Vies de Cavalier Alain
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

FICHE FILM
Vies
www.abc-lefrance.com
D O C U M E N T
un jour, mon cher Michel me dit qu'aveornent ses murs. Chaque dÈtail de la vie Critique bonheur et le sentiment du devoicompte pour approcher le mystËre de la accompli, il quitte son travail. Je galopcrÈation. (É) On commence par un chirurgien des vers l'endroit o˘ il coupe et recoupe dOn pourrait s'Ètonner de voir Michel yeux. L'Ïil, cÕest primordial pour tout u la viande. Et il m'offre le roman comLabelle, le boucher, devenir le hÈros du chacun. Mais encore plus pour u pressÈ d'une vie entiËreÉtroisiËme (et bref) Èpisode. Mais si le cinÈaste. LÕÏil, cÕest ‡ la fois son ou Pour terminer et faire court, un ÈtÈ, jpremier Èpisode peut, selon Cavalier, de travail et le reflet de son regard su roule en compagnie de FranÁoise suÈvoquer une nouvelle de Maupassant, le monde. LÕorgane du corps qui rÈvËl une route d'Ile-de-France. Elle me ditcelui-ci ressemble ‡ du Flaubert. Michel le plus son ‚me. Alors Alain Cavalie "Tu veux voir la maison d'Orson WellesLabelle a consacrÈ sa vie au travail. Et ‡ suit le dernier jour de travail d'un de se C'est la prochaine route ‡ droite. C'est lsa famille. Pendant qu'il nous la raconte, amis, Yves Pouliquen, opÈrant ‡ l'HÙtel o˘ j'ai travaillÈ avec lui pendant deusa vie, Michel coupe imperturbablement Dieu et mis ‡ la retraite par l'Assistanc ans." Moi, je ne dis pas un mot, toudes steaks qui, tous, doivent faire 130 publique. mes capteurs en alerte, la main serrangrammes. Marge d'erreur autorisÈe : 10 Ses derniers malades se succËdent ma camÈra dans mon sac, cette camÈrgrammes. L‡ encore, il y a la main, aussi apparemment interchangeables. Mai qui ne me quitte jamais. J'accompagnprÈcise et sËche que celle d'un chirur-non : ils sont tous singuliers, au contrai FranÁoise dans son retour vers sa jeugien. re. Seule leur angoisse avant l'interven nesse face ‡ l'ogre. Je glisse du rÈel aEt l'on finit sur Orson Welles. Il y a tion les rassemble, et les balbutiement fantastiqueÉ vingt-cinqans, FranÁoise Widhoff, la maladroits et touchants, aprËs Des rencontres semblables, j'en ai filcompagne de Cavalier, avait travaillÈ Insensiblement, avec la mÍme mÈticulo mÈes plus de vingt, j'en ai plusieurs eavec Welles, lorsqu'il prÈparaitThe sitÈ que le chirurgien au travail, l chantier. Elles ne sont pas toutes unother side of the wind, commencÈ des camÈra se rapproche de l'organe, reflÈt rÈussite pour la pellicule. La vie donnannÈes plus tÙt et restÈ inachevÈ. sur un Ècran vidÈo. Pour aboutir ‡ ce qui beaucoup au cinÈma autant qu'elle lFranÁoise guide Alain dans la maison en visiblement (cÕest le cas de le dire), renvoie ‡ ses limites. Mais ces quatrruine o˘ il a habitÈ et lui raconte le fascinÈ Cavalier : les mains de son ami personnes qui ne se sont jamais rencongÈnie d'Orson, la mauvaise foi d'Orson, qui tissent, entre le haut et le bas d'u trÈes, sauf dans mon viseur et sur votrles mensonges d'Orson. Son masochis-Ïil, un fil enroulÈ sur lui-mÍme et adroi-Ècran, me sont apparues constituer ume suicidaire. Son sadisme assassin. tement coupÈ, au millimËtre prËs, pa ensemble, une sorte de quintette. Je diLes ronces qui ont envahi le jardin sem-des doigts qui semblent effectue quintette et pas quatuor parce que jblent bien symboliques ‡ FranÁoise presque instinctivement, comme cer pense faire partie de cette fraternitÈ.Widhoff, semblables ‡ celles qu'il lui tains insectes, le travail pour lequel il Dossier distributeufallait Ècarter mentalement, jour aprËs sont faits. jour, pour parvenir jusqu'‡ l'esprit tour-L'Ïil et la main, donc. C'est la main d'un mentÈ de celui qu'elle admirait tant. sculpteur que l'on retrouve dans l Dans cet Èpisode, sans doute le plus deuxiËme Èpisode. Celle de Jean-Loui beau, pour nous, cinÈphiles, Cavalier Faure ne redonne pas la vue, mai avance en aveugle. C'est FranÁoise recrÈe la vie. Depuis des annÈes Widhoff qui le guide ‡ chaque instant. chaque fois que le sculpteur achËve un ÒAttention, il y a une marcheÓ ou Ïuvre, Cavalier est l‡, avec sa camÈra. ÒRetourne-toi complËtement pour entrer Faure est un drÙle d'artiste, ou plutÙt u dans cette piËceÓ. Lui se contente de artiste drÙle. Il a, par exemple, intitul tenir la main du guide de cet Ètrange une de ses ÏuvresLe Dernier Envo voyage. Qui caractÈrise parfaitement sa d'AndrÈ Malraux: un oiseau sembl dÈmarche : se retrouver en Èquilibre soulever le corps de l'Ècrivain, tandi entre ÈvÈnement et sentiment. Chercher qu'un petit de Gaulle, semblable ‡ un ‡ toute force la pudeur dans l'impudeur statuette, sort de son corps. inÈluctable de l'image. On est donc parti De son cÏur ou de sa braguette, on ne d'un chirurgien qui redonnait la vue. sait pas trËs bien. Tout en commentan Pour aboutir ‡ un cinÈaste, l'Ïil rivÈ ‡ ce qu'il fait, Cavalier filme non seule l'objectif, qui enregistrerait des vies. ment les Ïuvres, mais aussi la cuisine
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.32.07.09
D O C U M E N T
Michel, aux plus fantas(ma)tiques comme celle d'Orson. Et qui se glisserai entre elles, pour mieux en faire partie . Pierre Mura TÈlÈrama - 23 Novembre 200
Il faut courir, toutes affaires cessantes voirVies, pour vivre l'expÈrience singu liËre d'entrer dans un film qui sort d cinÈma, Ètonne, Èmeut et, pour tou dire, vous change, mÍme un peu, mÍm pour un instant. Ainsi des lignes qui sui vent, mises et remises sur le mÈtier d la critique, et qui n'en sont pas moin tentÈes de rompre avec ce que ce term suppose d'habitude et de professionna lisme. Quoi dire, aussi, devant un tel ´objetª Quelle rÈvolution de vocabulaire inven ter pour tenter d'Ítre ‡ sa hauteur e insuffler le dÈsir d'aller le voir ? Tou paraÓt soudain si galvaudÈ, perclu, faux vieux, banal, bancal. Chef-d'Ïuvre ? Non,Viesn'est pas un chef-d'Ïuvre. Ce n'est mÍme plus une Ïuvre. C'est un dÈsir, fÈroce et beau, de tout envoye promener de ces contraintes, de ce compromis et de ce spectacle souvent si satisfait de lui-mÍme qu'on appelle l cinÈma pour n'en conserver que l'Ètin celle primordiale, cette petite flamme d libertÈ et de mystËre qui Èclaire l'obscu ritÈ des salles et la nuit des hommes. (É) Ces rencontres, en privilÈgiant le plan sÈquence sur le dÈcoupage, raconten moins une histoire qu'elles ne dÈroulen la continuitÈ d'un instant, une tranch de vie tout ‡ la fois dÈrisoire, sublime e suspendue, comme taillÈe par la camÈr au plus vif de la chair, du bois, de l viande ou du souvenir. Si leur mise e scËne varie, toutes semblent e revanche concourir au mÍme consta d'humilitÈ. Tout ici nous dit que le
est nu, tout y parle de l'envers des choses et du dÈcor, de la prÈcaritÈ d l'homme et de ses Ïuvres, de la prÈsen-ce humaine perÁue comme absence, avÈrÈe ou annoncÈe. Pour ses patients et ses collaborateurs, le chirurgien est un dieu. Il ne restera de lui que la trace Èvanescente d'un postÈ rieur sur un coussin. Les travaux du sculpteur dÈmontent, de mÍme, le dÈsillusions et les faux-semblants de l'Histoire par des mÈcaniques furieuse ment ironiques. Par sa durÈe mÍme, l tÈmoignage du boucher suggËre qu'o ne vit guËre plus longtemps qu'il ne fau pour le dire. Quant ‡ la maison o˘ Welles a rÍvÈ d faire des films sans jamais les rÈaliser, elle parle d'elle-mÍme, ‡ l'unisson de la femme, au ton tendre et meurtri, qui devait y travailler avec lui : chaussures, bidets, manuscrits inachevÈs et plan nings dÈsespÈrÈment vides y constituen la face d'ombre, mangÈe par la poussiË re et le nÈant, du dÈmiurge. Grandeur et vanitÈ du mythe caractÈri sent ainsi le film d'Alain Cavalie comme elles n'ont cessÈ de nourri l'Ïuvre et la vie d'Orson Welles. Cependant, nul moralisme l‡-dedans, ni visÈe Èdifiante ou pathÈtique. Mais un morale, au sens noble de ce terme, qui place les hommes, quel que soit leur statut, ‡ ÈgalitÈ devant la mort et rend d'autant plus prÈcieuses et Èmouvante leurs crÈations - du steak ‡ l'Ïuvre d'art -en raison mÍme de la commune trivialit de leur destin. Un itinÈraire finit par se construire, qui renvoie ‡ la conception du cinÈma d'Alain Cavalier. L'acte chirurgical Èvoque cela avec une force incroyable, depuis l'enjeu de l'opÈration (le recou-vrement de la vue) jusqu'‡ ses effets (le mystËre de son dÈroulement, le miracl du rÈsultat) en passant par ses procÈ dures (la machine et la chair, le cham opÈratoire, la couture des tissus). De cette ouverture chirurgicale qui des sille les yeux jusqu'‡ l'Èpisode wellesien - ˘
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l'Èpaule et sans plus filmer le moindre corps, se laisse ´aveuglÈmentª conduire par la voix d'une femme dans la pÈnombre et les dÈcombres -, il est diffi-cile ne de pas voir une sorte de parcours qui rÈconcilie cinÈma et mystique. Voir n'est ici rien d'autre qu'Èchanger ‡ t‚tons avec autrui son expÈrience du monde.
Jacques Mandelbaum Mercredi 22 Novembre 2000
Alain Cavalier nÕest pas un cinÈaste envahissant. Il tourne peu, des films rÈa-lisÈs dans une Èconomie totalement marginale et exposÈs avec parcimonie (il y a quatre ans,La rencontresortait dans une seule salle en exclusivitÈ pari-sienne). Sa prÈsence dans la sphËre mÈdiatique est plus que discrËte et son cinÈma assez isolÈ. Pourtant, le moins qu'on puisse dire, c'est que quand il est l‡, il est vraiment l‡. D'une intelligence tranchante,Viesest une des surprises les plus enthousiasmantes du moment. (É) Ce qui est beau ici c'est lÕextrÍme dou-ceur avec laquelle le cinÈaste pÈnËtre dans lÕintimitÈ de ses partenaires de tra-vail. Jamais il ne cherche ‡ se faire oublier (sauf peut-Ítre dans la salle dÕopÈration). Toujours il informe les per-sonnes dans le cadre de ce quÕil est en train de filmer. Il dialogue avec elles, se laisse guider, invente avec leur complici-tÈ une scÈnographie unique, nÕhÈsite pas lors d'un plan particuliËrement Èmouvant ‡ demander ‡ la personne quÕil filme de renouer son lacet de chaussure afin de ne pas tomber en la suivant.Viesest moins un documentai-re quÕune sÈrie de rencontres, un vÈri-table lieu de partage et de circulation. L'Èchange culmine dans la derniËre scËne, lors de la visite de cette mystÈ-
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occupÈe par Orson Welles. L'ex-assistante du grand cinÈaste amÈri cain exprime avec un mÈlange de ten dresse et d'amertume ‡ quel point l vieux gÈnie manipulait son monde e s'arrangeait pour prÈcipiter tous ses pro jets dans le mur - probablement pa crainte de se confronter ‡ son Ècrasant lÈgende. On dÈcouvre des manuscrit annotÈs gisant sur le sol, la piËce dan laquelle il s'isolait, celle o˘ il organisai des simulacres de rÈunions de travail, e mÍme d'Ènormes cuvettes sanitaires les seules suffisamment rÈsistante pour supporter le poids de Welles. mesure que se dÈvoilent la frustration e la mÈlancolie de cette femme qui consa cra deux ans de sa vie ‡ travailler e pure perte,Viestouche ‡ une sorte d plÈnitude. Il devient une offrande, u don gÈnÈreux et bienveillant. A la plai ouverte du film impossible se substitu cette belle expÈrience de cinÈma retrou vÈ : un autre film, d'autres images, on germÈ sur les cendres de ce qui nÕ jamais vu le jour. Car rien ne se perd complËtement AprËs le dÈpart ‡ la retraite du chirur gien restent la gratitude de ses patient qui ont recouvrÈ la vue, lÕaffection d ses collaborateurs. Le sculpteur dispa raÓt de lÕimage mais ses Ïuvres empli sent le cadre. Cavalier, plus que jamai (mais dÈj‡La rencontreracontait un histoire dÕamour uniquement au trave des objets du quotidien dÕun couple) e le cinÈaste de ces traces. De lÕexistenc de chacun, quelque chose subsiste, s dÈpose, et le cinÈma, le plus simple ment du monde, par les vertus conju guÈes d'un enregistrement bÍtemen mÈcanique et d'une rÈceptivitÈ aiguÎ l'humain comme au sensible, lÕarrim durablement ‡ la vie. Jean-Marc Lalann
LibÈration - 23 Novembre 200
Filmographie
Le combat dans lÕÓle196 LÕinsoumis196 Mise ‡ sac196 La chamade196 Le plein de super197 Martin et LÈa197 Ce rÈpondeur ne prend pas de mes sages Un Ètrange voyage198 ThÈrËse198 24 portraits1987-9 Libera me199 La rencontre199 Vies200
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