Heureux comme un Français à Londres
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Heureux comme un Français à Londres

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Heureux comme un Français à Londres
4 May 2010
Ils avaient traversé la Manche pour tenter leur chance ou faire fortune. Mais les 300.000 Français de la
capitale britannique ne sont pas repartis comme un vol de moineaux une fois la crise venue. Ils ont
préféré s'accrocher et, finalement, cette communauté s'implante dans la durée. Plongée dans la
« Froggies Valley ».
« Revenez ! »
demandait en février 2007 le candidat Sarkozy à tous ces jeunes ou moins jeunes talents de la
finance et des affaires exilés à Londres, alors au sommet de leur fortune et de leur gloire. Mais même la crise
financière et la dépression économique qui ont percuté de plein fouet cet eldorado sur Tamise vanté jusqu'à la
caricature n'ont pas réussi à susciter la vague de retours à laquelle certains s'attendaient. C'est un classique : à
Londres, les Français font toujours de la résistance…
Comme un village serré contre son clocher, ils se sont, au fil des années, agrégés autour du très renommé lycée
français Charles-de-Gaulle pour créer ce que les Londoniens appellent désormais la « Froggies Valley ». Et un
peu comme les Maliens ont fait de Montreuil la deuxième ville malienne après Bamako, les immigrés français au
Royaume-Uni ont propulsé le très chic quartier de South Kensington et ses environs au rang d'épicentre de la
sixième ville de France hors ses frontières. Un quasi « 21
e
arrondissement de Paris », battant même New York
et Shanghai dans le Top 3 des communautés françaises à l'étranger, et la seule au monde à s'être concentrée à
ce point en un même lieu.
Paradoxalement, on ne connaît pourtant pas avec précision leur nombre, faute de statistiques.
« Même le député
de la circonscription n'en sait rien ! »
, s'amuse Claire Chick, chercheuse à la Chambre des lords.
« L'inscription
au consulat n'est pas obligatoire
, explique de son côté l'ambassade de France.
Mais, en extrapolant à partir des
108.000 personnes figurant officiellement sur nos registres, le nombre des Français résidant au Royaume-Uni se
situe entre 350.000 et 400.000, dont 300.000 dans la capitale. »
Soit une des communautés les plus fortes et les
plus structurées dans cette grande métropole du Commonwealth précisément… très communautariste :
commerces, restaurants de renom, lieux de culture, clubs, soirées, médias et solides réseaux lui offrent autant de
visibilité extérieure que d'occasions de vivre entre soi.
« Dans leur grande majorité, les Français ont une très
forte -trop forte ! -vie intracommunautaire »,
estime Arnaud Vaissié, président de la Chambre de commerce
franco-britannique.
« On peut vivre ici cinq ou dix ans sans parler anglais »,
s'offusque une habitante de ce
village gaulois. Ici, on n'est de fait qu'
« un élément d'un gigantesque melting-pot »
, rappelle Emilie Coulette,
manager du mensuel francophone « Ici Londres ».
City superstar
Il y a vingt ans encore, ils étaient un petit noyau de confortables expatriés détachés par leurs entreprises et un
joyeux bataillon d'étudiants en mal d'expériences linguistiques et existentielles. Enorme machine économique et
financière dopée au libéralisme et à la dérégulation en tous genres, Londres est ensuite devenue le premier
bassin d'emploi recruteur de jeunes Français hors Hexagone, une nouvelle frontière pour des entrepreneurs à la
recherche de fluidité du marché du travail et d'aire de repos fiscale (les entreprises françaises sont 1.700 au
Royaume-Uni, et très centrées sur Londres), et sa City superstar un aimant pour tous ces jeunes financiers sortis
de grandes écoles françaises avec une spécialité très recherchée sur les marchés : la haute voltige
mathématique permettant de maîtriser la fine fleur des produits « dérivés » et « structurés ».
« Ici, les patrons de
banque sont sortis de Cambridge avec un Ph. D
[doctorat, NDLR]
en histoire ! Ils ont besoin de gens pointus à
leurs côtés ! »,
ironise-t-on.
« On partait pour Londres sans rien préparer. En moins d'un mois, on avait trouvé un
superjob. On nous faisait confiance même si c'était là notre première expérience »
, explique Raphaël, un jeune
analyste financier.
« Le célèbre master El Karoui de l'université Dauphine était siphonné à 100 % par la City »
, se
souvient un autre.
Gros salaires, gros
bonus
, perspectives de carrière et de style de vie mirifiques, livre sterling au plus haut,
années d'euphorie diffusant sur tous les secteurs d'activité : Londres est devenue un aspirateur à Français. En
2006-2007, la progression de leurs arrivées était devenue
« exponentielle »
.
« Ils remplissaient les banques et
les pubs »
, aime-t-on dire. Mais, même à la veille de la crise, les financiers n'étaient pas les plus nombreux -
environ 10 %, estime-t-on. Plutôt jeune (vingt-neuf ans en moyenne pour les « inscrits »), ouverte politiquement -
« elle a voté Nicolas Sarkozy de justesse en 2007 »
, rappelle une grande figure de la communauté -, cette
population composite irrigue aussi bien la restauration que le commerce, la communication, toutes sortes de
services, l'industrie, la construction… et même la fonction publique britannique.
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