Princesse Mononoké de Miyasaki Hayao

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Extrait

Mononoke hime Princesse MononokÈ FICHE FILM

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Emishi, dont le futur chef est le je Critique Ashitaka. Le destin de ce dernier trouve bouleversÈ lorsquÕun jour, un L'ensorcellement est dans l'air d glier sauvage possÈdÈ par une divi temps. Laissez-vous sÈduire par l'uni nÈfaste attaque son village. ObligÈ vers poÈtique des manga composÈes pa mettre ‡ mort la bÍte rendue folle leMeistersingerMiyazaki. Soumettez les dÈmons, Ashitaka est blessÈ au vous ‡ la magie de la frise Èpique, dan et frappÈ dÕune malÈdiction qui laPrincesse MononokÈ. Quel tour d inÈvitablement entraÓner sa mort. prestidigitation que ce drame histo les conseils de la grande prÍtress rique ! Car les feux d'artifice jaillissan quitte donc les siens et part vers lÕO du film d'animation illuminent les procÈ ‡ la recherche du dieu-cerf qui, s dÈs optiques classiques du cinÈma d pourrait le dÈfaire du sortilËge. Au chair et d'os. Souhaitez-vous, ‡ l'Ëre de dÕun long voyage semÈ dÕemb˚ Muromachi, Ítre emportÈ par le bruisse Ashitaka tombe enfin sur le village ment de vastes plongÈes vers les mon Tatara, une communautÈ de forger tagnes boisÈes au nord de l'Archipel dirigÈe par Lady Eboshi, une femm DËs le gÈnÈrique, le spectateur est cap poigne de fer. RetranchÈe dans sa fo tif. Sur une bande sonore de gronde resse, cette derniËre accueille ments terrifiants, d'explosions rou femmes perdues et les paysans s geoyantes d'arquebuses, au XVIe siËcle terre, quÕelle dÈfend contre la natu les hiÈrarchies s'effondrent. Gr‚ce ‡ de les clans voisins qui rÍvent de lÕanÈ plans d'ensemble prodigieux, nou Mais Eboshi est Ègalement la cible avons des ailes. Au-dessus des nuages San, une jeune fille sauvage ÈlevÈe ‡ l'instar des paysages peints tradition des loups, qui reproche aux Tatara nels, cime aprËs cime se profilent. Le dÈtruire la forÍt dans les buts dÕali forÍts sauvages, cependant, regorgen ter leur forge en bois de combustio de loups blancs gÈants, de hordes d dÕÈtendre leur domaine. Ashitaka sangliers ´monstrueuxª. Le frÍl avait dÈj‡ aperÁu la jeune fille au Ashitaka, futur chef de la tribu pacifiqu dÕune riviËre, dÈcouvre avec stupeur des Emishi, abat un sanglier enragÈ qui cÕest elle quÕon surnomme ÒPrin se prÈcipite sur son village. De la bÍt MononokÈÓ : la princesse des spec agonisante, remplissant de leur entor Un soir, tandis que San sÕintroduit tillement gluant l'Ècran et notre regard le village avec lÕintention de tuer Eb sortent les boyaux empoisonnÈs, pour s Ashitaka sÕinterpose et sauve les lover autour du bras du hÈros. En dÈpi femmes dÕune mort certa de la prophÈtie de la prÍtresse sorciËr GriËvement blessÈ dans le comba (´Tu en mourrasª), le chevalier part dan quitte le village des Tatara pour ram une solitude poignante afin d'accompli la princesse inconsciente au cÏur d sa mission. Tel l'animal qui avait Èt forÍt. L‡, il aperÁoit pour la premi broyÈ par uncorps Ètranger, une pierr fois, la silhouette majestueuse du di de charbon, Ashitaka, dans sa tentativ cerf, une crÈature mythique qui rË de restaurer l'Èquilibre naturel, es sur le monde animal mais dont t confrontÈ ‡ la dialectique Èternellemen convoitent les pouvoirs surnaturelsÉ renouvelÈe du Bien et du Mal. Initiatio multiple, son voyage le conduit du cÙt de San, guerriËre ‡ moitiÈ louve e ennemie de l'homme. SurnommÈe ´prin cesse MononokȪ, San a pour adversai re de choc une dame de fer, lady Eboshi maÓtresse des Tatara, des forgeron

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ronnants. Intrigue de hauts faits ‡ la Kurosawa ; action haute en couleur. Bruyantes, vio- lentes, riantes, les altercations entre la ´forteresse cachÈeª entourÈe de palis- sade et assaillants ne relËvent-elles pas du western ? L'ambiguÔtÈ du happy end du mÈlo ? Car ce panorama complexe o˘ dominent traits de visage, silhouettes des corps des personnages en pagaille, o˘ le dialogue en tant que tel a peu de place, mÍme si les voix des animaux anthropomorphes sont parfaitement ÒaudiblesÓ (serait-ce un reflet de la technique des ´bullesª ?), o˘ le montage et la profondeur de champ alternant entre fulgurance de mouvement et plÈni- tude de contemplation, est Ègalement rehaussÈ d'humour. Nul doute, l'exalta- tion caractÈrise San, descendant des hauteurs tel un ange exterminateur ; Ashitaka est motivÈ par le courage. Mais le vieux sage qui accompagne l'Èlu fournit le contrepoint judicieux aux sacrifices exigÈs du protagoniste : ´Il s'agit de ne pas se laisser mourir.ª De mÍme, nonobstant ses allures d'impÈra- trice, lady Eboshi fait preuve de compas- sion envers les dÈshÈritÈs. Elle les recueille dans son usine mÈdiÈvale, fait travailler des prostituÈes sur les gigan- tesques soufflets de ses forges : c'est La condition de l'hommede Kobayashi. Plus on pÈnËtre dans cette allÈgorie au chromatisme chatoyant, plus la structure interne, visuelle et thÈmatique du film devient une enquÍte sur l'imaginaire puissant. Pour l'orpheline San, le mÈchant grand loup est le plus tendre des parents. Tout en frÈmissant de peur devant les attaques, accompagnÈes d'une sonoritÈ hyperrÈaliste, menÈes par des bandits, par les sangliers, par San, nous traversons les clairiËres ÈdÈ- niques, o˘ voltigent des papillons blancs ‡ la Disney, les Kodoma, aussi, les gÈnies lucioles des arbres. Au fin fond de l'Ètendue sauvage aux couleurs incandescentes habite le dieu de la -

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tagnes et symbole protÈiforme de ltion, de sa prÈparation ‡ l'explosion. Ontagonistes, entre la fantaisie sans rÈgÈnÈration. De quelle source surgispeut alors voir le film comme un penlimites et la fidÈlitÈ au rÈel), on veut sent ces crÈatures surnaturelles ?dant manga plausible au morcellemenaussi tout voir et, surtout, ne pas avoir a Elles naissent dans le cÏur de l'enfant.cliniquement barbare deThe bladed choisirson camp. La grandeur est dans (É) TsuiHark. Les tÍtes et les bras volent,le refus de se laisser happer par un prin- Eithne O'NeillI'image se strie de lignes dÈsordonnÈes.cipe unique ‡ l'exclusion de tout autre. Positif n∞467 - Janvier 200¿ la suite d'un exploit qui l'a laissÈ bles-L‡ rÈside l'admirable singularitÈ du cinÈ- sÈ, le jeune hÈros a ÈtÈ contaminÈ par lma de Hayao Miyazaki : le maÓtre de mal. Des taches sur son corps s'Èten-l'animation nippone filme avec persÈvÈ- dent, parfois son bras gonfle, devienrance et sans tricher la longue route autonome pour tuer avec une force survers l'utopie. humaine. Le corps se divise, I'action neErwan Higuinen s'identifie pas ‡ l'homme et, finalement,Cahiers du CinÈma n∞542 - Janvier 2000 ne rÈsout rien dans ce film qui ne s'ap- (É) La nÈcessitÈ d'inventer des figurespuie sur l'opposition entre le bien et le (hÈros, dieux, monstres) est premiËre.mal que pour rejeter tout manichÈisme. Mais, encore une fois, celle d'un ancraChacun a ses raisons (les animaux-dieu ge dans le rÈel se trouve Ègalement renqui veulent prÈserver la forÍt, la commu forcÈe par le projet, qui ne peut se satisnautÈ de forgerons dÈcidÈs ‡ en exploi faire d'un monde de pure fantaisie souter les ressources), toutes dÈfendables. peine de basculer dans la redondancC'est l‡ qu'intervient le second type d Le rÈalisateur (I'Ètrange engendrant l'Ètrange). On saisÈquences, les plus belles : des confron- que le meilleur de l'animation japonaistations, en face ‡ face o˘ s'opposent les a adoptÈ le vocabulaire du cinÈma (trapoints de vue, presque des dialogues Intervaliste puis animateur de nom- vellings, panoramiques, gros plansphilosophiques. En particulier entr breuses sÈries au cours des annÈes montage) pour traiter un univers crÈÈ dAshitaka, le hÈros, et Moro, la dÈess soixante et soixante-dix, Hayao toutes piËces comme une rÈalitÈ prÈlouve, sur un rocher, entre le ciel et le Miyazaki sÕest dÕabord fait connaÓtre au existante. Au lieu de rÍver ‡ de douteuvide. De la surcharge, on passe a Japon en 1979 par le long mÈtrage plans-mondes exhaustifs o˘ tout seraidÈnuement, les corps se dÈtachent d ArsËne Lupin et le ch‚teau de visible, Miyazaki fait des prÈlËvementdÈcor, et l'ambivalence se fait plus Èvi- Cagliostro, avant dÕobtenir un grand et travaille ‡ rÈorganiser l'espace edente. On cherche ‡ se comprendre succËs avec sonmangaNausicaa et la vrai metteur en scËne. Mieux : dans cchacun est ‡ la fois une chose et son vallÈe du vent, quÕil adapta ensuite en film o˘ le hÈros peut tout rencontrer, econtraire, soudain suspendu au milieu. dessin animÈ. En association avec Isao surtout des crÈatures hybrides ‡ la natuL'enjeu - qui est aussi celui de la mise Takahata, son confrËre auteur du re instable (des animaux-dieux, un sanen scËne: imitation de la vie ou dÈlire Tombeau des lucioles, il a fondÈ le glier possÈdÈ, une fille-louve), la quesformel ? - est l‡ : dÈpasser lÕÈcartËl studio Ghibli, qui produira ses films sui- tion de l'altÈritÈ est centrale. On craiment pour trouver un Èquilibre. vants,Laputa,Totoro,Kiki, et enfin gnait que tout se vaille, mais le clignotePrincesse Mononokerejoint l Porco Rossopar lequel il est ment des identitÈs fait que rien n'esd'autres dessins animÈs japonai aujourdÕhui rÈvÈlÈ au public franÁais indiffÈrent. Quant ‡ l'Èvident rapprocherÈcents. Le rÈcit (les rouages du scÈna- aprËs avoir remportÈ le prix du long ment avec le jeu vidÈo, il ne prend pario comme le mode de narration) s mÈtrage ‡ Annecy en 1993. PÈtri de cul- la forme d'une imitation mais rÈsulte dcomplexifie, les personnages ne peuven ture europÈenne, fascinÈ par notre convergences technologiques et narraatteindre une position morale incontes continent qui sert de cadre ‡ la plupart tives, d'un Èchange fructueux. Avec, surtable (cf.Jin-Rohde Hiroyuki Okiura) de ses films, admirÈ par Moebius, tout, I'idÈe excitante d'une suite don doute de la nature de ce que l'on voi Hayao Miyazaki fait voler tous ses per- mondes ‡ dÈcouvrir, cachÈs, inouÔs(cf.Perfect Bluede Satoshi Kon). Dan sonnages, et Èmerveille petits et grands. jamais vus - pas de temps ‡ perdreMon voisin Totoro, la solution naissai RenÈ Laloux vite, tout faire pour passer au plan et ade la croyance, non pas aveugle mai ∞ - niveau suivant. Princesse MononokÈse compose deux types de sÈquences. D'abord l'

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Hayao Miyazaki est nÈ en 1941, lÕannÈporta un succËs colossal et lui valut l Filmographie de Pearl Harbour. Il grandit dans un paysurnom de ÒDisney nipponÓ etPorc qui se relËve difficilement des consÈRosso, sorti sur les Ècrans franÁais e Longs mÈtrages T.V. quences de la guerre et du terrible bom1995.Princesse MononokÈdevrai Mirai shonen Conan1978 bardement dont il fut victime. DËs sorester, selon lÕaveu de lÕintÈressÈ, Conan, le fils du futur plus jeune ‚ge, Miyazaki est fascinÈ padernier long mÈtrage de Miyazaki. Celui les machines volantes. Son pËre dirici ayant dÈclarÈ ne pas se sentir le cou Anne aux cheveux rouges1979 geait une entreprise de constructiorage de se lancer ‡ nouveau dans un aÈronautique et lÕon retrouve ce goentreprise aussi Èpuisante. ArsËne Lupin1980 pour les grandes envolÈes dans la pluPour beaucoup de ses compatriotes (Sous pseudonyme) part de ses Ïuvres.Miyazaki est aujourdÕhui lÕÈgal d Sa passion pour le cinÈma naÓt en 1958Kurosawa, avec qui il entretenai Sherlock Holmes, dÈtective privÈ1984 annÈe durant laquelle il dÈcouvreLdÕailleurs des rapports de grand respe lÈgende du serpent blancmutuel. ConsidÈrÈ par la critique unani, le premie On you mark1995 VidÈo-clip film dÕanimation tournÈ en couleur par lme comme le meilleur rÈalisateur nip compagnie Toei. AprËs des Ètudepon en activitÈ, cÕest un authentiqu Longs mÈtrages cinÈma dÕÈconomie et sciences politiques ‡ lÒMaÓtreÓ. MalgrÈ ses rares apparitio Rupan 3 : Kariosutoro no shiro1979 Gakushuin University, Miyazaki entrdans les mÈdias, sa voix compte dans l ArsËne Lupin et le ch‚teau de Cagliostro chez Toai animation (en 1963) et rejoinvie publique nipponne. Ses actions e un groupe de recherches sur la littÈratufaveur du respect de lÕenvironnement l Kaze no tani no Naushikaa1984 re enfantine. Il est ainsi lÕun des trËont, en particulier, valu dÕÍtre reconn Nausicaa de la vallÈe du vent rares rÈalisateurs d'animation japonaicomme un Ècologiste actif et influent qui nÕait pas ÈtÈ formÈ ‡ lÕÈcoleDossier distributeu Tenku no shiro rappyuta1986 manga. Il restera huit ans chez Toei Laputa : Le ch‚teau dans le ciel mais les limites imposÈes par la produc tion ‡ la chaÓne lÕÈtouffent. En 1971, Tonari no Totoro1988 devient indÈpendant et travaille comm Mon voisin Totoro directeur de lÕanimation sur des sÈri telles queLupin 3etHeidi, toutes deu Majo no Takyubin1989 diffusÈes en France. En 1978, il rÈalis KikiÕs delivery service, La messagerie de son premier dessin animÈ pour la tÈlÈvi la sorciËre sion :Conan, fils du futur, qui narre le aventures dÕun jeune garÁon dans u Kurenai no butta1992 monde dÈvastÈ. La sÈrie connaÓt un suc Porco Rosso cËs immense. En 1979, Miyazaki tourn son premier long mÈtrage,Le ch‚tea Mononoke hime1997 de Cagliostro, une aventure deLupi Princesse MononokÈ 3, le hÈros de manga crÈÈ par Monke Punch. En France, le dessin animÈ ser diffusÈ sous le titreEdgar, le roi de l cambriolesur pression des hÈritiers d Maurice Leblanc. En 1984, cÕest la consÈcration. Haya Documents disponibles au France Miyazaki signeNausicaa de la vallÈ du vent, un long mÈtrage pour le cinÈ Cahiers du CinÈma n∞542 - Jan. 2000 ma qui connaÓt un succËs immense a Positif n∞467 - Janvier 2000 Japon. Enfin, en 1984, il fonde so Dossier distributeur propre studio : Ghibli, pour lequel il a, Le Monde - Mercredi 12 Janvier 2000 ce jour, dÈj‡ rÈalisÈ cinq long - mÈtrages, parmi lesquelsMon voi Totoro, un conte pour enfants qui re

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