Traffic de Soderbergh Steven
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

FICHE FILM
Traffic
www.abc-lefrance.com
D O C U M E N T
miraculeux, car ils ne peuvent guËr conserver d'illusion sur lÕutilitÈ et l sens mÍme de leur travail. Leur supÈ rieur, un certain gÈnÈral Salazar, qui semble mener une croisade fanatiqu contre le cartel de Tijuana, est en fai infÈodÈ ‡ un cartel rival. Manolo, le par tenaire de Javier, collabore avec le autoritÈs amÈricaines pour dÈmasque les trafiquants de Tijuana, ce qui lui co˚ tera la vie : il n'est mort que pour conso lider le pouvoir et la fortune de l'autr gang. Le film s'installe d'entrÈe de je dans l'ambiguÔtÈ et l'ambivalence. Le policiers ressemblent ‡ des voyous, le gros trafiquants se prÈsentent comm de respectables citoyens. Dans la pre miËre sÈquence, Javier et Manolo arrÍ tent des convoyeurs de cocaÔne dans l dÈsert (aprËs leur avoir demandÈ u droit de passage), mais une escouad militaire menaÁante surgit et s'empar du butin et des prisonniers. Commen Ètiez-vous si bien renseignÈs, demand un gÈnÈral inquisiteur aux deux poli ciers, qui refusent de rÈpondre. Aucu de ces ÒreprÈsentants de l'ordreÓ n'in pire particuliËrement confiance. D mÍme, la premiËre apparition de Do Cheadle et Luis Guzman - un Noir et u ÒHispaniqueÓ en T-shirts sales et e jeans - semble les Ètiqueter comm complices du trafiquant chez qui ils s rendent pour parler affaires. Surprise ce sont des policiersunder-coverÉ La respectable mËre de famille incarnÈ par Catherine Zeta-Jones, pilier de l bonne sociÈtÈ de La Jolla, se rÈvÈler impitoyablement mercenaire quand so mari, dont elle ignorait les activitÈs illi cites, est arrÍtÈ : elle contacte les dea lers avec qui il trafiquait et s'emploi faire assassiner le tÈmoin ‡ charge peut le faire condamner, sans se souc que l'attentat risque de co˚ter la vi une demi-douzaine d'innocents (une v ture piÈgÈe explose, mais tue un polic au lieu de la victime prÈvue ; le pro finira quand mÍme par aboutir -empoisonnement -, et le procureur, pr de son tÈmoin vedette, doit abandon
les poursuites ; tout rentre dans l'ordre en somme). Cette transformation radica le et brutale d'un personnage au dÈpar innocent et plutÙt sympathique n'es qu'une des multiples illustrations d pouvoir corrupteur de ce qu'on pourrai appeler le ÒsystËmeÓ de la drogue. n'est pas nÈcessaire d'Ítre accro pou Ítre infectÈ... Du cÙtÈ des consommateurs,Traffi nous rappelle que la drogue, qui, dans l plupart des films, affecte principalemen les ghettos, les minoritÈs, les margi naux, fait aussi des ravages parmi le classes aisÈes, notamment ici parmi l jeunesse dorÈe. La fille de Wakefield e ses camarades, lycÈens intelligents brillants mÍme (le dialogue capture leu langage avec une exactitude dÈpourvu de condescendance ; voici pour une foi des adolescents amÈricains qui n disent pas ÒlikeÓ tous les trois motsÉ), se droguent ‡ la cocaÔne purifiÈe (free basing). Erika Christensen, dans le rÙl de Caroline Wakefield, prÈsente un image Èmouvante d'innocence juvÈnil pervertie - l'expression de pure extas sur son visage encore enfantin a moment o˘ la drogue fait son effet es troublant, car totalement Èloquen (Barthes, sur le pouvoir de jouissanc des ÒperversionsÓ, Òen l'occurrence l deux H, homosexualitÈ et haschischÓ ÒLa Loi, la Doxa, la Science ne veulen pas comprendre que la perversion, tou simplement,rend heureuxÉÓ). ÒJe ne voulais pas faire un film sur le droguÈsÓ dit Soderbergh. De fait, par la multitude de personnages deTraffic Caroline est un des rares droguÈs, et l seul ‡ occuper un rÙle important.. L ' '
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.32.07.09
ce devant l'existence du mÍme cancer au sein de sa propre famille. Cette situa-tion est, du moins dans le dÈveloppe-ment que lui donne le scÈnario, l'autre concession majeure du film ‡ la conven-tion mÈlodramatique - le pËre, transfor-mÈ en justicier, cherche ‡ tirer sa fille de son enfer en s'attaquant ‡ son vil pourvoyeur (un Noir, bien entendu, qui profite sexuellement de la jeune fille). On pense ‡ George C. Scott dans Hardcore, cet autre pËre conservateur et puritain cherchant ‡ sauver sa fille de cet autre enfer qu 'est le commerce por-nographique (les rapports entre les deux mondes, drogue et pornographie, sont d'ailleurs nombreux et Èvidents). Dans Traffic, Caroline est sauvÈe par une thÈrapie de groupe traditionnelle type AA, qui passe par la parole-confession. AprËs le discours de la jeune fille devant le groupe, ‡ la fin de son traitement, le pËre, qui est venu avec sa femme, dÈclare : ÒNous sommes ici pour ÈcouterÓ ; propos que Soderbergh enchaÓne ironiquement sur lÕimage d'une Ècoute tout autre, rappelant la fonction officielle ‡ laquelle Wakefield a renon-cÈ. Ambivalence, de nouveau (entre renoncement et entÍtement), mais qui permet de jeter un pont ultime entre deux sections largement indÈpendantes du film. La coda en mineur, o˘ Javier assiste ‡ un match de baseball (Ècho d'un propos tenu vers le dÈbut du film), est elle-mÍme ambiguÎ dans son accep-tation apparente -a touch of zen- des choses comme elles sont ; mais il est vrai qu'on peut la lire de plus d'une faÁon (ou ne pas la ÒlireÓ du tout.)(É) Jean-Pierre Coursodon ∞ -
D O C U M E N T
(É)Trafficest l'histoire d'un ensembl de personnages pris entre trois couleurs le froid bleutÈ du nord, de l'AmÈriqu (Ohio,Washington), le jaune lumineux d San Diego et l'ocre saturÈ de Tijuan filmÈ en Ektachrome. De faÁon sympto matique, Soderbergh a insistÈ pour Ítr lui-mÍme, sous le pseudonyme de Pete Andrews, le directeur de photographi du film. LÕimportant ici est que ce cod des couleurs ne soit strictement ratta chÈ ni aux diffÈrentes trames narrative ni aux individus qui les soutiennent. Il est avant tout rÈgional, divisant l'espac filmique en deux zones essentielles l'une chaude (celle de la frontiËre o˘ le transferts sont les plus actifs) et l'autr froide (lÕAmÈrique hypothÈtiqueme protÈgÈe par sa splendide isolation). U mÍme personnage peut, dËs lors, Ítr amenÈ, en cours de route, ‡ traverse ces diffÈrents rÈgimes du visible et ‡ e subir physiquement les effets. Si Catherine Zeta-Jones et Benicio Del Toro ne font chacun que traverser l frontiËre, se croisant par deux fois san se connaÓtre, le personnage interprÈt par Michael Douglas parcourt, quant lui, tout le spectre visuel du film. Recevant d'abord, dans le cadre bureau cratique de Washington, les conseils e avertissements des diffÈrents sÈnateurs il dÈcide de partir se confronter ‡ l ÒrÈalitÈ du terrainÓ ‡ un poste-frontiËr du Texas, avant de franchir la ligne sym bolique pour rencontrer son suppo homologue mexicain. Cette plongÈe paliers dans un univers de moins moins policÈ correspond alors, l'Ècran, ‡ lÕeffritement progressif d belle image comme de sa froide as rance. Elle correspond Ègalement ‡ lente descente aux enfers de sa fil Celle-ci n'a pas besoin de traverser t le pays pour se confronter ‡ un mon Ètranger et chaotique. Il lui suffit passer de la banlieue rÈsidentielle elle habite au ghetto noir du cent ville.A la logique manifeste, gÈog phique et colorÈe, de l'opposition No Sud se combine ainsi une autre logiq
moins directement perceptible, urbain et monochrome, de la division sociale. Or ce parcours personnel d'Erika Christensen ne l'affecte pas moins que les voyages officiels effectuÈs par son pËre. Quand Michael Douglas part e voiture ‡ sa recherche, il la croise sans la voir, comme si elle ne faisait pas plus partie de son histoire que Catherin Zeta-Jones de celle de Benicio Del Toro. Elle est devenue l'ÈtrangËre dans l maison, l'own private Mexicodu jug Wakefield. Cette double logique et ses rÈpercussions intimes se retrouvent, de maniËre plus discrËte, dans les deu autres histoires concurrentes.Au fur et mesure que Benicio Del Toro e Catherine Zeta-Jones dÈcouvrent l'am pleur d'un systËme qui les dÈpasse, ils font Ègalement l'apprentissage d'un violence beaucoup plus proche d'eux qu'ils ne pouvaient le penser, ainsi que de celle dont ils sont eux-mÍme capables. Le premier trahira son coÈqui pier et la seconde n'hÈsitera pas ‡ faire assassiner un homme pour prÈserve son bonheur familial. On a rarement vu, dans un film holly-woodien, les individus aussi maltraitÈs, menacÈs ‡ la fois de l'extÈrieur et de l'in tÈrieur par des forces qui les divisent et les fragmentent en autant de territoire Ètrangers. Le monde deTrafficest celui du libre-Èchange qui affecte autant l'in tÈgritÈ des nations que celle des per
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.32.07.09
que, homme de loi et de principe, il est originellement le plus ÈloignÈ du flux d'images et de points de vue qui assaillent et submergent ici les diffÈ-rents caractËres. DansTraffic, l'obsession rÈaliste pour les fuyantes singularitÈs de l'ici et main-tenant se traduit par une utilisation quasi systÈmatique de la camÈra ‡ l'Èpaule. Ce choix de mise en scËne a deux consÈquences principales. Il per-met, tout d'abord, ‡ Soderbergh de redonner une fraÓcheur ‡ des scËnes de cinÈma dÈj‡ rÈpertoriÈes. Ainsi des meurtres symÈtriques des Èquipiers, mexicain et amÈricain, de Benicio Del Toro et Don Cheadle. Dans chacune de ces scËnes, une thÈ‚tralitÈ scorsesienne (exÈcution sommaire en plein dÈsert, explosion ‡ la voiture piÈgÈe) est contre-dite par une technique de filmage proche, le sens du cadre mis ‡ part, du reportagelive. Ce ÒrÈalisme tÈlÈvisuel Òet son effet constant de direct font, en outre, peu ‡ peu basculer le film dans une Ètran-ge abstraction. Tout se passe comme si l'ensemble des images finissaient par se fondre les unes dans les autres, se condensaient progressivement en un seul plan : celui d'un mÈdaillon, sphÈ-rique comme un globe terrestre, divisÈ en sa moitiÈ par une mince boursouflu-re, sur lequel deux noms sont inscrits : ÒU.S.Ó/ÓMexicoÓ. Patrice Blouin ∞ -
D O C U M E N T
Entretien avec le rÈalisateur
Le thËme majeur du film, n'est-ce pas l perte de l'innocence, la fin de l'ignorance Pas un personnage qui ne perde ses certi tudes ou ses illusionsÉ Stephen et moi avons beaucoup parlÈ d'in nocence. Beaucoup parlÈ aussi de l'impuis sance de nos personnages ‡ maÓtriser leu situation. Ils sont le jouet de leur ambition de leur cupiditÈ, de leur dÈpendance, ou de contraintes Èconomiques.ÓAvec lequel va-t on sympathiser ?Óme demandaient toujour lesexecutives. Il fallait leur expliquer qu'u protagoniste peut Ítre intÈressant mÍme s'il n'est pas sympathique. Qu'il y a de nom breux personnages et que le suspense naÓ de ce qu'on ne sait pas lesquels vont sur vivre. S'il n'y avait eu l'enthousiasme d Graham King ‡ Initial Entertainment Group le film ne se serait pas fait.. Un producteu qui Ècoute son instinct, qui est prÍt ‡ fonce mÍme quand il paraÓt impossible de trouve un partenaire amÈricain, est aujourd'hui un exception. «a nÕ existe plus dans les studi depuis qu'ils sont devenus des corporations.
La structure mÍme du film dit bien que tou le monde est impliquÈ, que cette guerr nous concerne tous et ‡ tous les niveaux. ¿ l'origine, les images que jÕavais en tÍt Ètaient celles d'un conflit lointain, de l'autr cÙtÈ de la frontiËre. ¿ prÈsent, je sais que l guerre fait rage ici mÍme. Et j'ai des opi nions beaucoup plus nuancÈes. Au dÈpart j'avais des idÈes de gauche classiques mais, au cours des interviews avec les intÈ ressÈs, je me suis rendu compte que c' Ètai beaucoup plus compliquÈ. Les policiers qu j'ai rencontrÈs n'Ètaient pas des fasciste bornÈs, mais des types intelligents, passion nÈs, dÈpourvus de prÈjugÈs, avant tout frus trÈs parce qu'ils connaissent trop bien le ravages de la drogue. Ils considËrent qu'il a des lois et que leur boulot est de les fair appliquer. Pour eux, chaque sachet d drogue saisi est une petite victoire qui justi fie leur existence.
La sÈquence o˘ Michael Douglas visite poste-frontiËre ‡ San Ysidro, est-ce du ci
ma vÈritÈ ? Quelle Ètait la part de prÈpara tion et celle d'improvisation ? J'appelle Áa un chaos organisÈ. Pour cett sÈquence, comme pour celle o˘ il visit l'Intelligence Center d'El Paso, on avai beaucoup de matÈriaux Ècrits, mais il Ètai bien plus intÈressant de donner la parol aux intÈressÈs. Pour Michael, c'Ètait so premier jour. Je l'ai prÈsentÈ au responsabl et lui ai demandÈ de lui poser des questions Michael, qui est un type trËs fin, trËs bran chÈ politiquement, a parfaitement jouÈ l jeu. La premiËre prise dura onze minutes. J l'ai ensuite positionnÈ diffÈremment, et il ont eu un autre Èchange. Michael, qui n s'attendait pas ‡ cette mÈthode, gardai nÈanmoins le sourire. Il avait mÈmoris toutes ses rÈpliques, mais n'eut pas l'occa sion d'en prononcer beaucoup. C'Ètai comme de travailler sans filet.
Vous avez procÈdÈ de la mÍme faÁon pour l rencontre avec les sÈnateurs ‡ Washington? On a de nouveau improvisÈ. Il me suffisai de leur prÈsenter Michael en leur disant Voici le nouveau responsable de la drogue Donnez-lui votre opinion sur la politique qu'il devrait mener ‡ Washington. J'avais troi camÈras en batterie. On faisait tout en un prise. Les sÈnateurs savaient de quoi il retournait. Ils font des dÈclarations tous le jours. Ils Ètaient donc trËs naturels. Une foi de plus, nous avons oubliÈ presque tout c qui figurait dans le script.(É) Michael Henr Positif n∞481 - mars 200
Le rÈalisateur
mentaire de long mÈtrage sur le groupe Yes, qui est remarquÈ et lui permet de filmer un de leurs concerts :9012 Live est citÈ au Grammy 1986 de la meilleure vidÈo musicale. Steven Soderbergh se consacre un temps ‡ l'Ècriture et tourne ‡ partir de son propre scÈnarioSexe, mensonges et vidÈo, dont il assure lui-mÍme le montage. InterprÈtÈ par James Spader, Andie Mac Dowell, Peter Gallagher et Laura San Giacomo, le film est prÈsentÈ dans le cadre du Festival de Sundance en janvier 1989. Quatre mois plus tard, il obtient la Palme d'Or au Festival de Cannes tandis que James Spader rem-porte le Prix d'interprÈtation masculine. Steven Soderbergh est en outre citÈ ‡ lÕOscar du meilleur scÈnario original.
Filmographie
Sexe, mensonges et vidÈo1989 Kafka1992 King of the hill1993 A fleur de peau1995 Schizopolis1996 GrayÕs anatomy1997 Hors dÕatteinte1998 LÕanglais1999 E r i nB r o c k o v i c h ,s e u l ec o n t r e
Steven Soderbergh est nÈ en GÈorgie e 1963. PassionnÈ par lÕimage et le cinDocuments disponibles au France ma, il commence ‡ tourner de petit films ‡ 13 ans. Ses Ètudes achevÈes, ilPositif n∞421, p.4 ‡ 13. dÈbute comme monteur indÈpendantLes Cahiers du cinÈma n∞500, p.118, Los Angeles, puis revient en Louisiane,119. ˘ ∞
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