Le testament d'Orphée ou Ne me demandez pas pourquoi ! de Jean Cocteau & Jacques Pinoteau FICHE FILM Fiche technique France 1960 1h17 Réalisateurs : Jean Cocteau & Jacques Pinoteau Scénario : Jean Cocteau
Image : Roland Pontoizeau
Montage : MarieJosèphe Yoyotte
Musique : C r i s t o p hVo nG l u c k , Georg Frierich Haendel, Richard Wagner, Georges Auric, Martial Solal
Décor : Pierre Guffroy Interprètes : Jean Cocteau (Le poète Jean Cocteau) Jean Marais (Oedipe) JeanPierre Léaud (L’écolier) François Périer (Heurtebise)Résumé Critique Maria Casarès (La princesse)Cocteau joue ici son propre rôle,C’est une œuvre fantasmagorique. Edouard Dermithecelui du poète qui traverse le tempsLa symbolique en est obscure pour et abolit les distances, celui qui mêlequi n’a pas des familiarités avec (Cégeste) rêve et réalité dans un monde oùl’œuvre, les personnages, la vie de Françoise Arnoul règne l’esthétique.Jean Cocteau. Mais c’est aussi un Brigitte Bardot L EF R A N C E www.abclefrance.com
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L EF R A N C E acte de courage…car il s’agit bienDans le domaine de l’expression d’une descente aux Enfers, mais(…) Fautil interroger cette œuvrecinématographique, il peut paraî les Enfers, c’est notre monde. Ledont le soustitre estNe metre en effet en avance sur notre poète affronte mille tentations :demandez pas pourquoi ?. temps,tout comme l’an dernier l’ordre établi, le logique, la moraleTout au plus peuton en souliHiroshima mon Amour d’A. courante, son œuvre même. Il engner quelques caractéristiques.Resnais. Resnais et Cocteau ren triomphe chaque fois en s’escaJ’y vois d’abord qu’elle est prodent la caméra à son vrai rôle qui motant… OrphéeCocteau ne sefondément rattachée aux autresest de se mouvoir à la fois dans réclame pas d’une logique quofilms de Cocteau. Ce n’est pasle temps et dans l’espace en les tidienne, mais de celle du rêve.pour rien qu’elle commence parannulant, de rendre palpable cette Il recrèe un univers onirique quela dernière séquence d'Orphéedimension tant recher… quatrième nous reconnaissons, mais qui nousJe vois aussi dansle Testamentpar les mathématiciens… chée dérange. laplus grande maîtrise cinémaIl ne m’appartient pas de juger la Michel Aubrianttographique jamais conquise. Amythologie de Jean Cocteau, ni sa L’Intransigeant 23 février 1960bien y réfléchir, il n ‘y a que laphilosophie. Je m’en tiendrai au seconde partie d’Ivan le Terriblequi est proprement fascinant, film qui fournisse le même exemple deéblouissant, profondément irréel. (…) Je dirais que c’est un poèmeliberté totale… pour aboutir à laSamuel Lachize biographique. Poème, cela va deplus mystérieuse, à la plus personL'Humanité 24 février 1960 soi puisque Jean Cocteau estnelle, à la plus austère réflexion poète. Biographique parce quesur la puissance et la mort ; et c’est sa vie apparemment vécueaujourd’hui : Cocteau écrivantNous sommes en 1959 dans le et telle que n’importe qui pourraitd’une caméra ailée un essai surcadre magnifique des Baux de la reconstituer, mais sa vie rêvée,luimême, un chant profond surProvence. Jean Cocteau y tourne mille fois plus vraie sans doute àluimême, entouré de ses amours,son filmLe Testament d’Orphéeses yeux que l’autre… Cocteaude ses amis, de ses tableaux, deavec quelques amis acteurs tels nous offre ici quelquesuns de sesses œuvres, de ses personnagesYul Bryner, Jean Marais, Maria songes familiers, si familiers qu’ilsde film ou de théâtre… et jouantCasarès.Le Testament d’Orphéeont cessé d’être des songes… Illuimême Jean Cocteau avec unest une aventure un peu folle : il nous entraine dans un univers fascinant mélange de gravité ets’agit de la biographie de Cocteau son univers qui n’est imaginaired’humour, de simplicité et d’élésans aucun souci de chronologie. que pour nous qui ne savons pasgance, en un mot : avec grâce.C’est un film presque sans paroles voir… C’est un documentaire surJacques DoniolValcrozeoù Cocteau joue le rôle principal, luimême que Cocteau a tourné.les autres acteurs y interprétant Et ce documentaire est beaucoupun rôle de figurant. Jean Cocteau plus réaliste que ne pourrait l’êtreL’ambition de Jean Cocteau estaccepta la présence permanente la savante étude d’un historien litde «détruire les tabous ridicules»d’une équipe radiophonique con téraire. Tout Cocteau est dans ceet d’éduquer le public du cinémaduite par Roger Pillaudin pour sui film, avec ses tics, ses manies,au même titre que le public desvre les grandes heures du tour ses obsessions, ses jongleries, sesexpositions de peinture, «sinon lanage. Le montage des captations tours de passepasse, ses arabesjeunesse du milieu cinématograsonores constitue donc le journal ques, ses métaphores, ses plaiphique ne sera jamais jeune, etdu tournage du film. Ce document santeries, mais avec aussi ce senscondamnée à obéir toujours auxfut diffusé sur France I en février inné de la Beauté et de la Poésiemauvaises habitudes du produc1960. Il relate donc une étape de qui l’habite.teur, du distributeur et des direcla vie du poèteécrivaincinéaste. Jean de Baroncelliteurs de salles». Je suis persuadéJMV. Le Monde 21 février 1960dix ans on ne conteste qu’avantwww.lamediatheque.be ra pas auTestament letitre de chefd’œuvre du cinéma mondial. D O C U M E N T S
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L EF R A N C E par son auteur. "Le film permetCocteau poète par trop voué au A l’actif duTestament d’Orphée,de montrer l’irréalité avec un réamonde et aux mondanités, n’avait il faut porter la jeunesse de Jeanlisme qui oblige le spectateur à yrien à dire sur la mort. «Tu veux Cocteau, jeunesse qui lui permetcroireparler de la mort et tu ne sais rien». mais on chercherait vaine de jouer à «irriter le bourgeois»,ment illustration probante de cettede la vie», disait un philosophe à 70 ans. Le plaisir de scandaliformule dans le film. Et de toutechinois, mais Jean Cocteau n’a ser, de bousculer, d’ennuyer estfaçon n’estce pas une erreur fonpas grand chose à dire non plus aussi une forme de poésie dans ladamentale ? L'irréalité n’est pas.sur la vie. mesure où il est révolté, et cetteSeule est la poésie qu’il s’agit deSimone Dubreuilh intention hautement annoncéesaisir dans la réalité dont elle estLibération 24 février 1960 (mais non moins bien mise en prapartie intégrante… (…) tique) est certainement ce qu’ilFrançois Chevassu y a de meilleur dans le film. CarSaison Cinématographique 1960 passés ces coups de talon rageurs,Anecdotes : l’œuvre est vide, creuse, sans poé sie. Orle Testament est(…) Tout cela nous laissait présaun filmCocteau, Truffaut et Léaud qui veut prouver et convaincre,ger un très grand film sur un trèsEn mai 1959, Jean Cocteau pré comme tous les films de Cocteau,grand sujet : l’intemporel. Hélas! sidele jury du Festival de Cannes. le seul qui y ait échappé et, de ceHélas !… Quelle déception !Il décerne à François Truffaut le fait, le meilleur, étantLes ParentsAyant frôlé, deviné, senti même cePrix de la Mise en scène pourLes Terriblesgrand sujet, Jean Cocteau, à bout… Car le problèmeQuatre cents coups .Avec l’ar est que contrairement à ce quede souffle, n’a pas su l’animer. Ilgent récolté par son film en sal l’auteur affirma,Le Testamentles, le chef de file de la Nouvellelaissé retomber et nous avecest l’a une histoire, avec un sujet et d'unelui. dans un fatras poussiéreux devague, grand admirateur du indiscutable logique. Quoi de plussymboles ressassés, de métaphopoète, participe au financement clair pour un initié que cet agenceres creuses et pédérastiques, deduTestament d’Orphée. Jean ment de symboles personnels, quireptations dépourvues de sens. ACocteau engage pour ce film le par contre ne signifient rien pourvrai dire ceTestamentn’est qu’unjeune héros desQuatre cents un spectateur non prévenu. Or lecodicille. Tout ce qu’on y lit, on l’acoups, JeanPierre Léaud. Ultime propre de l'art, et singulièrementdéjà lu quelque part, on l’a déjàclin d’œil, dansLa Peau doucede Ia poésie, n‘estil pas d'éveillertrouvé visuellement épars dansLede François Truffaut, tourné l’an la parcelle vitale du spectateurSang d’un Poète, dansOrphée, néede la disparition de Jean quelconque ?… Où est l’imageverbalement dansLa machineCocteau, on aperçoit l’affiche du poétique dans la reconstitutiuninfernaledans etLe Potomac.Testament d’Orphée. d’une fleur d’ibiscus si le moindrePoésie en creux. Cartonnage poé quotidien m'a enseigné de lontique recouvrant le vide d’un mesLe Testament d’un poète gue date qu'il s’agit d’une marchesage qui n’existe pas… J’avoue,Il s’agit du dernier film réalisé par arrière ? La vérité pour le poèteaprès l’intérêt réel de l’expositionJean Cocteau, qui mourra en 1963, est d’imposer sa personnanlité paret l’espoir, vite perdu d’une excurtrois ans après la sortie du film. l’œuvre, non l’œuvre par sa viesion dans l’intemporel, c’està personnelle. Or le départ essendire dans la vérité de la mort, laLa fin d’une trilogie tiel duTestamentCe film clôt une trilogie débupreuve de son inexistence, aprèsd’être un est simple rébus, une petite devinetteles pirouettes charmantes de cettetée en 1930 avecLe Sang d’un pour admirateurs du maître…entrée en matière moqueuse etpoète, et poursuivie en 1950 Le Testament d‘Orphéede Méliès, j’avoue m’êtreun inspiréeavec estOrphée(1949). En raison de des plus retentissants échec dufortement ennuyée, pour ne pasl’échec de ce deuxième volet, le cinématographe, ne seraitce quedire embêtée…, parce que j’aicinéaste attendra dix ans avant parce qu’il est en perpétuel désacressenti au creux de l’estomac,de pouvoir réaliserLe Testament cord avec les intentions énoncéesla sensation tragique que Jeand’Orphée. D O C U M E N T S
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D O C U M E N T S Œdiperoi,Antigone,Orphée; ladialogues et dessine les décors. Un générique impressionnantmythologie d’ailleurs parcourt sonCe film, transposition de la légen Jean Cocteau réunit ici nombreœuvre. dedeTristan et Yseult, fut très de ses amis qui acceptèrent tousIl aborde le cinéma mais aussi laapprécié à son époque. C’est en de jouer sans être rémunérés carpeinture en décorant notamment1945 que Cocteau revient à la Cocteau n’en avait pas les moyens.la chapelle de Villefranchesurréalisation avecLa Belle et la On reconnaîtra ainsi Pablo Picasso,Mer.Bête. Il utilise tous les moyens Charles Aznavour, Lucia Bose,Cocteau, en fait, apparaît commeque le cinéma met à sa disposition Roger Vadim, Francoise Sagan, etun mystère : dédaigné par les(décors, truquages) pour permet bien d’autres encore...uns, reconnu comme un artistetre la rencontre du merveilleux, du de génie par les autres, il doit safantastique et de la poésie. Les lieux mythiques du tournageParmi ses autres œuvres,célébrité à son côté enfant terrible,Orphée Le tournage du film prit placeinsaisissable, et à la prodigalité de(1950) etLe testament d’Orphée dans les carrières des Baux del’œuvre diversifiée qu’il laisse à la(1960) furent incontestablement Provence, celleslà même oùpostérité. desœuvres cinématographiques Dante trouva son inspiration pourde qualité manifestant chez La Divine Comédie.Cocteau cinéasteCocteau une très grande maîtrise Cocteau aborde le cinéma en tantde cet art. Mais ces œuvres, expri que réalisateur en 1930 avecLemant sans doute un univers trop sang d’un poètepersonnel, furent un échec auprès, film surréa Le réalisateurliste, scandaleux pour certains,du public. Cocteau, boudé par la révélateur d’un souci esthéticritique, ne peut poursuivre son Jean Cocteau (1889 : Maisonsque qui caractérisera toujours satravail de réalisateur. Laffite, 1963 : MillylaForêt) tientdémarche créatrice. une place à part dans la culture etCette esthétique est surtout baro les arts du XXe siècle.que et reflète les fantasmes de Jeune poète de dixneuf ans, ill’auteur. Elle se distingue en celaFilmographie est fêté du ToutParis et considéréde l’œuvre de Bunuel qui lui est comme un enfant prodige.contemporaine, celuici mettantLe sang d’un poète 1930 Il travaille avec le chorégrapheen cause de façon plus radicaleLa Belle et la Bête 1946 Diaghilev, écrit un étrange recueilune manière de voir et de penL’aigle à deux têtes 1948 de textes et de dessins :Leser caractérisant la société bourLes parents terribles Potomakgeoise.Orphée 1950 Il scandalise le public qui l’avaitCe film eut un certain succès,La villa SantoSospir 1952 adulé, se mêle aux artistes les plusnéanmoins, Cocteau délaissa la(court métrage) en vogue du début du XXe siècle etcréation cinématographique toutLe testament d’Orphée 1960 tente d’associer peinture, musiqueen poursuivant une œuvre de Documents disponibles au France et poésie. Avec Satie et Picasso, ildialoguiste pour quelques films créera un ballet :Paradecélèbres tels. Il s’opLa comédie du Revue de presse pose cependant aux surréalistes,bonheur deLherbier en 1940 ou Avantscène n°307/308 refusant d’adhérer à un groupe etLe baron fantôme deSerge de Cahiers du Cinéma n°100, 106, 108, 109 sans doute en raisons d’inimitiésPoligny en 1943. personnelles. Il écrit des romans,Il s’implique davantage encore Pour plus de renseignements : Thomas l’imposteur,Les enfantsdansL’éternel retourde J. Delantél : 04 77 32 61 26 terriblesnoy dont il écrit le scénario et les, des pièces de théâtre,g.castellino@abclefrance.com
L EFSALLE D'ART ET D'ESSRAI AN C E C L A S S É ER E C H E R C H E 8, RUE DE LA VALSE 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 RÉPONDEUR : 08.92.68.13.484 Fax : 04.77.32.07.09