Les Latinos dans le cinéma américain
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Dans le cinéma américain, les minorités ont dû attendre de longues années avant que leurs représentations à l’écran évitent les clichés réducteurs voire racistes… Même les immigrés européens « blancs », mais qui ne sont pas anglo-saxons n’ont pas toujours été bien lotis.
Dans les premiers temps du cinéma, le personnage du Latino n’est pas plus avantagé que ceux des autres minorités…Il apparaît peu et de manière le plus souvent négative.

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Publié le 05 octobre 2011
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Langue Français

Extrait

Lévolution dun stéréotype : LeLatinodans le cinéma américain.. Dans le cinéma américain, les minorités ont dû attendre de longues années avant que leurs représentations à lécran évitent les clichés réducteurs voire racistesMême les immigrés européens  blancs », mais qui ne sont pasanglo-saxons nont pas toujours été bien lotis : les PIGS ( pour Polonais, Italiens, Grecs, Slaves) sont réputés inassimilables pendant longtemps :il faudra attendre la génération des Coppola, Cimino, Scorsese pour voir sur les écrans, des images plus positives des Italo-Américains. De même, limage du Noir dans le cinéma hollywoodien est très longtemps réductrice et dévalorisante. Les Afro-Américains sont certes doués pour la musique et la danse mais ils apparaissent veules, stupides, malhabiles( dans le fameux filmAutant en emporte le vent, les personnages noirs sont en général négatifs, à part la servante dévouée). Il faut attendre les années 1960 pour voir enfin évoluer les personnages de Noirs, notamment dans les films des cinéastes libéraux comme Norman Jewison ou Sidney Lumet : beaucoup sont alors interprétés par Sidney Poitier, image même de lhomme de couleur  présentable », qui exerce des métiers qualifiés (il nest plus manœuvre ou domestique) et même susceptible dépouser la jeune fille de la maison (par exemple, dansDevine qui vient dîner ce soir ?). Mais ce sont surtout les films de Spike Lee (Do the Right Thing–1989,Malcom X-1992) et John Singleton (Boyzn the Hood-1991), qui marquent une réelle rupture. Cette fois, la communauté noire est représentée par des cinéastes afro-américains, qui veulent sopposer aux représentations stéréotypées dHollywood. Le temps du cliché Dans les premiers temps du cinéma, le personnage duLatinonest pas plusavantagé que ceux des autres minoritésIl apparaît peu et de manière le plus souvent négative. Dans lun des premiers films datant de 1911, le personnage mexicain est unbandido, surnomméTony the Greaser(Tony le Graisseux). On ne pouvait plus mal commencer et ce stéréotype se retrouve dans la plupart des westerns jusquaux années 1950 (jusquaux films de Sergio Leone, qui sait pousser à leur paroxysme les clichés du genre...). La moustache imposante, limmensesombrerovissé sur la tête, la poitrine bardée de cartouchières, mal rasé et sale, ce personnage est en général peu sympathique se range visiblement dans le camp des Méchants, pas très loin des Peaux Rouges Le regard des cinéastes engagés Ce nest quaprès 1945, comme pour les autres minorités, que limage desLatinoscommence à évoluer dans le cinéma américain. Mais il faut tout de suite relever quil existe peu de films qui aborde réellement le sujet de limmigration hispanique (les cinéastes mexicains ont par contre plusieurs fois évoqué les problèmes deswet backs partantvers le Nord, comme Alfonso Arau qui réaliseMojado Poweren 1980). Quelques réalisateurs américains ont quand même traité ce thème: Herbert Biberman, qui tourneThe Salt of The Earth (Le sel de la terre) en 1953: Robert Young est le réalisateur dAlambrista(1977) ; Robert Redford, lauteur du filmMilagro Beanfield War (Milagro)en 1987 et John Sayles met en scèneLone Star (1996),en attendant Ken Loach. A des titres divers, ces cinéastes ont déjà en commun leur engagement militant. Leurs films veulent dénoncer les conditions de vie faites auxLatinosaux Etats-Unis. Cette dimension politique est particulièrement évidente pour le premier dentre eux : le film de Biberman sans doute le plus connu, a été tourné dans des conditions difficiles: le réalisateur fait partie des fameux Dix dHollywood ,scénaristes et metteurs en scène victimes en 1952 de la chasse aux sorcières orchestré par la Commission des Activités anti-américaines. Biberman doit tourner presque clandestinement, alors que de multiples pressions sexercent sur léquipe du film:
Howard Hugues et le FBI notamment intriguent pour empêcher le tournage etLe sel de la terre:ne sera distribué aux Etats-Unis quà partir de 1965. Le film est évidemment engagé dans un style vigoureux et une précision quasi documentaire, le cinéaste raconte la lutte menée par des mineurs mexicains du Nouveau-Mexique contre une puissante compagnie de zincDéjà, le réalisateur libéral »souligne la participation très active des femmes au combat de leurs compagnonsCe rôle dynamique des personnages féminins est dailleurs une constante des films évoquant les luttes desLatinos, jusquà la Maya de Ken Loach dans Bread and Roses: en tant que membres: les cinéastes y voient des victimes à double titre dune minorité dans une société anglo-saxonne, en tant que femmes dans un milieu machiste Lacteur Robert Redford, dont on connaît les engagements et le courage, tente lui aussi de rendre justice à la communauté hispanique en tournantMilagro en1987 :il prend ainsi le risque dévoquer un sujet bien loin des scénarios hollywoodiens habituelsIl raconte la lutte de tout un village du Nouveau Mexique contre des promoteurs immobiliers qui veulent implanter un parc de loisirs avec le soutien des autorités localesLeur arrogance, leur mépris pour les désordres écologiques et économiques quils vont provoquer, dressent contre eux toute la communautélatino, avec laide de quelquesgringoslibéraux Récemment, John Sayles réalise un film surprenantLone Starqui décrit les relations complexes existant entreles habitantsde la petite ville de Frontera, dernière cité texane avant la frontière mexicaineLe cinéaste présente pas moins de trois générations et trois communautés différentes (anglo-saxonne, noire, mexicaine) et singénie à pointer les métissages, les mélanges de races et dorigines (il évoque même les Séminoles Noirs de Floride). Sayles aborde aussi le problème des luttes de mémoire que se livrent les différentes communautés, à travers lenseignement de lhistoire prodigué aux enfants. Cet aspect est bien venu quand lon sait limportance quont prise les études ethniques dans les Universités américaines, pour le meilleur et pour le pire Un cinéma latino ? Depuis peu, quelques cinéastes dorigine hispanique ont réussi à réaliser leurs propres films : Greg Nava a tournéMi Familia, Edward James OlmosAmerican Me, Cheech Marin American Chicanosystème des studios ne leur permettent pas vraiment. Mais les préjugés du de développer une vision renouvelée de leur communauté. Selon Raymond Paredes, professeur de littérature à lUCLA, Hollywood regarde cette culture de façon étroite, essentiellement en termes de violence urbaine, dexotisme culturel et daccents prononcés». DansLa Bamba(1986) qui raconte la vie du rocker Richie Valens, le héros est une caricature dechicanoanglophone, surtout désireux de sintégrer au plus vite : il ne parle pas espagnol et ne sindigne pas outre mesure davoir à abandonner son patronyme trop typéSon seul emprunt à sa culture dorigine est la fameuse chanson, qui donne son titre au film et qui connut effectivement un immense succèsLe film de R. Rodriguez,El Mariachi (1997) semble passer en revue les clichés habituels sur la culturechicano,en particulier lérotisme et la violence On peut cependant nourrir quelque espoir sur lévolution de limage desLatinos. La communauté hispanique devient trop importante pour quon la choque par une image excessivement péjorative. Sans doute au nom du  politiquement correct », elle est plus  ménagée » que par le passé : dans le dernier film de John Singleton, Shaft affronte un dealer latinopervers à souhait mais sa principale adjointe est aussi une hispaniqueLes succès dacteurs comme Antonio Banderas ou Jennifer Lopez confirment quil est possible que des artisteslatinosréussissent lecross-over(plaire à un public plus large que sa propre communauté). On peut ainsi penser que le cinéma américain, qui a finalement donné un espace aux cinéastes afro-américains, saura aussi souvrir à la culture hispanique.. De ce point
de vue, la carrière de Luiz Valdez est encourageante. Il commence par travailler au sein du Teatro Campesinoqui raconte les luttes desbracerosdes années 1960 : par la suite, il devient auteur de théâtre (Zootsiuten 1977, sur les dandys mexicains daprès guerre) puis scénariste (La Bamba, en 1987). Il a entrepris lécriture dun film sur le syndicaliste César Chavez : mais il ne veut pas entendre parler dun traitement du sujet par les grands studios dHollywood:  il connaît leur traitement des luttes des travailleurs, indécent à lexception des Raisins de la colère » (Spike Lee avait eu la même démarche en réalisantMalcom X, refusant quun cinéaste blanc sempare du sujet). La communauté hispanique peut maintenant espérer un traitement cinématographique plus digne de sa culture. Dubandidomal rasé auLatinoen lutte, le chemin parcouru est déjà long. Sans doute le temps est-il venu dun cinéma plus autobiographique, qui racontera les destins singuliers dune communauté si diverse, une façon de séloigner définitivement des personnages trop stéréotypés. Pascal Bauchard
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