Le Pays des sourds de Philibert Nicolas
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

Le pays des sourds
F de Nicolas Philibert
FICHE FILM
fiche technique
France 1993 1h39
Réalisateur :
Nicolas Philibert
Image :
Frédéric Labourasse
Interprètes :
Le pays des sourdsJean-Claude Poulain
Aboubaker
Anh Tuan
Betty
Florent
Denis Azra Présentation du film
A quoi ressemble le monde pour les mil- détaillées.
liers de gens qui vivent dans le silence ? Jean-Claude, Abou, Claire, Philo, Hubert,
Quiconque s’est aventuré au "Pays des Karine et tous les autres, sourds pro-
sourds" aura été frappé par l’étrangeté fonds depuis leur naissance ou les pre-
de cette chorégraphie de signes qui leur miers mois de leur vie, rêvent, pensent,
permet de s’exprimer. communiquent en signes et voient le
Élaborés depuis la nuit des temps, ces monde différemment.
signes constituent une véritable langue, Avec eux, nous irons à la découverte de
où chaque mot, chaque unité de sens, ce pays lointain où le regard et le tou-
se traduit par une image que l’on trace cher ont tant d’importance. Ce film
dans l’espace. Ces signes, aussi précis raconte leur histoire, et nous fait voir le
et nuancés que la parole, peuvent, au monde à travers leurs yeux.
moins autant qu’elle, se prêter aux Dossier distributeur
déclarations amoureuses comme aux
descriptions techniques les plus
L E F R A N C E
1D O C U M E N T S
vailler” la matière même du cinéma, banale si cette méthode n’était visi-Le projet
puisqu’ici chaque mot se traduit par blement tant minoritaire".
une image tracée dans l’espace... Frédéric Strauss
Dossier distributeur Les Cahiers du Cinéma n°452
Ma rencontre avec le monde des
sourds remonte à une dizaine
d’années : en septembre 1983, sollici-
Le langage des signesté par un groupe de psychiatres pour Critique
participer à l’élaboration de films
pédagogiques sur la langue des Au cours de mon initiation à la langueLa beauté, la justesse du film de
signes, je pénétrai pour la première
des signes, je ne devais cesser deNicolas Philibert tiennent principale-
fois de ma vie dans l’enceinte de l’lnsti- m’étonner des audaces de ce langage,ment à l’effacement de son propre tra-
tut National des Jeunes Sourds de de ses raccourcis, de sa violence par-vail de cinéaste au profit d'une simpli-
Paris. Pour des raisons qui m’échappent fois, de sa beauté surtout. J’admiraiscité réelle (mais évidemment apparen-
ce projet ne vit jamais le jour, mais les la grâce, la virtuosité, I’humour avecte : on devine l’élaboration complexe
premiers contacts que j’eus avec des
lesquels le professeur racontait, dude la mesure du temps, du choix et de
sourds éveillèrent en moi une telle bout de ses doigts, les incroyablesla structuration des images au monta-
curiosité pour leur langue gestuelle mésaventures auxquelles sa vie dege) qui, à chaque personne filmée, fait
que je pris la décision de l’apprendre. sourd l’avait confronté, les péripétiesdon du cinéma, c’est-à-dire d’un espa-
Et huit jours plus tard, à l’instar de de ses nombreux voyages à l’étranger,ce d’expression et de communication
nombreux parents d’enfants sourds,
ses rencontres avec les sourds duà investir à son gré. Le mouvement qui
j’allai m’inscrire à un cours hebdoma- monde entier... Par ses qualités des’amorce alors est un des plus fasci-
daire, niveau “débutants”... pédagogue, sans jamais avoir recoursnants que l’image puisse restituer :
ni au langage parlé, ni même à l’écrit,plus ceux qui sont devant la caméra
Dès le premier jour, le professeur, un il réussissait à faire passer toutes less’approprient le champ libre qu’elle
sourd profond qui ne s’exprimait
nuances de sa pensée, tous les détailsouvre (moment si fort, par exemple,
lui-même qu’en signes, sortit de son d’une histoire. Ses récits, souvent tru-quand un petit garçon sourd saisit la
cartable une série de dessins destinés culents et drôles, révélaient uneperche du preneur de son), et plus
à nous faire comprendre, en termes de mémoire visuelle, une acuité duceux qui sont devant l’écran s’appro-
“cadrages”, I’espace qui convenait à regard tout à fait exceptionnelles,prient le langage (les signes mais
la pratique de son langage : non seu-
impossibles chez un entendant.aussi une expressivité du visage à
lement nos signes exigeraient la plus
laquelle on est peu familier) de ce
grande précision, mais encore Je découvrais que la langue despays du silence. Nicolas Philibert met
faudrait-il qu’ils ne soient ni trop étri- signes pouvait se prêter au moinssa place de cinéaste en jeu, la main-
qués ni trop amples, de façon à s’ins- autant que la parole aux descriptionstient en éveil, la soumet au mouve-
crire dans un espace qui correspond
techniques les plus détaillées, auxment, au temps des autres, sans
très exactement à celui que les déclarations amoureuses, à l’analyseperdre cependant sa maîtrise ni son
cinéastes du monde entier désignent ou à la poésie. Je mesurais l’impor-point de vue (car c’en est un, et il est
sous le nom de “plan américain”. tance que prenaient pour les sourds,très fort). Pour ceux qui n’entendent
Mais il y aurait aussi des signes qu’il dans leur vie de tous les jours, lespas, la technique devient ainsi le sym-
faudrait exécuter en “gros plan”, et
autres sens tels que la vue et le tou-bole d’une écoute et, pour ceux qui ne
d’autres incluant même des mouve- cher : alors que nous, les entendants,savent plus écouter, elle traduit un
ments de zoom ! Comme on peut s’en pouvons nous parler sans nous voir,dialogue "en bonne entente". Cette
douter, ces allusions au langage du par téléphone, d’une pièce à l’autre,manifestation du rôle de médiateur du
cinéma produisirent un déclic. En ou même simplement sans nous regar-cinéaste n’est qu’un des principes fon-
découvrant la langue des signes, j’ai
der, les sourds quant à eux sont dansdateurs du film de Nicolas Philibert
aussitôt pensé qu’un film sur le monde la nécessité permanente de se placer(qui ne s’arrête pas en si bon chemin)
des sourds serait de nature à “tra- l’un en face de l’autre pour communi-et ferait presque figure d’évidence
L E F R A N C E
SALLE D'ART ET D'ESSAI
CLASSÉE RECHERCHE
8, RUE DE LA VALSE
42100 SAINT-ETIENNE
RÉPONDEUR : 77.32.71.71
2
77.32.76.96
Fax:77.25.11.83D O C U M E N T S
quer. D’où le rôle de la lumière : I’obs- Le réalisateur Filmographie
curité ou la pénombre les privant de
toute possibilité d’expression. D’où
également l’extrême intensité des rela-
tions affectives qui s’établissent entre La voix de son maître 1978Né en 1951, il étudie la philosophie à
eux. Car n’ayant aucun moyen de com- l’Université de Grenoble.
Patrons/Télévision 1979muniquer sans se regarder, ils se "par- De 1973 à 1976, il est assistant de René
lent" vraiment, s’engagent physique- Allio, d’Alain Tanner, puis décorateur
La face Nord du camembert 1985auprès de Claude Goretta.ment dans l’échange avec l’autre.
En 1978, avec Gérard Mordillat, il réalise un
Christophe 1986long-métrage documentaire, "La Voix deQuelle surprise enfin de découvrir que
Y’a pas d’malaiseson Maître" ainsi que trois heures de télé-les sourds ne s’appelaient pas entre
vision, "Patrons / Télévision", qui met-eux par leurs noms, mais - là encore -
tent en scène la parole d’une quinzaine depar des signes, chacun d’eux possé-
Vas-y Lapébie ! 1988dirigeants de grands groupes industrielsdant une fois pour toutes un signe
Le come-back de Baquetfrancais. Censurée à l’époque, cette série
bien précis, soigneusement établi par
sera diffusée treize ans plus tard, en 1991,
les autres en fonction de sa physiono- Migraine 1989par La Sept, sous le titre "Patrons
mie,d'un trait de caractère, de son acti-
78/91".
vité professionnelle ou de toute autre La ville Louvre 1990De 1985 à 1988, Nicolas Philibert tourne
caractéristique individuelle. Ainsi,
de nombreux documentaires d’aventure
après que j'eus indiqué quelle était ma Le pays des sourds 1992ainsi que plusieurs portraits, tous diffusés
profession, on m'attribua un signe qui, à la télévision : "La Face Nord du
associant la première lettre de mon Un animal, des animaux 1994Camembert", "Christophe", "Y’a pas
prénom avec un écran de cinéma, de malaise", "Trilogie pour un
pourrait se traduire par "Celui dont le La moindre d

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