Reefer et le modèle de Comerford

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• Langue: Français

Extrait

Reefer et le modèle
Reefer and the modelF de Joe Comerford
FICHE FILM
Fiche technique
Irlande - 1987 - 1h33
Réalisateur :
Joe Comerford
Scénario :
Joe Comerford
avec la collaboration de
Eoghan Harris
Musique :
Johnny Duhan
Teresa à appareiller seule. Reefer l’attendRésumé
Interprètes : au large sur un canot. Au moment de la
Lan McElhinney rencontre la jeune femme est prise des
Sur une route d’lrlande, Reefer et sa mère
douleurs de l’accouchement. Le chalutierReefer prennent une auto-stoppeuse, Teresa.
renverse l’esquif de Reefer et vogue seul
Irlandaise revenant enceinte d’un longCarol Scanlan
vers la haute mer.
séjour à Londres, elle est surnomméeTeresa Flaherty
immédiatement "le modèle" par la vieille.
Eve Watkinson Reefer et deux amis Badger et Spider, font
CritiqueLa mère de Reefer du cabotage du côté de Galway et des îles
d’Aran sur un vieux chalutier, évoquant fré-
Sean Lawlor
quemment un passé hors-la-loi et la lutte Ce film a la rudesse des paysages de
Spider contre les Anglais. l’lrlande et du mode de vie de ses marins
Teresa reste en leur compagnie et s’instal- et de ses ruraux. Voici l’lrlande (I’Eire) horsRay McBride
le avec Reefer. Afin de payer les répara- de tout cliché touristique. Le regard du réa-Badger
tions du bateau, les trois hommes décident lisateur, qui parfois relève directement du
de cambrioler une banque. Ils sortent leurs documentaire est rugueux comme ses per-
Prix du meilleur long armes d’une vieille cachette et réussissent sonnages. Le personnage principal, Reefer,
métrage au festival du Film le hold-up. La police irlandaise les est comme cuirassé dans son refus d’expri-
Celtique. recherche, surveillant la maison de la mère mer ses sentiments. Les trois hommes
de Reefer et le bateau où reste Teresa. vivent dans la confusion entre la vie réellePrix Europa au Festival de
Spider et Badger ne tardent pas à être cap- en Irlande (et ses contradictions politiques)Barcelone 1988.
turés tandis que la vieille parvient à aider et le souvenir d’anciennes actions (réelles
L E F R A N C E
1D O C U M E N T S
ou mythiques) qu’ils auraient menées Joé Comerford
pour l’IRA. Teresa,"le modèle", joue
agressivement le rappel à la réalité -
Caméraman sur des documentaires et
elle-même sera brutalement ramenée à
des films de fiction pour les télévisions
son être de femme/mère par la naissan-
irlandaises, britanniques, allemandes et
ce, qui s’annonce au moment où les
américaines.
deux amants entrevoient la liberté.
Traveller a obtenu le Léopard d'Or au
Tout est amer et désabusé dans ce film.
Festival International du Film de Locarno
même l’humour. La mise en scène pra-
(1982) et a été présenté au Forum
tique volontiers la distance et la rupture
International de Jeune Cinéma à Berlin
de ton, mais il arrive qu’elle se laisse
(1982). Deuxième prix du Festival du
déborder par des dialogues inutilement
Cinéma et de la Télévision des pays cel-
théâtraux. Elle joue néanmoins sur une
tiques. Traveller a été présenté dans
dualité réalisme/non-réalisme où se
22 pays, en 4 langues.
mêlent l’inscription des thèmes dans la
culture irlandaise et Ies réminiscences
du film noir.
FilmographieDaniel Sauvaget
Saison Cinématographique 89
Outside one 1970
Ce n’est pas du soulagement compa-
Swan Alley 1972ratif, mais presque de l’enthousiasme
qu’on éprouve en revanche devant
Emtigon 1974Reefer and the Model (Irlande, de Joé
Comerford), qui raconte l’odyssée pi-
Withdrawal 1976toyable d’une clocharde enceinte jus-
qu’aux dents et de trois marginaux
Down the Corner 1979vieillissants, soldats perdus de l’IRA
planqués tant bien que mal dans une
Traveller 1981peu lucrative combine de cabotage.
Rien de sordide, pourtant, dans ce film
Waterbag 1983poétique qui ne poétise jamais, mais
parle avec une verve fantasque, à la
Rough Touch 1986fois familière et nette, pas attendrie, de
la désillusion politique, de l’lrlande quo-
Reefer and the model 1987tidienne, des amitiés fourbues, des
Reefer et le modèleamours qui arrivent trop tard, du sel et
de la sueur qui empoissent les vête-
ments et alourdissent les corps fatigués,
maladroits, deshabitués du désir. Rien,
dans ce film étrange, n’est jamais prévi-
sible, ni les événements, ni les senti-
ments qu’ils inspirent. Pas de chevilles
dans l’intrigue, de brusques embardées.
Ce n’est pas tour à tour drôle et triste,
mais drôle et triste en même temps, et
pour les mêmes raisons. Il faut espérer
que nous verrons ce film ...
Emmanuel Carrere
Positif n°334
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