Violent Cop de Kitano Takeshi
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

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Violent cop de Takeshi Ki FICHE FILM Fiche technique
Japon - 1990 - 1h38 Couleur
RÈalisateur : Takeshi Kitano
ScÈnario : Hisashi Nozawa
Montage : Nobutake Kamiya
Musique : Daisaku Kume Erik Satie
InterprËtes : Takeshi ´Beatª Kitano (Azuma) Haku Ryu (Kiyohiro) Maiko Kawakami (Akari) Shiro Sano (Yoshinari)
L E
Takeshi Kitano (Azuma - ‡ droite)
D O C U M E N T
grave accident de moto et un certain dÈtachement des futilitÈs du monde lui ont dÈsormais donnÈe - celle quÕil dansHana-bi. Il avait dÈj‡ ce physique impressionnant, et cette puissance intÈ-rieure pour lesquels Oshima lÕavait fa dÈbuter sur grand Ècran dansFuryo, six ans plus tÙt. Il Ètait alors, sous le nom de Beat Takeshi, une vedette de la tÈlÈ-vision et de la scËne, au Japon, dans un emploi de bouffon mal embouchÈ quÕo a comparÈ ‡ Coluche. Pour son public, la transformation physique et lÕambianc dans laquelle il se prÈsente dans Violent Copcorrespondent ‡ une muta-tion bien plus profonde que celle opÈrÈe par le comique franÁais pourTchao Pantin. Et le public japonais ne se soucia alors que de cette transformation, quÕil refus absolument. Sans prÍter la moindre attention ‡ lÕinventivitÈ dÕune mise scËne prise en charge au dÈbottÈ par Kitano, aprËs que le rÈalisateur prÈvu eut fait faux bond. Pourtant, il est rare quÕon assiste ainsi, dans un premi film, ‡ la crÈation aussi radicale, aussi pertinente, aussi esthÈtiquement abou-tie dÕun style : pÈnÈtrant inexorableme dans les rËgles du genre ´film noirª, le rÈalisateur distord mÈthodiquement, mais comme sans y prendre garde, toutes ces rËgles. Au son dÈrisoire dÕun ritournelle Èlectronique empruntÈe ‡ Erik Satie, dans une sorte dÕÈtat secon qui est autant lÕÈtat du genre lui-mÍm que celui du flic supposÈ combattre le mal dans un monde entiËrement corrom-pu, Kitano dÈplace avec une ironie sou-veraine et dÈsespÈrÈe ce clone catato-nique de tous les justiciers qui hantËrent jadis des rÈcits policiers, du temps o˘ on croyait encore vaguement au bon droit. DÈsormais, et irrÈmÈdiablement, les femmes sont folles, les flics pourris, les amis morts, les enfants dÕagressifs cr tins, IÕinnocence est une blague po dÈbiles. LÕinspecteur cogne sur ce tas-l ce ´Áaª informe et interchangeable. Ce qui lÕarrÍtera ressemble ‡ ce qui le fa sait bouger, trait pour trait, et Áa
aucune importance. Sans ambiguÔt aucune, la mise en scËne inspirÈ comme par une voix dÕoutre-tombe su gËre ainsi, avec lÕinsistance dÕun cor mort ramenÈ sans cesse sur la grËve pa la marÈe, que la seule position digne es un refus radical. Et invente lÕÈlÈganc dÕen sourire quand mÍme. Et Áa, Áa a d lÕimportance. Jean-Michel Frodo
Le Monde - 26 mars 199
Il aura fallu attendre huit annÈes et l consÈcration absolue de Kitano ave Hana-Bipour finalement voir ce pre mier opus, sorte de variation Ètrange sur leDirty Harryde Don Siegel. En 1989 ´Beatª Takeshi est un des comiques le plus cÈlËbres de la tÈlÈvision nippone Lorsque des producteurs le contacten pour interprÈter ce flic brutal et rÈvoltÈ Takeshi accepte et voit l‡ une bonn faÁon de rompre avec son image d bouffon du petit Ècran. Lorsque Kinji Fukasaku en dÈserte la rÈalisation IÕoccasion nÕest pas moins belle p lÕancien Sergent Hara deFuryodÕe reprendre les rÍnes et dÕimposer un pe sonnage nouveau dans un style nou veau. Dans lÕart de prendre le contr pied de son image initiale, nul nÕest all aussi loin que Kitano. DÕemblÈ IÕauteur-acteur dÈcrasse son inspecte Azuma de tous les apparats du clow tÈlÈvisuel. Aux flots de paroles de se sketches, il substitue un silence mÈlan colique et vide la nÈcessitÈ grimaÁant du comique de toute expression. Comm Buster Keaton, Takeshi fait de son visa ge une figure de totem. Un visage d bois sans affects. FermÈ et butÈ Difficile de rentrer ‡ lÕintÈrieur d'Azum impossible dÕen pÈnÈtrer les Ètat dÕ‚me. Son faciËs nÕest quÕune surf plane et impassible. ˘
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.25.11.83
sionnant cÕest que, contraint dÕassumer la mise en scËne deViolent Cop, IÕacteur dÈplace le dogme fixÈ pour son interprÈtation vers lÕÈcriture du film. CÕest au tour du plan de devenir cette surface plane, vidÈe de toute Èpaisseur et sans profondeur de champ. Film silen-cieux et glacÈ, dÈpourvu de lÕhumour enfantin qui traversera les films sui-vants,Violent CopsÕoffre par sa sÈche-resse mÍme ‡ lÕÈtude clinique de sa mise en scËne. Celle-ci joue dÈlibÈrÈ-ment sur lÕÈcrasement de la perspective, le collage des surfaces, IÕaplat. A lÕimage des peintures d'Hana-bi, IÕÈcran nÕest pour le cinÈaste quÕune toile bidimensionnelle quÕil faut remplir latÈralement. Tout mouvement dÕappa-reil sÕappuyant sur la profondeur (grue, dolly, travelling avant...) sera alors banni de son cinÈma. Seuls les travellings latÈraux abondent pour suivre, parallËle-ment ‡ eux et de gauche ‡ droite, les mouvements des personnages. Kitano fait ainsi du mouvement naturel du dÈfi-lement de la pellicule cinÈmatogra-phique (un dÈfilÈ latÈral des images qui produit une animation) la ´figure-mËreª de son cinÈma. Un plan deViolent Cop illustre ouvertement la conception du cinÈaste : dans un appartement, un tra-velling latÈral accompagne la lente dÈmarche du tueur Kiyohiro apparais-sant et disparaissant derriËre des petits pans de murs noirs qui saccadent son mouvement comme autant dÕimages sur la pellicule. Comment, dËs lors, se fabriquer un ave-nir et un but dans un monde dÕo˘ la perspective est abolie ? Telle est la tra-gÈdie d' Azuma et des personnages kita-niens. VidÈ de toute substance psycho-logique, IÕinspecteur nÕest quÕun pur mouvement en quÍte dÕune destination. Un dÈplacement qui tente de casser lÕaplat et la latÈralitÈ dans lesquels il baigne pour se trouver un horizon. Lui aussi Èchouera sur la plage pour regar-der la mer et son immensitÈ cosmique, cette ligne de fuite maximale qui ne
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recherche dÕitinÈraire. En vain. LÕocÈ comme les nombreuses routes, ponts tunnels et autres longs couloirs qui jalonnent le film et lÕÏuvre nÕoffrent ceux qui les empruntent que le leurr dÕune direction enfin trouvÈe. DËs so premier film, Kitano sÕimpose comme u vÈritable crÈateur de formes. Car lÕill sion de la perspective et la prÈsenc obsÈdante de son motif gÈomÈtrique n contrarient pas ni nÕillustrent le conten deViolent Cop, elles le crÈent. IdÈes e formes suivent la mÍme route, cell inaugurÈe jadis par Ozu et qui consiste Ètudier les effets moraux que produit l gÈomÈtrie envahissante de lÕarchitect re nippone sur les Ítres qui sÕy meuven LÕerrance perpÈtuelle d' Azuma lui pe met toutefois dÕÈchapper ‡ la fixitÈ ali nante de cette ´figure-mËreª et de n pas Ítre ‡ son tour rÈduit au ran dÕobjet, dÕÈlÈment du graphisme. fixitÈ qui le menace et qui finira triompher, nÕest pas le seul fait d composition du plan mais hante le rÈ lui-mÍme. DansViolent Cop, IÕaplat aussi dramaturgique. Kitano multip les ´trousª narratifs, les sÈquence rallonge sans fonction dramaturgiq Chaque scËne obÈit ‡ un mÍme mou ment : le temps est dÕabord une qu (dÕaction, de suspense, dÕossatur scÈnario) qui glisse peu ‡ peu vers quantitÈ o˘ les temps morts, les vid dramatiques, grignotent les scËn LÕimmobilitÈ ronge toute action ‡ point que nous perdons presque le fil lÕhistoire, hypnotisÈs par cette len mÈlancolique qui accapare notre att tion et crÈe une Èmotion totalem inÈdite. De l‡, cette platitude volonta des ´envolÈes Iyriquesª de Kitano, t tatives naÔves dÕinsuffler aux scËne souffle musical et dramatique (la po suite en voiture de lÕadolescent) dan rÈcit essoufflÈ et sans tension. Au s dÕun univers gouvernÈ par le vid lÕÈgalitÈ mÈlancolique de chaque tant, IÕemballement narratif ne peut fonctionner. Les mises ‡ mort et l scËnes de violence seront donc, ell
aussi, filmÈes sans Èclat. Des giflete, moins riche. Tout juste un petit ‡-quÕAzuma distribue au dealer dans lecÙtÈ sentimental avec la jeune sÏur du toilettes dÕune boÓte de nuit ‡ sa moflic, sortie de lÕhÙpital (cÕest une manie). dans un hangar dÈsaffectÈ, aucunPas ou peu dÕÈclats burlesques. Un polar empathie ni exaltation tragique ne viensomme toute trËs polar, mais trËs ÈpurÈ. nent soutenir les actions. Seule la rÈpÈLa violence, chez Kitano, nÕest jamais un tition infinie (des gifles et des coups debut en soi. CÕest un plat qui se mange feu) les gagne et tue ainsi tout espoir defroid et cru, sans aucune hystÈrie. Elle ferveur dramaturgique. DËs son premiecache un penchant mÈtaphysique assu-film, le monde de Takeshi Kitano appamÈ ‡ demi-mot par le cinÈaste. raÓt comme dÈsespÈrÈment vide, sanComposite, le style Kitano est dÕune sens ni avenir. ´Le monde est fousobriÈtÈ... baroque. Avec des tics faciles confesse le nouveau parrain de la mafi‡ Èpingler, comme cette manie du kitsch locale ‡ la fin du film. Les atomes per-musical (ici, un thËme du genreClan dus se dÈplacent en vain dans un unides Siciliensalterne avec un saxo de vers mort.Prisunic). Il nous reste encore ‡ dÈcou-CÈdric AngevrirBoiling pointetA scene at the Cahiers du cinÈma n∞523 - avril 199seapour faire le joint avecSonatine, qui reste, pour certains le Kitano de rÈfÈrence FranÁois Gorln ∞ -
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Entretien avec le rÈalisateur
Le rÈalisateur
Filmographie
Etes-vous toujours parvenu ‡ tourner leTakeshi Kitano a 50 ans. SÕil sÕest faitSono otoko kyobo ni tsuki1989 films que vous vouliez faire ?France une petite rÈputation dÕauteuViolent cop En gros, oui. Il y a cependant une excepdepuisSonatine(1993), il est au Japon tion :Getting any ?une vÈritable star et mËne depuis lesPour ce film, jÕai dJugatsu1990 faire des compromis. Le budget ÈtaiannÈes 70 une carriËre mouvementÈe.Boiling point limitÈ, et ces rÈductions se font notamCÕest sur la scËne du manzai (genre d ment sentir dans les scËnes ‡ effetcafÈ-thÈ‚tre nippon) quÕil se fait dÕaboAno natsu ichiban shizukana1991 spÈciaux. De mÍme pour les lieux dconnaÓtre, avec les sketches satiriquesA scene at the sea tournage : les autoritÈs japonaises ndÕun duo nommÈThe Two Beats. CÕes sont pas trËs coopÈratives ‡ lÕÈgard dl‡ que lui est venu le surnom deBeatSonatine1993 cinÈastes, et nous nÕavons pu obtenTakeshi, quÕil a gardÈ (et sous lequel i certaines autorisations.figure au gÈnÈrique deHana-Bi). IlGetting any1995 invente un personnage, au parler vif, au Le cinÈma amÈricain reprÈsente-t-ilmimiques expressives. Sa notoriÈtÈ leKids Return1996 selon vous, une menace ? Une sourcmËne au cinÈma. Premier rÙle marquant : dÕinspiration ?le sergent Hara duFuryodÕOshimHana-bi1997 Aucun film ne me paraÓt Ítre une mena(1983). ce ou une inspiration sous prÈtexte qu ilA la fin des annÈes 80, il passe ‡ la est fabriquÈ en AmÈrique.mise en scËne avecViolent Cop, et confirme avecBoiling pointun style QuÕest-ce qui va le plus changer dans loriginal mÍlant violence et dÈrision. Les cinÈma des prochaines annÈes ?deux films sont inÈdits chez nous, de Je crois que les changements qui mmÍme queA scene at the sea. Puis concernent vont se produire... dans lvientSonatine, avec lequel il sÕaffirm choix des sujets de mes prochains filmsau-del‡ du crÈneau polar, et commence Les considÈrations gÈnÈrales su‡ sÕexporter. lÕexpression cinÈmatographique nCinÈaste, il nÕen reste pas moins un mÕintÈressent pas vraiment. Ce qui dosorte de Coluche japonais, qui multiplie changer changera, et cÕest trËs bieles passages ‡ la tÈlÈ, signe des Mais je me prÈoccupe avant tout dromans, des poËmes et des BD, apparaÓt mon style et de mes projets. Je ferai dedans des spots de pub... SiKids films tant quÕil y a des gens pour leReturn, en partie inspirÈ de sa vie, voir, ‡ moins que le sentiment dÕÍtredÈÁoit un peu,Hana-Bilui vaut un sec ne mÕincite ‡ tout arrÍter. Je suis atriomphe ‡ la Mostra de Venise. Ce film dÈpart un comÈdien, et un outsider dest lÕoccasion rÍvÈe de dÈcouvrir ‡ l cinÈma. JÕai beaucoup dÕautres cordefois un rÈalisateur et un personnage, mon arc. Pour moi, le cinÈma nÕest rietous deux vraiment pas banals. dÕautre quÕun gros jouet.FranÁois.Gorin TÈlÈrama n∞2495 - 5 novembre 1997 TÈlÈrama n∞2524 - 27 mai 199 Documents disponibles au France Dossier Distributeur Positif n∞446 - avril 1998 Le Monde- 26 mars 1998 Les Inrockuptibles n∞138 - fÈvrier 1998 -
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