif a eu la pudeur et le respect de ne pas réaliser un film pauvre sur des communautés pauvres, qui n’ont pour seul bien que leur vécu musical, mais un Filmographie film confortable, qui donne leur place à des êtres beaux et nobles comme les Louars de l’lnde, heureux comme les La tête en ruine 1975Ghaziya de Haute-Egypte, ou chaleureux malgré le froid et la misère comme les La terre au ventre 1978Roms de Roumanie. Ajoutons qu’en plus de la vérité indé- Corre Gitano 1981niable de mélodies jamais fluides et policées comme celles de la musique Les princes 1983classique tonale (cf.Mozart), mais pleines de dissonances non codifiées, Rue du départ 1985les textes (parfois sous-titrés) des chan- sons, donnent le sentiment d`assister à Pleure pas my love 1988une véritable geste de ce peuple noma- de. On passe de l’amour courtois (Inde) Latcho Drom 1992/93au pamphlet politique (diatribe sur Ceauscescu en Roumanie), en passannt Mondo 1995par le blues des camps de concentra- tion. Car Tony Gatlif, en plus de son hon- Gadjo Dilo 1997nêteté et de sa manière d'adhérer sans misérabilisme au dest
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