Savannah, la balade de Pico Marco

Centre De Documentation Du Cinéma[S] Le France

Description

Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

Sujets

• Cinéma
• Fiches du cinéma

Informations

• Publié par: cinemavectoi
• Nombre de lectures: 220
• Langue: Français

Extrait

Savannah, la balade
F de Marco PicoFICHE FILM
fiche technique
France - 1987 - 1h40
Réalisateur :
Marco Pico
Scénario :
Mark Miller
Musique :
Jean - Claude Petit
Jacques Higelin
Elodie Gaultier
Résumé Critique
Interprètes :
Jacques Higelin Colin et Maillard se sont évadés. Dans la Les deux compères Colin et Maillard sont
ville où ils sèment une menue panique, ils remarquablement interprétés par Jacques(Colin)
découvrent qu’une petite fille s’est dissi- Higelin et Daniel Martin qui savent passer
mulée dans l’automobile qu’ils ont volée. de l’émotion à la coquasserie et plus préci-
Daniel Martin Ils se résignent à l'emmener avec eux et
sément pour le personnage d’Higelin de la
s'installent dans une vieille ferme. Tout le(Maillard) rudesse à la tendresse.
monde croit à un kidnapping...
Entre la petite fille et Colin et Maillard, les
sentiments sont complexes et évoluentElodie Gaultier
tout au long du film. Ne sont-ils pas plus
(Savannah)
riches que ceux que vit la petite fille au
sein de sa famille ?
Pourtant, ce film fut un échec du fait de sa
sortie sur les écrans au beau milieu de
l’été, période creuse de l’année pour le
cinéma.
A noter que ce film a été pratiquement
tourné dans l’ordre chronologique : la der-
nière image du film est ainsi réellement la
dernière qui a été tournée.
Le France
L E F R A N C E
1D O C U M E N T S
musique du film restant étrangère à son style. On aimerait pourtant que le réali-
Dans ce film, deux oppositions nous univers). La gamine est aussi peu caboti- sateur de Savannah trouve des sujets
sont montrées à travers les person- ne que possible mais son insertion dans plus adaptés aux décalages ironiques de
nages : le monde riche et bourgeois l’intrigue souffre momentanément de sa vision
représenté par la famille de Savannah et quelques flash-back superflus. Yann Tobin
celui des pauvres et marginaux avec La revue du Cinéma n°442 oct. 88 Positif n°333 novembre 88
Colin et Maillard.
Deux autres contrastes entre les deux
héros : I’un est le genre "papa poule" Il y a douze ans, on avait découvert un Le couple de malfrats en cavale rappelle
I’autre, un grand dur au coeur tendre. cinéaste au ton excentrique et promet- par bien des aspects celui qu’ont formé
Savannah constitue le lien entre tous teur, Marco Pico, avec Un nuage entre à l’écran Depardieu et Richard. La per-
ces personnages et ces oppositions et les dents. sonnalité d’Higelin, son style bourru où
fait progresser le récit. Ce ton, on le retrouve dans les pre- la tendresse se dissimule derrière une
De par sa mise en scène le réalisateur mières séquences de Savannah : deux carapace rugueuse (style dont le réalisa-
fait en sorte que les deux "voyoux’" nous évadés en cavale accumulent les teur a tendance à abuser ) et le talent de
soient sympathiques et attachants : ils bourdes et réussissent à ne pas se faire Daniel Martin font oublier tout modèle
sont proches de la fillette dans les pincer. Leur présence s’impose éventuel. Le film repose sur une série de
actions simples et quotidiennes, ils d’emblée : Higelin, étonnamment à contrastes : I’opposition entre le monde
vivent ensemble des temps d’inquiétude l’aise dès sa première apparition, et son bourgeois où vivait la petite fille et celui
qui renforcent les liens. complice Daniel Martin, une révélation. des marginaux qui ont toujours connu la
Quant aux parents de Savannah, ils sont Les rapports entre les deux copains, par misère, le mélange de bouffonnerie et
loin, ils n’ont pas de lien avec la fillette leur spontanéité, renouvellent un sché- de menace inquiétante que représente
par contre, ils envoient la police pour ma convenu (le petit et le grand, le la police (avec un bon Bozzuffi en com-
rechercher leur enfant. bavard et l’introverti, etc.). Mais soudain missaire parodique et acharné), et sur-
Ce type de mise en scène peut parfois vient se greffer l’intrigue "commerciale" tout l’alliance de violence et de pureté,
provoquer des jeux d’acteurs et des du film. Les compères se voient flanqués de désespoir et de rêve, qui caractérise
situations caricaturales. d’une insupportable petite fille, un les deux anciens taulards.
Fédération des Oeuvres Laïques pot-de-colle joliment prénommé Le film cède souvent à des schémas un
Savannah, dont les parents, notables peu simplistes, à la tentation du mélo
influents, croient au kidnapping. Le romanesque, à la séduction un peu hâti-
Le deuxième long métrage de Marco reste de la trame, téléguidé par la volon- ve de toute petite fille, et ses atouts,
Pico est un film vagabond qui développe té (non condamnable en soi) de plaire au quant à eux, succombent trop souvent
le thème d’une double cavale. D’abord plus large public, tire vers le "mignon" devant les stéréotypes
celle de deux marginaux à priori pas I’ensemble du film. Et la mise en scène, Daniel Serceau
très effrayants, capables de braquer un souvent drôle et inventive, ne peut bien- La revue du cinéma Saison 88
pompiste pour économiser le prix de tôt plus rien contre l’envahissante asep-
l’essence et d’un paquet de chips. tisation du récit. Le doux délire
Ensuite celle d’une petite fille qu’annoncaient les premières séquences
(Savannah), en manque d’affection et fait place à une gentillesse pour petits
qui a décidé de quitter parents et et grands. Mais les comédiens restent
domestiques. Malencontreusement, elle excellents et le film aurait sans doute Filmographie
se cache dans la voiture des deux mar- rempli son but si un lancement déplo-
lous, faisant d’eux des kidnappeurs invo- rable au milieu de l’été n’avait étouffé
Un nuage entre les dents (1974)
lontaires. sa carrière dans l’œuf. Car le film de
Les deux compères sont remarquable- Marco Pico, après tout, n’a rien à envier
Savannah , la ballade (1987)
ment interprétés par Jacques Higelin et au Grand Chemin, triomphe insigni-
Daniel Martin qui savent passer de fiant de la saison précédente. Le film de
La cavale des fous (1993)
l’émotion à la cocasserie et, dans le per- Jean - Louis Hubert était peut-êre plus
sonnage d’Higelin, de la rudesse à la uniformement malin - mais du moins
tendresse. On n’oublie pas de faire celui de Pico témoigne-t-il, malgré ses
chanter Higelin (une seule fois - la faiblesses, d'une certaine exigence de
L E F R A N C E
SALLE D'ART ET D'ESSAI
CLASSÉE RECHERCHE
8, RUE DE LA VALSE
42100 SAINT-ETIENNE
RÉPONDEUR : 77.32.71.71
2
77.32.76.96
Fax:[phone]