Ombres et brouillard de Allen Woody
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

Ombres et brouillard
Shadows and fog
de Woody AllenF
FICHE FILM
fiche technique
U S A - 1991 - 1h30
Réalisateur :
Woody Allen
Scénario :
Woody Allen
Musique :
Kurt Weill
Interprètes :
Woody Allen
(Kleinman)
Mia Farrow
(Irmy)
John Malkovich
(Clown)
Jodie Foster
Lily Tomlin
Mia Farrow dans Ombres et brouillard
Anne Lange
Kathy Bates Résumé
(Prostituées)
Kleinman a peur. Ce timide petit employé part pour la ville, mais ne trouve refuge et
Madonna
frêle et chétif d’une ville anonyme chaleur humaine que dans le bordel local.
(Marie la contorsionniste) d’Europe centrale craint l’étrangleur qui Sans ressources, elle accepte de se prosti-
rôde et qui a déjà tué à plusieurs reprises. tuer contre une grosse somme d’argent.Donald Pleasence
Au beau milieu de la nuit, le petit homme C’est le cœur plein d’amertume qu’elle fait
(Medecin légiste)
est tiré du lit par une milice qui veut mettre la connaissance de Kleinman, d’autant plus
John Cusack la main sur le tueur. Il est enrôlé à son mal dans sa peau que d’aucuns le soup-
corps défendant pour participer à la traque. çonnent d’être l’étrangleur. Kleinman et(Jack)
A quelques kilomètres de là, ignorants du Irmy se remontent mutuellement le moral.
Julie Kavner
danger, des saltimbanques se sont arrêtés. La jeune femme retourne au cirque et par-
(Alma) Mais un autre drame secoue la petite com- donne à son ami. Tous deux adoptent un
munauté : Irmy vient de surprendre son bébé, orphelin de fraîche date. KleinmanKenneth Mars
compagnon, clown de son état, dans les les rejoint pour échapper à ses poursui-
(Magicien)
bras de la contorsionniste. Humiliée, elle vants, bientôt rattrapé par le véritable
L E F R A N C E
1D O C U M E N T S
tueur. Mais celui-ci est escamoté grâce fog (Nuit et brouillard) en allemand chée par tradition (et dont il faut bien
aux pouvoirs d’un magicien sur le retour, Nacht und Nebel, le plan de "solution dire que Kafka a tiré une grande partie
qui accepte aussitôt de prendre finale" mis en place par les nazis pour de l’inspiration pré-existentialiste de
Kleinman comme assistant... l’extermination des juifs ? Ici les termes, son oeuvre), comme une identité a
quoique décalés, sont d’abord traduits contrario. Les juifs sont intrus car non
matériellement : la lumière du film conformes. Eternelle question de la
évoque l’expressionnisme allemand tolérance... D'ailleurs Allen ne se priveCritique
(ambiguïté supplémentaire) ; I’action se pas par la même occasion de taper sur
déroule entièrement de nuit et les rues l’hypocrisie chrétienne. A un lourd planDepuis le sommet de Crimes and mis-
sont voilées par un brouillard uniforme. en contre-plongée sur un Christ sculptédemeanors (Crimes et délits) film har-
Et que nous conte le cinéaste ? (symbolique pomme de discorde entremonieusement tragique et comique à la
Les infortunes d’un innocent employé de juifs et chrétiens) succède une scènefois, Woody Allen semble avoir acquis
bureau, Kleinman (Woody Allen), pris archi-caricaturale. Kleinman pénètreune nouvelle liberté artistique : celle
dans un engrenage. Des citoyens hono- dans une église ou un policier et un curéd’allier sans ambages la fantaisie la
rables le tirent du lit en pleine nuit pour (le sabre et Ie goupillon) s’appliquent àplus débridée (allant parfois jusqu’au
participer à la capture d’un dangereux inscrire sur un registre une liste de sus-fantastique comme dans Alice) à une
étrangleur qui rôde dans les rues embru- pects aux noms à consonance juive etgravité psychologique qu’on ne lui
mées. Mais Kleinman deviendra leur remet, non sans mal, I’argent queconnaissait jusque-là que dans ses
lui-même le suspect n°1 pourchassé par Mia Farrow l’a chargé de donner auxoeuvres "bergmaniennes.
ses pairs et choisira l’existence nomade pauvres Kleinman est aussitôt effacé de
d'un cirque pour fuir cette fatalité. la liste noire grâce à ce don, pour y êtreIci, Woody se livre à une parabole un
Processus purement inspiré du Procès réintégré avec plus de véhémencebrin bouffonne, sous couvert de
de Kafka, et qui finit par ressembler à quand il vient récupérer la moitié de lapseudo-film d’époque (situé vers le
une parabole sur le mythe du Juif errant. somme pour secourir une véritable pau-début du siècle). Si son propos moral
Dépisté comme élément allogène en rai- vresse qui erre dans la rue avec sonn’est pas aussi satisfaisant que dans
son de son "odeur" (un voyant extra-luci- nouveau-né.Crimes and misdemeanors,
de vient le renifler à la manière d’un C’est là la charge la plus réjouissante duShadows and fog, film tiède, a plu-
chien et décrète sa culpabilité), il sera film, une scène où Allen dépasse Ie bonsieurs aspects réussis, voire percutants.
exclu de sa communauté. Au-delà de la aloi de sa fiction pour devenir pamphlé-Le problème avec Allen, c’est qu’il faut
parabole sur l’antisémitisme, qui revient taire. Un excès de partialité a plus defaire abstraction d’une masse de signes,
à faire le procès de la mesquinerie de la prix qu’un propos bien pensant et dosé,de codes, de conventions de pure routi-
bourgeoisie casanière, opposée au cos- enveloppé dans un emballage cha-ne - destinées à un public d’habitués -
mopolitisme inhérent au statut d’artiste toyant. Une parcelle de l’être qui sepour entrevoir ce qui l’a vraiment tra-
(représenté dans le film par les saltim- cache derrière le cinéaste-acteur avecvaillé en entreprenant ce film particulier.
banques du cirque, refuge de ses tics geignards à répétition, surgitTout s’explique par le fait que Woody
I'magination : hommage à La Nuit des derrière cette scène satirique.Allen est un être double : un indécrot-
forains de Bergman), Allen établit unetable amuseur, un comique de
distinction essentielle entre l'identité Allen dépasse ici son habitueIIe mécani-music-hall ne ménageant pas les clins
socio-religieuse et la croyance. On que humoristique, née de la juxtaposi-d’oeil à ses spectateurs, derrière lequel
demande à plusieurs reprises à tion verbale du trivial et du spirituel, ets’avance masqué un artiste plus profond
Kleinman s’il croit en Dieu Iégèrement s’approche d’une trivialité plusayant des préoccupations d’ordre spiri-
agacé, il répond en substance à sa prin- concrète : Ie docteur farfelu se livretuel et existentiel.
cipale interlocutrice (Mia Farrow) : "Les à des expériences sur des cadavresLe titre lui-même nous donne une indi-
gens de mon peuple prient dans une et manipule leurs viscères sans scru-cation essentielle sur le propos du film.
langue que je ne comprends pas." pules. Le metteur en scène ne sePeut-être même éclaire-t-il l’humour
Pirouette typiquement allenienne pour contente pas d’évoquer cela, il Ied’Allen sous un autre "jour" (paradoxe
éluder la question de la foi. Disons que montre... Il y a aussi la vérité et la crudi-dans le cas d’un film nocturne) Woody
(sans qu'une fois soit prononcé le mot té des dialogues des prostituées (dontAllen ne s’avère-t-il pas, en fin de
"juif") Shadows and fog met en équa- la brillante Jodie Foster) dans les scènescompte, un pur cynique ? Le titre
tion l’identité juive et la lourde culpabili- de bordel (d’une rare vitalité). CruditéShadows and fog ne serait-il pas un
té originelle qui lui est pesamment atta- dans l’évocation grossière des rapportsdémarquage sarcastique de Night and
L E F R A N C E
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Fax:77.25.11.83D O C U M E N T S
sexuels et vérité lucide sur la difficuIté Ombres et brouillard est l’un des Annie Hall
de conciIier Ies comportements et désirs films les plus noirs de son auteur. Il n’en Interiors 1978
des hommes avec ceux des femmes. est rien, tant la multiplication des réfé- Interieurs
Mais on est obligé d’extraire ce genre rences et citations cinéphiliques pousse
de pépites d’un film généralement assez le spectateur à prendre un recul salutai- Manhattan 1979
mou, bien que séduisant. On attend plus re. Et puis les juteux aphorismes allé-
d’un Woody Allen que d’un banal exécu- niens permettent de rester en terrain
tant hollywoodien. C’est pourquoi il connu. Il est jusqu’à l’ultime pied de nez Stardust memories 1980
nous laisse cette fois mi-figue du réalisateur, qui

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