Le Singe de Abdykalykov Aktan
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

Le Singe Maimil FICHE FILM
www.abc-lefrance.com
D O C U M E N T
flou des montagnes ? On joue ‡ des jeu idiots, on Èchange des beignes et de cartes cochonnes, on danse des slow raides dans des surboums improvisÈes sur de l'imitation pop locale. On rÍve sur tout, le Singe comme ses potes, d'alle voir ce qui se passe sous les jupes de filles. (...) Face au miroir, le Singe paraÓt inter roger son visage plein et butÈ, qui reflËt les Ènigmes de l'adolescence. Il le dÈfor me par des grimaces, le cherche. Tout e partageant leurs jeux et leurs prÈoccupa tions, il ne se reconnaÓt pas vraimen chez ses bruyants camarades. Mais c dÈtachement, Abdykalykov prend bie soin de le rÈvÈler progressivement, dan ses nuances et sans jamais souligner l trait. D'o˘ l'aspect de chronique anecdo tique, voire volatile, que prend parfois l film. Plus pesante est en revanche l'Èvocatio du lien avec le pËre, dont les beuverie lamentables Ècoeurent la mËre et trou blent le fils : comment se retrouver e cet homme qui ne peut plus lui-mÍme s regarder dans la glace ? La belle simpli citÈ, esthÈtique et narrative, adoptÈe pa Abdykalykov le garde heureusement d tout faux pas. La mÈlancolie qu'il impri me ‡ ce personnage encore si proche d lui, ‡ prËs de trente ans d'Ècart, trouv un dÈcor idÈal autour de cette voie fer rÈe o˘ le Singe donne un coup de main des cheminots cossards et querelleurs. Par l‡ sont aussi des femmes, l'une qui lui bande un bras blessÈ, l'autre qui s'offre trop facilement, et dont il refus les avances. A une troisiËme, blonde e sage, il volera de justesse un baiser Aimer, c'est compliquÈ : voil‡ le trË ancien message qu'un cinÈaste kirghi (le seul, pour l'instant) trace de nouvell maniËre sur le visage de son Singe pe savant. Avant d'aimer, sans doute faut-il partirmourir un peu. C'est cette petit mort, ‡ la fois douce et violente, qu capte si bien ce film-blues aux bigarru trompeuses. FranÁois Go TÈlÈrama n∞ 2715 - 26 janvier 20
RÈgler des comptes, mettre les point sur les i, est toujours difficile, je ne croi pas que qui que ce soit puisse dÈfini une maniËre correcte de vivre, nou errons toujours et nous essayons d nous y retrouverª, nous dÈclarait Akta Abdykalykov en fÈvrier 1999, ‡ l'occa sion de la sortie duFils adoptif, so premier long mÈtrage. Il y racontait com ment une coutume ancestrale dans l campagne kirghize autorise des parent ayant trop d'enfants ‡ confier l'un d'eu ‡ un couple stÈrile. L'Èvidence de c geste de filiation par don lui Ètait restÈ un peu en travers de la gorge, avait tein tÈ son enfance d'un sentiment de dÈca lage prolongÈ avec le monde. Pour l reprÈsenter dans cette Èvocation d passÈ, le cinÈaste faisait jouer so propre fils, Mirlan. (É) CÕest lui qu nous retrouvons aujourdÕhui (É) (...) Le Singe, donc, c'est lui pour caus d'oreilles dÈcollÈes, ce qui ne saute pa aux yeux parmi la cohorte des garÁon de son ‚ge, cr‚ne rasÈ en vue de leu prochaine incorporation au service mili taire. Le genre du film est balisÈ: pre miers baisers, mÈlancolie de fin d'enfan ce, voyage vers un ‚ge adulte dont rie ne dit qu'il s'annonce prometteur, vacan ce intÈrieure, Ètats d'‚me vagues L'homme, on le sait, bute contre so propre os frontal (Kafka dixit), c'est pou Áa qu'il regarde ses chaussures en incli nant la tÍte, qu'il fait les yeux noirs ‡ l vie pour la disgr‚ce qu'elle offre benoÓ tement en guise de viatique. Et aprËs Áa bon vent! Dans le temps du film, le Kirghizstan es toujours dans le giron soviÈtique mai l'utopie communiste, faite de lende mains qui chantent aprËs le dur labeu collectivisÈ, a dÈj‡ du plomb dans l'aile. Le pËre est un emblËme de la so˚logra phie suicidaire qui s'est emparÈe de l plupart des hommes. La mËre endure n'en pense pas moins et finira dans u - -
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.32.07.09
Platformchinois de Jia Zangkhe, comme si une expÈrience profonde, transnationale, de bourdon et d'isole-ment communiquait entre diffÈrents points de la carte gÈopolitique du marxisme appliquÈ. On comprend qu'‡ chaque fois, c'est la question des pos-sibles qui est posÈe, entre un avenir dictÈ administrativement d'en haut et une gabegie de terrain absolue. Il ne fait pas de doute qu'un tel film trouve des Èchos intimes chez n'importe qui a ÈtÈ ado, a fortiori dans un bled reculÈ de province, mais sa sÈduction provient aussi de l'incroyable insularitÈ des protagonistes qui ressortit d'un espace-temps diffÈrent du nÙtre. (...)Le talent du cinÈaste, qui voulut longtemps devenir peintre, est intact dans cette capacitÈ ‡ recrÈer ces Èpiphanies d'une dolce vita paradoxale au fin fond de la cambrousse. Il nourrit son film de dÈtails de rien, capables pourtant de faire vibrer le plan, un peigne pour parfaire le pli du pantalon, la tache sur le visage de la fille prÈposÈe ‡ l'aiguillage du chemin de fer ou encore la chair Ècoeurante d'une dÈlurÈe locale. PrÈcision du cadre, s˚retÈ du geste dans l'agencement des couleurs et des formes certes, mais, tout comme dans le Fils adoptif, le film Èpate surtout par sa bande-son. L'omniprÈsence du chant des oiseaux, le bruit du vent, le mezza voce des conversations et l'accord miraculeux d'une chanson entonnÈe en choeur dans une nuit de grande suavitÈ (les Peupliers, du folk kirghiz!) remplissent la conque hypersensible du film ‡ lui don-ner le vertige. Ce film ‡ Ècouter, tissÈ de l'abstraction musicale de tous les bruits rescapÈs du temps perdu, o˘ la mÈmoire s'est entiËrement rÈfugiÈe, plaide pour une revoyure recueillie duSinge. Les yeux fermÈs. Le Singe, ou le spleen aux Èchos folks de la jeunesse kirghize.
D O C U M E N T
AprËsLa routedu Kazakh Dareja Omirbaev,Le Singe, troisiËme lon mÈtrage du rÈalisateur kirghiz Akta Abdykalikov contribue ‡ mettre sur l devant de la scËne le fascinant cinÈm d'Asie centrale. Autant le premier Ètai une Ïuvre en perpÈtuel mouvement, autant le second semble de prime abor un film arrÍtÈ, comme suspendu dans l temps. Son sujet - l'attente de l conscription vÈcue par un jeune villa geois kirghiz en quÍte obstinÈe de dÈpu celage - favorise naturellement cett impression, qui n'en demeure pas moin trompeuse. CarLe singe, contre tout attente, est une ÈpopÈe. EpopÈe de l laideur en l'espËce, inscrite sur le visages et sur les corps de ses protago nistes, dans cet ultime volet - aprËsL BalanÁoire(1993) etLe Fils adopti (1998) - d'une trilogie autobiographiqu dont le rÙle principal est interprÈtÈ pa le propre fils du cinÈaste. L'essentiel du film est l‡, dans la maniË re dont le hÈros - et autour de lui tout u petit peuple malmenÈ par l'histoire e peu ou prou inconnu du reste de la pla nËte - tÈmoignent de l'existence d'u "trou du cul du monde" qui se nomme l Kirghizstan (...) Rien de superflu ni d pathÈtique (...) juste une intelligenc aiguÎ de la vocation du cinÈma, admi nistrÈe avec une modestie et une poli tesse exemplaires. Qu'on en juge d'aprËs nature. Le hÈro du film, un jeune homme aux oreille dÈcollÈes et au visage ingrat surnomm "le singe"par ses amis, traÓne comme u fardeau son dÈsir dans les ruelle dÈsertes du village et aux abords de l voie ferrÈe, o˘ il donne la main ‡ un fine Èquipe de flemmards congÈnitaux. Vers qui pourrait-il d'ailleurs se tour ner ? Son pËre, abruti par l'alcool dÈlaisse le jeune homme, bat sa femm et ruine le foyer. Ses amis, adolescent boutonneux ou petites frappes, passen aussi difficilement que lui le temps qui les sÈpare de l'‚ge adulte. Les filles, son beau souci, font semblan de ne pas le voir, ou s'Èloignent subite
ment dËs qu'il s'approche pour les invi-ter ‡ danser. Vers qui se tourner, dËs lors, pour remplir ce dÈlicat programme, fixÈ depuis la matrice d'un immens cylindre de mÈtal avec deux copain aussi disgracieux que lui : "Baiser avant la conscription" ? Vers Zina, la prostituÈe ÈlÈphantesque du village, qui manque le violer alors qu'il la conduit ‡ moto ? Vers la garde barriËre, dont la solitude mange la moi tiÈ du visage sous la forme d'une tach brune ? Pas davantage, quand bie mÍme il cÈderait ‡ la tentation. Resten les miroirs, dont le reflet, quand ils sont attachÈs ‡ une chaussure, perme d'apercevoir l'entrejambe des jeune filles qui tardent ‡ sortir de l'enfance, ou de regarder bien en face, lorsqu'ils son installÈs dans une chambre, son propre visage, contrefait et grimaÁant. Toute l force du film, son hÈroÔsme pourrait-on dire, consiste dËs lors ‡ dÈpasser cette monstruositÈ du reflet en y revenan sans cesse, en insistant jusqu'a moment o˘ son insuffisance devient fla grante. Il existe ‡ cet Ègard une affinitÈ Èvidente entre le propos du film qui Èvoque l'attente d'une autre vie, le dÈsÏuvrement des personnages qui ne rend pas justice ‡ l'absolu de leur dÈsir, et leur image, qui ne les reflËte jamais qu'au seuil de leur humanitÈ. La prÈsence rÈcurrente des animau dans le film - oies, chaton, cafard, bÏuf, grenouille ou tortue - constitue ‡ ce titre un ÈlÈment fondamental, dans la mesu re o˘ cet anodin bestiaire, ‡ mesur qu'il ponctue l'action des hommes, finit par faire la preuve de leur lÈgitimit existentielle, quand il ne sert pas tout bonnement ‡ les nommer ("le singe"). Exemplaire est ‡ cet Ègard le plan a cours duquel le hÈros duSingese glis se dans le gourbi de la plantureuse Zin pour l'Èpier dans la dÈvastation charnel le de son sommeil, avant de dÈtourne son regard et de fuir ‡ toutes jambe lorsqu'une prÈsence se manifeste der riËre la porte d'une piËce attenante. Contre toute attente, c'est une oie qui
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apparaÓt, laquelle se fige bÍtement au milieu de la piËce, au cours d'un trËs long plan qui semble attendre son com-mentaire. On est alors tentÈ d'entendre le hurlement qui vient - Ètrange Ècho ‡ celui qui sature leSobiborde Claude Lanzmann - comme la manifestation de ce qui fonde, dans un beau couac, la relation proprement humaine au visible. Jacques Mandelbaum
Entretien avec le rÈalisateur
Le Singeest le troisiËme volet de votre autobiographie, aprËsLa balanÁoireet Le fils adoptif. Comment Ítes-vous passÈ de l'un ‡ l'autre ? Il s'agit effectivement de trois Ètapes de mon passÈ, et mon fils joue chaque fois mon rÙle : ces films, que j'appelle "La trilogie des souffrances", reflËtent ‡ la fois mon Èvolution comme enfant et comme adolescent, mon Èvolution comme cinÈaste depuis 1993, et l'Èvolu-tion de Mirlan, mon fils. Comme cinÈas-te, j'ai essayÈ de m'amÈliorer sans perdre l'Èlan du dÈbut. A l'Èpoque deLa balanÁoire, on ne savait rien, tout le monde (moi, mon fils alors tout petit, l'Èquipe de tournage) jouait ‡ faire du cinÈma. Depuis, j'essaie de formaliser cette spontanÈitÈ sans l'Èdulcorer. J'y arrive bien avec Mirlan, avec les autres interprËtes c'est moins simple : mÍme amateurs, les gens prennent des tics. J'ai donc ÈtÈ obligÈ de changer d'inter-prËtes ‡ chaque film.
Le portrait des rapports pËre-fils est par-ticuliËrement douloureux dans le film. Il correspond ‡ ce que j'ai vÈcu, non avec mon pËre mais avec mon grand frËre. La maniËre dont l'alcool dÈtruit les -
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du dans mon pays. Je l'ai ÈvoquÈ e espÈrant que les films pourraient aide d'autres personnes ‡ se libÈrer de cett emprise. J'ai voulu montrer ce qu j'avais connu, en essayant de ne pa juger le personnage du pËre, en Èvitan de le montrer avec ironie.
Le film donne un grand sentiment d libertÈ. Dans quelle mesure est-il impro visÈ ? Moins que les prÈcÈdentsÉLa balan Áoireavait un scÈnario qui a entiËre ment changÈ pendant le tournage. Cett fois, j'avais essayÈ d'anticiper davanta ge, mÍme si les dirigeants de la sociÈt franÁaise NoÈ Production [FrÈdÈriqu Dumas, Marc Baschet et Cedomir Kolar Ètaient d'accord pour accepter 50 % d changements. Plus je calcule, et plus j doute ensuite, alors je casse ce qu j'avais construit. Cela donne, j'espËre un cÙtÈ naÔf au rÈsultat. Je me laiss aussi influencer par le comportemen des interprËtes. Par exemple j'ignorai que le personnage de Zina, la prosti tuÈe, serait aussi prÈsent, c'est l'actric qui l'a imposÈ. Evidemment, cett maniËre de travailler est trËs longue et pour moi, angoissante. Nous avons tour nÈ pendant trois mois et demi.
Votre mise en scËne s'apparente ‡ u rÈalisme trËs pur, et pourtant on es frappÈ par des images qui semblen esthÈtiquement trËs composÈes. Comment arrivez-vous ‡ ce rÈsultat ? Cette impression vient de mon premie mÈtier : je suis peintre avant d'Ítr cinÈaste. MÍme aujourd'hui, avec un camÈra, je me sens plus peintre qu metteur en scËne. C'est l'une des rai sons pour lesquelles je refuse de tra vailler avec des acteurs professionnels Je perÁois le cinÈma comme un ar visuel. Cela explique sans doute pour quoi j'avais tendance ‡ Èviter autant qu possible le recours aux dialogu Beaucoup de films me font l'effet d'Í de la radio, Áa ne m'intÈresse pas. vieillissant, je dÈcouvre les possibili
cinÈmatographiques de la parole et j'ap-prends ‡ trouver une place pour les mots. Mais je prÈfËre les sÈquences sans paroles.
Vos films dÈcrivent-ils une situation pas-sÈe ? Pas du tout. MÍme s'il s'agit de mon enfance, ils portent les traces de l'atmo-sphËre du moment o˘ je les ai tournÈs. La balanÁoirecorrespondait ‡ la fin de l'Ëre soviÈtique,Le fils adoptifavait une tonalitÈ plus optimiste, nous Ètions les fils de personne, on ignorait vers quoi on allait mais il existait un avenir. Le singeest plus sombre, la situation est devenue angoissante et triste, les dirigeants ne cessent de repousser les Èlections. Nous aurons ÈtÈ une dÈmo-cratie durant quelques annÈes... Maintenant, j'aimerais raconter une his-toire d'aujourd'hui, et surtout changer de point de vue. Comme un peintre, j'ai besoin de me reculer pour mieux voir ce que je fais - et pour mieux voir mes dÈfauts. Je ne veux pas me retrouver prisonnier de ce que j'ai fait. Propos recueillis par Jean-Michel Frodon Le Monde Janvier 2002
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Le RÈalisateur
Aktan Abdykalykov n'est pas un inconnu pour les cinÈphiles.Le fils adoptif, son prÈcÈdent filmsorti ‡ Paris il y a prËs de trois ans fut pour beaucoup un choc. On dÈcouvrait un cinÈma inÈdit, qui se passait de mots et allait vers la beautÈ, en provenance d'une rÈgion Èmergeant de l'effondrement de l'Union soviÈtique, la Kirghizie. CommenÁant sa carriËre en 1981 comme dÈcorateur pour les studios d'Etat Kirghiz-film, il signe la dÈcennie suivante quelques courts mÈtrages Èpoustouflants (Un chien courait,La balanÁoire) avant de rÈaliserO˘ est ta maison, escargot ?, encore inÈdit en France (É)
Filmographie
Beshkempir Le fils adoptif Maimil
Philippe Azoury
1998
2001
Documents disponibles au France
Positif n∞485,486,492
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