Ludwig de Visconti Luchino

Centre De Documentation Du Cinéma[S] Le France

Description

Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

Sujets

• Cinéma
• Fiches du cinéma

Informations

• Publié par: cinemavectoi
• Nombre de lectures: 50
• Langue: Français

Extrait

FICHE/FILM
LUDWIGF de Luchino Visconti
Sceptre et couronne ne protègent pas famille Wittelbasch construits par
plus Ludwig que le pouvoir ne réussit à Ludwig. Et c’est là, dans les salles
Ludwig sauver les von Essenbeck de la « chute byzantines de Neuschwanstein, dans les
des dieux », ou son équilibre d’artiste galeries de miroirs de Herrenchiemsee,de Luchino Visconti
vénéré et fameux, le professeur dans les grottes de Linderhof, comme à
Aschenbach de Mort à Venise. Encore l’intérieur d’une monstrueuse boîteITALIE-FRANCE 1972
une fois, dans la trilogie «allemande» de crânienne, que finalement se fraye un
durée : 3h50 Visconti, les dieux tombent en ruine et chemin le poids des tromperies et des
Scenario: s'écroulent avec leurs rêves, devant un trahisons: Ludwig mesure l’ambiguïté
destin plus fort qu’eux. Ludwig est puni d’Elisabeth, le manque de scrupules deLuchino Visconti,
pour sa confiance dans les hommes, Wagner (mais c’était Wagner !), la
Enrico Medioli pour son enthousiasme envers la vie, mesquinerie de Kainz; et c’est là,
Musique: pour son innocence; privilégié et suprême désillusion, que le Roi se trouve
heureux, comblé par les dons de la face à face avec lui-même, et avec saWagner, Offenbach,
fortune, la vie ne pourra que se venger, faiblesse devant le péché. Il ne lui reste
Schumann
le jeter à bas. Pour ce dernier film, qu’à s’enfermer dans sa cour de laquais,
avec : Visconti ne s’est pas inspiré de Thomas choisir une solitude qui, opportunément
Helmut Berger Mann ou de Dostoievsky, de interprétée, pourra apparaître comme
Romy Schneider Shakespeare ou des Grecs; il a pris, au démence. Selon Visconti, Ludwig (et tout
Trevor Howard contraire, des événements historiques homme?) n’a ni espoir, ni échappatoire,
pour en isoler un personnage et faire de et il se préoccupe de nous le faire savoir
lui un grand héros de tragédie, tout de suite quand, du matin glorieux du
construisant le portrait d’un homme et couronnement, il nous transporte à la
de ses désillusions, de sa solitude nuit de Neuschwenstein, où, pour le roi,
prédestinée fatale. Tragédie quotidienne, comme Pomfret pour Richard II,
habituelle, tragédie « moderne », même commence la fin. Que personne, en
du si les lieux élus sont des châteaux, des somme, ne s’y trompe, qu ‘il soit bien
18 au 24
demeures royales, et les personnages, clair dès le début, le point d’arrivée: ce
Mars
des ministres et des prélats, des reines n’est qu’ainsi, dans cette perspective-là,HENRY V
et des impératrices. Plus que tout autre que nous pouvons rester à le regarder
chose, c’est l’étude d’un homme déçu même quand il s’abandonne à la
qui intéresse l’auteur de ce « winter tale confiance, à l’amitié, à l’amour. Et
»; des grands bouleversements qui se toujours pour ne pas rester dans
déroulent pendant le règne de Ludwig l’équivoque, Visconti, quand il ne nous le
nous ne faisons qu’entendre parler, nous laisse pas entendre, nous éclaire sur ce
ne participons pas aux séances du que sera le destin de certains
Parlement, nous ne descendons pas sur personnages, dont la vie se prolonge au-
les champs de bataille. Toute l’histoire delà de celle de Ludwig, c’est-à-dire au-
ou presque nous est racontée dans un delà de l’histoire qu’il nous raconte.
lieu clos, à l’intérieur de grands salons Ainsi voilà Elisabeth, assassinée,
où les rideaux sont tirés, et les murs couverte par son voile comme dans la
rembourrés d’étoffes ou de boiseries, photo de Genève: seulement une image,
dans une géographie admirable de tout de suite effacée par les notes
décors fournis par les châteaux de la joyeuses d’Offenbach. Mais, même s’il
L E F R A N C ED O C U M E N T S
ne s’agit que d’un présage, nous LA RENCONTRE DE DEUX ARTISTES affinités avec ces personnages, je n’en vois
sommes avertis. D’EXCEPTION aucune. Je ne me sens pas un être faible.
Il manquait de la force, du cynisme Un perdant dans la vie. De toutes les
qui seuls auraient pu le sauver, il «Il existait des liens suffisants entre Ludwig trahisons et les tromperies dont j’ai
échoua comme homme et comme et Visconti pour que celui-ci s’identifie au souffert, je suis sorti entier contrairement a
personnage: I’interprétation de Ludwig Ludwig. J’aimerais que ce film éveille laroi.
comme un homme hors de son temps, son pitié».Mais au-delà de sa tragédie, et
amour pour Wagner, sa passion de Notes de Monica Stirling et Caia ServadioVisconti nous l’indique clairement,
construire: «construire un faste dont lui seulle dernier roi de Bavière continue à
pouvait profiter». Visconti avait lui aussi la « Est-ce parce que Visconti, pendant qu’ilincarner pour nous un rêveur, un
manie de «faire» des maisons, laissant l’achevait, est tombé malade ? On ne peut s
visionnaire immense et poétique.
derrière lui une traînée de villas et de tours. empêcher de recevoir Ludwig comme un
Les châteaux en témoignent, mais
Il y avait aussi l’homosexualité coupable de message alourdi d’une solennité
aussi la musique de Wagner, dont Ludwig quoique vécue bien différemment particulière. S’y déploie la fascination d’un
le roi fut I’intermédiaire auprès du par Visconti. Le rapprochement entre les luxe que les travellings caressent. Le goût.
monde. On a avancé que sans lui ni deux hommes s’arrête là. le sens du faste se fortifient de la
Les Maîtres Chanteurs, ni la Visconti: “Je suis attiré par la personnalité conviction. vivace chez, Visconti. que l’art
Tétralogie ni Parsifal n’auraient d’un homme qui, bien que croyant à la s’applique à magnifier par la beauté les
monarchie absolue, est malheureux et objets et les lieux, seuls souvenirs, seulsjamais été écrits. Dette non
victime. Ce qui me fascine, c’est son côté monuments des grands moments de lnégligeable que l’humanité a
faible, son impossibilité à vivre une réalité histoire, fêtes ou tragédies. Car le reste estcontractée là envers Ludwig.
quotidienne. Ludwig est un homme pour périssable. La fascination du luxe sous-Les treize mesures inédites de
lequel on éprouve de la pitié, même entend la dérision de la grandeur puisqu' il
Ludwig qui ouvrent et ferment le
lorsqu’il croit être le gagnant. Il perd dans ne restera que celui-la de celle-ci. Trônes et
film sont le témoignage posthume, sa relation avec Wagner, avec Elizabeth. dominations. ce ne sont que panaches.
probablement le seul, de la avec Kainz. Je suis intéressé par l’homme uniformes et mitres - de l’or et des rubans».
gratitude du musicien envers son en tant que cas clinique: I’histoire de Jean-Louis Bory. Nouvel Observateur.
protecteur et ami. quelqu’un qui vit a la limite extrême de 19 mars 1973
l’exceptioneI, hors des règles. C’etait aussi
le cas de Wagner et d’Elizabeth . Quant aux
Enrico Medioli, texte publié dans le
volume Ludwig, Editions Cappelli.
Filmographie:
-Ossessione (Les amants diaboliques -Boccaccio 70 (un sketch, Boccace 70,
1942) 1962)
-Giorni di Gloria (coréal., 1945) -Il Gattopardo (Le guépard, 1963)
-La terra trema (La terre tremble, 1948) -Vaghe Stelle dell’Orsa (Sandra, 1965)
-Appunti su un fatto di Cronaca (doc., -Le Streghe (un sketch, Les sorcières,
1951) 1967)
-Bellissima (Bellissima, 1951) -Lo straniero (L’étranger, 1967)
-Siamo Donne (sketch Anna Magnani -La caduta degli Dei (Les damnés, 1969)
Nous les femmes, 1953) -Morte a Venezia (Mort à Venise, 1971)
-Senso (Senso, 1954) -Ludwig II (Louis II de Bavière 1972)
-Le Notti bianche (Nuits blanches, 1957) -Gruppo di famiglia in un interno
-Rocco e i suoi fratelli (Rocco et ses (Violence et passion, 1975)
frères, 1960) -L’Innocente (L’innocent, 1976).
L E F R A N C E
SALLE D'ART ET D'ESSAI
CLASSÉE RECHERCHE
8, RUE DE LA VALSE
42100 SAINT-ETIENNE
RÉPONDEUR : 77.32.71.71
septembre 199177.32.76.96