DSK en Porsche: la polémique part au quart de tour Hormone de ...

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• 1,40 EURO. PREMIÈRE ÉDITION N O 9324

VENDREDI 6 MAI 2011

Dans un appel que publie «Libération», des entraîneurs des quartiers dénoncent «le dénigrement des Noirs et des Arabes» au sein de la FFF. PAGES 2-5

WWW.LIBERATION.FR

2012 BESANCENOT NE SERA PAS CANDIDAT PAGES 12-13 DSKenPorsche: la polémique part au quart de tour Lors de son séjour parisien, la semaine dernière, le directeur du FMI s’est déplacé dans une imposante Panamera S . Une faute politique. Et une faute de goû P t. A .. GE 14 La France sur le qui-vive après la mort de Ben Laden TERRORISME Patron à la Direction centale du renseignement intérieur, le préfet Bernard Squarcini estime que la mort d’Oussama ben Laden pourrait entraîner des représailles contre les intérêts français. Notamment de la part d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi).«La menace reste très élevée, comme le pic que nous avions eu au mois de septembre. Nous sommes à un grand niveau de vigilance»,tni-véeiprl PAGES 8-9 Hormonede croissance:larelaxe pourtoutepeine L’affaire de l’hormone de croissance contaminée, qui a tué près de 120 enfants entre 1985 et 2009, s’est terminée hier, en appel, par la relaxe des deux derniers accusés. PAGE 16 IMPRIMÉ EN FRANCE / PRINTED IN FRANCEAllemagne2,10 €, Andorre1,40 €, Autriche2,80 €, Belgique1,50 €, Canada4,50 $, Danemark25 Kr,DOM2,20 €, Espagne2,10 €, Etats-Unis4,50 $, Finlande2,40 €, Grande-Bretagne1,60 £,Grèce2,50 €, Irlande2,25 €, Israël18 ILS, Italie2,20 €, Luxembourg1,50 €, Maroc15 Dh, Norvège25 Kr, Pays-Bas2,10 €, Portugal (cont.)2,20 €, Slovénie2,50 €, Suède22 Kr, Suisse3 FS, TOM400 CFP, Tunisie2 DT, Zone CFA1 800 CFA.

Lefo -i o l t r f a r c a i n s ç te ai ? s est

2 • EVENEMENT

Mercredi, à Clairefontaine, lors d’une journée de détection de jeunes de moins de treize ans. PHOTO FRANCK FIFE AFP

LIBÉRATIONVERENDID 6 MAI 2011

Une tribune publiée par «Libération» illustre la fracture ParGILLES DHERS profondeentrelefootball a d r e l s es qu a a c r c t u ie s r a s ti e o t n l s es de di r r a i c g i e s a m nt e s . R é ioatranfainçse mmec,tneéFal réd - d D L e e L E ’ q s E C u d S a i O r ri S t g N i E e T a e N r E tn d X T é s I T d n E E e o L tne lubs cn c de la FFF, décrédibilisés p ffairesditesde oftosaruévuc uaax de Qu niondelansuneréut s nesuad elpsorop rn»y d , «eaZih»a « t l e amaindeThierryHe ynKe»ansleC.edel «ldeutam ne i- edri milpleel ?rnU -o es tasl s quoa-t-afer rapaideMélévérat neaiemesuesqrèap C L a N d « ’ u d a e o E i n é s t r t N s n e i s i e J L g n e i a E t r b d f e U f é d e m a r e i l e a r s a t e A i nt F r o m F n a d e F e l b . t s e es» otas: n tec ue natio- lacontre-attaque t r l l n D « m e ’ i a i a i s i q D t n l r q i u e q e e o d e u p i u c n e e u g o s t i n i n t g s f s o a i r o s l o n ét e a n o n d s n f v t e l à ré ç e e j a . s l o v i h o m s u é ’ H i l n r e b e r a i i t u r t e r i i q r e s e a r o j s s , , o n p , l d l s u o l a u e [ a s te n … p s F b p ] é o a o o [ l d s b é i il i é u … - s - - - r . l l ] D se ’o a d f l n e r p n s a ir s l p n u e l r d s ç c a i a a r t s t i i i e o m g s q t . e m a u s j e a e » o n . n l r t e t i s s t e é d a n , u l m c e a f a s o l u o g f s t r a e è m re e s s dufootd’enbas l n e d c p i t t a é o o é tr m n it » e o B o , u u ae q l i a n n n te tçan ritig -apor décl l um « a x e é l B r e s e B s o p u n et e h t o r n u r o s i t î g e s s d t a u c c H i r l é n g d o a s u s ta m n [ i o o u P … n re , , S n n ] ntta é l tdno r sé to a n bo Dal t:ec adrtsè « n n g e C e s d d ai p e l n – o t l ’ t a l é e ti u ia d c i D q n r u a c u – o t r m e o u t e i p m m n e m a p p p g s m e o e n u n p e r n é t u u a a a c i l e qi n p o i r u r r n u i - - e - é s où l’on échange tranquillement la forme d’une dénonciation sur les quotas de joueurs en d’un délit d’intention, assez fonction des aptitudes physi- coutumier du maccarthysme ques liées à leur couleur et où de gauche, c’est-à-dire d’un REPÈRES  Blanc n’est pas du tout raciste. «Je«J’ai eu des discussions avec Laurent «Laurent suis triste parce que j’ai Blanc et j’ai senti qu’il était très tolérant, l’impression que Laurent Je vois les uns et les autres qui commencent c’est pour cela que je su st fait pi ’a à monter au front, je crois que l’on va un voircataloguécommer i a s c s is u t r e p . r L i a s c d o e u l l e euri B n l t a e n r c ro s’ g e éetils’es é t g l e a r i . ss O é n [ l …]peuloinetqu’ilfautremettreleschoses et l’origine n’ont jamais été des critères emporter. Il a dit des choses à leur place.» de choix pour lui.» qu’il n’aurait pas dû dire.» Marcel Desaillyancien joueur de l’équipe de France, Alou Diarracapitaine de l’équipe de FranceAimé Jacquetex-sélectionneur des Bleusla polémique entre ex-champions du monde au sujet de

LIBÉRATIONDIERDNEV 6 MAI 2011

antiracisme dévoyé», flin-la morphologie des équipes guent Christian Vanneste,nationales en devenir.» Jean-Pierre Decool, Nicolas Pendant la polémique, les Dhuicq et Lionnel Luca. enquêtes de la Fédération et du ministère continuent. «PRÉJUGÉS».C’est sur un«Nous ne sommes pas dans la autre registre que se placentchasse aux sorcières», com- les auteurs du texte que nous mente Chantal Jouanno, mi- publions. Il est signé par des nistre des Sports. Qui a télé- dirigeants et éducateurs de phoné à Blanc mercredi.«Ce clubs de quartiers.«L’argu- n’est pas un homme raciste», ment selon lequel Laurentinsiste-t-elle. Elle a égale- Blanc est blanchi parce qu’ilment indiqué que l’ensemble convoque des “Noirs” et desdes comptes-rendus des “Arabes” ne tient pas, menées par sesécri- auditions vent-ils.Le pragmatismeservices était analysé pour sportif et économique ne s’op-voir ce qui pourrait relever pose pas à l’ancrage de préju-d’un délit d’incitation à la gés et à la volonté de modifiermiriscdi.ontina • BELKACEMI, SCANDALEUX MALGRÉ LUI Mohammed Belkacemi, qui a révélé avoir enregistré la réunion du 8 novembre, était un gamin habile balle au pied. Il goûte à la D2 à Orléans, mais sa carrière, il la forge le dimanche matin en suivant les gamins sur les terrains. En 1998, il passe ses diplômes d’entraîneur. Dix ans plus tard, il devient conseiller technique national pour le foot des quartiers. Puis le futsal explose, offrant aux tricoteurs de cité un jeu taillé pour leurs qualités. Adjoint d’Henri Emile à la tête de l’équipe de France de futsal des moins de 21 ans, il voit dans ce sport de salle un moyen de réinsérer les jeunes délinquants. Aujourd’hui, il semble dépassé.«Je veux simplement faire mon travail, je ne suis pas une star. A qui cette histoire profite? Pas à moi»,affirme celui qui, selon certains à la Fédération, aurait mal supporté que Blaquart et Blanc lui aient barré l’accès au poste d’entraîneur national. M. P.

Des éducateurs de clubs de quartier dénoncent l’«hégémonie» et la «suffisance» de la FFF: AssumerlaFrance tellequ’elleest L chanaripceanblst erua lB tnqelnLleu esnoovuqdeecuqi’cl vsetsilaibtneluetarnousjint r é a n u é g i t ’ E a ’ l l s e r s u o q lem o tn rfdaei l raelnilee i Ch r e e v . eo c m r m o é émiretapGr-é ardr ’Ordrenationaldu otsntésuéulHoerliou,nvosa saisis d’un sentiment de fierté. A travers “Noirs” et des “Arabes” ne tient pas. Le Mohammed, c’est l’engagement associatif pragmatisme sportif et économique ne dans les quartiers populaires et plus large- s’oppose pas à l’ancrage de préjugés et à ment, le travail de fond de tous ceux qui la volonté de modifier la morphologie des font vivre le sport en bas des tours que équipes nationales en devenir. Et puis, Gérard Houllier “épinglait” ce jour-là. contrairement au huis clos des directions Mohammed Belkacemi s’est engagé dans des ressources humaines ou des cabinets cette voie en 1995 avec la ligue de Paris de politiques, les talents du football sont vi- football, puis, en 2008, il a été nommé sibles par tout un chacun, ce qui limite les conseiller technique national pour le foot- mises à l’écart. ball de quartier, un dispositif qui a fait of- Il est possible de sortir par le haut de cette fice de contribution de la FFF, suite aux histoire, en traitant la question posée en émeutes de 2005. A Paris, il a formé plus profondeur et non, comme c’est souvent de 1 500 animateurs et animatrices au le cas, en sacrifiant un ou deux boucs football des quartiers, qui, à leur tour, ont émissaires, en publiant une belle charte encadré des milliers d’enfants et adoles- et en organisant quelques événements hy- cents. En 2009, à la FFF, il a organisé plus permédiatiques. On connaît la chanson. de 50 formations qui regroupaient environ Il ne faut pas couvrir les logiciels de pen- une quinzaine de stagiaires. sée racialistes ou xénophobes, C’est un voyageur infatigable, il TRIBUNE mais changer de logiciel et se passe d’un quartier à l’autre et mettre d’accord sur un pro- n’hésite pas à animer lui-même des séan- gramme commun. Il faut également ces, souvent très tard le soir. Par ailleurs, ouvrir les sphères dirigeantes du football il fait partie des tout premiers techniciens local et national à la pluralité de ses sensi- du futsal – ce sport qui monte – qui ont bilités et de ses composantes, en évitant contribué, notamment en Ile-de-France, d’utiliser la corde usée du marketing eth- à former des cadres, à structurer des clubs nique ou territorial. Il ne serait pas inutile mais également à repérer les talents. De de penser activement ces questions au sein des différentes sélec- «Ce déni et ce dénigrement des “Noirs” tions régionales et nationales au lieu faire mine de les subir et des “Arabes” sont d’un autre temps ou de les faire subir. et tout simplement écœurants.» Il serait souhaitable que le football français, notam- nombreux internationaux lui sont aujour- ment l’équipe de France, par les symboles d’hui redevables. Depuis plusieurs an- qu’elle véhicule, s’élève au-dessus de la nées, il s’occupait également de l’équipe médiocrité politique ambiante et des im- de France U 21 de futsal. pératifs financiers qui rythment ce sport. Sa nomination au sein de la DTN en 2008 La FFF a un rôle actif et moteur à joueur, nous avait fait du bien, aujourd’hui, nous elle met en mouvement des millions d’in- déchantons. Pour nous, les modalités dividus chaque semaine et possède avec d’enregistrement des propos qui font l’équipe de France un outil symbolique et scandale sont insignifiantes par rapport politique puissant. Qu’elle assume la à leur contenu. Même s’ils ne se traduisent France telle qu’elle est, diverse et cosmo- pas en actes officiels et même si, fort heu- polite et qu’elle en tire les conséquences reusement, ils ne sont pas partagés par dans son fonctionnement interne. Dans tous les cadres de la fédération, ce déni et cette histoire, on ne veut pas que la ce dénigrement des “Noirs” et des “Ara- pseudo “taupe” cache la forêt des préjugés bes” sont d’un autre temps et tout simple- et du mépris.» ment écœurants. A l’instar de Moham- eesir q t u e e : t A y um C n hu d’ C Z i a n N d giSatan d tertif,(idertcuesrop u-sEépci,eacrt med Belkacemi, nous œuvrons pour Sarcelles), (é l’avenir de nos enfants et pour la cohésion r RP a ah n icl c i h e d pp i P e ari G s u X oil I ul X b e e t ( ) a ,tT ( o g n e y nd N a o r c m et e t , i i-BRoy-sn etacudé( ,)s urPUC), sociale et notre action ne vise pas à satis- Yag ussoo îaennertsioiruV,a,ArnNovl),cuei faire cette tour d’ivoire suffisante et hégé- Smain Boukhris(directeur sportif, Gennevilliers), monique de la direction sportive de la SdiiDiba khiaéat( m p g r a,ruengaB)xue, ésnediCA,tiboB) (entraînMamdou FFF. N Ne vous trompez pas de cible, les éduca- raîneur, Colombes),Guntraî- teurs et les jeunes des quartiers populaires enaS,ru De, n n t is ( ) e A rc m el o le r s) M , uiaru RaBoidch (e uy n k t rT r as a g y f( n n u y i t , e s F m a a l, br l i e ’I d le (e G -S u a e i r n f t i - ), MarouaneMoham zo me g dedtnedNC,esou tnegliueuenîrA,r sont sensibles au traitement de cette af- faire et ne sont pas aussi détachés que cer- p(éris llVil,sautf.)enraM-rus-srei DEUX ENQUÊTES «Le mot quota ne peut pas Deux commissions d’enquête travaillent appartenir au registre fédéral. sur l’affaire dite des quotas.L’une […] Ni la détection ni interne à la FFF, l’autre diligentée par la formation ne peuvent être le ministère des Sports.Elles ontpassées au tamis des critères d m ’a e b nt ord a m nt en q é u l e e C ur h s a a n u ta d l it J io o n u sconjointe- raciaux.» av anno, aga- cée par les fuites, décide une scission.Fernand Duchaussoyprésident de la FFF, hier

• 3 ÉDITORIAL ParPAUL QUINIO Absurdité «Une tempête médiatique», assènent ceux qui estiment que la presse, dans la foulée des révélations de Mediapart, s’est emparée d’un de ces scandales dont elle raffole et qui ne se terminera qu’une fois la tête de Laurent Blanc au fond d’un filet. C’est absurde. L’idée d’instaurer des quotas sur la base de critères ethniques dans les sélections des meilleurs jeunes footballeurs est une faute. Et certains propos sur les qualités physiques supposées des Noirs d’une bêtise confondante. Un Black n’a pas plus de prédisposition à être une armoire à glace qu’un Beur un voleur à la tire, comme le veulent les clichés à la Zemmour. La polémique est donc justifiée. Si elle prend une telle ampleur, c’est parce qu’elle appuie – au-delà du symbole que constitue l’équipe nationale du sport le plus populaire qui soit – là où la France a mal : la panne de son modèle d’intégration et la ségrégation sociale et urbaine dans laquelle sont maintenus, depuis trois générations, des millions de citoyens d’origine immigrée. On croyait le foot non seulement à l’abri mais en avance sur la société française, qui ne fut heureuse d’être black-blanc-beur que, malheureusement, le temps d’un été, en 1998. Alors qu’il y a urgence à accélérer la mixité parmi les élites politiques, intellectuelles, économiques et médiatiques françaises, le foot français, qui continue bon an mal an à jouer, son rôle de vecteur d’intégration à travers ses milliers de clubs et écoles de quartiers, semble menacé par une grande régression.

4 • EVENEMENT

Marwan Mohammed, sociologue et président de club, a signé l’appel: «Prendre le racisme à bras-le-corps» M awraemmahoMnahgr d é receehcreh destsociologue,c s d d e u t i s ba«n s i e xedsnaI.»s u t C s s e a ll S a ,N gé R n é e c m s e p p l e i d i t a président de C Noues, un club de futsal de Villiers- sur-Marne. Il explique pourquoi il a signé l’appel publié parLibération (lire page 3). Pourquoi cet appel collectif ? D’une part, nous sommes frappés, déçus… mais pas totalement surpris par cette affaire. Ensuite, nous sommes solidaires de Mohammed Belkacimi, de son action. Il fallait faire entendre une autre voix, pas celle des officiels ou des politiques, mais celle de ceux qui sont en prise directe avec la rue, no- tamment dans les quartiers populaires. Cette affaire est-elle l’occa- sion de réaliser que l’univers du football n’est pas immu- nisé contre le racisme ? Pour certains peut-être. Pour nous c’est une évidence. J’ai eu régulièrement des échanges avec Mohammed Belkacimi. On discu- tait de questions techniques, footballistiques, so- ciales mais aussi de son travail à la FFF. Il m’avait déjà sollicité plusieurs fois pour qu’on organise au sein de la DTN des rencontres sur les thèmes qui sont précisément apparus dans le verbatim de la réunion. Il savait très bien ce qui se disait dans ces instances. Ça le révoltait et, en même temps, il était dans une démarche constructive. Il voulait changer les perceptions. Mais ce n’était pas joua- ble, la fédération ne lui répondait pas. Et lorsqu’on lit les propos tenus lors de cette fameuse réunion, on comprend pourquoi la déconstruction des pré- jugés n’était pas leur priorité. Ce racisme ordinaire se retrouve-t-il à d’autres ni- veaux du football français ? Le monde du football, amateur ou professionnel, n’est pas une bulle étanche. Et on retrouve parfois sur les terrains des tensions du même type. Sauf que les bénévoles et les éducateurs sont dans une pos- ture éducative, attachés à des valeurs de cohésion. Dès qu’on entre dans la gestion du football français, c’est plus nuancé. Ce qui me frappe, notamment en Ile-de-France, c’est le décalage entre les éduca- teurs, leur dynamisme, leur cosmopolitisme et l’homogénéité des parcours, des profils et des sta- tuts de ceux qui gèrent le football au niveau des dis- tricts départementaux et des ligues régionales. Les stéréotypes entendus dans les instances d’élite, on peut les retrouver à ces niveaux intermédiaires. Il y aurait plus de racisme au niveau national ? Pas forcément, mais à ce niveau de responsabilité les dirigeants sont tenus à une forme d’exempla- rité. Il est temps de prendre cette question du ra- cisme à bras-le-corps, comme l’homophobie ou la violence. La fédération est trop ambivalente : elle met des choses en place –la mission de Belka- cimi était une conséquence directe des émeutes de 2005 – mais c’est loin d’être prioritaire. Le climat a-t-il changé depuis la crise du Mondial? C’est le départ de Gérard Houllier qui a été mar- quant. Il avait, me semble-t-il, une tout autre po- sition que celle de l’actuel DTN, François Banquart dont les propos sont quand même incroyables. Dire pareilles choses, sur ce ton-là, ce n’est pas rien. C’est la conséquence de ce qui s’est passé en Afrique du Sud, un relâchement qui résulte d’une très problématique lecture raciale des événements. Recueilli parSYLVAIN BOURMEAU

LIBÉRATIONIEDDRVNE 6 MAI 2011

Vieira et Thuram choqués par les quotas, Dugarry et Lizarazu derrière Laurent Blanc: les plus glorieux des Bleus se déchirent. Leschampionsdumonde1998 nefontpluséquipe F rance 98 est en feu. l t E e o t j u u jo D g u u e g r d a s e r v l r o a y ul C d o o e ri« ru r p s é a u v s p é s r l e ê e m r r e op a » u . u r Parmil’exclusion à vie de l’équipe les accusateurs, on Laurent Blanc est au de France des meneurs de la compte Patrick Vieira qui a centre d’un débat entre mutinerie de Knysna, a dé- joué à 107 reprises avec le ses anciens coéquipiers. Ses passage une anecdote sur claré sur France 2 à propos maillot bleu. Dansle Monde, propos lors de la réunion fé- son ancien coéquipier : le du sélectionneur :«Bien évi-l’ex-capitaine de l’équipe de dérale du 8 novembre 2010, 12 juillet 1998,«on était en qu’il est fragilisé par demmentFrance estime que«cette his- ainsi que son avenir à la têtetrain de prendre des photos ses propos. Sinon, je connais toire est scandaleuse.Je suis de la sélection nationale di- choqué» bien Laurent Blanc et je neavec la Coupe du monde, entre.«Je ne crois pas que visent les champions du pas qu’il soit raciste.» Laurentnous. Et Lilian dit : “Allez les pense Blanc soit raciste», monde 1998.Blacks, on fait une photo tous «Malheureux».  Vieira, qui se dit pourtant ditBixente Li- Lilian Thuram a été le pre-ensemble.” […] A aucun mo-zarazu, moins virulent, a re-sélidaan«cs»par ses propos. mier à réagir dimanche surment on ne s’est dit que Lilianjoint hier la position de Du-«J’aurais du mal à comprendre TF1 : était raciste. Lilian ne doit pas«Si Laurent Blanc estgarry en déclarant sur RTL :comment ces dirigeants-là, impliqué, il doit évidemment oublier qu’il arrive à tout le «Laurent Blanc doit rester. Ce qui étaient présents à la réu- partir, comme il le dit lui- monde de dire des choses dé- sera un chaos encore plus nion, puissent rester à leur même.»Propos qu’il a main-grand s’il partait. poste»,ajoute Vieira. t e e n n t u re s t l i e e l n e à nd M e e m d a i i a n p , a d rt a , n e s st u i n - «Je voudrais protéger mon donnéde l Ilare ’lqéiuepa’llruàe Bernard Lama, ancien gar- dien des Bleus a lui aussi es- p m e a rs n o t n q n u e ’lreyse qsonuienttesuc «ilfenvoautr maLiuaertnlBnauicqesn’ as t ptoduartutsic».e ve,a ne c u Frdecean -sitiuqéémep timé hier sur BFM TV que «les propos sont choquants, propos». Pour Thuram, re- Marcel Desailly sée, avec Alou c’est clair».Mais il reste plus cordman des sélections enDiarra capitaine.»modéré sur l’avenir de son équipe de France (142),passant sa pensée ou pouvantLiza admet néanmoins, des ancien coéquipier : c’est à «nous sommes dans une si- être mal interprétées.»L’an-«propos malheureux». Marcel de Blanc«se rendre compte tuation claire et nette de dis- apporte aussi soncien Bordelais a aussi assuré Desaillydes propos qu’il a tenus et de crimination. Il faut dire :avoir peur que Blanc«s’ensoutien à Blanc : savoir si c’est l’expression«Ce n’est “Stop.” Et peu importent les aille, qu’il en ait marre de se pas du tout une affaire de ra- d’un état d’esprit ou pas». personnes concernées.» faire agresser de la sorte. De cisme. Je voudrais protégerLaurent Blanc sera entendu «Mal interprété». Mercredimanière très injuste».mon ami Laurent Blanc quipar les deux commissions sur Infosport, Christophe En réponse, Thuram, quin’est pas du tout raciste», en fin de semaine.as- d’enquête Dugarry accuse Thuram de l’été dernier, avait réclamé sure-t-il sur Infosport. CLAIRE PEYRARD

Bêtise, maladresses et vrai scandale: la FFF a sombré en quelques jours. Lasemainenoire dufootballfrançais C f e p r al a a r n t fa ç i a a t is l u : câ ne l h e s s m és e di a a r i i n b g o e e a q m n u b t e s e : v M « e e u d F le i o a n o - t t subsidiaire : Laurent Blanc, censé ripo-f D q a i u u a s t r c p ri .t a m s i O q n n u a e ap ot c i r e e er l s s o d . it D no d o i c t n » s.ndequotabei esIl a- t Bl é s g e l p l or x. o, a p uic liner l’image du foot français après le fiasco sud-africain, peut-il rester ? moins de Noirs et d’Arabes». Dans un ar- question des Espagnols, bienheu- aussi ticle très polémique, il est question deCOMMENT SE DÉFEND LA FFF ?reux de n’avoir pas de Blacks. Des «ségrégation appliquée au football» Blacks la Fédération? La réponse varie forcémentet Raciste,«grands puissants et affleure l’idée que la FFF entend blan- selon les exégètes du verbatim. Bête? Ilauds»tsoc(Blanc) trop nombreux dans chir les Bleus. A l’appui de la thèse, des y a moins de gens pour soutenir le con- les centres de formation. Cette conver- citations extraites d’une réunion à la traire que de spectateurs dans un match sation est enregistrée par Mohammed Direction technique nationale, le 8 no- à huis clos. Des quotas ? Vous n’y pen- Belkacemi, cadre fédéral outré par les vembre, où son patron sez pas, se défendaient Du- propos qu’il entend depuis des mois. Et François Blaquart suggère GAERYPTDÉC  le lendemain à sa hiérarchie.chaussoy, Blaquart et transmise d’appliquer en loucedé une Blanc.«Je suis meurtri et in-à André Prévosto, bras droit de Du-Pas politique de quotas à l’entrée des cen-digné,couine le premier.[…]. Il n’y achaussoy, contrairement à ce que nous tres de formation fédéraux (les pôles es-aucune directive ni instruction concernantécrivions hier. Ce dernier n’aurait dé- poirs). Une thèse que Laurent Blanc, ledes quotas.» le lendemainPatatras : ces propos douteux qu’après les couvert sélectionneur, aurait entérinée. tombe le fameux verbatim. Faut-il limi- révélations de Mediapart. Au mieux la Les dénégations, le lendemain, de Fer- ter dans les pôles espoirs le nombre FFF n’est pas dirigée, au pire Duchaus- nand Duchaussoy (président de la FFF), d’enfants (12-13 ans)«qui peuvent chan-soy a voulu étouffer l’affaire. Dans les Blaquart ou Blanc, ne résistent à la pu-ger de nationalité» deux, interroge Erickcas, la question de son maintien  blication, samedi par Mediapart, du Mombaerts, entraîneur des Espoirs. à la tête de la maison bleue se pose. verbatim – partiel – de la réunion du«Tout à fait favorable», répond Blanc. 8 novembre. Depuis, la polémique ne«L’idéal, c’est de dire qu’on ne prend pasLE DÉBAT DES BINATIONAUX cesse d’enfler, pour se focaliser sur unde tant de gamins qui sont suscepti-plus Selon des participants à la réunion du débat: la FFF est-elle raciste? Questionbles de changer de nationalité. Mais il ne8 novembre, il n’est question, que