Madeinusa de Llosa Claudia
4 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
4 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 24
Langue Français

Extrait

FICHE TECHNIQUE
ESPAGNE/PEROU - 2005 - 1h40
Réalisation & scénario : Claudia Llosa
Image : Raul Pérez Ureta Montage : Ernest Blasi
MADEINUSA DECLAUDIALLOSA
Musique : Selma Mutal Interprètes : Magali Solier Liliana Chong Ubaldo Huaman Carlos De La Torrre Prix Coral au meilleur scénario ori-ginal – Festival du nouveau ciné-ma latino-américain de la Havane,Les festivités de la Semaine Sainte vont bientôt com-mencer à Manayaycuna, village perdu dans la cordillère 2003 Péruvienne, dont le nom signifie lieu dans lequel on ne P r i xF I P R E S C I– Fe s t i v a ld e peut pas entrer. Vendredi 15h. Le chant des fillettes et un Rotterdam, 2006 vieillard qui compte les minutes en faisant tourner une Prix Spécial du Jury – Rencontres horloge en papier, annoncent l’arrivée du tiempo santo. d’Amérique latine, Toulouse 2006 Les villageois descendent le Christ de la croix et lui ban-Meilleur Film «Territorio Latino» dent les yeux. Le Christ est mort. Il ne voit rien. Pendant Festival de Malaga 2006trois jours, jusqu’au dimanche de Pâques, le pêché n’exis-te plus. Madeinusa, belle jeune fille élue «Vierge» des Mention Spéciale du Jury – Festival festivités, sa sœur Chale et leur père Don Cayo, maire et International de Guadalajara, cacique du village, respectent cette tradition. L’arrivée Mexico, 2006 impromptue de Salvador, jeune venu de Lima, va alté-P r i xd el ’ I n d u s t r i e rer l’ordre des choses et changer à jamais le destin de Cinématographique Argentine, Madeinusa. Festival de Mar del Plata, 2006 1
d’autant plus troublant quedes contradictions des villageois, CRITIQUEClaudia Llosa, magnifiquementrepliés sur eux-mêmes et fasci-Si l’on se décidait encore à voir servie par la photo de Raul Péreznés par l’extérieur, le prénom de un film en fonction des photogra-Ureta, le met en scène avecl’héroïne est d’ailleurs une hispa-phies punaisées à l’extérieur de une sérénité un peu détachée.nisation de la mention «made in la salle, on irait voirMadeinusaEnchanté par la beauté tranquil-USA». pour de mauvaises raisons. La le des images, le spectateur doitMathilde Blottière beauté des paysages andins, surmonter son incrédulité pourTélérama n°2968 - 2 Décembre 06 l’austérité des costumes tradi-prendre la mesure de la violence tionnels, le mélange de baroque qui préside aux rapports fami-et de primitif des cérémonies liaux et villageois. religieuses laissent présager la Cette subversion surréaliste ne célébration d’un mode de vie tra-s’exerce jamais aux dépens de la ditionnel, une résurgence du ciné-dignité des personnages. Claudia(…) Asphyxiée par l’altitude, ma latino-américain des années Llosa réussit à laisser libre coursoppressée par la claustropho-1960. Alors qu’en réalité, ce pre-à son invention poétique sansbie du lieu, la réalisatrice nous mier film d’une jeune réalisatrice perdre de vue la réalité de lafait sentir combien il est diffi-péruvienne, Claudia Llosa, instille misère et de l’isolement. Il fautcile de respirer dans ces contrées un trouble durable, brouille les dire qu’elle est miraculeusementlointaines et comment l’Autre, frontières entre le bien et le mal, servie par son interprète princi-l’étranger, peut représenter une se joue du folklore pour inventer pale, la débutante Magaly Solier,bouffée d’oxygène salutaire. En un conte cruel et fascinant. dont la beauté sauvage et l’élé-effet, engoncés dans de lourds Madeinusa est le nom d’une héroï-gance fruste rendent possiblecostumes traditionnels, cernés ne sauvage, baptisée ainsi au nom l’extraordinaire histoire ici con-d’objets hétéroclites dédiés au des vagues aspirations qui font tée. «Tout-Puissant»,leur humanité que les paysans du monde entier Thomas Sotinelsemble étouffée par la tradi-finissent généralement par quit-Le Monde - 29 novembre 2006tion. Heureusement, pendant les ter leur village pour les grandes 3 jours de Pâques qui célèbrent villes. Pour l’instant, l’adolescente la période entre crucifixion et vit avec sa méchante soeur et son résurrection, le Christ, momen-père dans une vaste maison som-tanément mort, n’est plus censé bre, infestée de rats. Son père, voir les pêchés humains. Là, tous don Cayo, est le maire du villa-(…) Premierfilm au charme véné-les interdits disparaissent, tout ge reculé de Manayaycuna, où la neux,Madeinusa estdevient possible, même pour lesbâti sur célébration de la Semaine sainte des antagonismes : le sacré et lefemmes… et la pression perma-prend un tour particulier. Arguant sacrilège, la virginité et l’inceste,nente de la religion s’évacue du fait qu’entre le vendredi à l’approche réaliste, presque docu-dans une explosion libératrice et 15 heures et le dimanche matin mentaire, et l’omniprésence desnécessaire où la débauche, bien le Christ est mort, les habitants superstitions et des croyances.alcoolisée, est totale. s’autorisent tous les péchés. Et Avec un sens aigu du détail, laDans cette société fermée, l’indi-don Cayo est cette année-là déci-réalisatrice anime des tableauxvidu se heurte donc aux croyances dé à déflorer sa fille cadette. d’une grande force visuelle, inté-établies, garantes d’un équilibre (…) rieurs baignés de clair-obscurfragile. De manière fine, Claudia L’effet que produit cette orgie ou processions tout en doruresLlosa suggère alors une probléma-mâtinée de rituel ancestral est et dentelles. Ironique condensétique complexe et inextricable qui 2
souligne le rôle fondamental de la religion dans l’établissement de l’ordre social du village mais aussi les limites contenues dans son absence d’évolution. La religion, ciment, devenu mau-vais, dont on ne pourrait se débarrasser sans détruire les fondations de l’existant, devient alors le terreau d’une dualité dangereuse. Derrière ces visa-ges indéchiffrables d’acteurs non professionnels, chaque individu, coincé entre apparences à pré-server et part sombre à assumer, menace de nous surprendre de la meilleure ou pire des façons. Ainsi, une scène d’inceste, abjecte et misérable, devient-elle « nor-male ». Sa logique, irrémédiable, dérange. L’héroïne, Madeinusa, interprétée par la troublante Magaly Solier, n’échappe pas à cette ambivalence. Elle porte, elle aussi, une noirceur que sa pseu-do-innocence de vierge est loin de compenser. A ce noir et blanc des âmes, répondent de merveilleuses cou-leurs. Eclatantes et vives en exté-rieur, atténués par des clairs-obs-curs à l’intérieur, elles semblent traduire l’entre-deux dans lequel navigue une population oscillant entre exaltation divine et obscu-rantisme aveugle. La combinai-son de cette superbe lumière avec la surabondance oppressante de signes religieux finit par créer une ambiance baroque, voire rococo, qui renforce la dimension mystique du récit. Et, paradoxa-lement, (ou miraculeusement?), malgré l’extrême réalisme de l’ac-tion, nous dérivons alors sur des
terres mystérieuses où la pré-sence du divin devient presque évidente. Déroulant son scénario sans aucune concession pour le spec-taculaire gratuit, Claudia Llosa finit d’imposer un rythme lent, obsédant, aux vertus hypnotiques (cf : l’horloge florale à «énergie humaine») qui trouve sa justifi-cation dans un final aussi réussi qu’inquiétant. Tout s’emboîte alors de façon définitive. Captant, avec brio, cette sensation de temps circulaire - propre aux civilisa-tions des Andes - qui s’oppose au temps linéaire de l’Occident, elle referme, comme une boucle, une histoire surprenante, qui porte en elle la lourdeur d’un destin irrémédiable où chaque élément fait sens. Marc Petit www.fluctuat.net
CE QU’EN DIT LA PRESSE Brazil Eric Coubard En mélangeant une sorte de docu-mentaire sur la vie rurale péru-vienne et ses problématiques face à l’occidentalisation urbaine et une fiction dramatique, la réali-satrice nous offre un film fort de contrastes, d’ambiguïté et de con-tradictions où se mêlent religion et sexualité.
MCinéma.com Franz Miceli La qualité des interprètes prin-cipaux (...) criante de vérité, est à saluer.Madeinusaun très est long métrage. Il colle au corps et au cœur longtemps après la pro-jection.
 Première - n°358 Isabel Danel Madeinusa, malgré une intrigue conventionnelle, parvient à sur-prendre par des images superbes et décalées.
 Studio- n°229 Thierry Chèze Malgré des baisses de régime, ce voyage loin des idées reçues ne laisse pas insensible. (…) Ne caressant jamais le spectateur dans le sens du poil, ce coup d’es-sai se révèle surprenant jusqu’à son dénouement.
3
Le centre de Documentation du Cinéma[s] Le France, qui produit cette fiche, est ouvert au public du lundi au jeudi de 9h à 12h et de 14h30 à 17h30 et le vendredi de 9h à 11h45 et accessible en ligne sur www.abc-lefrance.com
Contact: Gilbert Castellino, Tél : 04 77 32 61 26 g.castellino@abc-lefrance.com
antagonistes que je ressens etNée à Lima, en 1976, Claudia Llosa ENTRETIEN AVEC CLAUDIA LLOSA les contradictions inhérentes à lafait des études de cinéma et Origine du projet réalité extravagante que l’on vitdevient licenciée, pour se spé-Au début, il m’a paru inévitable de au quotidien dans mon pays. (...)cialiser ensuite à New York et l’associer à une divinité. Mais par Le recours à un symbolisme trèsobtenir un master en écriture de la suite, je me suis rendu compte marqué fait naître une myriadescénario à l’école des arts et du que ce personnage nous éclai-d’éléments qui contribuent à ren-cinéma de Madrid. Suivant la pro-rait sur bien d’autres aspects du dre la fin du film plus forte. J’aiblématique de l’identité, la jeune film. Cette tradition, comme tout essayé de ne pas laisser d’élé-réalisatrice produit son premier le reste, devait comporter des ments détachés ou sans lien leslong métrageMadeinusa (2006) failles. C’est pour cela que j’ai uns avec les autres. Tout est faitqui sera sélectionné pour de nom-voulu que le vieillard puisse s’en-pour qu’on revienne au pointbreux prix. dormir, aller aux toilettes... comme de départ. Comme la scène oùhttp://cinema.fluctuat.net n’importe quel être humain. Il Madeinusa embrasse le Christ et contrôle le temps, mais il est rat-celle où elle embrasse son père, à trapé par sa condition humaine. la fin du film. Grâce à ce personnage, les failles propres à la période des Jours Le tournage Saints sont mises en évidence. J’ai eu la chance de travailler avec FILMOGRAPHIE Il m’a également fait penser au Raul Pérez Ureta, qui est quel-rapport des peuples andins avecCourt métrage : qu’un de très talentueux et à qui le temps, très différent de celuiSeeing Martina 2004 je dois beaucoup. On a travaillé la des citadins. Dans cette région photo du film sans référence ciné-du monde, la notion du temps estLong métrage : matographique particulière. Je lui circulaire, tandis qu’en OccidentMadeinusa 2006 ai montré le Retable d’Ayacucho, le temps est linéaire. (...) Le film un objet d’artisanat péruvien qui suggère un lien profond entre dépeint les festivités religieu-religion et sexualité. Cependant, à ses. Il a la forme d’une maison, mon avis, ce qui nous pousse vers l’extérieur est peint en couleurs la religion vient – en partie – de éclatantes, tandis qu’à l’intérieur nos pulsions sexuelles. On res-domine plutôt le clair-obscur. (...) sent le besoin de canaliser cette Le tournage s’est déroulé à Canrey énergie érotique dans d’autres Chico pendant 6 semaines. C’est formes d’expression, et ce, depuis un village situé à 3.700m d’alti-les origines mythologiques de la tude. Les gens nous ont très bien religion. accueillis et nous les avons rétri-bués sous forme de troc. On les a Entre innocence et culpabilité aidés à installer l’électricité et à Documents disponibles au France J’ai voulu conserver une certaine se procurer certaines choses dont ambiguïté, entre innocence et cul-ils avaient besoin. C’était un tour-Revue de presse pabilité, entre notre perception nage rude à cause du climat et Fiches du cinéma n°1843/1844 du beau et du grotesque, entre du manque d’air, mais ce fut une réalité et fiction, entre virginité et expérience intense et riche. viol. C’était la seule manière, pour Dossier de presse moi, d’exprimer les sentiments BIOGRAPHIE4
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents